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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

Une « Aida » réinventée à l’Opéra Bastille : le mythe à l’épreuve du présent

Confier "Aida" à Shirin Neshat n’avait rien d’anodin : artiste iranienne, elle a toujours fait de la condition féminine et des fractures politiques le cœur de son œuvre. À Bastille, son regard transforme l’opéra de Verdi en une tragédie qui parle au présent, où les femmes apparaissent comme les véritables centres nerveux du drame et où le peuple opprimé prend enfin toute sa place.

Soulages s’éclaire au Musée du Luxembourg

Dès le seuil franchi, on comprend que « Soulages, une autre lumière » n’est pas une exposition à voir, mais à traverser — un territoire de bruns, de noirs, de blancs qui vibrent dans leur propre gravité. Le papier est partout, fragile, vulnérable. Et pourtant, il impose. 130 œuvres sur papier, dont 25 inédites qui sont toutes autant de voix dévoilées, d’ombres qui parlent.

« Le Repas des fauves », un cluedo sous haute tension de retour sur scène

Nous sommes en 1942 dans la France occupée. Un huis clos se noue dans un appartement cossu parisien. Sept amis se retrouvent pour fêter un anniversaire. Mais ces gens ordinaires, peu préoccupés de l'Occupation, vont se retrouver confrontés à une situation kafkaïenne.

« Le Passé » : l’âme russe possédée par Julien Gosselin

"Le Passé" de Julien Gosselin plonge dans l’univers intense et méconnu de Léonid Andréïev, à partir de cinq œuvre de l’écrivain russe (1871-1919). Avec Ekaterina Ivanovna (1905), pièce centrale d’Andréïev et fil narratif, on y suit une femme mariée, Katia, qui s’ennuie dans un mariage fade, se laisse emporter dans une liaison adultère, puis s’enfonce dans un tourbillon d’excès, d’alcool, de violence conjugale et d’auto-destruction.

« L’Evénement » d’Annie Ernaux et les mots pour le dire de Marianne Basler

Depuis 35 ans, Annie Ernaux, lauréate du prix Nobel de littérature en 2022, se raconte, elle, son père, sa mère, ses amants, ses années, et là, dans ce récit intime présenté sur scène, l’avortement clandestin qu’elle a subi en 1964, et qui faillit lui coûter la vie. Elle était alors une étudiante de 23 ans.

Avec Élodie Emery, méditer c’est pas gagné !

Imaginez une joute intime, où la journaliste n’emballe pas les faits dans des superlatifs forcenés, mais les sert avec la netteté d’un scalpel — tout en décochant des gags qui font mouche. Un humour grinçant, ironique, très calibré journalistiquement, qui nous fait rire avant de nous laisser bouche bée devant la gravité du propos.

« Une heure à t’attendre » ou une rencontre qui défie les codes

À première vue, "Une heure à t’attendre" raconte l’histoire banale d’un mari et d’un amant qui attendent une femme. Mais cette simplicité est pour le moins trompeuse. Car sous la plume de Sylvain Meyniac, le dispositif se transforme rapidement en une tragi-comédie aussi ambiguë que subtile. Pour un huis clos à la fois sensible et imprévisible.

Lady Macbeth de Msensk ou l’amour à mort selon Warlikowski, est à (re)voir sur Mezzo Opéra

Lady Macbeth de Mzensk est un brûlot, un coup de poing, un de ces opéras qui marque durablement l’imaginaire. Chef-d’œuvre d’un Chostakovitch d’à peine trente ans, le livret entraine l’art lyrique sur des voies sulfureuses.

Notre Sélection

Une École de danse d’une troublante modernité à la Comédie-Française

Il arrive que le théâtre ressuscite des œuvres qu’on croyait promises à l’oubli. Avec "L’École de danse", Clément Hervieu-Léger réalise précisément cela : redonner souffle à une comédie que Goldoni retira de l’affiche après deux malheureuses représentations. Un naufrage originel, devenu aujourd’hui matière à renaissance.

Dans les pas de Pasolini, une troupe intrépide à l’Odéon

Il fallait oser s’attaquer à "Pétrole", le roman-magma inachevé, la dernière colère de Pasolini. Sylvain Creuzevault, lui, n’ose pas : il exhume. Il déterre le livre comme un cadavre encombrant, le déplie sur le plateau et montre tout ce que la société préfère refouler : la noirceur du pouvoir, la lubricité des dominants, la violence diffuse qui irrigue nos démocraties dégénérées.