Beaucoup d’amour, un album jeunesse (Glénat Jeunesse)
Les éditions Glénat jeunesse nous proposent un très joli moment de lecture avec : Beaucoup d’amour. A chaque double page, le jeune lecteur va découvrir des animaux qui se font des déclarations d’amour : des écureuils, des éléphants, des dauphins… Les pages sont découpées pour inviter à plus de poésie, plus de tendresse. N’hésitions pas à dire notre amour ! Comme le fait le parent à le dernière page de l’album. Beaucoup d’amour est un très joli album jeunesse, entièrement cartonné, aux illustrations colorées, à offrir à nos tout-petits !
MUNE propose un album assez unique, son premier EP prévu pour le 13/01/2025 avec 5 titres entre folk indé et nouvelle chanson française. Le mastering réalisé par la légende de la musique électronique Alex Gopher concourt à la qualité des morceaux. Nommé Maxime Lamotte à la ville, MUNE est un musicien, chanteur, auteur et compositeur à suivre et découvrir.
Un EP envoutant
Maxime Lamotte alias MUNE a d’abord rédigé 2 mémoires sur la musique et le surréalisme, ouvrant la porte pour une exploration des dimensions communes entre l’art et l’inconscient. Comme attendu, MUNE se met à l’ouvrage pour accoucher de chansons envoûtantes, parfois directement issues du monde des rêves. L’auditeur est tout de suite sensible à la voix gracile et sensible du chanteur, comme dans Après l’orage, avec une mélodie ensorcelante et des paroles magiques. Assis au bord du monde suit le même chemin avec des tonalités plus graves et émouvantes, ressemblant presque à une musique de film. Le réveil animal reste en équilibre, la voix peut sembler dérailler un peu mais que nenni, c’est surtout pour instaurer une atmosphère intimiste et sincère. Les tonalités de l’album sont graves et profondes, pas de pyrotechnie technique ni de show off, l’artiste semble se mettre à vie et instaurer un dialogue avec l’auditeur. Il n’y a qu’à voir les conditions de vie de l’artiste, poussé vers la solitude d’une vie à l’écart du monde au cœur des dunes face à la Manche, entouré par la nature est soucieux des enjeux écologiques, comme le montre bien la session live du morceau Le Réveil animal, filmée au cœur d’un paysage lunaire dépourvu d’êtres humains.
Poésie et mélancolie sont au cœur du projet de Maxime Lamotte alias MUNE, un musicien, chanteur, auteur, compositeur tourné vers les terre et la nature. Il sera en concert le 17 février, déjà complet (160 places). Une tournée suivra, le moment parfait pour découvrir un univers singulier et entendre en live les morceaux de son premier EP sorti le 13 janvier.
« From England with love » : la danse possédée d’Hofesh Shechter
On ne se lasse pas de la danse tellurique et percutante d’Hofesh Shechter. Une signature façonnée par son histoire personnelle et empreinte d’une expressivité aussi fiévreuse qu’impétueuse.
Ancien danseur de la Batsheva Dance Compagny, Hofesh Shechter grandit et fait ses armes à Jérusalem. Il s’y imprègne de ballet, de danses traditionnelles juives, de danses modernes et de gestes quotidiens.
Dès son arrivée en Angleterre, il puise dans ces différents corpus pour retenir et imprimer une danse volcanique et impulsive, où les pulsions corporelles interagissent sur la bande son et son écho vibratoire.
Une danse fièvreuse aux accents théâtralisés
Avec « From England with » Love et les huit jeunes danseurs de sa compagnie, le chorégraphe fait voler en éclats l’image lisse et polie de l’Angleterre. Dans une explosion de mouvements et de sons qui mêlent Purcell aux rythmes d’outre-tombe d’un rock crépusculaire, d’échos de chœurs et autres dissonances électroniques, ses interprètes nous entraînent dans les méandres de quêtes identitaires et initiatiques.
La chorégraphie, sculptée par la lumière, se fait altière et fiévreuse, sacralisant les mouvements et ondulation des corps dans un élan et une fougue impressionnante. Comme si Hofesh Shechter cherchait à donner forme à la dimension combative d’une danse en résistance.
Les sons obsédants et transcendants exercent alors un pouvoir absolu sur les danseurs, leurs corps étant habités d’une énergie vitale, compulsive et ravageuse, miroir d’une époque confuse et paradoxale. Le tout porté par une danse aux accents théâtralisés et pleine de rupture.
Sous haute tension, la danse toujours fluide à la gestuelle virtuose se réapproprie chaque mouvement. Avec une maîtrise sans faille, le ballet porté par une physicalité musicale, accompagne sans relâche l’effervescence d’une génération en ébullition et déboussolée.
Tom Poisson navigue depuis déjà 20 ans dans le monde de la chanson française. Jean-Michel est son déjà 7e album solo et déverse sa poésie avec légèreté sur des auditeurs ravis de l’expérience.
De la chanson française qui ravit
Pour l’anecdote, Jean-Michel est le vrai prénom du chanteur pour bien marquer la volonté du chanteur de dévoiler son intimité et de se raconter dans son disque finalement très personnel. IL s’est passé pal mal de choses en 20 ans, certains connaissent donc le chanteur depuis longtemps, d’autres vont le découvrir. Il a fait partie d’un premier groupe nommé Arnoulph et a remporté en 2000 le tremplin MCM Session avec une qui se veut un mélange de pop et d’easy listening. Comédien et chanteur au sein de la Troupe du Phénix, il a officié dans le spectacle Le Petit monde de Georges Brassens. Passé par différents groupes, il a composé différents albums jusqu’à Jean-Michel. Sur cet album, il fait l’éloge de la lenteur et parle de l’importance de ralentir le rythme, comme sur Y’a du bruit tout en prônant l’imagination comme force motrice sur Mon homme et L’éphémère du Mandala. Le projet a été dirigé par Denis Piednoir, lui également sur scène en trio avec Tom et Alice Chiaverini, tous 3 adeptes de mélange entre concert semi-acoustique et son plus électro. La photo et couverture et l’artwork sont l’œuvre de Frank Loriou, à l’origine de la photo en pied avec Tom habillé comme dans la vie.
L’album s’écoute avec un grand intérêt, entre paroles poétiques et belle musicalité. Il est à découvrir le 17 janvier pour une belle découverte. L’album lui ressemble, il évoque ses joies, les disparitions et son intimité, accroc à l’imaginaire et à un optimisme débordant. Il sera temps de le découvrir sur scène pour le voir défendre cet bel album de chanson française.
L’homme héron est un vrai concept, à commencer par ce nom très poétique évoquant un oiseau, pas n’importe quel oiseau, oiseau échassier de taille moyenne à grande, se caractérisant par un cou long et grêle, replié en forme de « S », et par un bec jaune orangé, allongé et conique en forme de poignard, il regarde son environnement du dessus, il surplombe la mêlée et prend des notes sur ce qu’il observe. Ce premier album marque la maturité d’un artiste qui se revendique comme multicasquettes qui puise son inspiration dans ses expériences pour un résultat radicalement personnel.
Un album très singulier
Les chansons de l’album louvoient entre chansons et paroles psalmodiées à la mode spoken word,, voire avec un mélange des 2 entre parlé et chanté dans un flux hyper rythme et harmonique. et frénétique. Le tout se déroule dans une grande liberté qui rappelle des glorieux ainés comme Jacques Higelin ou Philippe Katerine. Drôles d’espèces aurait pu s’appeler drôles d’oiseaux, mélangeant douceur et folie avec gout. La voix se transforme à l’envi, les paroles sont décalées, l’artiste ire ses conclusions en musique avec une vraie poésie qui se veut très personnel. De son vrai nom Sébastien Barrière, le chanteur compositeur musicien manie le piano et met en scène son univers sous le haut patronage de Francis Cabrel, rien que ça. Pour l’anecdote, le monsieur a agi en tant que pianiste du très drôle et pertinent Oldelaf (la tristitude, c’est de lui). L’album fait naitre des pensées étranges à travers les mots finement arrangés, un peu comme devant la bande annonce d’un bon film. Dans les ascenseurs se fait se sentir comme en apesanteur, libéré des contingences matérielles. L’Homme Héron évoque aussi la gente féminine, pas à l’excès mais beaucoup, avec des Olga, Alice rêveou Petite fille qui danse, les paroles évoquent la douceur ou la volupté.
