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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

Isabelle Huppert, fascinante dans « La Ménagerie de verre »

Tennessee Williams braque ici son projecteur sur des destins brisés. Il écrit non seulement sur la mémoire mais aussi sur la fragilité. Car les Wingfield sont pleins de doutes, de cicatrices, de secrets. Chacun des trois se retire dans son propre monde. Trois solitudes à jamais enfermées dans leurs obsessions et trois destins réunis dans leur inaptitude à la vie. Où Tom cherche à s’échapper. Il passe son temps à fuir, mais il fini toujours par revenir. Et se tient toujours un peu à la frontière entre deux mondes, l’intérieur et l’extérieur. Ce texte terriblement émouvant de l’auteur du Tramway nommé désir décrit une situation à la fois universelle (la dynamique d’une famille dysfonctionnelle) et ancrée dans l’histoire : l’Amérique de la grande dépression avec son contexte de crise qui reste d’actualité, lequel apparaît en filigrane alimentant le pessimisme des personnages et les conflits qui les opposent.

Le ballet Malandain dans les pas brûlants de Stravinski, sur la chaîne Mezzo

Thierry Malandain, accompagné du chorégraphe Martin Harriague, revisitent les œuvres emblématiques d’Igor Stravinski : L’Oiseau de feu et Le Sacre du printemps. Bien que ces deux ballets phares et d’anthologie aient été chorégraphiés des centaines de fois dans le passé, le programme présenté s’attache à donner aux deux œuvres un jour nouveau. Pour cela, ils sont revenus à leur source vive. Ainsi, Thierry Malandain rend à l’Oiseau sa spiritualité biblique chargé d’apporter aux hommes sa divinité salvatrice.

L’ Art et la manière d’Alex Vizorek : ad vitam aeternam

e nouveau spectacle d’Alex Vizorek était très attendu puisqu’il a tourné pendant presque 10 ans avec son premier opus « Alex Vizorek est une œuvre d’art ». En discourant sur le monde de l’Art, il avait tout de suite imposé sa marque : une élégance déconcertante et un sens de l’absurde très singulier. Car avec Vizorek, on rit mais on réfléchit aussi. Il fallait donc à nouveau un sujet qui soit matière à son érudition et son espièglerie qui vont de paire.

La Mouette d’après Anton Tchekhov sous le regard percutant de Cyril Teste, en tournée

La Mouette, classique du répertoire russe, est aujourd’hui revisitée par Cyril Teste et son collectif MxM. On retrouve ici le dispositif cinématographique cher au fondateur du collectif : les acteurs sur scène et/ou en coulisses sont filmés en plan séquence. La vidéo projetée en direct sur grand écran vient augmenter l’espace imaginaire du plateau et raconter le hors-champ théâtral. Un procédé nullement artificiel mais qui fait partie intégrante de la dramaturgie, cristallisant l’envers du miroir entre espace réel et projection/fiction et son exploration introspective et mémorielle.

Gaspard Proust, Jean-Luc Moreau et Brigitte Catillon : une famille en or ! au Théâtre Antoine

Sébastien Thiéry, comédien, est aussi auteur de pièces de théâtre où son écriture portée plutôt vers l’absurde et affranchie de toute morale, cohabite avec la comédie de boulevard, n’hésitant pas à déstabiliser le spectateur. On se souvient de sa comédie noire et hilarante "L’origine du monde", montée au Théâtre du Rond-Point en 2013, dans une mise en scène de Jean-Michel Ribes, où s’imaginant condamné à mourir, il devait dans un défi aussi improbable que psychanalytique pour éviter la mort annoncée, prendre une photo du sexe de sa mère jouée par Isabelle Sandoyan ! Aujourd’hui, c’est à une crise d’ado attardé (Gaspard Proust) aussi kafkaïenne que loufoque que nous convie Sébastien Thiéry. Face à lui, un couple de parents abasourdis (Jean-Luc Moreau et Brigitte Catillon), déstabilisés dans leur petit confort bourgeois, et qui doivent faire face à l’amnésie aussi brutale que perverse de leur rejeton.

Une filiation en héritage sous le regard enlevé d’Igor Mendjisky

gor Mendjisky refait le film et revient sur les traces de son père. Entre fiction et réalité, la quête de soi passe par le deuil et une incontournable renaissance. Une réussite. Pour créer cette fiction, le metteur en scène et comédien s’est inspiré librement de son histoire personnelle et de celle de son père, artiste peintre et escroc bonimenteur dont la démesure, la guerre et la résistance ont forgé un art de vivre. La mort du père fait alors éclater le trouble du mensonge à l’intérieur d’une famille, le trouble ressenti par chacun des enfants à travers ce père fantasque et flamboyant. Comment faire avec cet héritage matériel et immatériel ? En trois parties empreintes d’un souffle poétique et baroque indéniable, dans une forme aussi singulière qu’impétueuse, un fils affronte la part d’ombre de cette filiation, là où le lien filial indépassable tente de transcender la trahison.

Catherine Hiegel, actrice absolue, dans Music-hall de Jean-Luc Lagarce

La vie d’artiste n’est pas toujours un long fleuve tranquille. La preuve avec la pièce de Jean-Luc Lagarce "Music"hall" et cette actrice sur le retour (épatante Catherine Hiegel) qui se raconte, tout de noir vêtue et paupière pailletée, devant un rideau rouge, possible linceul étoilé et trace ultime d’une splendeur passée. Entourée de deux partenaires tout droit sortis d’une autre planète, elle se produit encore mais dans des lieux perdus et des conditions toujours plus hasardeuses. Au premier plan son tabouret indispensable qui la suit partout et sur lequel elle prend la pose, râle et décortique dans une syntaxe approximative et une gourmandise malicieuse, à l’abri d’un texte qui se joue à l’envi de la langue sur un ton sarcastique, les instants sordides de ce que fut son quotidien en tournée, et sa manière de surmonter désenchantements, humiliations et désespoirs.

Notre Sélection

L’ours blanc Pompon et Marina Cedro à la Marie du 9ème (Paris)  

La Mairie du IXème arrondissement de Paris accueille une représentation gratuite du conte musical pour enfants "Pompon Valse". Un spectacle à découvrir le 1er avril 2023. Bien mieux qu'un poisson d'avril, et si le samedi 1er avril 2023, vous emmeniez vos enfants découvrir Pompon Valse, un conte musical pour petits (et plus grands), dont une représentation est donnée gratuitement à la Mairie du IXème arrondissement ?