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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

« La Jalousie » : le vertige bourgeois selon Michel Fau

Il y a chez Michel Fau un goût rare, presque aristocratique, pour la cruauté polie. Avec "La Jalousie" de Sacha Guitry, qu’il met en scène et interprète à la Michodière, il ne ressuscite pas le boulevard — il le transfigure. Là où d’autres n’auraient vu qu’un vaudeville poudré, Fau découvre une tragédie miniature, sertie dans un écrin d’or et de satin, où chaque sourire cache un gouffre.

« Minimal » à la Bourse de Commerce ou le vertige de l’épure radicale

Présenter le minimalisme dans la démesure de la Bourse de Commerce, c’est comme chuchoter dans une cathédrale : un pari risqué, mais étrangement fécond. Sous la coupole circulaire de Tadao Ando, l’exposition "Minimal", conçue par Jessica Morgan, parvient à transformer ce paradoxe en expérience sensorielle. Elle ne cherche pas à illustrer un mouvement, mais à en éprouver la sensation.

Les nouveaux murs de la Fondation Cartier : là où l’art devient territoire

À deux pas du Louvre, la Fondation Cartier pour l’art contemporain ouvre un nouveau chapitre de son histoire. Le bâtiment signé Jean Nouvel, tout en transparence, accueille l’Exposition Générale, un manifeste poétique où art, science et mémoire se répondent. C’est un vaisseau de verre posé au cœur du Palais-Royal, à la fois aérien et tellurique. Jean Nouvel y rejoue sa grammaire de la lumière : parois translucides, reflets changeants, respiration maîtrisée. Le bâtiment n’impose rien — il accueille, il s’efface, il laisse le monde entrer. Le visiteur avance dans un flux continu, traversé par les ombres des arbres, le murmure de la ville, la rumeur du temps.

« Figures in Extinction » : le choc crépusculaire de Crystal Pite et Simon McBurney

Entre danse et théâtre, la chorégraphe canadienne Crystal Pite et le metteur en scène britannique Simon McBurney signent une œuvre puissante et fébrile : Figures in Extinction. Une trilogie sur la disparition du vivant, interprétée par les danseurs du Nederlands Dans Theater, où la beauté se fait mémoire et le geste, acte de résistance.

Art Basel Paris 2025 : le grand retour de la couleur sous la nef du Grand Palais

Sous la lumière d’octobre, Art Basel Paris 2025 transforme le Grand Palais en une cathédrale chromatique. Entre valeurs sûres et audaces contemporaines, la foire d’art la plus attendue de l’automne mêle l’éclat du marché à l’énergie vibrante et émergente. La couleur, valeur sûre de cette édition, s’impose comme un manifeste joyeux et endiablé.

Éric Feldman : sourire pour ne pas se taire (derniers jours)

Dans "On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie", Éric Feldman ose parler d’un héritage terrible — la Shoah — avec une liberté désarmante. Là où le trauma se charge de solennité, lui choisit l’humour, le doute, la maladresse assumée. Un ton juste.

Gerhard Richter à la Fondation Vuitton : une genèse en perpétuel mouvement

Dès les premiers pas, l’exposition impose son rythme : une immersion dans la longue trajectoire de Gerhard Richter, couvrant plus de six décennies et 270 œuvres présentées.

Notre Sélection

Une École de danse d’une troublante modernité à la Comédie-Française

Il arrive que le théâtre ressuscite des œuvres qu’on croyait promises à l’oubli. Avec "L’École de danse", Clément Hervieu-Léger réalise précisément cela : redonner souffle à une comédie que Goldoni retira de l’affiche après deux malheureuses représentations. Un naufrage originel, devenu aujourd’hui matière à renaissance.

Dans les pas de Pasolini, une troupe intrépide à l’Odéon

Il fallait oser s’attaquer à "Pétrole", le roman-magma inachevé, la dernière colère de Pasolini. Sylvain Creuzevault, lui, n’ose pas : il exhume. Il déterre le livre comme un cadavre encombrant, le déplie sur le plateau et montre tout ce que la société préfère refouler : la noirceur du pouvoir, la lubricité des dominants, la violence diffuse qui irrigue nos démocraties dégénérées.