L’album sortira le 7 février, mais il est déjà possible d’écouter des extraits sur le net. Il sera aussi possible de peut être venir assister à la release party le 30 Janvier à l’Auguste Théâtre de Paris pour se confronter en vrai à ce si mystérieux Homme héron.
On fait parfois des vagues, un roman d’Arnaud Dudek (Anne Carrière)
Publik’Art a été très touché par ce septième roman d’Arnaud Dudek : On fait parfois des vagues. Toujours aussi bien écrit !
L’histoire est celle d’un homme, Nicolas, 30 ans, qui part à la recherche de son père biologique, sachant depuis qu’il a 10 ans que son père n’est pas son père.
Mais est-ce si simple que cela ?
Bien sûr que non ! Ca va faire des vagues…
L’infertilité masculine reste encore un sujet tabou en France. Et l’auteur aborde ce sujet avec beaucoup d’humanité et de vérité. Car le domaine est très vaste : spermogramme, don de sperme, paternité, anonymat lié au don, lien du sang, transmission…
On fait parfois des vaguesest un livre qui va vous captiver de la première à la dernière page !
Le ciel de Joy, un livre de Sophie Adriansen (Flammarion jeunesse)
Sophie Adriansen écrit depuis plus de quinze ans. Romancière, biographe, essayiste et scénariste, elle écrit sur des sujets sensibles qui transmettent toujours un message puissant. Avec son dernier livre, Le ciel de Joy, Sophie Adriansen aborde avec une sincérité et une vérité incroyables le thème de l’avortement. Une très jolie façon de fêter les 50 ans de la loi Veil.
Joy est une jeune fille de bientôt 17 ans, au lycée en 1ère. Elle tombe amoureuse de Robinson et ensemble, ils découvrent l’amour. Elle passe une année exceptionnelle, avec la découverte de la littérature et l’amour avec Robinson.
Malgré les nombreux conseils de sa maman, il va arriver à Joy la même chose que sa grand-mère, la même chose que sa mère, se retrouver enceinte à 17 ans. Mais ça, c’est l’histoire des femmes de sa famille et en aucun cas elle ne veut vivre la même chose.
Joy a décidé d’avorter. Tout se complique alors. Les réactions de son entourage ne sont pas celles attendues… Joy se sent complètement abandonnée, mais elle reste combative… Les sujets abordés par l’auteure sont d’une importance capitale : l’amour, la grossesse, le secret, les non-dits, la transmission, la confiance, le combat, les démarches pour avorter… Tout est dit. Tout est écrit avec une justesse digne et respectueuse de la personne.
Il faudrait mettre ce livre entre toutes les mains d’adolescents ! L’étudier au collège, avant même la puberté de façon à faire prendre conscience aux jeunes de l’importance de leurs actes. Et surtout de leurs conséquences.
L’auteure ne dramatise nullement l’avortement. Elle dit juste la vérité. Et surtout, l’accent est mis sur le respect de la volonté de toute personne. Avec de l’écoute et du respect, tout est possible.
Le ciel de Joy est le coup de cœur de cette rentrée littéraire ! un grand bravo à Sophie Adriansen qui va aider de nombreuses familles d’adolescents.
Le nom Lumio provient d’un village corse signifiant village de lumière. Le projet se veut hors du temps et des modes, lumineux et assez singulier la production actuelle.
Un projet rare
Derrière ce nom se cache Niko Gamet, artiste féru de pop anglaise et de folk américaine, avec une voix proche de celles de John Martyn, Joe Cocker ou Fink, avec également des réminiscences du côté des Beatles, Peter Gabriel, Tom Waits et Radiohead. Déjà la barre du projet power trio Mok (2 albums chez Hacienda Records, Niko en était le chanteur / Batteur) qui avait effectué plus de 200 concerts, notamment en première partie de Nada Surf, Dionysos, The John Butler Trio ou Luke, Lumio tourne actuellement avec les groupe Nico Chona and the Freshtones et Lord Ruby. Les 10 titres de l’album sont marqués du sceau de la pop anglaise, entre post-rock et folk américain. Ce premier album est également marqué par d’omniprésentes guitares, parfois puissantes et parfois aériennes avec au milieu la voix de Niko Garmet, multi-instrumentiste à l’inspiration foisonnante, porté irrésistiblement vers le rock et l’aventure. La musique de Lumio semble hors de notre époque aux musiques préfabriquées sur Pro Tool, tout ici sent le cousu main et la sueur. Niko Gamet a déjà publié 2 albums sous son propre nom, Le signe du cœur en 2014 et Leaving Tomorrow en 2016. Et s’il compose et arrange pour d’autres artistes comme Joris et Monsieur timide, il joue surtout en tournée internationale dans le groupe rock Lord Ruby et le groupe blues rock de Nico Chona and the Freshtones.
Les titres Road and Rose, Grateful et Secretly ont déjà été dévoilés en concert. Staring at the sun se veut un véritable acte de foi, un nouveau projet très rock à découvrir absolument avant peut être des dates de concert à tomber prochainement.
Le chanteur franco-suisse Nicolas Fraissinet est de retour après 3 albums studio et plusieurs tournées à travers le monde, majoritairement dans les contrées francophones. Il a également écrit un premier roman publié chez Belfond en 2019, Des étoiles dans les yeux. Il revient avec son piano, des rythmes tantôt électriques tantôt électro, et une voie ensorcelante pour partager ses compositions souvent émouvantes.
Un chanteur français hors des sentiers battus
Avec ce nouvel album, Nicolas Fraissinet reste fidèle à son style. D’abord une voix, puis un piano, mais aussi des rythmes pour organiser le tout. Son nouvel album Joie sauvage se compose d’un récit poétique, accompagné d’un album de chansons et d’un spectacle live avec une vidéo. Le chanteur le présente comme un hymne fait de révoltes et d’espoirs au règne animal et à sa résilience. L’écriture est ciselé et reste fidèle aux principales influences du chanteur compositeur, avec des touches de Tori Amos et de David Bowie, un style très personnel dans l’univers francophone.
De nombreuses dates de concert sont prévues d’ici le mois de mai, le moment de découvrir ce chanteur exigeant au style éminemment personnel, assez singulier dans le monde de la chanson française. Les morceaux sont tour à tour enlevés et rythmés, il revient aussi à un piano-voix qui le caractérise assez fidèlement. Artiste assez éclectique, il dévoile ici une nouvelle facette de lui-même, toujours très personnel, il trace sa route sans déroger à son exigence.
Dates de concert:
17 janvier : Festival Poly’Sons 2025 – Première en France du spectacle « Joie Sauvage », Montbrison, France
21 janvier: Le MILLENNIUM – Première en Suisse du spectacle « Joie Sauvage », Crissier, Suisse
Le Lucernaire gâte les plus petits et leurs parents avec un beau tour de chant nommé Choubidouwa! Les tubes et comptines s’enchainent dans des chorégraphies soignées qui donnent envie à toute la salle de reprendre en chœur les chants du génial trio. Le show est rythmé et le spectacle dure 50 minutes, parfait pour ne pas perdre les petits en route. Au contraire, ces derniers sont partie prenante du spectacle, ils chantent et s’amusent des costumes des Divala. Les 3 chanteuses arborent d’indéfectibles sourires qui invitent à l’empathie et à la bonne humeur. 3 créneaux de tous de chant dans la semaine, dont le dimanche matin à 11h, la salle était comble le 5 janvier et tout le monde s’est bien amusé. Encore un spectacle jeune public au Lucernaire, à découvrir dès l’âge de 3 ans. Petit escargot, les souliers Lilas du fameux âne, Vent frais vent du matin, tout le monde connait les paroles et les interprétations sont pleines d’une joie communicative. Angélique Fridblatt, Gabrielle Laurens et Aurore Bouston ne ménagent pas leur énergie et multiplient les vocalises expertes, c’est un beau spectacle musical pour toute la famille, un vrai plaisir!
