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La confession manquée d’Arthur Dreyfus, « Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui » aux Editions P.O.L

Arthur Dreyfus © Hélène Bamberger P.O.L

Arthur Dreyfus, « Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui » aux Editions P.O.L

Mon Dieu quelle époque ! Il y a quelques mois apparaissait sur les tables des libraires un volumineux Journal dont le titre vaguement inspiré d’un roman de Mauriac semblait contenir toute l’ambition de son auteur : non seulement évoquer sans détour le quotidien de sa vie sexuelle mais révéler à travers elle l’état d’esprit d’une génération, d’une époque, voire d’un siècle. Arthur Dreyfus a-t-il réussi son pari ? D’un point de vue strictement littéraire, force est de constater que non. Après avoir parcouru d’un œil bienveillant les quelque deux mille trois cent quatre pages de cet interminable pensum, nous inclinons à penser que l’auteur peine à rivaliser avec son illustre prédécesseur tant son style de mirliton pêche par une accablante platitude, tant aussi sa manière élémentaire de raconter ne dépasse guère les prouesses d’un lycéen de seconde.

Or le style, disait l’autre, c’est l’homme. Quel genre d’homme est donc Arthur Dreyfus ? Disons que c’est un gay d’aujourd’hui, comme il vous est loisible d’en croiser chaque jour dans notre vaste métropole, un gay bourgeois et intelligent, nanti de diplômes et de privilèges, que rien ne distingue de son alter ego hétérosexuel, le bobo parisien dans la force de l’âge, plus soucieux du périmètre de son appartement et de son avancement social que des lendemains qui chantent. Rien ? Pas tout à fait cependant. C’est que notre garçon d’aujourd’hui, malgré son profil de gendre idéal, est habité par une tyrannique compulsion sexuelle qui vient bouleverser son quotidien et le soustraire bien malgré lui au destin de ses semblables.

Tel est bien le sujet du livre. Habité par le démon du sexe, Dreyfus voit son existence assez banale- existence dont nous ne savons pas grand-chose : que pense-t-il ? à quoi rêve-t-il ? a-t-il des opinions politiques ou religieuses ? – élevée au rang d’un road-movie pornographique qui l’emporte frénétiquement sur les sentiers de la baise où l’application Grindr fait office d’escale régulière. Bien malgré lui, disions-nous. Et c’est bien là que le bât blesse, que ce Journal sexuel s’avère si décevant, morne, conventionnel, et si peu gay au sens étymologique. C’est que notre auteur n’a rien d’un héros ou d’un martyr, d’un poète ou d’un voyou, il n’est qu’un homme ordinaire que la particularité de son économie psychique, l’épanchement de sa libido, précipitent à son insu dans les bas-fonds du sexe, sans qu’il ne parvienne jamais à extraire de ses incursions souterraines la moindre lumière, la moindre connaissance, sans que ne l’effleure jamais le moindre frisson charnel ou amoureux. Ordinaire, la sexualité de l’auteur l’est également au plus haut degré.

Derrière le voile de fumée d’une apparente transgression, Dreyfus apparait comme un fonctionnaire du stupre hanté par le fantasme de la normalité, s’attachant souvent aux formes les plus conventionnelles de la masculinité. Conformément à l’idéologie dominante des réseaux sociaux, jamais un partenaire n’est présenté autrement que par son âge, sa couleur de peau et ses attributs sexuels : « Son corps est musculeux, il a vingt ans, les cheveux extrêmement blonds, joli sexe, trou parfaitement lisse. » Au demeurant, à peine dégrisé de ses frasques libidinales, l’auteur ne manque pas de nous rappeler que s’il ne baise pas comme les autres il tient à penser comme tout le monde : « Je ne suis pas favorable à la pédophilie, je la réprouve… », etc. Quelle grisaille ! Quel vide ! Oui, répétons-le, à quelques exceptions près, sans doute vers la fin du livre où sourd de cette épaisse mélasse un début de clarté, jamais l’auteur ne s’interroge sur lui-même, ni sur l’autre, jamais il n’interrompt un instant sa frénésie sexuelle pour tenter de l’intégrer à un ensemble plus vaste, à une compréhension plus ample de son existence, en dépit d’ailleurs de sa fréquentation assidue du cabinet de l’analyste qu’il semble traiter avec la même versatilité que ses partenaires sexuels : « dans les jours qui suivent, conscient d’être véritablement malade, je me résous à trouver un autre analyste. » Oui, Arthur Dreyfus baise comme il vit, vit comme il baise, et baise comme il écrit : mal, vite et sans éclat.

Que conclure en définitive de cette confession ? Dans L’Homme sans gravité (2002), le psychanalyste Charles Melman avait prophétisé un bouleversement radical de la condition humaine consécutif à l’expansion de l’économie libérale, un effacement de l’ancien sujet hanté par le désir et la faute devant un individu errant, délesté de tout ce qui le rattachait autrefois à l’Histoire, la Loi et l’Utopie. Telle est, à nos yeux, la signification du Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui. Dans ces pages monotones, on retrouve l’individu sans destin, sans règles et sans attaches de nos sociétés actuelles ; l’individu qui ne pense rien, n’éprouve rien, ne regrette rien et ne s’oppose à rien ; que seule la tyrannie du besoin, confondu avec le désir, mène par le bout de son nez. En ce sens, Arthur Dreyfus a bien réussi son pari : son livre est générationnel. Mais s’agit-il encore d’un livre ? Ni œuvre, ni journal, ni document, cette compilation a plutôt valeur de symptôme. Symptôme d’une époque où la Société du spectacle incline à prendre des vessies pour des lanternes, imposant comme œuvre littéraire ce qui n’en possède que le nom. Nous apprenons que la vessie d’Arthur Dreyfus figure en bonne place sur la liste du Prix Médicis. Gageons que le jour de sa proclamation, elle explosera avec fracas à la face du jury.

Editions P.O.L
Date de parution : Mars 2021
Auteur : Arthur Dreyfus
Prix :
37 €

Fin de siècle, un film simple et beau sur les enjeux de notre époque, de Lucio Castro, en salles le 23 septembre 2020

Les premières minutes de Fin de siècle donnent le ton. Un silence assourdissant accompagne les déambulations d’un homme dans la ville qu’il arpente, il semble s’y ennuyer jusqu’au premier eye-contact avec un autre homme. Le film brosse un portrait de notre époque, entre les attentes vis-à-vis d’une relation amoureuse, les enjeux du couple au fur et à mesure que le temps avance et que la tentation d’aventures fugaces devient de plus en plus vivace. Fin de siècle montre aussi la force d’une famille toute dévouée à un petit enfant. Lucio Castro vise large avec de longues discussions faisant entrer dans l’esprit de personnages en quête d’eux-mêmes. C’est pudique et authentique, direct et émouvant avec une chronologie bouleversée par d’incessants allers retours temporels.

Le sentiment à l’épreuve du temps

Ocho (Juan Barberini) est un homme argentin parti en vacances à Barcelone pour faire le point dans un AirBnB. Il a pris la décision difficile mais nécessaire de faire une pause avec son compagnon après 20 ans de relation. Le fil de sa vie défile tout au long du film, entre résurgences de sa vie de couple passée devenue sans passion et la rencontre avec un homme déambulant dans la rue en bas de son appartement. Ce bel hidalgo se nomme Javi (Ramon Pujol) et les deux hommes se rapprochent très vite dans une passion toute animale, et ils discutent encore et encore pour permettre au spectateur d’en savoir un peu plus sur le pourquoi du comment. Car Ocho et Javi ne sont peut-être pas inconnus l’un pour l’autre. La connexion amoureuse et physique entre les deux hommes ouvre un univers large et étendu sur une longue durée, comme pour montrer l’évolution de chacun sur une si longue période, avec des priorités mouvantes et l’érosion des certitudes de la jeunesse à l’épreuve du temps. Le scénario non linéaire fait des bons en avant et des retours en arrière comme pour montrer qu’une relation a besoin de temps pour se construire, mais aussi de solitude pour se décoller de l’autre et mieux se retrouver. En englobant autant la sexualité que la famille et l’introspection, le réalisateur propose une réflexion qui interpelle par sa profondeur sur la société actuelle, loin de tout raccourci ou facilité.

