Toutes les couleurs du monde, une belle peinture d’une société nigériane bloquée par ses vieux démons, sortie en salles le 8 mai

Toutes les couleurs du monde filme la ville de Lagos au Nigéria avec un vrai savoir faire. La langueur du quotidien inonde le film avec des scènes muettes et des moments d’action éparpillés tout au long d’une intrigue qui rappelle l’oscarisé Moonlight. Le héros est taiseux, il se cherche, il vit dans un minuscule appartement d’où il sort rarement, surtout quand il décide de cesser son travail de livreur. La ville est chamarrée, colorée, la chaleur est palpable, jusqu’à se poser des questions sur la réclusion (volontaire?) du héros. Car le héros Bambino (surnommé Bambi) a beau vivre seul, il côtoie quelques personnages secondaires, le silence de son espace vital est perturbé par des cris venus de l’extérieur, de la musique, des preuves que la vie continue en dehors. Si la vie semble s’être arrêtée, cela se passe uniquement chez lui, là la vie et son esprit se sont mis à l’arrêt. Une voisine lui demande de l’argent ou lui apporte à manger, un couple se dispute à proximité, les péripéties densifient le film pour augmenter le propos principal. Car le spectateur apprend au bout d’un certain temps que Bambino est gay, ce qui n’est pas sans danger au Nigéria, son enfermement devient alors une sorte de protection dans l’esprit des spectateurs. Le réalisateur Babatunde Apalowo échafaude une histoire qui traite aussi bien de l’homosexualité que de la place de la femme dans la société, forcément secondaire. Le sujet est aussi rare que tabou. Les risques sont nombreux pour la communauté homosexuelle, agressions, tensions, Bambi prend le risque de s’assumer, refusant de céder même si cela se fait au prix de sa liberté de mouvement. Le film est pesant, parfois un peu terne mais il faut attendre la fin pour en comprendre toute sa densité.

Synopsis: Bambino s’est installé dans sa vie de célibataire. Il a un revenu stable grâce à son emploi de chauffeur-livreur à Lagos, et il est apprécié par son voisinage qu’il aide dès qu’il le peut. Alors que les avances de sa voisine le laissent froid, Bambino rencontre le charismatique Bawa, un photographe, qui provoque quelque chose en lui…

NOS NOTES ...
Originalité
Réalisation
Jeu des acteurs
Plaisir de la séance
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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