Synopsis:
UNE ÉPATANTE ET JOYEUSE ÉPOPÉE CHANTANTE
À partir de 3 ans
Avec Choubidouwa ! Tubes, comptines et rock’n‘roll, Les Divalala s’emparent avec malice du répertoire dédié aux plus jeunes oreilles dans un show virtuose et décoiffant.
Trois petites notes de musique dégringolent de leur chanson et virevoltent d’une comptine à l’autre, de découvertes en rencontres palpitantes. Pommes pimpantes, hibou rockabilly, salsifis survolté, bateau aventureux, âne méga stylé ou escargot intrépide les entraînent dans un tourbillon sonore où chahutent allègrement flamenco, salsa, blues, mambo, gospel et autres styles chaloupés. Embarquez à leurs côtés et laissez-vous ravir par cette tornade musicale ébouriffante ! Une épatante et joyeuse épopée chantante qui réinvente les comptines de notre enfance ! Création inédite à découvrir pour la première fois au Lucernaire.
Le Lucernaire accueille la compagnie Les Epis Noirs pour une adaptation libre et enivrante de Britannicus, pièce de Racine rédigée il n’y pas si longtemps, juste en 1669. Si le texte de l’auteur classique apparait de temps en temps au détour d’une déviation dans un fossé quelconque, la pièce est surtout l’occasion d’un formidable lâcher prise où musique, circonvolutions jubilatoires et folie douce s’enchainent dans une désopilante sarabande. Les 4 comédiens et 2 comédiennes rivalisent d’exubérance pour emporter le public dans un voyage fou et enchanté.
Pas de répit pour le public
La pièce de 1h20 semble durer 20 minutes tant l’action est dense et omniprésente. L’action tragicomique reprend le canevas de la pièce de Racine, avec pas mal d’aménagements, on s’en doutera. En gros, l’empereur Néron succède à Claude et se prend d’une passion subite pour Junie, amante de Britannicus, rien de moins que son demi-frère, tandis qu’il cherche à se libérer dans le même temps de la domination de sa mère Agrippine et à assassiner sournoisement le fameux demi-frère gênant. Si l’intrigue est bien là, son traitement sort rapidement des sentiers battus et perd génialement le public dans des apartés décomplexés. Costumes punk à tendance collier de chien et à la limite du SM, pétaradante guitare électrique et interruptions incessantes donnent à la pièce des airs de rave party, surtout quand le morceau This is the rythm of the night de Corona se fait entendre de manière intempestive. Et comme comédiens et comédiennes arborent un maquillage blanc sur le visage, le ton est donné, la farce est reine et une ambiance de cirque règne dans la salle. La troupe n’hésite jamais à fracasser le 4e mur, le public est pris à témoin, invectivé avec fureur et invité à participer à l’orgie théâtrale. Chacun rivalise de truculence pour attirer l’attention sur lui et surprendre à l’envi. Les intermèdes musicaux se succèdent tandis que Néron et Britannicus se disputent la belle Junie, le CD des musiques du spectacle est d’ailleurs disponible à l’achat à la fin du spectacle pour revivre chez soi la folle soirée passée au Lucernaire. Nul doute que des rares puristes mécontents crieront au scandale, la pièce est saccagée et mise en pièces, mais que c’est bon de voir une troupe s’approprier un texte classique pour en livrer une version punk décomplexée, exactement ce que le Lucernaire incite à faire. Est-ce possible ailleurs sur Paris? Pierre Lericq n’en est pas à son coup d’essai, lui qui avait échafaudé une romance sauvage déjà survitaminée en 2016 dans les mêmes lieux. Des accessoires de cirque jonchent le sol, un Monsieur Loyal partage régulièrement sa mauvaise humeur, Racine est transformé en Barnum sous acide, la transformation est osée mais jubilatoire, surtout que tous les interprètes enchainent des performances étonnantes, Jules Fabre en Britannicus jouet du destin, GillesNicolas en valet insolent, Marie Réache en Agrippine complètement punk, Juliette de Ribaucourt en Junie pas si frêle et fragile que ça, Tchavdar Pentchev en déclinaison de Sid Vicious, tous concourent au succès de cette pièce jouée à guichets fermés, les places sont chères, il faut se dépêcher!
L’énergie déployée est incommensurable, les coups d’éclats s’enchainent et le public fait un triomphe final à une troupe qui ne s’est pas ménagée une seule seconde sur la scène du Lucernaire. L’année théâtrale 2025 commence sur les chapeaux de roue et le public a encore. du temps pour venir admirer le Britannicus Musical Circus, jusqu’au 9 février, il ne faut pas hésiter. La troupe attend le public à la fin du spectacle en interprétant avec bonne humeur une ritournelle finale, de quoi concourir à ne pas oublier de sitôt ce Britannicus échevelé.
Synopsis:
QU’IL EST BON DE RIRE DE TANT DE NOIRCEUR
Dans une troupe de théâtre ambulant, un « Monsieur Loyal » tonitruant mène ses comédiens à la cravache pour vous raconter la véritable, et non moins monstrueuse, histoire de Britannicus. Tout se passe en un seul jour à Rome. En mai 68 de notre ère, le jour de son couronnement, Néron, mis sur le trône par l’assassinat à point nommé de son père Claude par sa chère maman Agrippine, enlève Junie, fiancée tendrement aimée de son frère Britannicus. Tout cela va entraîner les personnages dans une fureur délirante et jubilatoire.
Photo Agathe Pommerat « La Réunification des deux Corées »
Le monde intranquille de Joël Pommerat dans « La Réunification des deux Corées », à Lyon
Depuis plus de vingt ans, Joël Pommerat qui se revendique « écrivain de plateau », écrit et met en scène. Reconnaissables dès les premières secondes pour l’univers poétique dont elles sont tissées, mêlant intimement le clair-obscur de l’imaginaire (l’inconscient) à la réalité mais aussi les rapports entre individus, les histoires scéniques de Pommerat s’apparentent à des comtes moraux et immoraux. Où comment le bien et le mal se masquent, se mélangent l’un derrière l’autre, l’un avec l’autre.
Et à partir d’un sujet qui semble tout à fait réaliste donc concret, le dramaturge nous entraîne de par son écriture dans une autre réalité, celle de personnages enfermés en eux-mêmes qui rêvent et parlent seuls à travers de longs discours émouvants ou encore entre eux, déterminés par le rôle familial/social dans lequel ils sont prisonniers.
L’utilisation du micro comme vecteur de la voix contribue aussi à créer un climat à part entière. Le théâtre de Pommerat est donc un monde à part qui chemine entre l’ici et l’ailleurs. Un monde d’ambiguïté, de trouble, de profonde humanité où par-delà le visible et son implacable vérité, l’inconscient de nos « je » et les interdits collectifs sont également convoqués.
Un monde sans fard aussi lorsqu’il s’attaque au conte en revisitant de sa magie noire Pinocchio, Le Petit Chaperon rouge ou encore Cendrillon. Un monde désabusé, d’illusions perdues traduisant parfaitement les angoisses de notre époque lorsqu’il narre le capitalisme dans Les Marchands ou La grande et fabuleuse histoire du commerce. Chacune de ses œuvres est d’une inventivité plastique et théâtrale rares où Pommerat s’affirme comme l’un des auteurs-metteurs en scène majeurs et singuliers.
« La Réunification des deux Corées » a été créée en 2013 à l’Odéon-Théâtre de l’Europe. La pièce est revenue à Paris pour une « recréation », notamment en passant d’un dispositif bi-frontal (2 gradins se faisant face) à un rapport frontal avec le public, faisant naître un nouveau rapport à l’espace, à l’écriture narrative, visuelle et sonore. Elle est aujourd’hui présentée à Lyon.
Une écriture ciselée qui aborde en vingt instantanés la difficulté d’aimer et d’être aimé, tout en explorant les gouffres de nos sentiments imparfaits, porteurs de malentendus, de mensonges, de lâcheté, de trahison, ou encore d’incompréhension.
