© Monika Rittershaus
Théâtre de la ville du 17 au 26 septembre 2014
La nouvelle saison du Théâtre de la Ville à Paris s’est ouverte avec une nouvelle « Mère Courage » de Bertolt Brecht, mise en scène par Claus Peymann, directeur du Berliner Ensemble et berceau du théâtre contemporain allemand.
[pull_quote_center]Claus Peymann restitue avec clarté et une vision inspirée cette grande pièce aux enjeux universels où Carmen-Maja Antoni insuffle à son personnage une force et une vérité imposantes[/pull_quote_center]
Dans le rôle titre, soixante ans après Hélène Weigel, l’épouse de Brecht, c’est Carmen-Maja Antoni, figure illustre de la troupe à laquelle elle appartient depuis 1977, qui incarne l’irréductible héroïne.
Ecrite en 1939, la pièce dénonce l’absurdité de la guerre et les contradictions d’un monde mercantile. Le regard porté par l’auteur se fait à travers les gens du peuple tout en cristallisant une critique politiquement subversive avec ces grandes questions sur la morale et le profit, dans le style bouillonnant, baroque, épique et poétique propre à Brecht.
© Monika Rittershaus
Mère courage, cantinière de profession, tire sa carriole et ses enfants au gré des conflits armés, à l’affût des bonnes affaires. Elle suit un régiment et fait commerce de tout, à savoir tout ce qui s’achète et se vend quand des troupes en campagne traversent un empire au gré des saisons, des victoires, des pillages, des trêves, des défaites, ou des traités de paix.
Il y a une contradiction fondamentale entre sa volonté de profiter au maximum de la guerre et son désir d’être épargnée par elle, de n’avoir rien à faire avec elle sauf commercer, traversant ainsi les champs de bataille et l’horreur « les yeux collés ».
On suit donc sa destinée à travers le temps et l’espace qui prend pour cadre la route, les camps, les places, en plein air, d’où l’importance des éléments naturels et d’une atmosphère picaresque propices à une écriture scénique, révolutionnaire pour l’époque, où chaque élément (chants, son, musique, lumières, costumes, accessoires) participe à la construction dramaturgique.
© Monika Rittershaus
Au centre de toute la fable, l’héroïne qui porte la pièce à l’instar de son destin comme celui de ses enfants et sa complexité humaine (bourreau/victime), où elle s’entête dans sa condition et son activité commerciale dérisoire jusqu’au propre péril de sa famille.
Claus Peymann restitue avec clarté et une vision inspirée cette grande pièce aux enjeux universels où Carmen-Maja Antoni insuffle à son personnage une force et une vérité imposantes.