Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
l y a quelques jours, disparaissait Michel Piccoli. Immense acteur au cinéma comme au théâtre, il se produisit plusieurs fois à l’Odéon, notamment dans John Gabriel Borkman d’Ibsen mis en scène par Luc Bondy en 1993, et incarna le Roi Lear en 2006 dans une mise en scène d’André Engel, l’un de ses derniers rôles au théâtre. Ce spectacle est à redécouvrir en captation intégrale à la fin de cet article.
Cette pièce diffusée ce soir sur France 5 (20h50) a été enregistrée en décembre 2015 au Théâtre du Vieux-Colombier. Il s'agit d'un manifeste en forme de farce de Carlo Goldoni qui n'a rien perdu de son potentiel comique et contestataire sur fond de guerre des sexes et d’une bourgeoisie finissante incapable d’évoluer. Où la clairvoyance des femmes finit par triompher du despotisme conjugal et familial dans un arbitrage jubilatoire entre Christian Hecq et Clotilde de Bayser.
En 45 jours de diffusion de La Comédie continue !, plus de 90 levers de rideau ont été diffusés et près de 500 programmes originaux ont été créés spécialement pour la chaîne. 225 000 spectateurs ont déjà répondu à l’appel !
Jean-Michel Ribes reprenais sa pièce récompensée par trois Molières en 2001 (meilleur auteur, meilleure pièce comique, meilleur second rôle féminin) et nous interrogeait avec l’esprit de résistance qu’on lui connait (Palace) sur la marche du monde et ses dérèglements. Pourquoi ne peint-on plus les carpes ? Porter une perruque Louis XV contribue t’elle à s’arrêter de fumer ? Peut-on en arriver à oublier le prénom de sa fille ? La prononciation du mot "Bravo", employé pour féliciter la prestation d’une comédienne de théâtre le soir de la première, peut-elle être à l’origine de l’explosion conjugale d’un couple qui se rend à sa loge ?
Pour cette septième semaine, la chaîne met à l'honneur :
► les grands dramaturges français que sont Anouilh (avec Antigone montée par Marc Paquien), Racine (et Britannicus notre critique ici par Stéphane Braunschweig), Molière (dont Hervé Pierre a mis en scène George Dandin et La Jalousie du barbouillé) ou encore Feydeau (vu par Lukas Hemleb avec Le Dindon)
► un spectacle qui fit événement lors de sa création Salle Richelieu en 1993, Bal masqué d'après Mikhaïl Lermontov mis en scène par Anatoli Vassiliev
► la série des Singulis Seuls-en-scène, où l'on pourra entendre les mots de Daniel Pennac dans Chagin d'école par Laurent Natrella, de Raymond Devos avec Les fous ne sont plus ce qu'ils étaient par Elliot Jenicot ou encore de Christine Montalbetti dans Le Bruiteur par Pierre Louis-Calixte
► l'art du ballet, avec la diffusion de La Source chorégraphiée par Jean-Guillaume Bart au Palais Garnier, qui réunit à son générique plusieurs membres ou fidèles de la Comédie-Française : Éric Ruf à la scénographie, Christian Lacroix aux costumes ou encore Clément Hervieu-Léger à la dramaturgie...
"Ma chambre froide", la fable noire et fantasque de Joël Pommerat : jubilatoire
Avec "Ma chambre froide" (captation intégrale à la fin de l'article), Joël...
Depuis plus de vingt ans, Joël Pommerat qui se revendique "écrivain de plateau", écrit et met en scène. Reconnaissables dès les premières secondes pour l’univers poétique dont elles sont tissées, mêlant intimement le clair-obscur de l’imaginaire (l’inconscient) à la réalité mais aussi les rapports entre individus, les histoires scéniques de Pommerat s’apparentent à des comtes moraux et immoraux. Où comment le bien et le mal se masquent, se mélangent l’un derrière l’autre, l’un avec l’autre. "La Réunification des deux Corées" a été créée en 2013 à l’Odéon-Théâtre de l’Europe. La pièce revient pour une "recréation", notamment en passant d'un dispositif bi-frontal (2 gradins se faisant face) à un rapport frontal avec le public, faisant naître un nouveau rapport à l’espace, à l’écriture narrative, visuelle et sonore. En une suite de scène courtes, des hommes et des femmes se croisent, s’aiment ou se heurtent, se confrontant à une situation souvent ambiguë, cruelle, surréaliste, ou douloureuse, tout en rêvant d’une (im)possible réunification.