En une suite de scène courtes, des hommes et des femmes se croisent, s’aiment ou se heurtent, se confrontant à une situation souvent ambiguë, cruelle, surréaliste, ou douloureuse, tout en rêvant d’une (im)possible réunification…
Au bord du gouffre
Des instants ouverts sur l’irrationnel et l’incohérence du désir. Sur la brutalité des rêves et la brûlure des désillusions. Sur les fantômes qui hantent nos jardins secrets, aux lisières de la folie ordinaire.
C’est à cette ligne de rupture de la relation, du désir et de ses déchirements, qu’ils soient amicaux, amoureux ou familiaux, que nous confronte ce spectacle, et nous tend un miroir universel à nos (res)sentiments.
Passant de la comédie à la tragédie, de l’ombre à la lumière, avec des scènes empruntées au réel et à l’imaginaire, c’est l’histoire de gens (extra)ordinaires, à la croisée de leurs chemins personnels et intimes, surgissant de l’obscurité, et à ce là moment, fatidique, où tout bascule vers l’inconnu et une étrangeté existentielle.
La scénographie fait surgir du noir le plus profond, sous une lumière sculpturale assortie d’une sonorisation suggestive ou pop, les personnages et les situations. Elle les charge d’une dimension crépusculaire, mystérieuse, sensorielle, et concrète qui imprime une intensité et un naturalisme au climat instauré, où chaque tableau explore une situation dans laquelle une relation est mise à l’épreuve.
Sur la plateau, les séquences s’enchaînent sans répit comme dans un film entre un clair obscur inquiétant et une sophistication éblouissante. Elles démontrent une maîtrise scénique et artistique très aboutie qui entremêle l’histoire intime et collective, sondant au plus profond la nature humaine et ses fêlures. Séquence nostalgique où un crooner androgyne, sorti de nulle part, apparait, et nous rappelle l’illusion du théâtre et sa distanciation impérieuse.
Cette appropriation de l’aire de jeu par Pommerat dans une vérité propre, multiforme et surréaliste constitue, dans le ressenti qu’elle fait naître et l’évocation qu’elle suscite, une expérience unique pour le spectateur.
Pierre angulaire de cette mise en abîme, les comédiens : Saadia Bentaïeb, Agnès Berthon, Yannick Choirat, Philippe Frécon, Ruth Olaizola, Marie Piemontese, Anne Rotger, DavidSighicelli, Maxime Tshibangu qui sont, là, tous unis dans un jeu singulier, juste et précis. Du grand art. Bravo !
Dates : du 7 au 17 janvier 2025 – Lieu : Théâtre des Célestins (Lyon) Auteur metteur en scène : Joël Pommerat
Le Théâtre des Champs Elysées a proposé une soirée sous le signe de l’Ukraine avec un spectacle dansé par le Ballet National d’Ukraine devant une foule enthousiaste. 2h de spectacle mettent en avant la magie du conte d’Andersen, la Reine des Neiges, adapté du conte universellement connu d’Hans Christian Andersen et rédigé en 1844 dans le recueil Nouveaux Contes, la renommée mondiale tient beaucoup au dessin animé Disney de 2011, avec ses chansons connues de tous les petits enfants du monde. Les chorégraphies ont été imaginées par Aniko Rekhviashvili en 2015 avec la jeune héroïne Gerda mise en avant dans une lutte acharnée contre un ennemi maléfique et glacial. Pour accompagner les numéros de danse impeccables réalisés par la jeune et talentueuse troupe capable d’enchainer des prestations hypnotisantes tout du long, l’ambiance musicale n’est pas inconnue. Les musiques parleront à beaucoup, issues d’oeuvres de Grieg, Massenet, Offenbach, Johann Strauss et Berlioz. Le spectacle est d’une qualité remarquable, rappelant la magie du spectacle habituel de Noel, Casse-Noisette. Même neige environnante, même combat du bien contre le mal, même magie de Noël. Il reste des places pour les 4 dernières représentations, il serait dommage de manquer un spectacle si féérique!
Synopsis:
La venue en décembre 2022 du ballet et de l’orchestre de l’Opéra National d’Ukraine avait été l’un les moments forts de ces dernières saisons de la vie du Théâtre. Une immense émotion avait saisie artistes, équipes du Théâtre et public à chaque représentation et tout particulièrement le soir de la dernière, lorsque la salle entière se levait au moment de l’hymne ukrainien. Depuis les conditions de vie et de travail sont toujours difficiles à Kiev pour les Ukrainiens mais la troupe tient bon et c’est avec fierté et plaisir que nous leur renouvelons notre soutien et les retrouvons ainsi lors de la période des fêtes de fin d’année. Ils présenteront La Reine des neiges, adapté du conte éponyme d’Andersen sur des musiques de Grieg, Massenet, Offenbach, Johann Strauss et Berlioz. Cette version chorégraphique est signée Aniko Rekhviashvili qui a relevé en 2015 le défi de raconter l’histoire de la jeune Gerda et de sa lutte contre un ennemi maléfique et glacial. Malgré son thème, il s’agira bien d’une soirée toute empreinte de magie et de féérie.
Coréalisation Productions Internationales Albert Sarfati / Théâtre des Champs-Elysées
En 2025, la lumière n’est plus considérée comme une chance ou un privilège, tout le monde appuie sur l’interrupteur sans même y penser, ouvrant la lumière, la télé ou l’ordinateur. Le geste n’a pourtant rien d’anodin comme le rappelle la pièce jouée au Lucernaire car ce progrès majeur dans l’histoire de l’humanité a donné lieu à une guerre des courants acharnée entre 3 personnages de génie, Thomas Edison l’entrepreneur, GeorgeWestinghouse le businessman et Nikola Tesla l’outsider un peu perché. Les faits historiques abondent dans un beau moment de théâtre qui mélange luttes d’ego et considérations philosophiques sur l’impact de cette révolution sur l’humanité, à commencer par la peine de mort.
Une pièce acclamée
Un peu d’histoire. En 1879, Thomas Edison (1847-1931), scientifique et inventeur américain pionnier de l’électricité, conçoit un dispositif composé d’un filament de bambou qui brûle au sein d’une bulle de verre, dans laquelle on a effectué le vide quasi absolu. Cette première lampe offre plusieurs dizaines d’heures d’éclairage. Partisan du courant continu, il a maille à partir avec le farfelu mais génial NikolaTesla convaincu de la supériorité du courant alternatif, qui le rejoint d’abord avant de partir chez l’ambitieux et redoutable concurrent George Westinghouse. Tous 3 occupent une scène composée d’ampoules et de gadgets de la première heure, téléphone, phonogramme et appareils rudimentaires montrent l’explosion inventive de la fin du XIXe siècle grâce à l’apparition d’abord industrielle puis domestique de l’électricité, devenue depuis une composante indispensable de la modernité, éclairant les ténèbres et prolongeant le cycle de la vie. La pièce met judicieusement en rapport le concept du progrès avec la tendance constante de l’humain à transformer les meilleures idées en concept de mort, rappelant l’invention de la chaise électrique, conçue d’abord pour amoindrir la souffrance du condamné par rapport au procédé antérieur de la pendaison. Mais la première exécution du dénommé William Kemmler ne se déroula pas correctement. La première décharge de mille volts de courant alternatif censée provoquer une perte de conscience rapide et un arrêt cardiaque ne tua pas Kemmler qui enchaina les souffrances au cours des 3 décharges subies, véritable exemple de barbarie humaine. La pièce met aussi en avant le rôle prépondérant des femmes d’Edison et de Westinghouse dans le succès de leur mari, rappelant ainsi que derrière chaque grand homme se cache une femme.
Le public est conquis par cette pièce rythmée et inventive, les comédiens et comédiennes donnent une dimension autant historique que sociale à cet épisode majeur de l’histoire humaine.
Synopsis:
DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE … ET INVERSEMENT !