Le film Fin de siècle a été présenté au Festival Chéries Chéris 2019 avec un certain succès que la sortie en salles le 23 septembre 2020 pourrait bien confirmer.

Synopsis: Un Argentin de New York et un Espagnol de Berlin se croisent une nuit à Barcelone. Ils n’étaient pas faits pour se rencontrer et pourtant… Après une nuit torride, ce qui semblait être une rencontre éphémère entre deux inconnus devient une relation épique s’étendant sur plusieurs décennies…

Le grand secret des fleurs (Glénat Jeunesse)

Le grand secret des fleurs (Glénat Jeunesse)

Les éditions Glénat jeunesse nous proposent un album documentaire incroyable : Le grand secret des fleurs.

Vous aimez les fleurs. Elles sont belles, elles sentent bon, mais savez-vous aussi qu’elles nous nourrissent ? Cet album nous explique tout sur la pollinisation et sa magie. Grâce à elle, les fleurs se reproduisent, se transforment en fruits, nourrissent aussi de nombreux animaux… A travers cet album, destiné à la jeunesse, mais au contenu scientifique, vous apprendrez tout sur la chaîne alimentaire dont nous faisons partie, nous humains…

Les enfants vont comprendre l’origine des aliments qu’ils mangent à chaque repas.

La nature est belle, magique et cet album explique toute cette magie, de façon très scientifique, mais à la portée des plus jeunes. Un véritable cours de Sciences Naturelles !

Le grand secret des fleurs est un livre aux illustrations magnifiques, avec de nombreux pop-up, flaps et activités. Un documentaire animé à offrir sans limite d’âge ! Car même nous, adultes, apprenons à redécouvrir la nature autrement, donc à la respecter et à l’aimer !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Mai 2025
Auteur : Deborah Hocking
Illustrateur : Deborah Hocking
Editeur : Glénat Jeunesse
Prix : 13,90 €

Elle s’appelle Salomé (Editions Télémaque)

Elle s’appelle Salomé (Editions Télémaque)

Quel courage a eu la maman de Salomé, Muriel Dotta, pour écrire ce livre avec Sandra Mathieu : Elle s’appelle Salomé. Dialogue autour d’un féminicide.

Sandra Mathieu propose à son amie, Muriel Dotta d’écrire un livre, ensemble, sur le drame qu’a vécu Muriel. sa fille, Salomé, s’est fait tuer par son compagnon, en août 2019. Dans des conditions horribles.

A travers ce livre, sa maman partage non seulement ce que Salomé a vécu, mais quasi ce qu’elle-même a supporté et ce que toute la famille a enduré. Car il n’y a pas qu’une victime, mais une famille entière détruite par un individu !

Salomé était sous emprise. Et sa maman l’analyse très bien à travers ce livre. Quel pouvoir a encore la famille quand on subit une telle emprise ? Aucun ! Et c’est là le drame !
Muriel Dotta veut faire prendre conscience de l’importance des emprises, des drames vécus à cause de ça. Elle participe régulièrement à des interventions autour des féminicides ainsi qu’à des collages de sensibilisation sur les murs des villes…

Son témoignage exceptionnel, et les réflexions et questions pertinentes de Sandra Mathieu, font de ce livre, une petite pépite. La douleur est là, la souffrance extrême est là, mais au-delà de tout ça, Salomé continue à rester vivante à travers ce combat.

Elle s’appelle Salomé est un livre fondamental qui n’explique pas le féminicide mais qui l’aborde de façon profonde et engagée.

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Mai 2025
Auteur : Sandra Mathieu et Muriel Dotta
Editeur : Editions Télémaque
Prix : 18€

La rave party d’Hofesh Shechter possédée par les danseurs de l’Opéra de Paris

La rave party d'Hofesh Shechter possédée par les danseurs de l’Opéra de Paris
« Red Carpet », d’Hofesh Shechter. Photo Julien Benhamou/OnP

La rave party d’Hofesh Shechter possédée par les danseurs de l’Opéra de Paris

C’est une onde de choc. Un souffle collectif. Une fête tribale dans l’écrin ciselé du Palais Garnier. Avec « Red Carpet », sa première création originale pour le Ballet de l’Opéra de Paris, le chorégraphe israélien Hofesh Shechter livre un objet scénique incandescent et percutant, mêlant pulsation organique et sensualité chorégraphique. Un vertige absolu !

Treize danseurs traversent la scène comme possédés par la musique, le rythme, la mémoire et le désir. Dès les premières secondes, les rideaux rouges s’ouvrent sur une image et une salle transfigurée : un quatuor en live installe une texture sonore dense, signée par Shechter et son complice Yaron Engler. Violoncelle, cuivre, contrebasse et batterie fusionnent dans une partition qui évoque tour à tour le free jazz, les cadences méditerranéennes et les nappes électroniques d’une rave en apnée. La musique devient le sol de la danse, son impulsion viscérale et implacable.

Percussions tribales, nappes électroniques, distorsions saturées. À plusieurs reprises, les beats s’arrêtent net, laissant place à un silence coupant, presque plus violent que le tumulte. Le son devient alors un espace mental, une architecture invisible dans laquelle les corps tentent de s’extirper.

Les danseurs de l’Opéra sont époustouflants. Ils sont possédés par le vocabulaire de Shechter. Où dans cette immersion, leurs corps s’ancrent ici dans le sol, lâchent le maintien vertical, et embrassent le désordre avec une physicalité totale et de tous les instants.

Entre glamour et farce grotesque

L’environnement scénique, luxueux et théâtral, évoque les fantômes de soirées mondaines, où les rires cachent parfois des drames intimes. Le lustre qui descend lentement, clin d’œil au Foyer de la danse du Palais Garnier, ajoute une touche de féérie à ce chaos organisé. Les costumes signés Chanel participent à la plastique flamboyante du spectacle, sublimant la gestuelle des interprètes. Car Red Carpet est une fête qui ne craint pas de montrer ses blessures.

Le mouvement, ancré dans le sol, s’exprime par des impulsions fortes, des sauts, des chutes et des rebonds, où chaque danseur semble repousser la terre pour mieux bousculer l’espace. Les corps évoluent en tribu organique, tantôt unis, tantôt en opposition, créant une dynamique de groupe percutante et déstructurée. C’est toute la signature du chorégraphe : une danse organique, physique, volcanique, électrisée de tension, où l’intensité surgit dans l’abandon.

Les interprètes d’une possession tonitruante sont portés par une énergie presque chamanique. Chez Shechter, pas de hiérarchie ni de virtuosité ostentatoire : le collectif prime, pulsant comme un seul cœur. Le geste est syncopé, terrien, nerveux — à la fois ancré et en suspension. Des fragments de folklore, des éclats sensuels, des spasmes presque tribaux construisent un langage corporel profondément physique, habité.

Le plateau et son fondu noir à l’abri de costumes clinquants, podiums mouvants, lustres démesurés, se joue des codes du luxe, de la fête, et de l’apparat. Car derrière les références à la mode et aux années folles, se glisse une esthétique punk et baroque, faite de décalages et de vertiges. L’Opéra devient un cabaret halluciné, un espace à la fois intime et spectaculaire, entre extase, perdition et effondrement.

Mais après l’effusion et dans un silence suspendu, une nouvelle sensation se fait jour où des corps fatigués s’adossent au rideau fermé, le regard tourné vers le public. Pour une vulnérabilité enfin démasquée. Et avant que la danse ne reparte, impulsive, planante, mais comme si la fête devait reprendre autrement et dans une dimension différente.

