Folie douce au Studio Hébertot avec Tendresse à quai

Tendresse à quai, mise en scène de Stéphane Cottin, Studio Hébertot

Folie douce au Studio Hébertot avec Tendresse à quai

Un auteur âgé et autrefois récipiendaire du Prix Goncourt observe une jeune cadre dynamique apparemment stressée et assise dans un café de la Gare d’Austerlitz. Ils ne se connaissent pas et pourtant lui semble tout savoir d’elle, jusqu’à son nom, son métier et ses amours. Dans une mise en scène minimaliste de Stéphane Cottin, Henri Courseaux et Marie Frémont inventent et réinventent les vies de naufragés de l’existence qui se raccrochent à leurs rêves et à leur fantaisie pour un voyage aux contours flous où vérité et invention jouent perpétuellement à un jeu de cache cache jusqu’à révéler le sens caché de leurs rapports.

Une fantaisie pleine de charme

Tout l’enjeu de la pièce porte sur les liens qui relient le personnage de Léon avec toutes les femmes de sa vie. Sa femme, sa fille et cette femme de passage rencontrée dans une gare et qu’il prénomme Madeleine apparaissent sous les mêmes traits de la comédiennes pour embrumer un peu plus l’esprit des spectateurs. La vérité du contexte initial se floute petit à petit tandis que l’auteur oublié commence à mélanger les étapes de son existence, comme s’il était en train de l’écrire ou de la réécrire. Tendresse à quai s’amuse à continuellement perdre les spectateurs dans un déroulé ni chronologique ni vraiment rationnel. Les dialogues s’enchaînent jusqu’à perdre le public dans un dédale de délires entre le vieil auteur légèrement atrabilaire et la jeune Madeleine en quête de tendresse. Si l’heure et demie de spectacle souffre de quelques longueurs matinées de redites qui cassent légèrement le rythme, le ton est à la bagatelle et à l’émerveillement. La mise en scène de Stéphane Cottin privilégie l’épure avec deux sortes de carrousel qui dévoilent des décors partiellement dessinés et augmentés de quelques objets. La pièce tourne principalement autour de comédiens qui donnent sans compter, avec un Henri Courseaux qui joue avec la langue et le verbe dans une truculence perpétuelle. Marie Frémont joue longtemps à la jeune biche effarouchée avant qu’un retournement final inopiné ne renverse, une fois de plus, la perspective pour confirmer que rien n’est jamais acquis dans cette pièce insolite. Le texte d’Henri Courseaux mélange poésie et blagues potaches, imparfait du subjonctif et grossièretés grivoises pour encore plus de chausses trappes et un chemin sinueux qui se perd dans le bois sombre de l’imagination décomplexée.

Tendresse à quai exige un lâcher-prise total de la part des spectateurs pour quitter ses certitudes cartésiennes et tenter l’extravagance d’esprits détachés des conventions de ce monde. Adieu les règles et bonjour l’exubérance!

Dates :  du 29 aout au 18 novembre 2018
Lieu : Studio Hébertot (Paris)
Metteur en scène : Stéphane Cottin
Avec : Henri Courseaux, Marie Frémont

NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Jeu des comédiens
Texte
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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