New-York, 1878. Assoiffé de progrès, le couple Edison multiplie les inventions révolutionnaires. Mais Thomas Edison, insatiable, poursuit désormais un rêve : celui d’éclairer le monde en devenant le maître de l’électricité… À sa grande surprise, le génial inventeur n’est pas seul dans la course. L’excentrique Nikola Tesla et, surtout, l’ambitieux couple Westinghouse sont eux aussi bien décidés à illuminer l’avenir. Terrorisé à l’idée de ne plus être à la hauteur de sa légende, Edison va tout faire pour remporter la bataille. Quitte à pactiser avec la nuit, en inventant l’inimaginable au nom du progrès…
L’histoire d’une poignée d’hommes et de femmes qui ont rêvé si fort de l’avenir, qu’ils ont fini par l’inventer.
Black Legends, Le Musical possédé par le groove, diffusé sur France 4
Black Legends de retour à Paris jusqu’au 2 mars 2025, a fait l’objet d’une captation en 2023 qui est diffusée sur France 4, le 2 janvier 2025 à 22h10. Il s’agir d’une fresque musicale, un manifeste, en hommage à l’histoire et à la musique afro-américaine. L’épopée du peuple noir américain servant de fil conducteur aux chansons interprétées (mais aussi chorégraphiées) par une troupe aussi endiablée qu’habitée (16 chanteurs/danseurs), accompagnée sur scène de 6 musiciens.
Depuis la période du Cotton Club vers 1930 jusqu’à la présidence de Barack Obama en 2009, les séquences s’enchaînent à un rythme effréné, dans un tourbillon de 200 costumes flashy et coupe afro.
Une énergie indomptable
Sur scène, les artistes, d’une maîtrise vocale sans faille, retracent un siècle de musique noire américaine à travers 36 tableaux qui résonnent avec la grande histoire, ses enjeux sociétaux et ses figures politiques.
De Cab Calloway à Beyoncé sans oublier le rap, en passant par Ray Charles, Marvin Gaye, Otis Redding, Tina Turner, Aretha Franklin, Ella Fitzgerald, The Supremes, James Brown, Michael Jackson ou Withney Houston, on se replonge dans des titres mythiques, qui s’inscrivent dans le combat pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis et la lutte contre la ségrégation, aux prises entre émancipation et quête de reconnaissance.
Le clou du spectacle est l’interprétation du classique de Sam Cooke, « A change is gonna come », chanté par le duo charismatique Barry Johnson et Anandha Seethanen, où la ferveur vocale est en osmose parfaite avec le thème de la chanson et son appel à un monde plus juste.
Le show est porté par une énergie indomptable, imprégné de l’efficacité, de la puissance et de la sensualité du groove des musiques afro-américaines, au croisement du jazz, de la funk, de la pop, de la soul et du blues, influences musicales au plus près d’une vérité humaine et de sa transcendance.
Dates : du 14 novembre 2024 au 2 mars 2025 – Lieu : Bobino (Paris)
162 séances au cinéma en 2024, avec certains films vus plusieurs fois, Emilia Perez 5 fois, Mégalopolis 2 fois. Beaucoup trop de temps passé au cinéma pour certaines personnes, le chiffre parait pourtant assez optimal pour qui aime le cinéma. Le COVID avait fait chuter la volumétrie, 2024 permet de reprendre la marche en avant. Parmi tous ces films, quels ont été les plus marquants? Emilia Perez évidemment, mais aussi Challengers, Le Molière Imaginaire, Mégalopolis, Kinds of Kindness et Boléro.
Un top 10 pour la postérité
Emilia Perez arrive largement en tête du classement 2024, palme d’or volé par le très oubliable Anora. Film dense et multiple, EmiliaPerez multiplie les tons. Comédie musicale dramatique, film de rédemption, film d’affirmation de soi, histoire d’amour, film de vendetta, le film prend aux tripes et multiplie les émotions, du grand art par le souvent génial Jean-Jacques Audiard avide de profusion et de maestria. Il adapte un ouvrage traitant de l’histoire d’un narcotrafiquant qui souhaite devenir une femme avec une mise en scène et des actrices qui forcent le respect. Presque un sans faute si ce n’était cette fin un peu bâclée mais qu’importe, le film marquera les esprits, de quoi faire regretter le choix du jury à Cannes 2024, pas si judicieux que ça. A la 2e place, Le Molière Imaginaire est le film français de l’année, impressionnant de maitrise et d’ambition, la caméra ne coupe jamais et évolue sur 3 plans différents, entre scène de théâtre, coulisses et public. De quoi avoir le souffle coupé, du vrai cinéma total. Kinds of Kindness est un véritable OVNI, Yorgos Lanthimos retrouve sa pâte des débuts, il n’a pas de limites et ne ménage pas le spectateur, exactement ce qu’il fait de mieux. Challengers est l’histoire d’amour cinématographique de 2024, par le réalisateur du déjà magistral Call me by your name avec un triangle amoureux intense et tortueux sur fond de rivalité tennistique. Boléro est le film musical de l’année un film basé sur l’histoire du compositeur Maurice Ravel. Musique, anecdotes, folie douce, le film est un ravissement esthétique et musical. La zone d’intérêt fut un vrai choc, comme le Fils de Saul le fut avant lui. Une famille vit à proximité des camps de la mort, sans rien en voir mais pas sans rien en entendre. Tout le monde sait mais tout le monde se tait et vit avec, sans images mais pas sans effroi pour le spectateur. Moi capitaine est une fiction basée sur ce que vivent des milliers de personnes poussées sur le chemin de l’exode entre Afrique et Europe, le réalisme est total et l’émotion intense. Mad Fate est le film asiatique de 2024, une vraie folie, sans barrières, un lâcher prise complet avec des personnages à peine croyables et une violence viscérale. Marcello Mio est la rêverie cinématographique de 2024, signée Christophe Honoré avec une Chiara Maestroiani sur les traces de son père Marcello. Mégalopolis est le film clivant de l’année 2024, détesté et adoré, admiré et conspué, il montre sur tout que Coppola père en a encore sous le pied.
Emilia Perez
Le Molière imaginaire
Kinds of Kindness
Challengers
Boléro
La zone d’intérêt
Moi capitaine
Mad Fate
Marcello Mio
Mégalopolis
Une belle année 2024 qui marquera les annales à n’en pas douter tant les films ont réussi à montrer que le cinéma n’est pas mort, le COVID fut une étape et non pas une mise à mort des salles obscures. Bonne nouvelle!
L’année 2024 restera incontestablement connue comme étant celle de la renaissance du cinéma post-COVID avec des chiffres toujours plus hauts et une qualité retrouvée entre maestros en forme et wannabe famous inspirés. Auraient pu faire parti de ce TOP 10 décidément trop étriqué : le fantasmagorique testament de Mister Coppola, Megalopolis, la sensationnelle partition du trio Audiard/Gascon/Saldana dans Emilia Perez, l’odyssée éprouvante inoubliable de Matteo Garrone, Moi, capitaine, le succulent thriller papale Conclave, d’Edward Berger, l’anxiogène Longlegs (ou la révélation du talent fou de Osgood Perkins), Dans la peau de Blanche Houellebecq, délirante comédie du protéiforme Guillaume Nicloux sous les alizées de Gwadada, ou encore Love lies bleeding, Strange Darling, Borgo et Kinds of kindness.
10 – Rebel Ridge (Jeremy Saulnier – USA).
Pierre, papier… & barbichettes.
L’uppercut qu’on n’avait pas vu venir ressemble fortement à celui qu’Aaron Pierre distribue généreusement dans l’impressionnant polar de Jeremy Saulnier, Rebel Ridge. Rien ne laissait présager une telle générosité dans l’effort pour cette production Netflix qui aurait pu ressembler à la flopée de photocopies que nous sortent toutes les plateformes possibles. Mais c’était sans compter sur un Saulnier ultra inspiré avec les mots et les images, un Aaron Pierre qui s’installe d’emblée comme l’un des plus grand action man de sa génération, et une armée de seconds couteaux très aiguisés (Don Johnson, AnnaSophia Robb). Le meilleur western de 2024 !
