Moby Dick, une pièce immersive et puissante à ne pas manquer au Lucernaire

Tout sent les embruns, le hareng saur et le roulis sur la scène Lucernaire dans la salle Paradis pendant la représentation du Moby Dick adapté du chef d’œuvre de Melville paru en 1851. 4 comédiens accueillent les spectateurs pour appareiller au son de chants de marins forts et mélancoliques composés originellement pour rythmer et synchroniser le travail en équipe. Benjamin Bouzy (Ismael), Fabien Floris (Capitaine Achab), Pascal Loison (second Starbuck et rôles divers sous différents accoutrements) et le géant Kevin Poli (divers rôles) ont le cheveu gras et des visages burinés, les vraies gueules de l’emploi pour figurer l’équipage du baleinier Pequod, condamné à suivre la folle lubie d’un capitaine décidé à se venger du cachalot blanc Moby Dick qui lui a blessé la chaire et l’âme. La pièce passe dans un souffle tant sa densité colle les spectateurs au siège et fait voyager dans un récit unique. Et comme souvent, l’économie de moyens suffit à échafauder un voyage plein d’esprit, ils sont forts au Lucernaire.

Une pièce comme un écueil

La Compagnie Les Vagabonds a déjà été récemment à l’œuvre pour une mémorable adaptation de L’Alchimiste de Paulo Coelho dans ce même Lucernaire. Le changement de décor est total avec non plus une fable aux accents universels mais un récit de lutte acharnée et illusoire d’un homme blessé contre le destin. Car personne ne se soulève contre les décisions du Capitaine Achab, il a l’œil mauvais et la patte folle, le gosier aride et le bras sûr. Il cherche à harponner lui-même le géant des mers souvent introuvable sauf pendant quelques rares et temporaires remontées à la surface. C’est le jeune Ismael qui raconte l’histoire. Attiré par la mer et le large, le jeune homme sera le seul rescapé de la funeste rencontre entre le Pequod et son destin. La pièce distille savamment des éléments de dramaturgie, alternant entre plages d’humour et obstination funeste. Des effets artisanaux sont utilisés avec bonheur pour figurer la tempête ou la houle. Les spectateurs se retrouvent littéralement sur le baleinier à côtoyer des hommes prêts à se sacrifier pour leur maitre à penser. Les 4 comédiens rentrent et sortent de scène, se dispersent dans le public, s’assoient sur des caisses de bois, montent sur le toit du baleinier dans une scénographie dynamique appuyée par une bande son qui figure les ambiances dans un voyage appelé à marquer la saison théâtrale. Pas besoin d’une scène immense, d’accessoires nombreux ou d’une troupe pléthorique pour faire revivre cette histoire au symbolisme si puissant où la lutte entre Achab et Moby Dick symbolise celle du Bien contre le Mal. L’orgueil du capitaine, à qui Moby Dick a arraché la jambe, et sa quête de vengeance le mèneront à sa perte. Les personnage cherchent la renommée qu’ils pourrait tirer à vaincre le cachalot, sans comprendre pourtant que la lutte est illusoire, car le monstre est surtout présent dans l’esprit du capitaine et rien ne pourra le libérer de lui-même, si ce n’est dans un prévisible trépas.

La pièce Moby Dick au Lucernaire est un vrai incontournable de la saison théâtrale par son intensité et le jeu puissant des comédiens. Le respect du texte est total, la salle ressent des frissons tout du long, de quoi appeler le plus grand nombre possible à venir s’extasier devant cette grande performance théâtrale.

Synopsis:

VOYAGE AU COEUR D’UNE OBSESSIONNELLE VENGEANCE

Moby Dick, formidable roman d’aventure, raconte l’histoire d’une obsession : depuis qu’un féroce cachalot a emporté la jambe du capitaine Achab, celui-ci le poursuit sans relâche de sa haine et de sa fureur.
Il entraîne à son bord des marins pris peu à peu dans le tourbillon de cette folle vengeance.
Dans ce récit captivant, drôle et rempli d’une étrange sagesse, Melville pose les grandes questions de l’existence humaine et inscrit dans la mémoire des hommes un nouveau mythe : celui de la baleine blanche. La nouvelle création de la compagnie Les Vagabonds vous embarque entre cauchemar et réalité au coeur des océans, dans le fracas de leurs tempêtes, dans le tourbillon de l’âme humaine, dans l’affrontement final de l’homme et du grand Léviathan blanc.
Embarquez dans l’aventure, vous n’en sortirez pas indemne.

Détails:

Mardi < Samedi 21h | Dimanche 17h30

13 décembre au 3 mars 2024, Salle Paradis

NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Jeu des comédiens
Plaisir de la pièce
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
moby-dick-au-lucernaire Tout sent les embruns, le hareng saur et le roulis sur la scène Lucernaire dans la salle Paradis pendant la représentation du Moby Dick adapté du chef d'œuvre de Melville paru en 1851. 4 comédiens accueillent les spectateurs pour appareiller au son de chants...

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici