Les éditions du Père Castor nous proposent un jeu de bataille pour nos tout-petits ! Le thème est : les animaux marins. Chaque carte comporte une valeur comprise entre 1 et 6 et représente un animal marin du plus petit au plus grand : le poisson-clown, le crabe, la tortue de mer, le dauphin, le requin et la baleine. Publik’Art aime les illustrations simples et très proches du réel. Quel bonheur de pouvoir jouer à la bataille quand on est tout petit ! Une jolie façon d’apprendre ! Bataille : Les animaux marinsest un jeu de bataille, de 24 cartes, qui sort aujourd’hui, à offrir dès l’âge de 3 ans !
Le lundi de Pâques en Pologne, la tradition veut que les garçons aspergent d’eau les jeunes filles. Wet Monday raconte l’histoire de Klara, jeune adolescente de 15 ans qui développe malgré elle un fort sentiment d’hydrophobie, la peur de l’eau, ce qui pose quelques problèmes alors que le lundi fatidique approche à grands pas. Dans une atmosphère teintée de fort sentiment religieux, ce qui est assez en phase avec les traditions polonaises, le film montre une jeune génération avide de vie et d’énergie, mais confrontée aux risque d’abus.
Un film sur la peur du viol
Le film plonge dans le quotidien d’une région où jeunes et anciens cohabitent. Le réalisme de la narration s’accompagne de passages rêvés où l’héroïne se retrouve confrontée à un danger angoissant, justement lié à l’eau. Le spectateur comprend vite qu’un traumatisme enfoui est tout prêt de resurgir, peut être un viol, sans longtemps connaitre les circonstances. La jeune femme a cherché à oublier un souvenir et ne parvient pas à l’exorciser pour en guérir. Le premier long-métrage de la réalisatrice Justyna Mytnyk se déroule dans un récit très empreint de routine journalière, les adolescents rient, se racontent des blagues et se vantent de leurs exploits. Pourtant, l’héroïne se sent de plus en plus mal tandis que le lundi de Pâques si important en Pologne se rapproche. Elle s’épanche auprès d’une amie pour expliquer son comportement de plus en plus étrange. Naturalisme et surréalisme se mélangent pour un malaise grandissant. La réalisatrice a commencé à tourner plusieurs courts-métrages documentaires et parvient à montrer l’ambiance si particulière de la fête de Pâques dans une petite bourgade provinciale traversée par une rivière. Les jeunes interprètes prenant toute la place, reléguant les adultes à l’arrière-plan. Ces derniers semblent ne pas comprendre cette jeunesse qui cherche à profiter du moment présent, eux sortis de l’enfance et pas encore vraiment confrontés aux embuches de la vie. Le film met en rapport insouciance naïve et importance des liens amicaux entre jeunes femmes pour aider à soigner les blessures de la vie.
Wet Monday est une belle surprise à découvrir en salles le 2 avril.
Synopsis: Klara, 15 ans, doit faire face à un traumatisme qui s’exprime par une soudaine phobie de l’eau. Elle peut compter sur le soutien de Diana, sa nouvelle amie. Une histoire teintée de magie sur la puissance de l’empathie et de la sororité, au cœur des célébrations colorées de Pâques en Pologne.
Les Technologies Immersives qui Redéfinissent l’Expérience Artistique
Les technologies immersives transforment notre façon d’interagir avec l’art. Ces innovations offrent aux artistes, galeries et musées des possibilités créatives sans précédent. Les visiteurs profitent désormais d’expériences plus riches et interactives. Cette évolution numérique attire un public plus large et diversifié vers les institutions culturelles françaises. Les technologies immersives créent un pont entre tradition artistique et modernité numérique.
La Réalité Virtuelle dans les Musées Français
La réalité virtuelle révolutionne l’expérience muséale en France. Le Louvre et le Centre Pompidou proposent des visites virtuelles qui permettent d’explorer leurs collections depuis n’importe quel lieu. Ces technologies rendent l’art accessible aux personnes qui ne peuvent pas se déplacer physiquement. Les casques VR transportent les visiteurs dans des reconstitutions historiques précises qui contextualisent les œuvres.
Les expositions hybrides combinent œuvres physiques et extensions virtuelles. Cette approche enrichit la compréhension des pièces exposées et offre plusieurs niveaux de lecture. Les conservateurs utilisent ces outils pour présenter des œuvres fragiles ou restaurées sans risque pour les originaux. Les visiteurs peuvent observer les détails invisibles à l’œil nu grâce aux fonctions de zoom et d’analyse spectrale.
Les applications éducatives VR transforment l’apprentissage artistique. Les étudiants explorent les techniques des grands maîtres en manipulant virtuellement pinceaux et matériaux. Cette pédagogie interactive renforce la mémorisation et stimule la créativité des participants. Les musées régionaux adoptent progressivement ces technologies pour valoriser leur patrimoine local et attirer un public plus jeune.
Les artistes contemporains intègrent la réalité virtuelle comme médium à part entière. Cette nouvelle forme d’expression permet des créations impossibles dans le monde physique. Les conservateurs doivent maintenant penser à la préservation de ces œuvres numériques pour les générations futures. Pour faciliter le partage de ces projets entre institutions, les professionnels du secteur utilisent souvent des outils spécialisés. Optimisez la gestion des PDF avec un outil de fusion pour regrouper efficacement les dossiers artistiques et les présentations d’œuvres numériques.
L’Art Augmenté par la Réalité Mixte
La réalité augmentée transforme les espaces d’exposition traditionnels en environnements interactifs. Les visiteurs pointent leur smartphone vers les œuvres pour découvrir des contenus additionnels. Ces informations contextuelles enrichissent l’expérience sans encombrer visuellement l’espace physique. Les artistes exploitent cette technologie pour créer des œuvres à plusieurs dimensions qui évoluent selon le regard du spectateur.
Les installations de réalité mixte brouillent la frontière entre virtuel et réel. Ces créations répondent aux mouvements des visiteurs et transforment leur présence en élément artistique. Cette interactivité place le public au centre de l’expérience plutôt qu’en simple observateur. Les festivals d’art numérique comme Nemo à Paris ou Mirage à Lyon deviennent des vitrines incontournables de ces nouvelles formes d’expression.
Les applications mobiles de RA démocratisent l’accès à l’art dans l’espace public. Les sculptures virtuelles géolocalisées créent des parcours artistiques dans les villes françaises. Ces œuvres numériques transforment les lieux quotidiens en galeries à ciel ouvert accessibles à tous. Les collectivités territoriales soutiennent ces initiatives qui valorisent le patrimoine local tout en proposant une vision contemporaine.
Les technologies de réalité mixte servent aussi la conservation préventive. Les restaurateurs visualisent les couches successives des tableaux sans intervention physique. Cette approche non invasive préserve l’intégrité des œuvres tout en révélant leur histoire. Les travaux de recherche sur la dégradation des matériaux bénéficient de ces simulations qui prédisent l’évolution des altérations.
L’Intelligence Artificielle au Service de la Création
L’intelligence artificielle ouvre de nouvelles voies d’expression artistique en France. Les algorithmes génératifs collaborent avec les artistes pour produire des œuvres hybrides homme-machine. Cette symbiose créative questionne les notions d’auteur et d’originalité dans l’art contemporain. Des galeries spécialisées comme Akonit à Paris ou Numeriscausa à Lyon exposent ces créations à la frontière de l’art et de la technologie.
Les outils d’IA analysent les styles picturaux avec une précision remarquable. Cette capacité permet l’identification d’œuvres d’attribution incertaine ou la détection de faux. Les historiens d’art utilisent ces analyses pour révéler des influences subtiles entre artistes de différentes époques. La datation des œuvres gagne en précision grâce à ces comparaisons systématiques de caractéristiques stylistiques.
Les conservateurs emploient l’IA pour personnaliser l’expérience des visiteurs. Les systèmes de recommandation suggèrent des parcours adaptés aux intérêts individuels. Cette personnalisation augmente l’engagement du public et prolonge la durée des visites. Les musées collectent ces données pour mieux comprendre leur audience et ajuster leur programmation.
Les artistes français explorent le potentiel des réseaux antagonistes génératifs. Ces systèmes produisent des œuvres inédites inspirées par les grands mouvements artistiques. L’IA devient un outil d’expérimentation qui repousse les limites de l’imagination humaine. Cette collaboration homme-machine suscite des débats passionnants sur l’avenir de la création artistique.
Les Interfaces Sensorielles qui Transforment l’Expérience Esthétique
Les technologies haptiques ajoutent une dimension tactile à l’appréciation artistique. Les gants à retour de force permettent de « toucher » virtuellement les sculptures et reliefs. Cette approche multisensorielle transforme profondément notre relation aux œuvres d’art. Les personnes malvoyantes bénéficient particulièrement de ces innovations qui rendent l’art plus inclusif.
Les installations sonores spatialisées créent des paysages auditifs immersifs. Ces environnements acoustiques précis complètent la dimension visuelle des expositions. Les casques à conduction osseuse transmettent les sons sans isoler le visiteur de son environnement. Cette technologie permet une superposition naturelle entre l’espace réel et la couche sonore virtuelle.
Les capteurs biométriques transforment les réactions physiologiques en éléments artistiques. Le rythme cardiaque ou les mouvements oculaires des spectateurs modifient l’œuvre en temps réel. Cette fusion entre corps et art crée une expérience personnalisée unique à chaque visiteur. Des artistes comme Olivier Ratsi ou Joanie Lemercier sont pionniers dans l’utilisation de ces interfaces en France.
Les technologies olfactives complètent l’immersion sensorielle dans les expositions. Des diffuseurs programmables libèrent des parfums synchronisés avec les éléments visuels. Cette stimulation multisensorielle renforce l’impact émotionnel et mémoriel des œuvres. Les musées d’histoire et d’ethnographie utilisent ces dispositifs pour recréer des ambiances d’époque authentiques.
L’Avenir des Plateformes de Diffusion Artistique Numérique
Les plateformes de streaming culturel transforment la diffusion des performances artistiques. Les théâtres et opéras français proposent des captations haute définition accessibles mondialement. Cette diffusion numérique élargit considérablement l’audience des institutions culturelles nationales. Les artistes explorent les possibilités créatives spécifiques à ce format de diffusion.
Les jetons non fongibles (NFT) révolutionnent le marché de l’art numérique. Cette technologie garantit l’authenticité et la rareté des œuvres dématérialisées. Les galeries françaises développent des espaces d’exposition virtuels dédiés à ce nouveau medium. La blockchain assure une traçabilité transparente des transactions et des droits d’auteur.
Les plateformes collaboratives connectent artistes et public sans intermédiaires. Ces espaces numériques permettent le financement participatif de projets artistiques innovants. Les créateurs reçoivent un soutien direct de leur communauté qui s’implique dans le processus créatif. Ce modèle économique alternatif favorise l’émergence de formes artistiques plus expérimentales.
Les archives numériques préservent le patrimoine artistique pour les générations futures. Les performances éphémères et installations temporaires acquièrent une pérennité grâce à ces captations. Les chercheurs et historiens d’art accèdent à un corpus sans précédent d’œuvres documentées. Ces bases de données interconnectées facilitent les études comparatives et l’analyse de l’évolution des pratiques artistiques contemporaines.
Les éditions Casterminouche, dans la collection Une histoire et on se couche, des albums souples, nous proposent une drôle d’histoire : La famille petits poux. Il était une fois la famille Petits Poux qui vivait sur la tête de Gaspard. Mais Gaspard reçut une casquette pour son anniversaire alors, la famille Poux a dû déménager. Ils n’arrivaient plus à respirer, ni à bouger ! Ils ont élu pour nouveau domicile la tête de Violette, avec ses longs cheveux bouclés et roux. Oh, comme ils se sont amusés tous ensemble ! Jusqu’au jour où… La famille petits pouxest un album, aux illustrations charmantes, qui va bien amuser nos petites têtes blondes; surtout si elles hébergent des poux. Une histoire qui va dédramatiser la situation et faire du bien à toute la famille !
Les livres d’histoire ont longtemps passé sous silence l’implication des autorités françaises dans la déportation des populations juives françaises. La bande dessinée La Muette revient sur un épisode mal connu de cette histoire, l’arrestation de 5000 habitants du 11e arrondissement de Paris puis la captivité de 67000 hommes et femmes avant les départs pour les camps de la mort. La BD retrace le parcours de certains d’entre eux pour montrer le quotidien de ceux qui n’ont pas pu échapper aux agissements de fonctionnaires scélérats. Les auteurs Valérie Villieu et Simon Géliot reviennent sur l’histoire de La Muette en montrant tous les détails de la vie de ses prisonniers, avec ses souffrances, ses combats pour la survie et les solidarités qui s’y sont créées. Le dessin est réaliste et le sujet interpelle pour une lecture émouvante.
Synopsis: À travers divers destins croisés, le camp d’internement de la Muette, à Drancy, raconté pour la première fois en bande dessinée.
20 août 1941, la police française se prépare à arrêter 5000 habitants du 11e arrondissement de Paris, tous de confession juive… Quelques jours plus tard, ils seront 4230 hommes à être emprisonnés dans la cité de La Muette à Drancy.
Durant trois années, la cité verra ainsi passer 67 000 hommes, femmes et enfants en partance pour les camps de la mort… Parmi eux, Béno, Nissim, Jean, Chil, Chana et bien d’autres. Des noms qui sont autant de victimes de la logique d’extermination nazie – et de ses complicités françaises. Des destins qui se croiseront dans un quotidien rythmé par les rafles et déportations qui emplissent et vident alternativement le camp…
À travers ces histoires, Valérie Villieu et Simon Géliot donnent pour la première fois à voir la vie du camp de La Muette : son organisation, son évolution et le quotidien des interné.e.s qui y sont passés. Un quotidien marqué par la souffrance, la lutte pour survivre mais aussi la solidarité et la foi en un avenir meilleur.
Les auteurs font revivre un des auteurs les plus célèbres du grand auteur Honoré de Balzac, apparu dans 6 de ses ouvrages. En imaginant un homonyme chef de la sureté de Paris, Bruno Lecigne et Régis Penet imaginent les origines de la création du personnage considéré comme une vraie colonne vertébrale de la célèbre Comédie Humaine. Avec ses multiples apparitions, le personnage de l’auteur est surtout un maitre de la tromperie et du crime, montrant bien la duplicité de l’être humain parfois enclin aux plus viles bassesses pour arriver à ses fins. La BD creuse le personnage des Vautrin authentiques et fictifs pour exhumer les racines du personnage protéiforme.
Synopsis: Dans ce roman graphique réalisé en partenariat avec le Musée Balzac, Bruno Lecigne et Régis Penet s’intéressent à Vautrin, figure criminelle phare de La Comédie Humaine…
Balzac reçoit la visite du chef de la sûreté de Paris, un certain Vautrin. Homonyme du célèbre criminel de La Comédie Humaine, l’homme accuse Balzac de vouloir nuire à sa réputation… Alors qu’il séjourne au château de Saché, près de Tours, Honoré de Balzac a la surprise de recevoir la visite du chef de la sureté de Paris… un certain Vautrin. Ce dernier accuse le romancier de vouloir nuire à sa réputation… La cause ? Un personnage homonyme, maître manipulateur qui n’hésite pas à baigner dans le crime pour parvenir à ses fins, ou celles de ceux qu’il a choisi d’épauler. S’engage alors un débat autour de ce personnage singulier et protéiforme. Car au-delà de sa morale douteuse, Vautrin est aussi un as de la tromperie. Tour à tour forçat, abbé, banquier, policier, il incarne la figure du criminel au sein de La Comédie Humaine et y occupe une place toute particulière… À travers cette curieuse rencontre, Bruno Lecigne et Régis Penet interrogent les origines et inspirations de ce personnage et la place du crime au sein de l’œuvre de Balzac.