« Red Carpet » est ici traversé par la mémoire intime de son auteur : les danses populaires de son enfance à Jérusalem, la série Fame, la fête comme échappatoire envers et contre tout. C’est cette matière autobiographique, filtrée par une esthétique brute et démultipliée, qui donne à la pièce sa ferveur singulière. Shechter mêle rage et tendresse, tension et abandon, dans une déclaration d’amour à la scène et à son univers fantasmagorique. Du grand art. 

 Dates : du 10 juin au 14 juillet 2025 – Lieu : Palais Garnier (Paris)
Chorégraphe : Hofesh Shechter

Seinfeld, fini de rire aux éditions Playlist Society, sortie le 12 juin 2025

La série télévisée humoristique Seinfeld a duré 9 saisons et 180 épisodes entre 1989 et 1998. Diffusée sur NBC, elle a été créée par Jerry Seinfeld et Larry David pour un succès rentré dans la légende avec son humour désenchanté. Les personnages récurrents sont 4 amis tourné en dérision par leur vision de la vie peuplée d’angoisses. L’ouvrage de Playlist Society propose une réflexion sur une série apparemment comique mais finalement assez touchante, sorte de précurseur de Friends débuté en 1994. L’action de la série se situe à New York, dans un quartier de l’Upper West Side, au nord-ouest de Manhattan. La série dissèque le quotidien de Jerry Seinfeld, artiste émergent du stand-up new-yorkais. Il côtoie non-stop ses trois amis, son ami d’enfance George Costanza névrosé et malchanceux, son ancienne petite amie Elaine Benes facétieuse, ambitieuse et éternelle insatisfaite et enfin son voisin de palier Kramer loufoque et passablement antisocial mais sympathique et charismatique. L’originalité de la série tient à la façon dont les 4 personnages vivent une existence quotidienne apparemment banale qui multiplie pourtant les situations loufoques. L’ouvrage permet de disséquer les ficelles d’un show qui est rentré dans l’histoire de la télévision américaine et reste encore aujourd’hui le show le plus profitable de l’histoire

Synopsis: Quatre amis discutant de tout, et surtout de rien : à partir de cette simple formule, Jerry Seinfeld et Larry David ont façonné la série Seinfeld, qui durant neuf saisons récoltera récompenses et louanges, au point de devenir la sitcom la plus lucrative de l’histoire de la télévision américaine. Jerry Seinfeld y interprète son propre rôle, celui d’une vedette de stand-up, qui passe le plus clair de son temps à disséquer l’absurdité de la vie avec son groupe d’amis. Traversée de manière souterraine par les angoisses existentielles de ses auteurs, Seinfeld se faufile dans les interstices du quotidien pour dévoiler les vérités cachées sous l’apparente vanité des échanges.

Seinfeld, fini de rire explore cette noirceur à travers la part d’ombre des personnages de la série, le tourment de leur non-existence, leur rapport au vide, à la maladie et à la mort. Autrement dit, l’art de faire rire pour ne pas pleurer.

Hendy Bicaise est critique de cinéma. Il est le cofondateur du site Accreds.fr, coauteur de l’ouvrage Contes de l’au-delà, le cinéma de M. Night Shyamalan (Éditions Vendémiaire, 2015) et auteur de l’essai Le Réalisme magique du cinéma chinois(Playlist Society, 2022).

Editeur: Playlist Society

Auteur: Henry Bicaise

Nombre de pages / Prix: 160 pages / 17 euros

L’instant dansé ou la résonance d’une époque

La Sydney Dance Company frappe fort avec ce double programme présenté à la Villette qui, à travers l’énergie, la physicalité des corps et l’abstraction, témoigne d’une époque.
© Pedro Grei

L’instant dansé ou la résonance d’une époque

La Sydney Dance Company frappe fort avec ce double programme présenté à la Villette qui, à travers l’énergie, la physicalité des corps et l’abstraction, témoigne d’une époque.

« Impermanence », chorégraphié par Rafael Bonachela, s’ouvre sur un écran rectangulaire en fond de scène sur lequel se réfléchira à l’abri d’un effet lumineux saisissant et poétique : la pluie, les cendres et le feu.

Dans cette pièce, Rafael Bonachela juxtapose le beau et la dévastation en explorant la tension vitale entre ces deux sensations, à travers une approche chorégraphique à la fois abstraite et profondément émotionnelle.

La pièce puise son inspiration dans les incendies qui ont ravagé le bush australien et la cathédrale Notre-Dame de Paris, événements où la destruction donne paradoxalement naissance à une beauté singulière, celle de la fragilité, de la résilience et de la transformation.

Fluidité et musicalité du geste

Bonachela, d’une inspiration foisonnante, met en scène cette dualité en utilisant un vocabulaire gestuel et une abstraction d’une grande virtuosité : les corps des 17 danseurs, tantôt unis, tantôt dispersés, dessinent des flux et des ruptures, évoquant la force du collectif comme la solitude de l’individu face à la catastrophe.

La chorégraphie se déploie et vibre comme un organisme vivant entre mouvement de groupe, duos ardents et solos ciselés. Le tout exécuté dans une perfection éclatante.

Tandis que la musique composée par Bryce Dessner, interprétée en direct par le quatuor Zaïde, amplifie cette dualité : elle est tour à tour mélancolique, menaçante, hypnotique, portant la partition d’un monde en sursis. Les tableaux s’enchaînent sur une lumière incandescente et des ciels changeants, jusqu’au final porté par la chanson Another Word d’Anohni, qui délivre sa prière dansante pour un monde en renaissance.

Avec « Love Lock », Melanie Lane toute en audace, réinvente la danse collective avec une force ancestrale, un univers sonore électro tribal et un design visuel qui laisse en mémoire des images puissantes. Et s’affirme comme un manifeste récréatif, une ode à l’amour folk remixé pour un futur enfin reconnecté.

 Dates : du 11 au 15 juin 2025 – Lieu : La Villette (Paris)
Chorégraphes : Rafael Bonachela & Melanie Lane

Dans l’indifférence générale, une BD choc aux éditions la Boite à Bulles

Certaines BD mettent le doigt là où ça fait mal. Dans l’indifférence générale évoque la fin programmée des excès du capitalisme, avec leur cohorte de déchets, de répercussions environnementales et de laisse faire sans vergogne. L’aveuglement ne peut mener qu’à la montée des eaux, à la déforestation et à l’appauvrissement des ressources naturelles. Le dessin très naturaliste montrent les effets délétères du réchauffement global, celui qui entraine sa cohorte de changement climatiques. 208 pages ne sont pas de trop pour faire un point très exhaustif L’histoire, la science et la politique se mélangent dans un déroulé dynamique mené de main de maitre par Roberto Grossi. Une BD à lire de toute urgence pour mieux comprendre les enjeux du désastre environnemental qui se joue. L’auteur en connait long sur le sujet, il a fait ses recherches et le constat est accablant. Si rien n’est fait, c’est la survie même de la race humaine qui est en jeu. Mais les comportements semblent ne pas être du tout sur le point de changer, ce qui pourrait amener très vite l’inéluctable. Ce ne sont pas des rustines dont a besoin la planète, mais une totale prise de conscience globale, ce que beaucoup de pays semblent ne pas être prêts à faire, préférant maintenir le niveau de vie de leur population, même sis cela reste au prix de destructions environnementales massives. La démocratie elle-même est en jeu…

Synopsis: Il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme.

En utilisant toute la puissance de la narration par l’image, Roberto Grossi s’attaque au grand aveuglement de notre époque : les changements climatiques provoqués par l’homme, une menace que nous faisons de notre mieux pour ne pas voir, que nous peinons à comprendre, alors qu’elle met en jeu notre survie même.

Grâce à un récit captivant qui mêle Histoire, science, politique et expérience personnelle, l’auteur nous livre une vision complète de la problématique, révélant la profonde crise démocratique qui se cache derrière ce désastre environnemental.