9 – King’s land (Nicolaj Arcel – Danemark).
Le + immortel des high landers, c’est Mads évidemment.
Où s’arrêtera la quête de charisme dans le 7e Art de Mads Mikkelsen ? Déjà inscrit dans la peau de quelques personnages légendaires, ce n’est pas ce nouveau rôle sous les caméras de son compatriote, Nicolaj Arcel, qui ternira son mythe, bien au contraire. Qui d’autre que lui et son visage ultra buriné pour porter toute la résilience et souffrir avec dignité en silence face à l’adversité du nord extrême et ses égos. L’antithèse du lyrique et inspiré Monte-Cristo pour un résultat qui imprimera plus longuement les rétines averties.
8 – Terrifier 3 (Damien Leone – USA).
A Christmas Carol. Mais pour grands enfants dégénérés.
Le 3e volet des mésaventures de Art le clown porte enfin celui-ci vers les sommets grâce à une écriture qui a gagné en tout : constance, humour et esthétisme. Damien Leone convoque depuis 3 films déjà toute une inspiration issue des films bis et Z les plus retords des années 80/90 pour en faire un mythe : celui du meilleur boogeyman du XXIe siècle. Dans un océan d’immondices et de no limit, Leone fait ressurgir l’esprit Chaplinus de ce personnage terrible qui ne prononce jamais un mot et qui jouit en démystifiant les plus grands mythes (pauvre Papa Noël). Jubilatoire et terriblement transgressif.
7 – Challengers (Luca Guadagnino – Italie).
Le triolisme en 2024, c’est jeu, steak & smash.
Cette année, mon plan à 3 à moi, c’est Luca Guadagnino/Trent Reznor/Atticus Ross. Véritable trio infernal qui dynamite le traditionnel jeu dangereux plan-plan du meilleur ami qui tombe amoureux de la copine de. D’une photographie démentielle signée Sayombhu Mukdeeprom (mister Weerasethakul, excusez du peu), l’italien impose l’idée de génie d’une agressive musique electro inspirée pour illustrer les plans parmi les plus fous réalisés sur le monde du tennis. Saupoudrez le tout du meilleur rôle des 3 acteurs principaux : Zendaya, Josh O’Connor et Mike Feist, et vous optiendrez les vrais Challengers de 2024.
6 – Le cercle des neiges (Juan Antonio Bayona – Argentine).
En 2024, l’Argentine reste encore au sommet.
En voilà un thème un peu trop dans l’actualité du moment avec cette terrible loi des séries des crashs aériens actuels … Ici, on a l’impression que Bayona nous a broyé la nuque, fracassé le tibia et l’humérus en simultané, tant le réalisme distillé par la précision de l’image, du son et des corps brisés de son accident d’avion est cartésien. Le temps de reprendre notre souffle et nous voilà plongée dans le cœur du mal andin : froid, faim, meurtrissure. Rarement le désespoir n’aura été aussi bien transmis à l’écran, convoquant le pire de notre humanité. Le survival ultime de 2024 qui aurait mérité une expérience en salle obscure.
5 – Dune 2 (Denis Villeneuve – USA).
Il a drôlement poussé ET.
Dune 2, ou l’art de relativiser une déception. Passé l’effet de surprise d’une première plongée magistrale sur Arakis déjà sous la houlette de Denis Villeneuve, il fallait maintenant nous en mettre à nouveau plein les yeux. Et c’est souvent le cas ici : plus de vers géants, plus de désert à la beauté épique, plus de batailles et d’enjeux. Mais on reste indubitablement sur notre faim comme tout second épisode qui se veut intermédiaire. Cela reste cependant largement suffisant pour écraser 95% des blockbusters de l’année (Coucou Ridley) et nous offrir de nouveaux moments inoubliables toujours sous les tamtams de Hans Zimmer.
4 – TRAP (M. Night Shyamalan – USA).
AtTRAPe-moi si tu peux. Ou le premier grand rôle de Shyamalan.
Le tour de passe-passe de l’année est signé M. Night Shyamalan. Cela faisait longtemps diront certains. Mais il ne s’agit pas de tous ceux que l’on voit autour des mésaventures surréalistes du serial killer campé avec gourmandise et générosité par le revenant Josh Hartnett (quelle renaissance !). Le plus grand TRAP de 2024 est le jeu constant du réalisateur avec son spectateur. Le show dans le show. Couleur annoncée dès les premières minutes, péripéties teintées d’humour noirs et empathie pour l’une des plus belles ordures de l’année, voici le film qui murira le mieux dans votre esprit si vous êtes joueur. Ou pas. L’ultime idée de la mise en abîme.
3 – The Substance (Coralie Fargeat – France).
Ma Qualley idea ? Fa l’aMoore, si !
Coralie Fargeat au sommet d’Hollywood ! Quelle pépite de pop culture et de cinéma que The Substance, concept de régénérescence physique et de body horror-porn que n’aurait pas renié le vénéré David Cronenberg. Mais ici, la réalisatrice française pousse tous les curseurs au max. Des couleurs intenses, de l’esthétique et du montage exagérément clipesque, la renaissance de Demi Moore, l’avènement définitif de Margaret Qualley et ce finish totalement WTF : vous deviendrez aussi vite accro à la Substance, croyez moi.
2 – Anora (Sean Baker – USA).
La Guerre Chaude US-Russie nous offre une totale régalade sous les caméras de Sean Baker.
Ma super héroïne de l’année n’a pas de pouvoir (enfin pas exactement ceux que l’on croit), mais une personnalité de feu et une gouaille lumineuse. Bienvenue à toi, Mikey Madison dans le grand monde du cinéma. Et quelle entrée fracassante à l’image d’Ani-Anora, cette Pretty Woman du XXIe qu’elle campe avec la générosité qui incombe au cinéma du surdoué, Sean Baker. Dans la veine de son déjà survitaminé Tangerine, le nouveau pape du ciné Indie US nous concocte un film hybride à l’humeur et à l’humour ultra contagieux pour que triomphe le vrai Amour, le tout sous fond de lutte des classes. Pépite absolue.
1 –Furiosa : Une saga Mad Max (George Miller – Australie).
Au nom de la mère, de la fille et de la Sainte-Vengeance.
Une nouvelle déflagration dans le Wasteland tout droit sorti de l’esprit déboussolant de notre Ozzy préféré, j’ai nommé George Miller. Tout y est aussi fou que sur la Fury Road, mais cette fois, on y ajoute une dimension herculéenne assez fascinante à travers le destin de Furiosa, campée avec rage et délectation par la déjà géante Anya Taylor-Joy. La grandeur spectrale de son ouverture nous laissait à peine entrevoir la folie qui allait parcourir le reste du film. Notre classement offre une véritable revanche à ce film boudé par le Box Office, à cette exceptionnelle héroïne, ainsi qu’à la virtuosité de sa mise en scène. Encore plus de poussières, de suies et de faya, George !
L’auteure Camille Moon a déjà publié plusieurs ouvrages, Elle e(s)t moi, En(quête) de sens, Miroir mon beau miroir et elle suit le même sillon de thriller horrifique avec ses incartades sexy. Dans un style vif et direct, elle raconte l’histoire d’un jeu pervers entre un chat et une souris, tous deux décidés à mener à bien leur quête et à ne pas devenir la victime de l’autre. Mais dans un jeu, il y a toujours un maitre du jeu… Le texte alterne avec des dessins évocateurs qui participent à l’ambiance pesante, Lou est une belle plante aux tendances prédatrices, sa rencontre avec une 42e proie va la confronter à sa vraie nature et faire naitre une remise en cause profonde d’elle-même. Ce qu’elle croyait être une inextinguible vengeance contre les hommes se révèle être une erreur de jugement… L’auteure multiplie les considérations tour à tour poétiques, psychologiques ou sanguinolentes, avec une héroïne traquée, enfermée, en parallèle d’une enquête visant à la retrouver vivante pour mettre hors d’état de nuire celui qui la retient. Les mots clés trouvés sur un site internet évoquent les mots Thriller, Tueur en série, Psychopathes, Mantes religieuses, Violence et Agressions sexuelles, un beau résumé des principales thématiques d’un ouvrage qui secoue, et destiné à des lecteurs avertis!
