Les Sans-espoir, restauration d’un monument du cinéma hongrois

Les Sans-espoir

Les Sans-espoir, restauration d’un monument du cinéma hongrois

En 1966, sous couvert d’un film historique, Miklós Jancsó dénonce les abus du pouvoir de la Hongrie de son époque. S’il veut montrer les réalités de son pays avec les images poignantes et oppressantes qui composent Les Sans-espoir, c’est aussi l’universalité de la cruauté humaine qui transparaît dans sa narration. Restauré en version numérique, le film revient sur grand écran le 11 novembre.
Une vingtaine d’années après la révolution austro-hongroise avortée de 1848, les opposants politiques en ayant fait partie sont activement recherchés. Appelés les « Sans-espoir » du temps de l’insurrection, ils passent désormais pour des bandits et sont conduits sans ménagement par l’armée dans des camps de rétentions.

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Budapest, 1869. En ces temps de disette, les crimes et les vols se multiplient. Le peuple, accablé par un pouvoir impitoyable, chante encore la rébellion des sans-espoir, qui ont défié l’autorité en participant à l’insurrection de 1848. Les derniers partisans, devenus brigands, sont pourchassés par le comte Gédéon Roday, le commissaire général qui a juré de les exterminer par tous les moyens. L’action prend place dans un fortin isolé où sont regroupés des paysans soupçonnés de faire partie des sans-espoir.

Les Sans-espoir

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Le réalisateur se penche sur l’un de ces fortins, que nous quitterons à peine, pendant l’heure et demie que dure le film.

Le silence est glaçant. Seuls les terres arides et le bruit du vent nous rappelle l’existence d’une nature hostile.

Inutile de préciser que l’atmosphère est pesante dans ce quotidien rude et cruel, si bien retranscrit que l’on pourrait reprocher au film son manque de rythme. Le silence est glaçant. Seuls les terres arides et le bruit du vent nous rappelle l’existence d’une nature hostile. Dans une cour intérieure, si fréquente à l’image en de longs plans fixes qu’elle finit par nous être familière, les coups pleuvent, et la torture psychologique opère. Il s’agit de dénoncer au mieux son voisin, de donner des noms, pour éviter la peine de mort. Des procédés glaçants, encore à l’œuvre en 1956, où une autre tentative de révolution est enrayée.

Ce monde austère des fortins est traduit par une austérité de la forme. De nombreux plans se répètent et se répondent, illustrant très bien la monotonie des jours. Cette cour intérieure par exemple, que l’on voit souvent en plongé, depuis les toits, mais qui nous laisse notre liberté, et notre place confortable de spectateur.

Même la parole est réduite à son squelette, les détenus n’entretiennent presque aucune conversation entre eux, pas davantage que leurs gardes, qui devraient être pourtant plus détendus. Miklós Jancsó adopte un rapport aux personnages loin du pathos, puisque nous ne connaissons rien d’eux et qu’ils seraient même antipathiques s’ils n’étaient pas de faibles opprimés. Cette équation intemporelle entre opprimé et oppresseur est l’un des thèmes de prédilection du réalisateur hongrois. Longtemps boudé par la France, il est aujourd’hui reconnu comme l’un des représentants les plus éminents du cinéma de son pays, aux côtés de István Szabó et Sándor Sára. Ses films (fiction et documentaire) sont d’ailleurs mis à l’honneur à la Cinémathèque (Paris) jusqu’au 30 novembre, à l’occasion d’une rétrospective.

Quand le fortin est réveillé de son quotidien de délation par un orchestre militaire qui déboule dans la plaine pour une scène un peu surréaliste, le vent tourne. Les prisonniers sont emmenés pour être enrôlés comme soldats, certains devenant même chefs de bataillon. On croit enfin être tiré d’affaire quand le général annonce que le chef de la rébellion est gracié : les chants de la liberté du peuple hongrois sont entonnés joyeusement. Tous les anciens détenus, méfiants les uns des autres, se trouvent réunis autour de la même cause, comme pendant l’insurrection. Mais Les Sans-espoir ne s’achève pas là, et rappelle que la répression gronde encore.

Sortie : le 11 novembre 2015
Durée : 01h35
Réalisateur : Miklós Jancsó
Avec : János Görbe, Zoltán Latinovits, Tibor Molnár

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NOS NOTES ...
Originalité
Scénario
Réalisation
Jeu des acteurs
Amélie Bouret
Finalisant des études de journalisme, elle déguste la vie et ses possibilités artistiques avec curiosité. Sans se lasser de relire "les classiques", elle ne crache pas sur un bon film de super-héros. Gribouille des peintures à ses heures perdues.
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