En co-édition avec ARTE EDITIONS

Editeur: La Boite à Bulles

Auteurs: Roberto Grossi & Maïa Rosenberger

Nombre pages / Prix: 208 pages / 25 euros

Le meilleur de la Cantoche (Bayard jeunesse)

Le meilleur de la Cantoche (Bayard jeunesse)

Les éditions Bayard jeunesse nous proposent un album incroyable pour célébrer les 10 tomes de la Cantoche : Le meilleur de la Cantoche.
Dans ce magnifique album cartonné, avec une couleur pantone et un vernis sélectif gonflant, le jeune lecteur va découvrir ou redécouvrir les meilleurs épisodes ! On adore les illustrations autant que le scénario empli d’humour !

Et cerise sur le gâteau : des interviews dessinées par Nob, qui raconte les coulisses de la série culte.

Pour les 150 premiers achats du livre, une toque de cuisine, un sticker et des cartes de recettes sont offerts ! Offre valable dans la limite du stock disponible.

Le meilleur de la Cantoche est l’album à offrir à vos petits pour les féliciter de leur excellente année scolaire ! Succès assuré !

 

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Mai 2025
Auteur : Nob
Illustrateur : Nob
Editeur : Bayard jeunesse
Prix : 12,50 €

La santé sans ordonnance, du Docteur Olivier Vankemmel (Editions du Rocher)

La santé sans ordonnance, du Docteur Olivier Vankemmel (Editions du Rocher)

Le Docteur Olivier Vankemmel nous propose un livre qui va nous aider à mieux gérer notre corps, et ses nombreux besoins : La santé sans ordonnance.

Chapitre après chapitre, le lecteur va être surpris par tant de vérités très simples que l’on a presque tous oubliées ! Il nous réapprend à prendre soin de nous-mêmes, soin de notre corps.
Les 5 piliers de la santé sont passés en revue de façon très perfectionniste : la respiration, l’hydratation, l’alimentation, le sport et le soleil.

Il nous démontre de façon très simple que c’est facile de faire attention à notre corps. Mais aujourd’hui, nous sommes tellement happés par le tourbillon de la vie, que nous ne faisons même plus attention à des vérités qui restent pourtant fondamentales pour notre organisme.

Vérités aussi simples que celles de bien respirer, de bien mâcher, de bien boire, de faire de l’activité physique, tous les jours, de faire attention au soleil, et au sucre !

Une chose est sûre : ce livre est à la portée de chacun ! Et si vous le lisez, il est évident que vous allez avoir envie de changer vos habitudes. Car elles sont forcément mauvaises, et vous ne vous en rendez pas compte ! Les nombreux témoignages de ce livre sont éloquents. Quelques petits changements ont généré de grandes améliorations de vie chez de nombreux patients.

Il est toujours temps de réapprendre à prendre soin de soi ! A bien respirer, à bien manger, bien mastiquer, à bouger, à gérer son sucre qui se trouve partout… Des vérités très faciles à mettre en place, à n’importe quel âge ! Adopter des bons gestes permettra à votre organisme de se sentir mieux ! Et cela sans médicament, sans régime !

La santé sans ordonnance est réellement un livre qui nous fait prendre conscience de l’importance de notre organisme et de ses besoins. On doit en prendre soin si on veut bien vivre !

Le Docteur Olivier Vankemmel est chirurgien urologue, et également ancien athlète de haut niveau. Sa chaîne Youtube connait un énorme succès : « dr vankemmel »…

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : 4 juin 2025
Auteur : Docteur Olivier Vankemmel
Editeur : Editions du Rocher
Prix : 20,90 €

Une pièce pleine de truculence désenchantée à découvrir au Lucernaire avec Léocadia

Le Lucernaire mélange les époques pour multiplier les inspirations. Léocadia est une pièce de Jean Anouilh créée au toujours présent théâtre de la Michodière en 1940. Et il y a du Ionesco dans ce texte rempli de fantaisie douce-amère interprété avec talent par la Compagnie Les Ballons Rouges.

Une pièce pleine de surprises

4 comédiens et 2 comédiennes forment la petite troupe présente sur scène au cœur d’un décor formé principalement d’un carrousel enchanté. Amanda est une jeune femme appelée pour un emploi dont elle ne sait d’abord rien. Elle découvre rapidement que la Duchesse compte sur elle pour sortir son neveu Albert d’une mélancolie tenace dont il ne parvient pas à se départir. La raison tient à une rencontre furtive mais décisive avec une certaine Léocadia, cantatrice de son état et dont la marque a perturbé pour longtemps le jeune homme qui ne s’en remet pas. S’en suit une quantité de situations alambiquées et caustiques au cœur du petit monde du château de Pont-au-Bronc. Le non sense est longtemps la règle dans une pièce qui enchaine la réparties drolatiques, de quoi enchainer les sourires très amusés sur les visages des spectateurs. Mais la satire des mœurs bourgeoises se transforme rapidement en romance contrariée entre Albert et Amanda, il lui demande de se comporter comme son aimée disparue, elle s’exécute d’abord de mauvais gré avant de comprendre le jeu qui se trame. Pour réussir sa mission, elle doit surtout faire preuve de poigne pour ne pas se laisse enfermer dans le rôle d’un souvenir surtout maussade. 1h30 de spectacle hypnotise l’audience pour un dénouement qui force le respect.

Le moment de théâtre est des plus convaincants et on comprend mieux pourquoi beaucoup de jeunes troupes se lancent dans l’aventure Léocadia tant la pièce enchaine les humeurs sans jamais baisser de rythme. La Compagnie Les Ballons Rouges s’en sort admirablement bien pour emmener toute l’audience dans sa folie douce avec une pièce à découvrir absolument au Lucernaire jusqu’au 27 juillet.

Synopsis: POUVEZ-VOUS M’INDIQUER LE CHEMIN DE LA MER ?

Amanda, jeune ouvrière de la rue de la Paix, arrive au château de Pont-au-Bronc pour chercher du travail, mais c’est un rôle de « souvenir » que lui propose la maîtresse des lieux, la Duchesse d’Andinet d’Andaine. Son neveu le Prince Albert Troubiscoï sombre dans la mélancolie depuis la mort de son grand amour, la cantatrice Léocadia Gardi… Mais que peut une petite modiste face à l’ombre de cet amour perdu ? Montez à bord du carrousel enchanté de Léocadia pour découvrir une mise en scène drôle et onirique d’une des plus jolies pièces du théâtre de Jean Anouilh.

Conte de fées moderne et grinçant, Léocadia nous parle de notre besoin de nous raconter des histoires.

Détails:

Mercredi > samedi 21H | Dimanche 18H

Du 21 mai au 27 juillet 2025, Théâtre Rouge

Comment tu te sens ? de Sophie Kinsella (Belfond)

Comment tu te sens ? de Sophie Kinsella (Belfond)

Sophie Kinsella nous propose un livre complètement bouleversant : Comment tu te sens ? C’est une fiction, mais l’auteure affirme que c’est son livre le plus autobiographique. L’histoire d’Eve c’est son histoire à elle !

Eve a une vie merveilleuse. Elle est autrice au succès planétaire ! Elle a des milliers de fans sur ses réseaux sociaux ! Tous ses livres ont du succès. C’est une femme épanouie, heureuse où tout lui sourit !

Mais un jour, elle se réveille à l’hôpital et n’a aucun souvenir de ce qui s’est passé ! Son mari est à côté d’elle et lui explique à nouveau la situation.