Synopsis: Lou est belle, sensuelle, une muse, une héroïne qu’on adore détester, magnifiquement horrible. Une serial killeuse indomptable, une prédatrice lubrique et lugubre Comme une Louve tapie dans l’ombre, elle attend toujours le moment opportun pour attaquer ses proies… jusqu’au jour où 42 croise son chemin… Quand le prédateur devient proie, quand l’amour côtoie les monstres, et quand la chair se mêle à l’horreur… qu’en est-il du bien et du mal et des émotions humaines ?
L’auteur Pierre Guini professeur de littérature à l’Université Inter-âge de Melun, Chelles, Paris-Diderot et à l’UPEC (Université Paris Est Créteil). Il a suivi de janvier à mars 2014 un atelier d’écriture chez Gallimard sous la direction d’Eric Fottorino. Il déclare avoir 3 passions, lire, écrire et transmettre. Son ouvrage suit différents moments de l’existence d’un reporter de guerre nommé Pier Garzon, sur le terrain en Afghanistan, mais aussi dans les rues de Paris en compagnie d’une certaine Mélanie, rencontrée un peu par hasard à la sortie d’une visite chez une psy. Le personnage est déprimé, obnubilé par ses souvenirs de guerre, jamais vraiment de retour de reportage sur les terrains de conflit, cette rencontre avec Mélanie lui sert véritablement de bouée de sauvetage. Il s’y raccroche et le récit bouscule de l’Afghanistan aux trottoirs de Saint-Germain en l’espace d’une ligne. Le récit multiplie les détails sur le terrain d’Opération en compagnie de Marco, Berger, Klein, le lecteur ressent la peur constante de la mort et les balles qui sifflent à ses oreilles. Les pages aux tonalités romantiques ressemblent à des parenthèses enchantées, à des souvenirs heureux comparé à la rudesse du récit de guerre, technique, précis, la brasserie Racine semble loin de la fournaise des ruelles de Zehouab, Mélanie ressemble à une créature imaginaire raccrochant le héros à la vie, rappelant la douceur de l’a vie’existence dans un Occident si loin de la guerre. Mais qui est véritablement Mélanie? Est-elle réelle ou simplement imaginée? Le lecteur est volontairement laissé dans le flou entre des références à Proust et à Camus, le livre est l’histoire d’un crépuscule, d’une vie qui s’échappe, c’est prenant de bout en bout et l’auteur fait des prouesses au niveau de l’écriture. Et si quelques péripéties perdent parfois le lecteur, ce n’est que pour mieux rebondir et l’emmener dans l’esprit fécond de l’auteur. Car c’est également à l’auteur de se faire la compréhension d’un ouvrage qui ouvre de multiples portes.
Synopsis:
Mon nom est Pier Garzon. J’ai 46 ans, et je suis reporter de guerre. A ceux qui pensent que je voyage pour mon plaisir, je les invite à me suivre. Ils ne tiendront pas deux jours. Mes reportages m’ont coûté un divorce, la perte de mes amis, et une dépression chronique que je tente de soigner comme je peux. La seule personne qui se préoccupe de ma vie s’appelle Mélanie. Elle a 26 ans et vend des chapeaux dans le quartier de Saint-Germain. Elle déteste la cuisine japonaise et rêve de partir aux Seychelles. J’ai promis de l’emmener là-bas. Mais avant il reste un dernier reportage, et celui-ci, je ne veux pas le rater : une mission en Afghanistan au sein d’une unité de combat sous le feu nourri des talibans. Quinze jours, pas plus, sous les ordres du mystérieux capitaine Berger. Je pars confiant car je sais que Mélanie m’attend. Pendant mon absence, prenez soin d’elle.
Catherine Hiegels’empare avec le talent qu’on lui connait, d’un grand rôle féminin en confiant à Isabelle Carré (exceptionnelle) le personnage de « La Serva amorosa », une femme libre et indépendante avant l’heure imaginée par Goldoni. Une femme stratège aussi qui, en usant de toutes les ruses, rétablira son maître, injustement déshérité, dans la place sociale qui lui revient.
A travers cette farce mais pas que, Goldoni inverse le rapport de domination entre maîtres et valets. Il dessine des personnages à la fois inspirés de la commedia dell’arte mais aussi profondément humains, inspirés de l’observation de ses contemporains.
Coraline, servante fidèle et dévouée va suivre un fils de famille banni par son père (sous l’influence de sa belle-mère…) et lui permettre de retrouver sa position dans le giron familial dont il ne saurait s’extraire sans danger de disgrâce sociale et de futur compromis.
Une direction d’acteurs de haut vol
Cette pièce aux dialogues épiques et savoureux entre en résonance avec notre époque, où l’émancipation des femmes et la quête de justice demeurent des combats éternels. Elle signe aussi le triomphe de la femme sur la perversité du monde, dans un imbroglio d’une grande élégance.
La mise en scène au cordeau de Catherine Hiegel est au plus près du jeu des comédiens et du texte dont elle restitue à merveille l’atmosphère, les enjeux amoureux et sociaux où chacun des personnages en jouant de sa condition, permet à l’auteur de dénoncer la petitesse humaine.
La tonalité comique du chef d’oeuvre de Goldini laisse aussi percevoir la part d’ombre existentielle des personnages en y dévoilant leur faille et leur faiblesse ainsi que l’éternel drame de l’acte manqué.
L’astucieux et beau décor de Catherine Rankl fait puissamment écho à la machination de l’intrigue, sa théâtralité, où chaque ressort est savamment orchestré.
Figure de femme libre et irréductible, Isabelle Carré, aussi déterminée qu’ingénue, est magnifique d’incarnation, portée par une troupe aussi parfaite qu’à l’unisson.
Les auteurs Stéphane Lemardelé et Laurent Busseau exhument une histoire véridique et hauteur en couleur sur une maison de passe située à cheval sur la frontière américaine et canadienne. Dans un temps où la prohibition n’existait pas encore mais pointait à l’horizon, cette activité décriée par les ligues de vertu est à l’origine de nombreuses histoires rocambolesques comme celle-ci. La plongée historique est revigorante et le scénario est rempli de péripéties trépidantes, le tout avec un dessin réaliste qui montre bien la place des femmes en devenir dans un temps où elles n’avaient encore que peu voix au chapitre. Une belle BD pour débuter l’année 2025 aux éditions La Boite à Bulles avec une histoire superbement truculente!
Synopsis:
L’histoire de Queen Lil et du Palace of Sin, hôtel de passe à la frontière entre le Québec et le Vermont. Une situation confortable pour faire recette, même en pleine Prohibition.
1910, à la frontière entre le Québec et le Vermont. En ce début de siècle, une vive effervescence sociale anime la région : tandis que les groupes de tempérance militent pour bannir l’alcool de la société nord-américaine, d’autres s’adonnent lucrativement à la contrebande.
Au milieu de cette frénésie, Lilian Miner, plus connue sous le nom de Queen Lil, inaugure le Palace of Sin, un hôtel de passe à la fois situé sur la frontière entre les États-Unis et le Canada avec une porte d’entrée dans chaque pays.
Une localisation idéale pour contourner les lois, en particulier lors de la Prohibition, 10 ans plus tard…
En revisitant l’histoire de cette figure haute en couleur, Stéphane Lemardelé et Laurent Busseau livrent un pan de l’histoire mouvementé de la frontière américano-québécoise du début du XXe siècle…
Les éditions La Boite à Bulles aiment à laisser des auteurs raconter des histoires familiales puissantes et mélancoliques. Adeline Casier évoque ici l’immigration portugaise pendant les années 60, avec de larges pans de la population partis tenter leur chance en France pour fuir la dictature sanguinaire de Salazar. L’auteur contextualise son histoire à l’aide de références qui concourent au réalisme ultra poussé de la BD. Cette première BD laisse présager un immense talent de la part d’une dessinatrice et scénariste qui construit un récit fouillé et émouvant en l’illustrant dans un noir et blanc riche en détails et en émotion. Une BD à découvrir dès le 2 janvier pour découvrir une histoire européenne passionnante pour un bel hommage.