« Don Carlos » : les âmes fracturées de Warlikowski
C’est le livret de « Don Carlos » de Verdi dans sa version originale en français, tiré d’une pièce du poète et dramaturge Allemand Friedrich von Schiller, qui est ici présentée et de retour à Paris.
Dramaturgiquement complexe, l’opéra fait cohabiter des scènes intimistes et des tableaux historiques, religieux, où se déploient des personnages aux prises avec leur vérité intime et la raison d’état.
Dans cette production signée Krzyrztof Warlikowski qui revient donc à Bastille, le metteur en scène opte pour une esthétique épurée et symbolique, cristallisant la dimension intimiste et psychologique de l’œuvre.
Une direction d’acteurs/chanteurs immersive et percutante
De cette interrogation sur le pouvoir et la figure du père castratrice qui voit l’objet du désir reconnu que dans la perte ou la castration, Warlikowski avec le geste formaliste et sophistiqué qu’on lui connait, livre une vision shakespearienne de l’œuvre, dominée par l’ambivalence et la complexité psychologique des personnages dont les affres intimes se fracassent contre le masque attaché au rang et au sang.
En France en 1559, puis en Espagne neuf ans plus tard. Élisabeth de Valois, fille d’Henri II de France, est promise à Don Carlos, l’infant d’Espagne, pour réconcilier les deux pays en guerre. Celui-ci étant venu clandestinement à Fontainebleau pour découvrir sa promise, les deux je
Mais la mort de l’épouse du roi Philippe II l’amène à changer ses projets : il décide d’épouser lui-même Elisabeth.
Inconsolable, car aimant toujours celle qui est devenue sa belle-mère, Carlos, neuf ans plus tard, demande à son père, sous l’influence de son ami Rodrigue, marquis de Posa, la permission de gouverner les provinces flamandes soulevées, pour mettre un terme aux horreurs perpétrées par l’armée espagnole. Mais Philippe II, jaloux de la passion qu’il pressent, sans en être certain, entre la reine et son fils, refuse, et demande à Rodrigue, qui a sa confiance, de les surveiller. La rancœur de la princesse Eboli, une suivante d’Élisabeth qui aime Carlos en secret, et découvre que la reine l’a supplantée dans le cœur du jeune prétendant, complique encore la situation.
Des personnages sous haute tension
Pour installer cette galerie de portraits aux destins contrariés et/ou brisés entre complot de l’Inquisition, entrevues secrètes et intrigues politiques, Warlikowski crée avec la décoratrice Małgorzata Szczęśniak, un espace éclaté où les décors, les lumières, la vidéo et les costumes convoquent des images glaçantes ouvertes ou fermées, en projection totale avec ce drame intime, son histoire de violence et son introspection.
Propices au découpage temporel, séquentiel, et à la fragmentation d’un paysage mental aussi tourmenté que traumatique, les scènes s’opèrent à partir du regard subjectif de Don Carlos qui voit se remémorer l’épopée de cette tragédie familiale hantée par ses enjeux, ses fantômes et ses illusions perdues.
L’opéra est marqué par une noirceur omniprésente : Carlos fait figure d’un antihéros suicidaire, incapable de rébellion ou d’action décisive. Les personnages semblent écrasés par leurs propres tourments et par la mécanique implacable du pouvoir religieux incarné par un Grand Inquisiteur mafieux.
Warlikowski met en lumière la violence psychologique et existentielle qui traverse l’œuvre, à l’abri d’une tension intérieure palpable qui brûle les protagonistes. La tension culmine lors de la scène finale entre Élisabeth et Carlos, où la tristesse déchirante est sublimée par un duo de haut vol.
Le plateau vocal est ici dominé par Ekaterina Gubanova qui campe une princesse Eboli aussi impétueuse que perverse à l’amplitude vocale intense, multipliant les registres, tandis que Christian Van Horn dans le rôle de Philippe II, incarne un souverain autoritaire et tourmenté dont le timbre parfaitement maîtrisé, restitue toute l’ambivalence du personnage. Marina Rebeka s’impose dans le rôle d’Élisabeth avec une puissance émotive rare et subtile.
Le tout emmené par la trame musicale passionnée du chef d’œuvre de Verdi qui exacerbe les actes manqués, la passion dévastée, la peur ou la haine mortifère, sous la direction parfaitement calibrée de Simone Young qui épouse la vision de Warlikowski.
Dates : du 29 mars au 25 avril 2025 – Lieu : Opéra Bastille (Paris) Mise en scène : Krzyrztof Warlikowski
« Exit Above », dans les pas du blues et d’Anne Teresa De Keersmaeker
Avec cette création « Exit Above » de retour à Paris, d’après La Tempête de Shakespeare, la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker initie une danse à l’énergie explosive où les ressorts se puisent à l’inspiration mélancolique du blues et d’un sursaut pour la planète.
Entre jaillissement et rupture déconstruite, la pièce se développe en variations électriques et amples, où chaque danseur est à la fois soliste, à l’abri de sa propre chorégraphie, et un élément collectif, relié avec les autres, dans un élan circulatoire et communicatif.
Une danse pulsatrice
Au sol, des figures géométriques colorées avec lesquelles Anne Teresa De Keersmaeker impulse depuis toujours sa danse à l’abri de marches effrénées, de courses folles, d’arrêts sur image pour fixer le public droit dans les yeux. Les danseurs courent, se cherchent, s’immobilisent, puis bondissent à nouveau.
Ici l’écriture originelle de la chorégraphe s’hybride et flirte avec le vocabulaire de la danse urbaine. Les corps des interprètent s’irriguent de la musique et de ses pulsations évocatrices qui, dans une spirale sans cesse renouvelée, se font écho.
Ils nous embarquent dans une traversée jubilatoire et combattive qui invite, dans un élan de résistance et de questionnements, à la célébration, à la consolation, et au dépassement après la tempête.
Le tout est servi par la bande-son de Jean-Marie Aerts, la voix cristalline de Meskerem Mees et la guitare de Carlos Garbin.
Dates : du 31 mars au 1 avril 2025 – Lieu : Le Centquatre (Paris) Chorégraphe : Anne Teresa De Keersmaeker
« Coup Fatal » : Une symphonie baroque et congolaise, où la sape devient acte de résistance
Alain Platel, figure emblématique du théâtre chorégraphique, nous fait nous sentir vivants avec « Coup Fatal », une œuvre solaire et jubilatoire qui transcende les frontières artistiques et culturelles.
Dans ce spectacle, présenté comme un hymne à la joie, Platel s’associe à FabrizioCassol, Rodriguez Vangama et le contre-ténor Serge Kakudji, pour orchestrer une fusion audacieuse entre musique baroque et rythmes congolais. Loin de ses créations souvent empreintes de mélancolie, Platel nous entraîne ici dans une fête exubérante où la musique, la danse et le théâtre dialoguent avec une énergie impérieuse.
Deux hommes s’avancent sur scène. Ils s’interpellent par instruments interposés, engagent un dialogue musical intense et enflammé. L’un tient une guitare électrique à double manche, l’autre un likembe. À cet appel à la danse, au partage, à la désobéissance, répondent immédiatement une dizaine d’autres musiciens et chanteurs qui débarquent alors, brandissant au-dessus de leur tête des chaises aux couleurs du ciel de Kinshasa. Le round peut alors commencer et plus rien ne pourra l’arrêter.
Un impétueuse effervescence sonore et visuelle
La réussite de « Coup Fatal » réside dans ce métissage subtil où Bach, Haendel, Gluck ou encore Monteverdi se mêlent aux pulsations africaines, portées par des instruments traditionnels tels que le balafon ou le likembe. Le tout propice aux envolées électriques et au déploiement des arias baroques, dans une impétueuse effervescence sonore et visuelle, qui électrisent et magnétisent toute la scène.
Cette rencontre improbable est soutenue par l’interprétation en live de l’orchestre constitué de douze musiciens et danseurs venus de Kinshasa. Chaque note résonne alors comme un pont entre deux mondes, entre l’Europe baroque et l’ébullition culturelle africaine.
La mise en scène dépouillée – des rideaux de perles et des chaises en plastique bleu – fait la part belle aux artistes et à leur folie communicative, pour s’éclater dans une explosion de sons et de mouvements dansés parfaitement exécutés.
Au cœur de cette célébration musicale et sensorielle se trouve la figure des « sapeurs », ces dandys congolais dont l’extravagance vestimentaire devient un acte de résistance face à l’adversité.
Dans un final éclatant et une élégance unique, les interprètes défilent sapés comme des Dieux, offrant un véritable festival coloré et sans frontière, où se revendique fièrement sa liberté et son appartenance. Un moment, empreint d’humour et d’humanité, illustrant parfaitement la capacité de Platel à mêler tendresse et ironie dans une ode aussi résiliante que festive.
Dates : du 28 mars au 5 avril 2025 – Lieu : Théâtre du Rond-Point (Paris) Mise en scène : Alain Platel
Mademoiselle Spencer, de Christine Orban (Albin Michel)
Christine Orban a écrit ce roman à la 1ère personne en donnant la parole à Diana. Elle a vu la pièce d’Arthur Schnitzler,Mademoiselle Else, au théâtre Montparnasse et a vu une ressemblance évidente entre Diana et Else. Deux destins uniques.
A travers, Mademoiselle Spencer, on suit Diana depuis son adolescence, moment clé où elle fut choisie comme future femme du Prince de Galles. On la voit évoluer, devenir femme, se plier aux conventions du Palais. Diana nous livre ses tourments, ses questions, ses failles, ses rêves et ses désillusions quant à son mari, le Prince Charles. Camilla est sans cesse présente et jamais, Diana ne se sent bien ! Et pourtant, elle semble vraiment l’aimer son mari, Diana. Mais lui, jamais il n’a pu oublier Camilla. A-t-il seulement aimer Diana ?
Ce livre est écrit à la 1ère personne. Le narrateur est Diana. Il faut dire qu’elle était une telle célébrité, que tout le monde savait tout sur elle ! Et comme Diana a même fait une déclaration devant les caméras de la BBC, dévoilant tout sur sa vie, Christine Orban ne fait qu’écrire ce que Diana a révélé tout haut au plus grand nombre. Elle était si malheureuse.
Mademoiselle Spencerest un livre qui montre que devenir princesse n’est pas forcément le plus beau rêve à réaliser ! Il sort aujourd’hui !
« Bate Fado », le fado endiablé et percutant à l’Opéra de Limoges
Les Portugais Jonas & Lander font revivre la danse fado dans un concert percussif et hautement expressif, flirtant avec le flamenco, les claquettes et les danses urbaines transgressives.
Avec « Bate Fado », ils ressuscitent le fado batido, version dansée du chant lusitanien inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2011. Sensuelle en diable, cette danse altière, insolente et indomptable, avait été jugée indécente par la morale du début du XXe siècle, la condamnant à une disparition silencieuse.
La danse du fado
Dans cette réhabilitation contemporaine, emmenée par quatre danseurs et danseuses, trois musiciens et un chanteur de fado (Jonas lui-même), le fado se chante, se clame et se danse.
Sur scène, les interprètes à l’énergie flamboyante frappent des pieds et varient les cadences comme pour mieux nous rappeler les figures oubliées du passé et célébrer avec fracas ce retour aux sources, dans un précipité dansé aussi séculaire qu’actuel.
Les sons et les mouvements s’imbriquent alors en un ballet survolté où avec virtuosité et effervescence, les deux chorégraphes revisitent cette mémoire oubliée.
La danse est indissociable de la musique, où dans un dialogue permanent avec les voix, les percussions et les guitares, le fado se réinvente. Propice aux figures qui s’entrechoquent et aux corps libérés, la performance se part de la voix enivrante et déchirante de Jonas.
Et dans cette traversée, les artistes passent avec aisance de l’humour à l’absurde, du poétique à l’onirique, sans jamais perdre de vue l’intention politique qui émerge aussi en filagramme. Car le spectacle réussit à briser l’image du fadista masculin dominant, insufflant une liberté physique débridée à cet art ancestral qui évoque tout autant l’image traditionnelle de l’homme fadiste que les figures de Fassbinder, subvertissant la tradition musicale comme les identités de genre.
Entre musiciens et danseurs, hommes et femmes, les rôles sont sans cesse redistribués. Le groupe imprime une étonnante modernité qui fait la part belle à une ivresse joyeuse du mouvement où dissimulé derrière la mélancolie exacerbée, le fado se révèle ici une danse viscérale, engagée, et subversive.
Date : 26 mars 2025 – Lieu : Opéra de Limoges Chorégraphie et composition musicale : Jonas & Lander
La guerre de Jeanne est un livre à lire dès l’âge de 10 ans. Il est tout simplement extraordinaire. Jeanne découvre la Seconde Guerre mondiale au Collège, en 3ème. Elle fait partie du programme. Jeanne est élève de 3ème et elle va découvrir les horreurs de cette guerre. Impossible pour elle de continuer à vivre sa vie, comme si de rien n’était. Elle a besoin de comprendre pourquoi cette guerre a eu lieu. Comment des hommes ont pu tuer d’autres hommes, de façon aussi inhumaines et cruelles. Jeanne a un meilleur ami, Sidoine. Il est en 4ème dans un autre collège, depuis qu’il a déménagé. Mais il reste toujours le meilleur ami de Jeanne. Avec lui, elle se sent mieux. Il est à l’écoute, même s’il a des problèmes d’audition ! Jeanne va demander la permission à ses parents de ne plus aller au Collège durant la semaine, pour pouvoir faire ses recherches à la Bibliothèque. Et elle nous raconte de qu’elle y découvre sur cetet Seconde Guerre mondiale. Chaque lecteur de La guerre de Jeanne n’oubliera jamais ce livre, bouleversant, un livre qui nous dit surtout de ne jamais oublier notre passé, nos ancêtres, notre Histoire. Notre devoir de mémoire doit rester intact tout au long des années, comme un hommage rendu à toutes ces personnes mortes, qui ne devaient pas mourir.
Le silence est à nous, de Coline Pierré (Flammarion)
Coline Pierré écrit depuis longtemps des livres pour la jeunesse. Dans son dernier livre, Le silence est à nous, elle a choisi d’écrire un roman en vers libres. Sans doute pour donner davantage de poids aux mots, davantage de poésie aussi. De révolte sûrement. Mais aussi pour donner de la place au silence…
Le silence est à nous raconte l’histoire de Léonora. Mais elle préfère se faire appeler Léo… Juste parce que Léo ne la met pas dans un cadre, Léo sonne la liberté… « La vraie raison c’est que Léo c’est un répit, un sursis de genre… » P30
Sa meilleure amie, Aïssa est passionnée de théâtre, de danse, matières où elle excelle !
Et puis, un jour, au collège, elle est témoin d’une agression sexuelle. Elle a tout vu. Elle connaît la victime, Maryam et ce type qui la brutalise. Au lieu de réagir, elle fuit, tout doucement… Et elle se tait… Incapable de réagir. Incapable de bouger… Et cela la hante jusqu’au jour où elle décide de parler à Maryam… Et de réveiller les consciences… C’ets compliqué ! Elle a promis à Maryam de ne rien dire à personne. Du coup, elle ment à sa meilleure amie… Cette situation l’emprisonne chaque jour un peu plus…
Et, puis un jour, elles décident que leur arme à toutes et à tous va être le silence. Un silence lourd, pesant… Un silence qui va parler à tout le monde ! Une grève du silence au collège ! Une forme de révolte, de révolution… Une jolie façon de ne plus accepter l’inacceptable !
Le silence est à nousest un très beau roman qui va parler à de très nombreux jeunes. Il s’adresse à une génération qui n’a, hélas, pas souvent droit à la parole ! Un roman fort, véhiculant des vérités fondamentales.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis les évènements funestes du 1 septembre 2001 (24 ans quand même), et tout le monde le sait, les Etats-Unis ont frappé fort pour punir les prétendus auteurs des attaques sur le sol américain. Les images ont fait le tour du monde et tout le monde se souvient de l’endroit et du moment où il a découvert ces images. Alors tout a été entrepris et une bonne poignée d’innocents a du probablement supporter des tortures accablantes sous prétexte que tout était permis pour venger les victimes. Le film est supporté par Amnesty International, et on comprend pourquoi. Le protagoniste principal Gamel est emmené, interrogé, tortuté et va certainement passer le reste de sa vie en détention. Est-il coupable? Est-il lié aux attentats? Il est en tous cas emmené loin d’Afghanistan pour être emmené à Guantanamo alias Gitmo. Le film n’élude aucun détail sur les souffrances physiques et psychologiques auxquelles le personnage doit faire face. Acculé, contraint au manque de sommeil, il tient bon et refuse d’avouer un crime qu’il n’a pas commis malgré les incessantes pressions. Le film est (un peu trop) long et montre le système carcéral américain sous tous les angles. Militaires qui ne laissent aucun répit, prisonniers contraints à l’isolement, affamés et privés de sommeil, installations insalubres, le film se regarde comme un documentaire éprouvant. Le monde entier a détourné le regard alors que des familles entières étaient touchées par la politique vengeresse du gouvernement américain, censé représenter la démocratie. Mais tout est justifiable avec de bons arguments détournés en sa faveur, la preuve en est…
Synopsis:
Durant la guerre contre le terrorisme déclenchée après le 11 septembre, Gamel est emmené de chez lui en Afghanistan, amené à la base aérienne de Bagram, puis à Guantanamo, Cuba pour être interrogé et torturé. Sa liberté dépend de John, un interrogateur militaire, chargé de son dossier.
Émilie Charriot en résonance singulière et intense avec « L’Amante anglaise »
Avec « L’Amante anglaise », Marguerite Duras revisite un meurtre qui a eu lieu à la fin des années 1940. Par le biais d’un double interrogatoire, d’un double dialogue, elle creuse l’idée du mystère, de l’incompréhension, de la perdition d’une âme, au regard de l’acte criminel.
Et elle nous place face à une énigme que l’on essaie de comprendre. Elle use d’une forme de suspens, tout en déployant les grandes thématiques de son écriture, comme la folie et l’amour, qui sont les deux pierres angulaires de « L’Amante anglaise ».
Le 8 avril 1949 on découvre en France, dans un wagon de marchandise, un morceau de corps humain. Dans les jours qui suivent, en France et ailleurs, dans d’autres trains de marchandises, on continue à découvrir d’autres morceaux de ce même corps. Puis ça s’arrête. Une seule chose manque : la tête. On ne la retrouvera jamais. Grâce à ce que l’on appelle le recoupement ferroviaire l’enquête permet de découvrir que tous les trains qui ont transporté les morceaux de ce corps sont passés à Viorne, dans l’Essonne.
Très vite, l’enquête mène à une femme, Claire Amélie Lannes, 51 ans, ressortissante de Viorne depuis 20 ans et marié à Pierre Lannes. Dès qu’elle se trouve en face de la police, Claire Lannes avoue son crime. Elle dit avoir assassiné sa cousine Marie-Thérèse Bousquet, sourde et muette. Malgré son évidente bonne volonté tout au long du procès, Claire Lannes ne réussira jamais à donner d’explications à son geste.
Le théâtre de « L’Amante anglaise » est construit sous forme de deux interviews. Celle de Pierre et de Claire, l’un après l’autre. Et il ne se passe rien, ou presque. Si ce n’est ce face à face qui imprime une attention extrême à ce qui se dit et ne se dit pas. Car un secret est là, lourd, qui ne nous lâche pas.
Un trio implacable
Une personne (Nicolas Bouchaud) donc pose des questions, l’autre (Laurent Poitrenaux) essaie de répondre. Ce questionneur, dont on ne sait qui il est, interroge sans jamais chercher à juger, tout entier tendu dans la volonté obsessionnelle de comprendre, d’être dans la tête de l’autre, avec une puissance et une impérieuse nécessité.
Il questionne tout d’abord, Pierre que Duras décrit dans une interview comme la quintessence du petit bourgeois haïssable mais qui existe malgré tout et en dépit de la volonté de son autrice, Pierre qui répond avec pragmatisme aux questions qu’on lui pose, puis Claire elle-même. Claire (Dominique Reymond) est de bonne volonté. Elle aussi cherche à comprendre. Mais elle n’expliquera jamais son geste où dans cette proposition singulière, possédée par une intériorité fébrile, elle est déterminée et maîtresse de son destin, assumant pleinement son acte comme une forme de révolte face à un vécu pesant et qui met en lumière la violence latente dans les relations intimes, tout en évitant tout jugement moral.
Un trio implacable où s’explore l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus sombre, de plus inconnu et de plus vertigineux. Mais c’est aussi le portrait d’un couple dans l’impasse, le récit d’une femme délaissée. Une histoire d’amour qui n’a pas résisté à l’usure du temps, aux renoncements et à la recherche d’absolu, si propre à l’œuvre « durassienne ».
Loin de tout lyrisme, formalisme abstrait ou métaphysique, le texte déploie un style concret, précis, épuré, proche du réel et de l’humain, infiniment moderne. Duras dissèque sans relâche les deux protagonistes de façon presque clinique, où l’écriture fait loupe. Elle s’appuie sur la figure de l’interrogateur qui déploie une parole proactive, tentant de dévoiler les racines possibles du crime. Par ses questions, tout ressurgit, le passé, les non-dits, dans un rythme musical, haletant.
La forme dramatique donne l’illusion d’une enquête. Mais quand tout s’éclaircit, tout se dérobe aussi. L’écriture se trouve alors ponctuée de béances, de lapsus poétiques qui brouillent les certitudes. La menthe anglaise, plante qui pousse dans le jardin du couple, devient « L’Amante anglaise », nous plongeant dans un imaginaire transfiguré. Le chemin vers la vérité demeure impénétrable et irréconciliable.
Les personnages ne parlent pas tous la même langue et à travers le rôle de Claire Lannes, Marguerite Duras nous fait entrer dans une zone trouble, insécure, à la lisière d’un enfermement intérieur et de sa folie insondable.
La mise en scène d’Émilie Charriot instaure un rythme et une énergie nouvelle, presque palpable, qui parvient à disséquer habilement les failles du couple et à ausculter la psyché complexe des personnages, en évitant le poids du tragique.
Elle opte pour une scénographie épurée, presque abstraite, qui recentre toute l’attention sur les dialogues, leur interaction et les silences. Ce choix reflète une volonté de ne pas alourdir la noirceur inhérente à l’œuvre, mais plutôt de laisser vibrer les tensions humaines sous-jacentes.