Elle a été opérée d’une tumeur au cerveau, un glioblastome de stade 4. Une tumeur au cerveau. Inguérissable. Avec un pronostic plus que réservé… (ma propre mère a été atteinte de la même tumeur et son combat n’a duré que 3 mois !). Sa mémoire a disparu. Elle doit tout réapprendre…
Quand on sait que cette histoire est la propre histoire de l’autrice, ça donne la chair de poule. Quel courage, quelle force, quelle résilience ! Avec un mari et ses 5 enfants, autour d’elle.
Elle a été confrontée à ce qu’il y a de pire ! Et malgré tout, elle combat et le fait d’avoir écrit ce livre, lui a apporté beaucoup de force. Elle espère donner espoir à tous les malades qui, comme elle, doivent lutter contre la maladie.
Comment tu te sens ? est un livre à offrir aussi bien aux bien-portants qu’aux personnes qui souffrent. Car il véhicule une force de vie hallucinante ! Bravo, mille bravos Sophie Kinsella ! Vous êtes un exemple pour nous tous ! Ne lâchez rien ! Vous êtes invincible !
Les éditions Belfond ont fait un don à l’institut Gustave-Roussy, en soutien à la recherche contre le cancer.

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : 5 juin 2025
Auteur : Sophie Kinsella
Editeur : Editions Belfond
Prix : 17,90 €

Une très belle adaptation du classique de Maupassant avec Bel-Ami au Lucernaire

Le Lucernaire aime à adapter les auteurs classiques. L’histoire de Bel-Ami est connue de beaucoup, le jeune provincial parvenu Georges Duroy fait preuve de suffisamment de séduction et de jugeote pour monter les échelons de l’échelle sociale et enchainer les bons mariages. Doté d’un physique avantageux, il fait chavirer les cœurs et surmonte aisément les obstacles. La compagnie Les Joues Rouges s’en sort admirablement bien pour instiller une bonne dose de dynamisme dans une pièce qui tient en haleine tout du long.

Les ambitions décortiquées

Lorsque les spectateurs arrivent dans la salle, un comédien est déjà assis sur un banc en train de lire rêveusement, s’étonnant de voir certains traverser la scène pour rejoindre leurs places. D’autres le rejoignent pour débuter une partie endiablée de bilboquet, le ton est donné, l’inconséquence de façade cache en fait des rivalités bien réelles. Les 3 comédiens et 4 comédiennes sont à leur aise dans une pièce qui scrute les mœurs politiques et amoureuse de la fin du XIXe siècle. Déjà aperçue dans le grand succès théâtral L’écume des jours en 2022, la compagnie Les Joues Rouges parvient à s’approprier le texte avec talent pour lui instiller une vitalité peu commune. Un narrateur raconte l’évolution des évènements avec truculence. Il déambule sur scène, fume, s’acoquine avec les protagonistes tandis que le comédien en vient à interpréter plusieurs rôles par la grâce de transformations physiques discrètes mais convaincantes. L’interprète de Bel-Ami ne se départit jamais d’un regard sûr et d’un verbe haut. Son personnage ne perd jamais de vue son ambition démesurée de devenir un personnage central de la vie parisienne. Et comme la gente féminine n’est pas insensible à ses charmes, les 4 comédiennes savent y faire pour attirer les regards. La troupe est jeune et pétrie de talent. La mise en scène de Claudie Russo-Pelosi leur laisse toute la place et les quelques accessoires disposés sur la scène du Théâtre Rouge ne servent qu’à les mettre en valeur, ils ne se privent d’ailleurs pas d’en profiter. Chacun des comédiens et des comédiennes sait attirer la lumière lorsque la pièce les met tout à tout au centre de l’attention.

Pas de faiblesses ni de temps mort dans les 1h20 de spectacle que le public applaudit avec force à la fin de la représentation. La pièce est à découvrir jusqu’au 27 juillet, il ne faut pas manquer l’occasion de ressentir une vraie excitation théâtrale devant ce Bel-Ami plein d’audace.

Synopsis: À PARIS, L’AMBITION N’A PAS DE LIMITES

Paris, les années 1880. Jeune provincial sans le sou, Georges Duroy débarque avec l’ambition de se faire un nom. Faisant ses armes au journal La Vie Française, l’opportuniste devient une plume qui fait et défait les réputations. Mais derrière cette façade se cache en vérité un homme aux ambitions sans limites, prêt à tout pour réussir. Dans son ascension sociale, cinq héroïnes vont tour à tour l’initier et l’aider dans sa carrière, oeuvrant dans l’ombre. Séduisant successivement ces femmes influentes, toutes lui attribueront le surnom de « Bel-Ami » et lui permettront de s’élever au-dessus de sa condition.

C’est l’histoire de Georges Duroy ou Bel-Ami pour les intimes…

Création inédite à découvrir pour la première fois au Lucernaire.

Détails:

Mardi > samedi 19h | Dimanche 16h

Du 30 avril au 27 juillet 2025, Théâtre Rouge

Hupo : Le mystère des bois obscurs (Milan)

Hupo : Le mystère des bois obscurs (Milan)

Les éditions Milan nous proposent une nouvelle collection : Les histoires graphiques.

« Une collection d’histoires entièrement illustrées pour tous les lecteurs autonomes qui ont soif d’aventure, de longues histoires et qui ont envie d’images pour accompagner leur lecture. Une mise en page qui alterne de grandes illustrations et des pages dialoguées avec des bulles de BD pour bien accompagner les enfants dans leur lecture. »

Hupo : Le mystère des bois obscurs est un très bel album, avec des illustrations fantastiques ! Les pages sont légèrement cartonnées et le format est idéal pour les jeunes lecteurs. C’est une histoire qui se lit facilement, soit avec le texte soit avec les illustrations. C’est à la fois un album et une BD. Un bel outil pour encourager la lecture autonome de votre enfant. Il arrive une drôle d’aventure à Hupo. Un jour de grand brouillard, il perd son amie, Aletha. Sa vie va alors basculer dans un drôle de monde…

Hupo : Le mystère des bois obscurs est le premier titre d’une série de cette nouvelle collection, qui s’adresse aux enfants dès l’âge de 9 ans !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Mai 2025
Auteur : Billy Partridge
Illustrateur : Billy Partridge
Editeur : Glénat Jeunesse
Prix : 12,90 €

Du théâtre total avec Le Penseur au cœur de l’atelier de Rodin au Lucernaire

Le Lucernaire laisse toute la place à Jean-Baptiste Seckler pour adapter, mettre en scène et interpréter le rôle de Rodin dans cette pièce qui permet de découvrir les mots de l’illustre sculpteur, peut être le plus illustre du XIXe siècle avec des œuvres rentrées dans la légende. Le Penseur donc, Balzac, Victor Hugo, quelques pièces de faux marbre habillent la scène avec un écran pour projeter d’autres pièces. Avec une barbe et un faciès rappelant Orson Welles dans Monsieur Arkadian, le comédien électrice le public, autant avec ses mots qu’avec ses longs silences, car il montre l’artiste au travail, concentré, exigeant, minutieux dans chacun de ses gestes.

Une pièce comme un regard intime sur l’artiste

Dès l’entrée dans la salle Paradis, l’artiste est sur le pied de guerre. Il sculpture un visage féminin qu’il est aisé de deviner être celui de Camille Claudel. Il sculpte la matière, il dessine, le comédien l’explique lui-même à la fin de la pièce, il a commencé par le dessin, puis la sculpture, avant de prendre des cours de théâtre. Choix gagnant quand on sait qu’il interprète Cézanne dans le récent La venue de l’avenir de Cédric Klapisch toujours visible en salle. Avec son regard pénétrant et sa barbe imposante, il pourrait bien devenir un visage récurrent de la scène culturelle hexagonale. La pièce Le penseur au cœur de l’atelier de Rodin est une vraie déclaration d’intention. Le comédien l’a échafaudé tout seul, de A à Z, et il n’est pas permis de douter de son talent dans le jeu et dans l’exécution artistique. Son ébauche du visage d’Hugo imagine un regard intense tel celui du célèbre Ange déchu d’Alexandre Cabanel avant de faire finalement apparaitre le visage de l’illustre écrivain. Entre chaque monologue, des regards, des postures, le comédien habite la scène et hypnotise les spectateurs. Quelques musiques accompagnent le comédien, le beau Danube bleu ou Peer Gynt, de quoi apporter une dimension supplémentaire à l’intensité physique déjà perceptible sur scène.

