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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

« Marius » : haut les cœurs avec Joël Pommerat

Le texte de Pagnol est aujourd’hui revisité par Joël Pommerat et ses comédiens, dont trois détenus sortis de prison ont rejoint sa troupe. Dans cette nouvelle version proposée par Pommerat, la légèreté et la candeur originelles cèdent la place à une vérité plus sociale, plus âpre, plus existentielle, qui se nourrit notamment du travail de création théâtrale que le metteur en scène mène depuis dix ans dans une prison française. Enrichi de l’expérience, de la vie et de l’imaginaire des interprètes, le texte de Pagnol, librement réadapté, se charge d’interrogations humaines profondes, troublantes et captivantes

« Trahisons » ou le triangle de la menace selon Pinter

"Trahisons" reprend l’équation du théâtre bourgeois – le mari, la femme, l’amant –, mais la déconstruit grâce à son artifice narratif pour révéler l’essence, la profondeur et les méandres de ce lien. L’intrigue fait intervenir Emma (Marie Kauffmann), et Jerry (Swann Arlaud), amants pendant sept ans, qui se retrouvent deux ans après leur séparation. Puis Robert (Marc Arnaud), mari de l’une et meilleur ami de l’autre.

« L’Intruse et les Aveugles » : les deux diamants noirs de Tommy Milliot

Tommy Milliot relève le défi de mettre en scène deux pièces emblématiques de Maurice Maeterlinck : "L'Intruse" et "Les Aveugles". Il s’empare à l’abri d’un geste fort de la langue de Maeterlinck (1862-1949), dont les personnages semblent toujours en proie à une force invisible et mystérieuse. En faisant le choix d'un minimalisme tranchant et d’une épure qui confine au vertige, Tommy Milliot, le nouveau directeur du Centre dramatique de Besançon, nous plonge au cœur d’une exploration humaine, si propre au symboliste belge, et aux prises avec les forces incontrôlables et sans appel du destin.

« Les Idoles » de Christophe Honoré ou l’éternelle inspiration

l y a eu "Plaire, aimer et courir vite" au cinéma, puis la publication du récit autobiographique "Ton père". Christophe Honoré termine son triptyque sur l’homosexualité en ressuscitant au plateau la génération sida de ses idoles parties trop vite. Et les revoilà donc pour un retour en arrière et au présent, un retour sur images, sous les traits d’actrices et acteurs. Une déclaration d’amour, un regret poignant, un exercice drôle et irrévérencieux selon l’art et la manière de Christophe Honoré. Ces années-là, c’était les années sida : on le découvre, il se propage, on en porte les stigmates, on en meurt. Encore étudiant, Christophe Honoré quitte Rennes pour Paris où il comprend que tous ceux qu’il aime, qu’il admire, sont partis : les dramaturges Jean-Luc Lagarce et Bernard-Marie Koltès, le chorégraphe Dominique Bagouet, le romancier Hervé Guibert, le critique de cinéma Serge Daney, les réalisateurs Cyril Collard et Jacques Demy. Tous étaient homosexuels.

« Juste la fin du monde » : l’impossible fin de partie de Jean-Luc Lagarce au théâtre de l’Atelier

Avec cette pièce chorale « Juste la fin du monde » dans une mise en scène de Michel Raskine, il fait son entrée en 2008 au répertoire de la Comédie-Française. Aujourd’hui, Johanny Bert revient à cette pièce et fait entendre avec justesse et naturel, cette intranquillité du monde, si propre au dramaturge, et que focalise à travers le prisme familial, toutes ses incompréhensions, ses tensions, ses conflits, ses douleurs, ses replis, mais aussi sa force vitale, aussi maladroite qu’impulsive.

« Heimweh », l’ovni théâtral au pays des edelweiss

Ce spectacle, ovni théâtral par excellence, nous offre une critique grinçante et drôle d’un petit pays neutre, la Suisse. Et plus largement d'une société où la posture et le consensus anesthésient les êtres, ne laissant plus aucune place aux aspérités ni au moindre débordement impulsif et vital, si propre à la vie et à sa désobéissance. Réjouissant ! Le metteur en scène Gabriel Sparti témoigne avec cet opus, des rapports ambigus et complexes qu’il entretient avec son pays natal et sa société polissée par le consensus et l’illusoire perfection.

Notre Sélection

Un triptyque chorégraphique à la vitalité contagieuse par l’Opéra Ballet Vlaanderen

L’Opera Ballet Vlaanderen déploie ici un programme ambitieux qui tisse un dialogue entre trois générations de chorégraphes, convoquant Trisha Brown, Anne Teresa De Keersmaeker et Jan Martens dans une même énergie de vitalité et de rupture. La soirée s’impose comme un manifeste pour la danse contemporaine, où le langage des corps devient à la fois un instrument d’émancipation et de sublimation des codes.