Émilie Charriot instaure une tonalité réaliste et une direction d’acteurs dynamique, notamment avec des interventions hors cadre et des interactions avec le public, comme l’ouverture où Nicolas Bouchaud interpelle la salle avec une chanson des Stranglers et un fait divers, créant un contraste saisissant entre réalité et fiction dramaturgique.
Ses choix notamment en termes d’éclairage et de spatialité (Yves Godin) structurent l’espace, renforçant le sentiment d’immersion et de passion mortifère contenue dans la pièce, tout en lui insufflant une intensité à la fois aérienne et au scalpel, où les mots sont des flèches tirées sur les personnages.
Dominique Reymond, dans le rôle de Claire Lannes, incarne avec brio, cette femme énigmatique, oscillante entre opacité et détermination. Elle parvient à rendre concret, ardent, le trouble de son personnage, nous laissant constamment dans le doute quant à ses motivations et à sa santé mentale. Laurent Poitrenaux qui joue Pierre Lannes, est un mari à la fois oppressant et absent, dont la parole distante résonne comme un écho vide dans l’espace scénique. Quant à Nicolas Bouchaud (l’interrogateur), il porte haut cette puissance ravageuse en quête d’une vérité impossible et inaudible.
Dates : du 21 mars au 13 avril 2025 – Lieu : Odéon – Berthier 17ème (Paris) Mise en scène : Emilie Charriot
Quand Goethe publie son roman épistolaire Les souffrances du jeune Werther en 1774, il préfigure la grande période romantique à venir dans la 2e moitié du XIXe siècle non encore éclos. Musique, littérature, poésie, toute l’époque était empreinte de ce sentiment amoureux absolu et déchirant. La légende raconte que nombre suicides ont répondu au phénomène littéraire racontant une histoire d’amour impossible entre la belle et mariée Charlotte et le ténébreux Werther. Dans cette mise en scène au Théâtre des Champs Elysées (encore 5 représentations!) la très talentueuse et acclamée mezzo-soprano Marina Viotti est Charlotte (la Habanera de Carmen pendant la prestation metal de Gojira aux JO de Paris 2024, c’était elle) et le ténor franco-suisse Benjamin Bernheim interprète un Werther accablé par des sentiments contraires aux codes de son époque. Dans une mise en scène (excessivement?) minimaliste au mono-décor constitué d’un unique mur et d’une ouverture sur une (mystérieuse?) salle à manger, toute la place à laisser aux performances lyriques avec une distribution au diapason de l’oeuvre. Quand Massenet adapte plus d’un siècle plus tard le texte de Goethe, le romantisme bat son plein, l’amour est forcément absolu et l’intransigeance des sentiments passe pour de la dictature. Les passages marquants abondent (Mon âme a reconnu votre âme, Les larmes qu’on ne pleure pas dans notre âme retombent toutes) et la musique orchestrée par Marc Leroy-Calatayud avec l’orchestre Les Siècles transcrit avec talent la musique de Massenet, quitte à parfois recouvrir de son des paroles des ténors. Le résultat tient du miracle, l’intensité prend aux tripes, le coeur tressaille, la mezzo-soprano est éblouissante, le ténor est acclamé pendant le célèbre passage du printemps (Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps), la salle est transportée. Et comme le spectacle dure moins de 3h, l’attention de l’audience n’a pas le temps de diminuer dans le bel écrin du TCE. Le drame lyrique est une splendeur et nul doute que les quelques imperfections seront gommées au fur et à mesure de encore 5 dates restantes. Si quelques incompréhensibles huées ont parasité la salve d’applaudissement finale (réaction puérile à la scénographie certes sommaire mais dans le ton du spectacle), un sentiment de plaisir immense persiste longtemps après la clôture du spectacle, et c’est bien l’essentiel, confirmant la place centrale du TCE dans le monde lyrique parisien.
Synopsis: On le sait depuis longtemps… Les histoires d’amour à l’opéra ne sont pas toujours heureuses. Lorsque Goethe publia ses Souffrances du jeune Werther, l’histoire de Charlotte et de son prétendant connut un succès tel qu’elle provoqua ce que l’on appela la « fièvre werthérienne », causant les suicides de jeunes gens prêts à tout pour imiter les héros romanesques. Plus d’un siècle plus tard, en plein romantisme français, Massenet s’inspira de l’histoire de cet amour impossible et signa avec elle son œuvre majeure. Tout en utilisant les ressources du grand orchestre symphonique, il crée une atmosphère intime et pénétrante dont la meilleure illustration est sans nul doute le magnifique air « Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps… »… véritable « tube » du plus sensible des opéras de Massenet. Benjamin Bernheim et Marina Viotti seront les amants malheureux de la soirée entourés d’interprètes français bien connus du public de l’avenue Montaigne (Jean-Sébastien Bou, Marc Scoffoni, Rodolphe Briand) rejoints par Sandra Hamaoui et Yuri Kissin. En fosse, Les Siècles dans un répertoire que les musiciens pratiquent avec un bonheur « historique ».
Coproduction Théâtre des Champs-Elysées | Teatro alla Scala En partenariat avec france.tv France Musique enregistre cet opéra
Le projet Womankind a été créé en 2019 par la chanteuse franco-suisse, auteure et compositrice Sylvie Burger pour proposer une musique pleine d’énergie et de pop, avec des influences soul et latines. Sylvie Burger manie l’humour avec art en multipliant les jeux de mots. La musique est remplie de liberté pour raconter des histoires chantées en français, en anglais et en espagnol.
De l’amour en barre
Le parcours de Sylvie Burger est assez singulier. L’auteure-compositrice-interprète a multiplié les aventures dans da musique et dans la vie. L’album Womanpower of Love célèbre la femme et promeut les œuvres d’art comme force d’amour et de résilience. Le premier extrait de l’album Mon Ex en Provence a vu son clip tourné en Provence avec en invité Carton, chanteur de Raoul Petite. Le premier album Kind of love est sorti en 2023 et si le nom Womankind signifie espèce de femme, il signifie surtout assumer sa condition féminine et pousse à la fierté d’être femme. Le projet franco-suisse est international et se veut très féminin et avant tout humaniste. Sylvie Burger est née en Suisse au sein d’une famille très atypique avec un père inventeur de l’instinctothérapie et a grandit dans une communauté. A 5 ans, sa famille est partie pour le Congo pour trouver des fruits exotiques à bas prix. Mais un drame a assombri le projet, son petit frère de 2 ans est mort et a été enterré dans la brousse. Sa vie a été une suite de péripéties, avec une noyade, un emprisonnement au Mexique et l’artiste s’assume maintenant pour pousser ses ambitions en musique. L’album est tout empreint de sonorités latines chaudes portées par des textes à la fois sensibles et drôles, l’univers de l’artiste se rapproche de celui d’une autre outsider, Cesaria Evora et ça fonctionne très bien. Les jeux de mots se multiplient pour le résultat d’un humour jamais forcé et toujours sincère.
Les chansons Petit Frère, La Reine de Grambois, Cosmic Cosma (hommage à Pierre Richard avec son fils Olivier Defays en guest au sax ténor et à la flute), Aime-moiMens-moi, Apaga la luz et Rappelle-toi sont des grands moments à découvrir sur l’album dès le 21 mars.
Dates de concerts :
31 mars 2025 – Maison de l’Amérique Latine – Paris (75) 16 juin 2025 – NEW MORNING – Paris (75) Juin 2025 : Romania Tour – Bucarest – Brasov – Timisoara – Sibiu – Târgu-Mures Du 07 au 25 juillet : Festival Off d’Avignon
Histoires pour vivre ensemble (Flammarion jeunesse)
Les éditions Flammarion jeunesse nous proposent un recueil incroyable : Histoires pour vivre ensemble, aux illustrations rigolotes. C’est un livre qui va faire partir des « fondamentaux » ! Et qui pourrait être utilisé à l’école comme au Collège, en Cours d’Éducation civique.