Il faut aller au Lucernaire pour entendre les mots d’hommes illustres (comme dans la pièce consacrée à François Truffaut) dans la bouche de comédiens passionnés. La pièce se joue jusqu’au 27 juillet, encore du temps pour découvrir ce moment de théâtre total.

Synopsis:

DANS L’INTIMITÉ DU PÈRE DE LA SCULPTURE MODERNE

Une heure d’euphorie, de dessin et de sculpture en live, dans l’atelier d’Auguste Rodin, entouré de son peuple de statues. Rodin dessine le modèle, sculpte sa Camille, défend son Balzac ; se souvient de l’Italie, Ghiberti et Michel-Ange ; de L’Age d’Airain, de l’accusation de moulage sur nature et de Victor Hugo qui ne veut pas poser. Il parle de sa Porte, expose sa technique et son étude méthodique des profils ; s’enthousiasme pour Dante, Rembrandt, Baudelaire et le Non Finito. Un voyage dans le temps, dans l’esprit et le cœur du maître, un Rodin amoureux, intime, qui s’émerveille de la beauté des êtres et vibre au rythme de la nature.

On connaissait Le Penseur de Rodin, voici Rodin le penseur…

Détails:

Du 28 mai au 27 juillet 2025, Salle Paradis

Mercredi > samedi 19h | Dimanche 15h30

« L’Effet Miroir » passé au crible sous le regard singulier de Léonore Confino

"L'Effet Miroir" passé au crible sous le regard singulier de Léonore Confino
© Fabienne Rappeneau

« L’Effet Miroir » passé au crible sous le regard singulier de Léonore Confino, sur France 4

Avec L’Effet miroir, Léonore Confino signe une pièce singulière où son écriture à la lisière du fantastique et de l’absurde, cohabite allègrement avec la comédie de boulevard, n’hésitant pas à déstabiliser le spectateur. Une réussite.

Théophile est un auteur à succès en manque d’inspiration. Jusqu’au jour où il retrouve l’élan de l’écriture et achève un conte philosophique, peuplé de créatures marines, au récit très éloigné de la commande littéraire et commercial attendue.

Car à travers cette histoire d’oursins, de sirènes, de crevettes, tout droit sortie de son imaginaire et miroir transgressif de l’inconscient, ces proches croient pouvoir se reconnaitre dans cette faune aquatique qui leur est hostile, faisant alors exploser la fausse harmonie conjugale et familiale existante.

Des reflets psychanalytiques 

Une déflagration qui est propice à une cascade de situations ubuesque et de joutes verbales qui font voler en éclat les non-dits et les secrets, tout en renvoyant les protagonistes à leurs névroses, leurs actes manqués, leurs peurs, leurs frustrations et leurs désirs inavoués.

Cette part d’ombre et double qui traverse alors chacun des personnages et dont le miroir du XVIIe siècle acheté une fortune par Théophile, qui trône au centre de la pièce, constitue la métaphore et interroge aussi la projection d’un surmoi et de sa représentation revisitée par les autres. Tout un programme !

La mise en scène inventive et esthétisante de Julien Boisselier s’orchestre entre chien et loup à l’abri d’un ton décalé et surréaliste. Elle fait la part belle au jeu des comédiens qui s’en donnent à cœur joie et à une atmosphère aussi étrange que suspendue à cette embardée folle et introspective.

Les quatre comédiens : François Vincentelli, Caroline Anglade, Jeanne Arènes et Eric Laugérias sont formidables d’ambiguïté et de révolte trop longtemps intériorisée.

Date : 8 juin 2025 sur France 4 à 22h25
Metteur en scène : Julien Boisselier

“La Tendresse” explosive de Julie Berès

"La Tendresse" explosive de Julie Berès
La Tendresse © Axelle de Russé

« La Tendresse » explosive de Julie Berès

Être un homme ? Comment résonne cette question aujourd’hui dans un monde encore très marqué par le patriarcat ? et en pleine ère #MeToo ? Face au public, huit jeunes interprètes racontent avec une sensibilité rare leurs colères, leurs hésitations et leurs fragilités. Ils dessinent une série de portraits subtils et poignants où se lit la difficulté, et parfois la honte, d’être un homme.

Sur scène, c’est avec fracas que le modèle de la masculinité est remis en question : par la véhémence de la parole, mais aussi par la danse, les modèles sont déconstruits. Et au fur et à mesure la parole se délie, chaque jeune évoque tour à tour son expérience intime. Le rapport à la paternité, au corps, à la séduction, aux filles et aux garçons sont abordés.

Dans ce tourbillon, les acteurs, exceptionnels, laissent jaillir leur vérité pour inventer, peu à peu, d’autres discours, loin des injonctions sociales et remettre en cause les modèles qui façonnent insidieusement le masculin, mais aussi les milieux dans lesquels les inégalités et les violences subsistent. Les interprètes se souviennent de brimades dans les vestiaires, de violences ordinaires, d’insultes homophobes dans la cour d’école ou d’une éducation familiale rigide et patriarcale.

Corps à corps 

D’une scène à l’autre, les protagonistes dans un mouvement choral et une énergie folle, se défient, se chahutent, se consolent, se dévoilent, se confrontent aux injonctions viriles qui les étouffent.

Élaboré à partir d’entretiens et de paroles collectées, le texte écrit à plusieurs mains par Julie Berès, Kevin Keiss, Lisa Guez et Alice Zeniter, retranscrit une parole incisive qui évite tous poncifs, discours éculés et leçons de morale.

L’espace du plateau devient alors un lieu performatif qui embrase les corps et cristallise des histoires individuelles, le tout dans un emportement poétique et transgressif, où entre fureur et intimité, entre choeur, solo et battle, l’adresse au public est puissante.

Dans ce ballet survolté aux allures sauvages, la mise en scène de Julie Berès frappe fort et juste. Elle fait la part belle à une orchestration rythmique du texte emmené par le chœur et les solos dont les affrontements se répondent et s’enrichissent mutuellement. Tandis que la théâtralisation des corps à l’unisson se joue du masculin et de sa déconstruction, ouvrant de nouvelles voix/voies pour les hommes.

Dates : 25 avril au 15 juin 2025 – Lieu : Théâtre des Bouffes-Parisiens (Paris)
Metteur en scène : Julie Berès

Carte Blanche à Ovidie sur TËNK avec 3 films à découvrir jusqu’au 27 juin)

TËNK invite la réalisatrice et autrice Ovidie à programmer une carte blanche, sobrement intitulée Ovidie programme. 3 films assez rares sont accessibles sur le site pour des découvertes fortes en émotion sur fond d’adolescence mal à l’aise et remplie de questionnements. Les questionnements intimes abondent, un spleen adolescent incessant traverse les 3 films à découvrir sur TËNK jusqu’au 27 juin.

Synopsis: Il y est question de connexion, encore, avec Girl Gang. L’histoire de Leonie, jeune influenceuse de 14 ans qui découvre ce que c’est que d’être poursuivie par des hordes de fans. Qui découvre le métier, pourrait-on dire, guidée, coachée, « gérée » par ses parents. Une poule aux œufs d’or filmée sur la durée par Susanne Regina Meures, avec douceur et compréhension. Ovidie nous raconte qu’elle a vu le film avec sa fille de 16 ans : « quand j’ai vu le malaise sur le visage de ma fille au moment où les lumières de la salle se sont rallumées, je me suis dit que ce film faisait mouche, qu’il provoquait en nous une avalanche d’émotions contradictoires entre fascination, amusement, peur et surtout compassion pour le personnage principal ». À ce jour, 1,5 millions de personnes suivent Leonie sur TikTok.

