Immersion houellecquienne au Palais de Tokyo, à Paris

Houellebecq
Houellebecq – Rester vivant Photo © luzycalor.com

Immersion houellecquienne au Palais de Tokyo, à Paris.

Publik’Art a déjà fait une chronique sur cette exposition hors norme. C’est Stanislas Claude qui nous a donné ses impressions sur ce « Rester vivant » d’Houellebecq. Comme l’art contemporain nous fait vibrer de différentes façons, il nous a semblé important de vous faire partager les ressentis et les analyses d’Olivia Bugault sur Houellebecq :

Nous entrons dans cette exposition comme nous essayons de percer un mystère. Le mystère Houellebecq. Et déjà une première question : pourquoi une exposition de lui ? Est-il sculpteur, peintre, dessinateur ou grand connaisseur des Arts ? Non pourtant. Il est écrivain et parmi les plus célèbres de France. Mais plus que sa plume, c’est sa renommée et sa personnalité inattendue qui lui ont ouvert les portes du Palais.
Houellebecq est un drôle de gus, éternellement inaccessible malgré sa notoriété et ses apparitions médiatiques. Peu loquace, l’air indifférent, le sourire peu fréquent et l’attitude indolente. Qui est-il ? Cette exposition est une tentative de compréhension. Soulever le voile de son identité pour ensuite voir le monde à travers ses yeux. Vaste projet.

L’exposition :
Un enchainement de petites salles sombres et assez dépouillées offrent aux visiteurs l’occasion d’apprivoiser l’homme sans se gaver. Petites doses par petites doses, une idée à la fois.
D’abord, quelques tableaux qui sont souvent la juxtaposition de deux photographies. L’une grande, l’autre petite, elles évoquent un même mot. Mais tandis que l’une est l’illustration de son idéal, l’autre représente sa signification moderne, abîmée par la société. Incohérences, imperfections, excès, Michel Houellebecq a l’œil affûté.

Michel Houellebecq
Michel Houellebecq – Rester vivant

Aux tableaux succèdent d’étranges installations et des atmosphères habilement créées par le romancier. On avance parfois sans réussir à comprendre ce qu’il veut nous dire et pourtant, on ne cesse de se questionner.
Le rythme de la visite est lent et agréable comme si Houellebecq nous obligeait à ralentir le rythme. En morcelant l’espace mais aussi par des procédés plus vicieux ! Sa première vidéo, par exemple, joue beaucoup sur l’attente. Alors nous patientons, devant un écran noir. Frustrant ou délicieux en fonction des visiteurs, c’est du Houellebecq tout craché !
Et d’ailleurs, cela ne vous évoque rien ? Un journaliste pose une question à l’auteur. Au lieu de partir au quart de tour comme tout bon politicien ou homme de média, Houellebecq se tait. Il réfléchit. Un silence à la télévision, c’est inacceptable !… Non, c’est Houellebecq. C’est si rare de prendre le temps de réfléchir que c’en est étonnant et rafraichissant.

Les paradoxes houellebecquien :
Cédons à un autre plaisir : analyser ses paradoxes ! Alors qu’aujourd’hui, il est bon de gommer ses dissonances pour se vendre plus facilement au public, il ne cache pas sa complexité. Il ne fait même aucun effort ni pour paraître sympathique, ni pour lisser son personnage.
– Derrière sa nonchalance je m’en foutiste, ne serait-il pas un grand sensible ? Un poète est souvent traversé d’émotions violentes, il ressent plus intensément le monde. Or Houellebecq en est un. Et comment ne pas mentionner cette dernière salle en hommage à son chien mort, Clément. Artistiquement, elle n’a aucun intérêt, mais, il lève le secret de ses attachements. Comme s’il nous avouait qu’il savait aimer. Un cadeau de fin de visite.

– Son air indolent est aussi très trompeur car Houellebecq est un scrutateur. Il analyse le monde sans en avoir l’air. Ses livres sont presque considérés comme des prédictions et c’est ce qui le rend si polémique. Car ses prédictions sont rarement de bon augure.

– Dernière contradiction mais pas des moindres, le titre de son exposition : « Rester vivant ». Doit-on y voir une célébration de la vie, du bonheur d’être sur Terre tout simplement ? Pas vraiment. « L’absence d’envie de vivre, hélas, ne suffit pas pour avoir envie de mourir » (Extrait de Plateforme). Houellebecq n’exalte pas le bonheur d’être vivant mais il préfère attendre que la mort vienne le cueillir plutôt que de la rechercher.

Allez-y, si le personnage vous intrigue. Si vous avez lu ses livres, ses poèmes, ses essais ou vu ses films. Il faut connaître quelques miettes de son travail ou de son caractère pour pénétrer cette drôle d’exposition. Pour ne pas considérer tableaux, installations et films juste pour ce qu’ils sont mais comme morceaux de la pensée de Houellebecq, des indices à notre portée.

NOS NOTES ...
Richesse de l'exposition
Plaisir de la visite
Olivia Bugault
Fraîchement débarquée sur Publik'art en cette année 2016, Olivia goûte bien trop la littérature, le cinéma et le théâtre ... bref la culture ! pour ne pas s'en mêler par la plume. Ainsi elle vous livre ses analyses sans oublier au passage de saluer bien bas chaque artiste que la critique soit bonne ou mauvaise.
immersion-houellecquienne-palais-de-tokyo Immersion houellecquienne au Palais de Tokyo, à Paris. Publik'Art a déjà fait une chronique sur cette exposition hors norme. C'est Stanislas Claude qui nous a donné ses impressions sur ce "Rester vivant" d'Houellebecq. Comme l'art contemporain nous fait vibrer de différentes façons, il nous a semblé important...

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