Dans la classe de Madame Angèle, comme dans la plupart des classes, les élèves sont d’origines diverses. Ils sont tous différents, ont des envies différentes, des passions différentes, des religions différentes. Et pourtant ils arrivent à bien vivre ensemble !
L’auteur, Pierre Gemme, aborde des thèmes fondamentaux en partant d’une histoire assez banale. Par exemple pour aborder le thème de l’égalité entre les garçons et les filles, est-ce que les filles seraient cap de construire une cabane ? et les garçons de jouer à l’élastique ?
A la fin de l’histoire, le lecteur lira une page verte où l’auteur aborde en profondeur chaque thème. Pour ce chapitre-là, l’auteur nous présentera Olympe de Gouges, célèbre féministe, et définira le terme de parité.
Chaque thème sera abordé de la même manière : la solidarité, les élections, le racisme, les religions… Vingt thèmes sont approfondis de façon à comprendre comment fonctionne notre société et comment apprendre à mieux vivre ensemble. Vivre
Histoires pour vivre ensembleest un formidable outil pédagogique au service des élèves mais également des professeurs !
Les éditions Milan nous proposent une série réservée aux tout-petits : Jeannette – la vie du bon côté. Cette fois-ci, il est question de : La sieste. C’est le moment de la sieste mais Sergio ne peut pas s’endormir, il a oublié son doudou. Comment faire ? Jeannette va tout faire pour que Sergio trouve un doudou à son goût… Et tous les copains aussi ! La sieste est un joli album, aux illustrations colorées, et aide à voir la vie du bon côté ! A offrir dès l’âge de 2 ans !
Sauvages est un bijou de film d’animation au propos écologique qui plaira à toute la famille par son contenu pédagogique. Le film dénonce l’exploitation alarmante des ressources naturelles de l’île de Bornéo, ce sur quoi des ONG comme WWF ne cesse d’alerter. Dans une animation rappelant le précédant film du réalisateur Ma vie de courgette, l’importance de préserver la nature et l’écosystème est rappelée avec force et intelligence contre les visées sans vergogne du grand capital.
Un film pour toute la famille
Les peuples autochtones sont mis en avant, gardiens de leur environnement et respectueux de leur habitat naturel. Face à eux, de grandes industries destructrices qui abattent les arbres et chassent les animaux sauvages. Le combat idéologique concerne tout le monde, le pot de terre tente de résister au pot de fer supporté par les autorités, avec les pots de vin que l’on imagine derrière. L’utilisation de la stop motion est idéale pour montrer ce combat à forte tonalité symbolique et a priori inégal, à l’opposée des images de synthèse des productions américaines plus normées. Le film a tout de l’œuvre artisanale, en lien avec le message communiqué avec humour et émotion.
La chanson finale de Daniel Balavoine, Tous les cris les S.O.S, résonne avec une profondeur émotionnelle pour clôturer le film avec puissance et beauté.
Synopsis: À Bornéo, en bordure de la forêt tropicale, Kéria recueille un bébé orang-outan trouvé dans la plantation de palmiers à huile où travaille son père. Au même moment Selaï, son jeune cousin, vient trouver refuge chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille nomade aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et le bébé singe baptisé Oshi vont braver tous les obstacles pour lutter contre la destruction de la forêt ancestrale, plus que jamais menacée.
Tout le monde aime Clara, de David Foenkinos (Gallimard)
Quand on commence à lire Tout le monde aime Clara, on ne s’arrête plus ! Encore une fois, l’auteur, David Foenkinos, sait capter notre attention ! De façon incroyable, improbable même ! C’est son vingtième roman !
Nous aussi, on aime Clara ! Qui peut ne pas aimer Clara ? L’auteur aborde de très nombreux sujets, à travers ce livre.
Clara est victime d’un très grave accident de voiture, et restera huit mois dans le coma. Ses parents, divorcés, vont veiller sur elle sans arrêt durant ces huit mois… Leurs retrouvailles n’étaient pas pensables, avant l’accident de leur fille…
En fait, si on s’intéresse un peu à l’auteur, on apprend que lui aussi a vécu au même âge que Clara, un grave traumatisme. Il a été opéré du cœur et a passé des mois à l’hôpital… Mais quand il a écrit Tout le monde aime Clara, il dit n’avoir jamais pensé à ce qu’il a lui-même vécu ! Il dit que cette maladie avait exacerbé sa sensibilité et lui avait sûrement donner le goût de la littérature, le goût de l’écriture. Son rapport à la beauté a lui aussi complètement changé.
Quant à Clara, elle se réveille au bout de ce long coma avec un don unique, celui de la voyance. Clara se découvre sous un nouveau jour, avec de nouvelles facultés… Une nouvelle Clara qu’elle va devoir apprivoiser…
Dans ce livre, le lecteur découvre les autres passions de l’auteur : son côté mystique, sa passion pour l’astrologie, la numérologie, l’ésotérisme… C’est la première fois que David Foenkinos nous partage ses connaissances dans ces domaines très particuliers.
Clara a non seulement des sensations, une sensibilité hors du commun, mais elle va comprendre les autres, les aider et va souvent bouleverser leur vie… Elle est toute jeune mais en réalité, elle n’a pas d’âge et a l’impression d’avoir déjà vécu plusieurs vies… Le père de Clara, Alexis va suivre des ateliers d’écriture, une fois que Clara sera sortie du coma. Son professeur, Eric Ruprez, est un personnage très discret et assez fantasque. Personne ne sait rien sur lui… Sauf Clara ! Et bien sûr, le lecteur est passionné par ce personnage unique, lui aussi ! Un écrivain, en plus ! Tous les ingrédients sont réunis pour passionner le lecteur ! Sans oublier les histoires d’amour qui sont au centre de leurs vies et les nombreuses références littéraires !
Encore une fois, le lecteur n’a pas envie que la fin approche… Pas envie de quitter Clara, Eric et Alexis… Car il est incontestable que Tout le monde aime Clara !
Tout le monde aime Clara nous permet d’entrer dans l’intimité de chaque personnage, avec discrétion et amour ! Soyons à l’écoute des signes de la Vie ! On ne sait jamais…
Publik’Art aime David Foenkinos ! Merci David et bravo ! Vous nous avez régalés ! Un vrai coup de coeur !
Les animaux et nous : Comment vivre ensemble en ville ? (Casterman)
Les éditions Casterman nous proposent un album illustré, très chouettes illustrations, tout à fait étonnant : Les animaux et nous : Comment vivre ensemble en ville ?
Les auteurs, Didier Baraud et Christian Demilly, sont partis à la découverte des nombreuses espèces d’animaux qui habitent en ville. En partant du Moyen-Âge où toutes sortes d’animaux vivent dans les rues et jouent un rôle souvent primordial à la survie de l’homme. Dans cet album, on découvre des détails surprenants sur les animaux. Savez-vous que les perruches, que l’on trouve si belles, envahissent les villes, en Europe. « Elles s’approprient une grande partie des espaces et de la nourriture des autres espèces ».
La nature repart toujours, la flore comme la faune ! Par exemple à Tchernobyl, des chercheurs ont constaté que la zone irradiée était envahie par la faune et que de nombreux animaux sauvages y avaient élu domicile : des sangliers, des ours, des renards, des loups, des lynx… Incroyable mais vrai !
Si on a peur de certains animaux, on ne connaît pas leur utilité ! « Quand les nuisibles nettoient les villes » !