Ovidie programme ces films, qui ont à voir avec la mise en scène de soi : « Les adolescentes influenceuses ne vendent évidemment pas la même chose que les travailleuses du sexe d’internet. Et pourtant, ces deux activités ont bien plus en commun qu’il n’y paraît. Se mettre en scène, produire un maximum de contenus pour être référencée, maîtriser la magie des algorithmes est une profession à part entière où se côtoient exigence et fatigue ». Télétravail du sexe est réalisé par Carmina et Prune : « un film sur et par les principales concernées, celles que l’on juge trop sottes ou trop aliénées pour produire de la pensée ». En faisant témoigner d’autres travailleuses, elles abordent non seulement le sexe, mais aussi l’envers du décor : empouvoirement, harcèlement, création artistique, impôts, stigma… « Car finalement, ce n’est pas de sexe qu’il est question mais plutôt d’une profession où on passe plus de temps le nez dans les algorithmes et l’auto-branding que nue sur un lit ».

Enfin, soyons punk, avec The Punk Syndrome. Du bruit, de la fureur, avec le plus célèbre groupe punk finlandais, Pertti Kurikan Nimipäivät, qui rassemble quatre individus souffrant de troubles mentaux. Et laissons parler Ovidie : « J’ai découvert cette pépite finlandaise il y a une bonne douzaine d’années, lorsque j’étais membre du jury du Fifigrot (Festival du film grolandais). Je me souviens de délibérations chaotiques, étant la seule personne autour de la table à ne pas être morte-saoule. Je me rappelle qu’il y avait eu débat de poivrots autour de ce qui était punk ou pas, si le punk était réellement mort ou non. Alors que pour moi, Pertti est l’incarnation-même du punk. Il veut abattre ce qui l’opprime, il refuse le narratif de l’autiste soumis aux autorités psy. Il se fiche éperdument de ce qu’on pense de lui. » Un autre type d’influenceur, Pertti !

Catherine, album jeunesse (Bayard Jeunesse)

Catherine, album jeunesse (Bayard Jeunesse)

Les éditions Bayard jeunesse nous proposent une drôle d’aventure avec le très bel album : Catherine.

Cet album nous raconte la vie d’une limace, Catherine. Elle est jalouse de Valérie, l’escargot, beaucoup plus belle qu’elle. Et tellement élégante. Elle se crée une carapace et est trop contente. Mais que c’est lourd ! Et comme Valérie se moque d’elle ! Elle reconnait que quelquefois, ça a du bon de ressembler à une crotte de poule ! Ca peut même lui sauver la vie !
Les illustrations sont superbes, très colorées et rigolotes ! Autant que le scénario !
Catherine est un très album jeunesse, plein d’humour, de la collection « Môme ». A offrir à nos tout jeunes lecteurs !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Mars 2025
Auteur : Émilie Chazerand
Illustrateur : Marion Cocklico
Editeur : Bayard jeunesse
Prix : 11,90 €

Mission espace avec Thomas Pesquet : Agenda 2025-2026 (Flammarion jeunesse)

Mission espace avec Thomas Pesquet : Agenda 2025-2026 (Flammarion jeunesse)

Votre enfant a besoin d’un agenda pour la prochaine rentrée scolaire ?
Qu’il soit à l’Ecole, au Collège ou au Lycée, l’agenda de Thomas Pesquet est pour lui ! 
Une page entière par jour d’école ! Très belle qualité de papier, couverture cartonnée souple et photos spectaculaires.
C’est un magnifique agenda qui vient de sortir avec des photos toutes plus belles que les autres !
Thomas Pesquet va accompagner votre enfant, de façon ludique et pédagogique ! Non seulement il va pouvoir admirer les photos de Thomas Pesquet, mais il pourra aussi devenir savant grâce aux petites fenêtres : « Le sais-tu ? », aux nombreux quiz et jeux proposés chaque jour de l’année ! Le lecteur va apprendre encore davantage sur la vie des astronautes et leurs fabuleuses missions ! Et il fera un tour du Monde à bord de la Station spatiale internationale.
Alors, n’hésitez pas pour le choix de votre futur agenda : Mission espace avec Thomas Pesquet : Agenda 2025-2026 ! Une valeur sûre ! Merci Thomas ! L’année 2025-2026 sera forcément belle !

Les droits d’auteur de cet agenda sont reversés à l’association humanitaire Aviation Sans Frontières.

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : 4 Juin 2025
Auteur : Thomas Pesquet
Illustrateur : Thomas Pesquet
Editeur : Flammarion Jeunesse
Prix : 9,95 €

Dahlia Dumont dévoile son nouvel album Fantasia chez Single Bel

La chanteuse / auteure / compositrice / musicienne Dahlia Dumont est une vraie apparition, un ovni dans l’univers très standardisé de la pop hexagonale, elle ne se refuse aucune fantaisie, ce qu’elle clame haut et fort avec le titre de son nouvel album paru sur le label Single Bel.

De la pop enchanteresse

Premier sentiment à l’écoute de Fantasia, que c’est bon de voir ravivé les sonorités enchanteresses des années 80, sucrées, colorées, sensuelles. L’artiste a trouvé l’inspiration dans ses voyages entre la France et le Sénégal, officiant actuellement dans 2 groupes entre Paris et New York. Fantasia est déjà son 3e album, sans qu’on ait jamais pu entendre son nom nulle part. Franco-américaine, Dahlia Dumont chante dans ses 2 langues natales et touche à tous les genres. Le premier titre Betty II chanté en anglais est déjà sorti en octobre 2024 et prouvait la puissance de sa voix pour un titre proche de l’univers de la comédie musicale avec un clip montrant plein de gens tapant dans les mains. Le titre Stalker est plus marqué par des influences électro-pop avec la voix omniprésente de la chanteuse. Semi-Automatic Trinket (Take It!) est un morceau rythmé qui fait bouger le popotin. SickMess est un morceau plus soul, avec la voix bien en avant qui tient en haleine pendant près de 5 minutes. Le titre éponyme de l’album, Fantasia, fait enfin entendre des textes en français, le sujet est très intime et parle de fantasmes, justement, ce que l’accent english de la chanteuse soutient avec moult bruits étranges qui sont sourire de plaisir. Wishing well revient dans la légèreté, Consent se veut plus grand guignolesque, ave son refrain entêtant. The Walls change de registre avec une proposition autour du piano et de la voix pour un déluge d’émotion. Crossing to Brooklyn est un morceau un peu soul chanté en duo avec la voix très masculine et justement très soul de Zaí XP pour un moment en apesanteur. Deuxième titre en français, Opossum ressemble à un morceau jazz des années 50. Enfin Oblivion II est plus ludique, de quoi cloturer un album à réécouter rapidement.

Dahlia Dumont ne fait vraiment rien comme tout le monde, elle multiplie les propositions pour un album multiple et addictif. Peut être sera-t-il possible de la découvrir prochainement sur scène, ce serait un beau cadeau.

Le fil de nos vies, d’Alexandre Marcel (Michel Lafon)

Le fil de nos vies, d’Alexandre Marcel (Michel Lafon)

Alexandre Marcel nous propose une jolie histoire avec son dernier livre : Le fil de nos vies. Si vous ne connaissez pas Alexandre Marcel, vous connaissez peut-être son pseudonyme : Papa Plume. Il publie des posts, passionnants, sur la parentalité sur les réseaux sociaux…

Mais dans son livre, il ne s’agit pas directement de parentalité, mais plutôt d’une jolie histoire familiale. C’est l’histoire de Léo. Il a juste vingt ans, et semble avoir un réel don ! Il est passionné de dessin et de haute couture… Et c’est son ex-petite amie qui va le pousser dans cette direction. Mais son père rêve de léguer son magasin de sport à son fils…

Rien ne sera facile, ni évident pour Léo, surtout à partir du moment où il est témoin d’une scène qui va le traumatiser et le culpabiliser… Il aurait dû réagir… Pourquoi n’a-t-il rien fait ?

L’auteur analyse bien les sentiments de Léo, en toute honnêteté. Aussi bien au niveau professionnel qu’au niveau personnel. Il doit affronter la maladie de sa maman, ses difficultés au bureau, les mensonges … Le nouveau milieu de la mode… Tout est nouveau pour lui !

