Nous sommes pareils à ces crapauds qui…/Ali, conception Ali et Hèdi Thabet, Mathurin Bolze, à Paris

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Théâtre du Rond-Point du 5 au 23 mai 2015, 18h30
Salle Renaud-Barrault

[pull_quote_center]Si les deux pièces présentées sont indépendantes, elles n’en sont pas moins reliées par un vertige des corps aventureux et sensibles qui nous laisse sans voix.[/pull_quote_center]

Nous sommes pareils à ces crapauds… emprunte son titre à des vers de René Char « Nous sommes pareils à ces crapauds qui dans l’austère nuit des marais, s’appellent et ne se voient pas, ployant à leurs cris d’amour toute la fatalité de l’univers… » et explorent les infinis scénarios du triangle amoureux. Sidérant et magnifique.

Au commencement, deux jeunes mariés (Mathurin Bolze/Artémis Stavridis) font des tours de piste accompagnés de quatre musiciens-chanteurs sur un répertoire rébétiko qui mêle une musique de la diaspora grecque et des airs tunisiens.

Mais une lassitude se fait rapidement jour où l’euphorie des premiers émois s’est estompée et un deuxième homme (Hedi Thabet unijambiste) s’invite dans la ronde en bloquant de sa jambe unique mais déterminée, la robe de la mariée pour une image arrêtée saisissante.

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Puis, dans un ballet à trois : acrobatique, chorégraphique et ciselé de prouesses mêlées – tout en rupture et fusion des corps désaccordés, entre solitude et rapprochement – se recompose sans un mot avec l’un l’autre interchangé, une autre dualité.

Osmose complexe où le jeu amoureux se joue de toutes les conventions et se charge de corps à corps à la fois émouvant et singulier, physique et poétique.

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Avec Ali (Mathurin Bolze et Hèdi Thabet) ce sont deux frères d’armes, circassiens, qui défient leur art pour mieux l’éprouver et se retrouver, sachant que l’un des deux a perdu une jambe. Poignant.

Dans des numéros d’équilibres dansés, de voltige, et d’acrobatie où les béquilles deviennent agrès, les deux hommes se provoquent puis se rejoignent pour ne former plus qu’un.

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Combinaison siamoise des corps – époustouflante d’énergie, de complicité, d’intensité et d’égalité – où la jambe de l’un vient remplacer celle de l’autre.

Le tout dans une projection de l’un sur l’autre, l’un avec l’autre, porteuse d’un lien indestructible.

Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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