Mais certains animaux sont vraiment nuisibles, soit envers l’homme, soit envers d’autres animaux. L’animal le plus dangereux pour l’homme serait le moustique ! Les moustiques provoquent la mort d’un million de personnes ! Et d’autres animaux nous transmettent, hélas, des maladies…
Les animaux et nous : Comment vivre ensemble en ville est un album documentaire passionnant qui met l’accent sur la fragilité de notre équilibre vital, sur nos conditions de vie et sur notre santé tout en se préoccupant du sort des animaux qui vivent près de nous… Un très beau documentaire !
Le Théâtre des Champs Elyséesmet en scène le drame lyrique en 4 actes et 5 tableaux de Jules Massenet inspiré du roman épistolaire de Goethe, Les Souffrances du jeune Werther. Le spectacle a été représenté pour la première fois en France à l’Opéra-Comique le 16 janvier 1893. L’action se déroule sur 3 saisons (été, automne, hiver) à Wetzlar, en Hesse dans les années 1780. Et cerise sur le gâteau, ce sera nuls autres que les déjà fameux Benjamin Bernheim et Marina Viotti qui interprèteront Werther et Charlotte devant une salle conquise d’avance. Le ténor et la mezzo-soprano ont déjà démontré maintes fois leur art lyrique. ils reviendront dans une mise en scène de ChristofLoy attendue par tous les aficionados. C’est le moment de réserver votre place!
Synopsis: On le sait depuis longtemps… Les histoires d’amour à l’opéra ne sont pas toujours heureuses. Lorsque Goethe publia ses Souffrances du jeune Werther, l’histoire de Charlotte et de son prétendant connut un succès tel qu’elle provoqua ce que l’on appela la « fièvre werthérienne », causant les suicides de jeunes gens prêts à tout pour imiter les héros romanesques. Plus d’un siècle plus tard, en plein romantisme français, Massenet s’inspira de l’histoire de cet amour impossible et signa avec elle son œuvre majeure. Tout en utilisant les ressources du grand orchestre symphonique, il crée une atmosphère intime et pénétrante dont la meilleure illustration est sans nul doute le magnifique air « Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps… »… véritable « tube » du plus sensible des opéras de Massenet. Benjamin Bernheim et Marina Viotti seront les amants malheureux de la soirée entourés d’interprètes français bien connus du public de l’avenue Montaigne (Jean-Sébastien Bou, Marc Scoffoni, Rodolphe Briand) rejoints par Sandra Hamaoui et Yuri Kissin. En fosse, Les Siècles dans un répertoire que les musiciens pratiquent avec un bonheur « historique ».
Coproduction Théâtre des Champs-Elysées | Teatro alla Scala En partenariat avec france.tv France Musique enregistre cet opéra
Le Misanthrope enlevé et aiguisé de Georges Lavaudant
Georges Lavaudant s’empare pour la première fois et avec brio, de la langue de Molière. Et l’inscrit dans un espace-temps intemporel, au plus près de ce discours sur la raison et la passion, qui n’en finit pas de consumer les âmes.
La vanité, le jeu des influences, les faux-semblants, tout comme la perfidie des courtisans sont au cœur de cette pièce. Les passions humaines qui s’y déchaînent ne cessent de nous offrir un miroir grossissant de notre propre et petite condition.
Alceste, le misanthrope, est le plus loyal et le plus droit des hommes. Cet incompris, qui veut changer la face du monde, se retrouve pris au piège d’un système plus fort que lui, car il a le mauvais goût de rejeter les futilités et les mondanités.
Alceste souffre donc de l’hypocrisie du monde dans laquelle il vit. Il est pourtant amoureux de Célimène, une mondaine habitée par cet art de paraître qui voit défiler dans son salon des petits marquis courtisans, avides et calculateurs, dont il n’a que mépris.
La conversation et l’appartenance sociale avec ces signes de reconnaissance sont les éléments fondateurs de ce microcosme. Entre soi, on se croise, on échange et on tente de répondre à la question qui est sur toutes les lèvres : Célimène est-elle sincère dans son amour ?
Une comédie humaine
Avec ses enjeux, son interaction entre les protagonistes, ses contradictions à travers la posture morale d’Alceste qui se confronte à l’appel paradoxal de son désir, la parole est au centre du dispositif.
Mais aussi de la lecture subtile et précise de Georges Lavaudant qui se concentre sur le texte fondateur et une direction d’acteurs de haute volée.
Cette comédie humaine prend pour cadre un salon classieux en clair-obscur, théâtre d’ombre et de lumière jouant un dernier acte, où des glaces dépolies reflètent les âmes tourmentées des protagonistes. Elle fait la part belle aux joutes verbales et aux médisances, entre comédie grinçante et tragédie intime.
C’est en costumes d’apparat de Jean-Pierre Vergier qu’évolue ce petit monde clos qui renvoie à une classe dominante et élitiste, sûre de son entre-soi et de son pouvoir.
Un espace confiné mais où les murs peuvent être repoussés dans cette relecture, donnant l’illusion d’une certaine liberté, tout en maintenant une pression constante sur les personnages et leurs turpitudes.
La mise en scène rythmée et parfaitement maîtrisée de Lavaudant scrute au plus près ce bal des hypocrites et des flatteurs où le jeu des ambitions se dispute à celui des compromissions et révèle les ressorts secrets d’une confrérie, dissimulée sous le vernis de la politesse.
Les discussions, dont la circulation et le jeu des acteurs offrent une fluidité et une légèreté parfaites, mettent à l’épreuve la sincérité d’Alceste qui se débat comme un beau diable. Car toujours capable d’emportements face aux sentiments qu’il éprouve pour Célimène, il demeure cet homme arc-bouté dans sa critique du monde et son refus viscéral d’une société du paraître, de la dissimulation et dans laquelle la médisance s’avère un art à part entière.
Dans cette fuite en avant, les comédiens sont au diapason pour faire entendre la posture désinvolte et contrariée d’Alceste, seul contre tous, incarnée héroïquement par un Éric Elmosnino, époustouflant.
Dates : du 12 au 30 mars 2025 – Lieu : Théâtre de l’Athénée (Paris) Mise en scène : Georges Lavaudant
Petite Casbah : Sur les toits d’Alger (Bayard Jeunesse)
Les éditions Bayard Jeunesse nous proposent une nouvelle série BD qui est en fait l’adaptation de la série animée sur France TV, écrite par Alice Zeniter et Alice Carré : Petite Casbah. Le tome 1 vient de sortir : Sur les toits d’Alger.
Nous sommes en 1955, à Alger. C’est le début des conflits. L’Algérie est encore une colonie française…
Khadija vient d’arriver chez son frère, Malek, à Alger. C’est la première fois qu’elle voit Alger. Elle habite au bled… Mais très vite, rien ne se passe comme prévu. So n grand frère va être arrêté par la police, française, et emprisonné car il aidait une vieille dame qui avait été bousculée par un policier. Le policier l’ayant traité de « bicot », Malek le gifle. Du coup, il va être emprisonné. Tout va devenir très compliqué pour la petite Khadija. Heureusement, elle va être aidée par les amis de Malek, qui vivent dans la rue et se réfugient sur les toits de la Casbah…
Cette réalité historique porte sur un conflit qui est encore aujourd’hui tabou. A la fin de l’album, le lecteur trouvera un dossier documentaire qui explique le contexte et les enjeux de l’histoire.
Parallèlement à cette BD, un livre documentaire, de Laura Orban et Sylvain Pattieu, est sorti le 12 mars chez Bayard Jeunesse : Petite Casbah.
La BD, Petite Casbah, avec le tome 1 : Sur les toits d’Alger est passionnant et les illustrations sont juste superbes ! Il est à découvrir sans tarder ! On attend avec impatience la suite !