Mektoub my love: Canto Uno, Abdellatif Kechiche creuse le sillon d’une jeunesse languide

Mektoub my love: Canto Uno
Mektoub my love: Canto Uno, film d’Abdellatif Kechiche, Copyright Pathé Distribution

Mektoub my love: Canto Uno, Abdellatif Kechiche creuse le sillon d’une jeunesse languide

Après la consécration cannoise de 2013 et le règlement de comptes repris en coeur par la critique parisienne, tous deux aussi excessifs l’un que l’autre, Abdellatif Kechiche revient avec un nouveau film mettant une fois de plus en scène la jeunesse de France. En 1994, les regards se croisent dans la ville de Sète et les discussions n’en finissent plus entre des protagonistes aussi juvéniles que hâbleurs. L’énergie foisonnante du film tient place de scénario entre non-dits et duplicité autour du héros Amin, apprécié de tous mais incapable de se déclarer. Les 2h55 de film s’étirent dans une langueur saisissante qui paraitra interminable pour certains et hypnotique pour d’autres.

Une sensualité à fleur de peau

Coupons d’abord court aux prévisibles récriminations issues d’une Vie d’Adèle parsemée de multiples et excessives scènes d’exhibition sexuelle: si Mektoub my love débute par une scène extrêmement explicite d’ébats bruyants, le film ne renouvelle plus l’exercice et préfère insister sur les corps qui se frôlent, les regards qui se dérobent et une perpétuelle tchatche. Plusieurs jeunes garçons et plusieurs jeunes filles forment une bande qui hante la plage le jour et les bars la nuit. L’inconséquence est apparemment reine mais les inimités ne tardent pas à éclore, souvent silencieuses mais rendues visibles par une caméra à la permanente insistance. En se concentrant sur les regards en coin autant que sur les formes pulpeuses des héroïnes, le réalisateur révèle les pensées silencieuses, bien plus bruyantes que les perpétuelles discussions adolescentes. Car les papotages s’éternisent, n’en finissent pas et sont visiblement étirés pour communiquer l’énergie adolescente. Presque 3 heures de baignades et de conversations, le procédé donne une idée du foisonnement des hormones. Car hormis la scène du début, rien ne perce au delà des maillots de bains et des décolletés. Abdellatif Kechiche rend compte de la sensualité débordante des protagonistes sans presque jamais trop en montrer, la pudeur reste le plus souvent reine tout en restant à la limite de l’exhibition.

Un héros qui n’ose pas

Amin (Shaïn Boumedine) est le grand personnage du film, beau jeune homme bien sous tous rapports mais mis sous l’entonnoir par des cousins tchatcheurs sans vergogne. Tony (Salim Kechiouche) est prêt à toutes les flagorneries pour parvenir à ses fins, entreprenant autant Ophélie (Ophélie Bau) que Charlotte (Alexia Chardard) sans leur prêter plus d’attention que ça, à la maniére des jeunes de la ville, tous plus sûrs d’eux les uns que les autres, ce qui plait aux filles. Alors qu’Amin se transforme en mateur, notamment dans la scène du début, toujours indécis et timide alors que le spectateur aimerait le pousser à enfin oser, les semaines s’écoulent, des amitiés se nouent, des moutons mettent bas et les tenues se font toujours aussi courtes. Le réalisateur peint une toile de la jeunesse éternelle, à la fois inconséquente et ombrageuse, en tout cas toujours tapageuse, comme pour figer le temps et arrêter son défilement implacable. Car ce que dit le film en filigrane, c’est bel et bien que le temps passe et qu’il faut profiter de chaque minute de fraicheur adolescente. L’exercice de style paraitra vain à beaucoup, charmant à quelques uns et fascinant à d’autres. Car Abdellatif Kechiche sait filmer les corps et faire naitre les sentiments dans l’esprit des spectateurs. Il est même l’un des meilleurs depuis L’esquive et La graine et le mulet. Critiqué, vilipendé, hué, le réalisateur garde ses admirateurs, ils devraient être plus nombreux. Ce que confirme la présence de la toujours intense Hafsia Herzi au casting.

Mektoub my love fascine par cette démonstration d’impudence adolescente. Les journées sont ensoleillées, les nuits sont longues, les mensonges se multiplient mais tout cela est sans conséquence car la vie est longue… même s’ils ne le savent pas.

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Mektoub My Love
  My Love

Dans les années 80, l’été d’un adolescent de quinze ans.

Sortie : le 21 mars 2018
Durée : 2h55
Réalisateur : Abdellatif Kechiche
Avec : Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Salim Kechiouche
Genre : Comédie dramatique

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NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Réalisation
Jeu des acteurs
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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