Synopsis:
Un premier album émouvant, un petit bijou graphique dédié par Adeline Casier à son grand-père immigré portugais.
Nord du Portugal, octobre 1962. Depuis la prise du pouvoir par Salazar, les arrestations arbitraires s’enchaînent et la population ouvrière s’enfonce dans la misère. Lorsque João perd son emploi, il n’ose pas tout de suite en parler à sa famille et sombre dans le désespoir… jusqu’à ce qu’un ami lui parle de la France. Là-bas, dit-on, il y a du travail, il pourra y offrir une belle maison à sa famille et y vivre heureux.
Quelques semaines plus tard, un passeur vient chercher João chez lui et le guide jusqu’à la frontière espagnole. Comme des milliers de portugais avant lui, il s’élance sur les chemins sinueux de l’espoir, où la Guardia Civil espagnole guette et le silence est roi.
Adeline Casier revient au crayon graphite sur l’histoire de son grand-père, témoin de la grande vague de migration portugaise d’Après-guerre. Un hommage solidement documenté, empreint d’une poésie et d’une mélancolie rêveuses.
Le grand jeu d’Alexander Ekman de retour à Garnier
Le suédois Alexander Ekman, chorégraphe surdoué, est connu pour son travail inventif qui décloisonne les frontières de la danse pour investir une théâtralité, une énergie et un rapport à l’espace percutant.
Il a fait ses gammes au Ballet Royal suédois. Sa carrière l’a amenée à travailler pour le Nederlands Dans Theater et le Ballet Cullberg. Il s’est ensuite consacré à la chorégraphie dont les compagnies s’arrachent les œuvres.
Avec Play, il convoque sur le plateau 37 danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris et nous invite à redécouvrir l’excitation du jeu et de son expérimentation foisonnante, décomplexée, et si propre à l’enfance.
Une traversée où les adultes à partir de l’enfant qu’ils furent se ressaisissent, non pas de ce paradis perdu, mais de cette capacité ludique d’être au monde.
Le sens du jeu et de la danse
La partie commence sous un décor et des costumes blancs à l’exception d’un pull orange porté par le génial Simon Le Borgne. Le ton est donné entre espièglerie et lâcher prise où les danseurs et danseuses s’éclatent avec toutes sortes d’objets, dont la fameuse piscine à boules.
Les jeux font la part belle à une ligne chorégraphique à la fois pulsative, légère, fragmentée, cinétique, en un mot : inspirante, où la partition pop/jazz de Mikael Carlsson cadence chaque interprète.
Dans l’acte II, la féérie passe au noir car le conditionnement reprend ses droits et ses règles avec un travail aliénant et une compétition effrénée.
Mais c’est sans compter sur le désir d’être enfin heureux et à l’écoute de cette mémoire d’enfance, vive et libératrice, pour un happening final auquel le public participe allègrement.
La troupe se montre parfaite, en osmose, entre duos et moments de groupe propices à l’effusion des corps et à des entrées et des sorties aussi fluides que rythmées.
Un spectacle total où la scénographie, la musique, la dramaturgie et les compositions font corps pour imprimer à la danse un élan collectif et singulier.
Dates: du 7 décembre 2024 au 4 janvier 2025 – Lieu : Opéra Garnier (Paris) Chorégraphe : Alexander Ekman
Le Domaine Pichon Père & Fils propose son nouveau Crozes hermitage blanc 2023 (Prix: 27 eurosHT au caveau). Une très belle surprise à découvrir, toujours avec modération, par exemple pendant les repas de fête à venir d’ici fin 2024.
Un vin blanc parfait pour les fêtes de fin d’année
Ce vin blanc se compose de cépages Marsanne à 100%. Les vignes sont situées sur un plateau composé d’une couche épaisse de cailloutis roulés, de différentes époques glaciaires mêlés à de l’argile rouge. Concernant la dégustation, la robe apparait jaune pâle à l’oeil. Le nez est floral, fruits à chair blanche, minéral. La bouche est fraîche avec une belle acidité, les notes fruitées se prolongent en finale, avec une légère touche de minéralité. Le vin se déguste de préférence en apéritif, avec un poisson cuisiné ou des fruits de mer. La température optimale de dégustation se situe entre 12°C et 14°C
Publireportage: Au Domaine Pichon Père et Fils, tout commence par une histoire de famille qui partage la passion de la Syrah et du Viognier pour produire des vins haut de gamme. La production de 180 000 bouteilles est vendue au domaine et présente chez des cavistes et dans des restaurants dont de nombreux restaurants étoilés français. Les vins sont également distribués dans plus de 20 pays dans le monde. A l’image de l’esprit de perfection de la famille Pichon et celle de leurs vins toujours plus fins et élégants, la cave dernier cri est inaugurée en janvier 2023 dans le hameau du domaine familial, moderne, grande, fonctionnelle, des équipements premiums pour des terroirs prestigieux.
Il suffit de mettre les pieds dans une vigne de la famille Pichon pour comprendre la rigueur et la précision dont fait preuve toute l’équipe dans l’optique d’obtenir un matériel végétal en pleine santé, éclatant et résilient.
Christophe a toujours pensé à juste titre que le confort de travail était une condition incontournable pour produire de meilleurs vins. Par un ingénieux réseau de chemins, chaque parcelle est accessible en engin agricole. Labours, taille, vendanges, toutes ces opérations sont grandement facilitées et réalisées plus rapidement.
La viticulture est raisonnée au sens noble du terme car aucune action n’est systématique, tout est réfléchi au plus proche de la nature au cas par cas selon les besoins du millésime. Le cheval a d’ailleurs fait son retour dans les vignes du domaine depuis 2001 pour travailler les sols lorsque cela est possible.
Christophe milite, comme son père avant lui, pour la sauvegarde et la restauration des murs en pierre sèche. Un travail colossal qui nécessite des connaissances, de la patience, du temps et de l’expérience. Les vignerons du Rhône septentrional doivent cet héritage plurimillénaire aux Romains, qui ont, les premiers, dompté ces pentes abruptes en architecturant les collines sauvages en terrasses. Chez les Pichon, toute la famille s’investit dans ce projet passionnant, qui participe à la beauté du vignoble mais aussi à la vie des sols, chaque muret donnant vie à un microcosme favorisant la biodiversité.
Conjuguer la beauté singulière de ce vignoble en terrasse, les terroirs uniques et le travail sur-mesure et chirurgical de la famille Pichon c’est assurer chaque année une vendange saine et de grande qualité.
Le film Giorgino a été réalisé par Laurent Boutonnat, le célèbre metteur en scène des clips cultes de Mylène Farmer, notamment Plus grandir,Libertine, Tristana, Sans contrefaçon, Ainsi soit je, Pourvu qu’elles soient douces. Giorgino a permis à Mylène Farmer de faire ses grands débuts au cinéma et si le le film fut un véritable échec commercial avec seulement 70.000 spectateurs dans les salles obscures pour un budget de quand même 12 millions d’euro, il est devenu au fil du temps une curiosité. Pour ses 30 ans, le film de LaurentBoutonnat est visible dans une version restaurée en coffret Blu-ray Digipack, avec l’intégralité de sa bande originale en Édition Collector, ainsi qu’un merchandising officiel inédit.
Synopsis: Après la guerre 14-18 un médecin part à la recherche d’un groupe d’enfants mystérieusement disparu.
Détails:
Film (version restaurée) Inclus un livret 36 pages des archives du film
Édition Collector au format Digipack comprenant :
Le DVD du film
Un DVD de bonus
Le CD de la bande originale du film
Informations techniques :
• Blu-ray / DVD : toutes zones
• Durée : 176 min
• Son DVD : 5.1 • Son Blu-ray : 5.1 Dolby TrueHD • Image : 2,35:1 • Version originale anglaise stéréo, sous-titres français