Le fil de nos vies, d’Alexandre Marcel parle de l’amour filial, mais aussi de l’amour naissant entre deux jeunes gens, avec beaucoup de pudeur. Un joli moment de lecture !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Avril 2025
Auteur : Alexandre Marcel
Editeur : Michel Lafon
Prix : 19,95 €

« Marius » : haut les cœurs avec Joël Pommerat

« Marius » : Haut les cœurs avec Joël Pommerat 
Photo Agathe Pommerat

« Marius » : haut les cœurs avec Joël Pommerat 

Le texte de Pagnol est aujourd’hui revisité par Joël Pommerat et ses comédiens, dont trois détenus sortis de prison ont rejoint sa troupe.

Dans cette nouvelle version proposée par Pommerat, la légèreté et la candeur originelles cèdent la place à une vérité plus sociale, plus âpre, plus existentielle, qui se nourrit notamment du travail de création théâtrale que le metteur en scène mène depuis dix ans dans une prison française.

Enrichi de l’expérience, de la vie et de l’imaginaire des interprètes, le texte de Pagnol, librement réadapté, se charge d’interrogations humaines profondes, troublantes et captivantes.

S’il garde le contexte marseillais, Pommerat l’ancre dans le monde contemporain avec ses violences sourdes qui scrutent sans relâche les conflits intérieurs et la complexité des relations humaines.

Aujourd’hui, César tient une boulangerie-sandwicherie, Fanny travaille dans un salon de coiffure et Panisse possède des magasins de scooters.

Comme chez Pagnol, la pièce raconte l’histoire d’un homme tiraillé entre son devoir de fils, son amour pour une femme et un désir irrépressible de vivre une autre vie que la sienne.

Marius voudrait prendre le large, mais il se résigne à rester pour aider son père, César, à la tête d’une affaire mal-en-point. Avec Fanny, une coiffeuse du quartier, ils vivent une histoire d’amour en pointillé qui peine à se concrétiser pleinement.

Une vérité humaine

À la manière d’un conte initiatique si propre à l’écriture de Pommerat, le spectacle nous confronte à des questions essentielles : qu’est-ce que réussir sa vie ? Est-il possible de tout recommencer ? La fuite est-elle raisonnable ? L’amour d’un père est-il toujours émancipateur ?

Une vérité humaine qui sonne juste, là où le geste de mise en scène de Pommerat, révélateur de son histoire de théâtre, n’est pas seulement de raconter la société ou le politique, mais aussi d’habiter un univers sensible : plateau dépouillé tout en étant naturaliste, vérité des acteurs, mise en valeur de la parole et du corps du comédien dans l’espace scénique mais solitude de ces corps ou du groupe, utilisation d’extraits musicaux qui impriment une étrange mélancolie et un échappatoire.

On y devine le mystère, l’intranquillité, la solitude et un présent aussi inaccompli qu’immobile.

L’humour y affleure sans cesse, notamment dans les rapports entre les personnages et la fameuse partie de cartes propice, entre joueurs du quartier, à des échanges épiques et roublards.

Dans ce théâtre narratif et de silence, les comédiens, d’une pudeur rare, imposent un jeu sans ostentation. Un jeu qui teinte à nul autre pareil la fiction du réel, jusqu’à frayer au plus près d’un théâtre d’émotions et de vérité extrême, entre humanité, tendresse et gravité mêlées. Des comédiens d’une intensité inouïe.

Dates : du 10 au 11 juin – Lieu : ll’Avant Seine (Colombes)
Mise en scène : Joël Pommerat




Le Terroriste, un grand film sur la lutte antifasciste en DVD le 4 juin 2025 (Rimini éditions)

L’illustre acteur et militant politique italien Gian-Maria Volonte incarne le personnage du Terroriste. Ce n’est pas un homme sorti des bas-fonds mais plutôt un intellectuel en lutte contre tous les fascismes pendant la seconde guerre mondiale. Il combat aussi bien les fascistes allemands que les fascistes italiens pour une réflexion sur la relativité des actions de chacun.

Un film à découvrir

Le style néoréaliste de Bosio montre les activités d’un groupe de résistants dans une Venise occupée. L’action du film se déroule à Venise où le personnage principal Braschi perpètre des attentats contre les autorités de l’époque, troupes allemandes ou les troupes italiennes pro-nazies. Ces actions a priori légitimes remontent aux oreilles des dirigeants de la résistance et en viennent à gêner les composantes politiques italiennes, considérant ces actes comme nécessaires ou au contraire irresponsables. La question de l’engagement est au centre du récit avec toutes ces déclinaisons, l’activisme clandestin de beaucoup est la norme comme pour Braschi le Terroriste intellectuel appelé ‘l’ingénieur », intransigeant et radical. Ce combat n’est pas sans prix, sacrifiant des otages pris au hasard par les forces allemandes. Le réalisateur Gianfranco de Bosio préfère la sobriété réaliste et austère à l’action continue ou le ton de film de guerre. Le film se veut un témoignage intérieur d’une période marquée par les turpitudes intérieures et les exactions. La mise en scène et les choix formalistes du réalisateur aboutissent à une esthétique fascinante, surtout dans le contexte des rues vénitiennes couvertes d’un ciel perpétuellement grisâtre. L’architecture de la ville visitée aujourd’hui par des millions de touristes est vidée d’une population terrée dans les habitations au cœur d’une époque tourmentée. La ville n’est plus pittoresque mais lugubre, presque sinistre. La silhouette noire du héros hante les rues, le regard perpétuellement jeté vers l’arrière pour vérifier qu’il n’est pas suivi. La belle Anouk Aimèe n’apparaît que dans le dernier quart d’heure du récit, c’est bien triste.

Le Terroriste mérite d’être découvert ou redécouvert pour un grand moment de cinéma introspectif.

Synopsis:

Venise, hiver 1943. La Résistance italienne prépare une attaque contre le siège de la Kommandantur. Un homme, surnommé l’Ingénieur, joue un rôle central dans ce plan.

La Règle du Jeu, le chef d’œuvre de Jean Renoir à découvrir en édition collector 4K + 2 Blu-Ray et en édition DVD le 4 juin 2025

La règle du jeu est considéré en 2025 comme un classique du cinéma français, un des plus grands films de tous les temps. Il fut pourtant mal accueilli lors de sa sortie en 1939, le temps qui passe a contribué à le placer au panthéon du cinéma français.

Un classique du cinéma français

La règle du jeu mélange des tons souvent inconciliables, farce, comédie, drame et tragédie pour un résultat hypnotisant. L’action se situe dans un château de Sologne où maitres des lieux, invités et domestiques vivent l’intrigue chacun à sa manière. Le ton peut rappeler des auteurs classiques comme Marivaux ou Beaumarchais pour préfigurer les sinistres évènements à venir qui contribueront à rebattre les cartes d’une société en pleine décadence. Par exemple, le personnage du marquis fait l’éloge d’un libertinage respectueux pour ne pas rendre les femmes malheureuses. C’est la société toute entière qui est critiquée, y compris la bourgeoisie mais pas seulement, la règles de société se basent beaucoup trop sur le paraitre plutôt que la valeur réelle, le mensonge prenant le pas sur la vérité. Les intrigues sont constituées de chassé-croisé amoureux, avec des personnages féminins inconséquents ou passionnés. Renoir a choisi ces vers en exergue du film non sans raison au sujet des règles que la société s’impose dans les rapports entre hommes et femmes et la façon dont on s’en acquitte ou pas. La mise en scène est maîtrisée de bout en bout, les plans sont de toute beauté et la distribution est prodigieuse avec Dalio, Carette, Dubost et Modot, tout une époque.

Le film est à découvrir en édition collector 4K le 4 juin, et ce n’est pas un évènement anodin. Les bonus sont nombreux et variés, de quoi se laisser aller à un plaisir cinématographique rare.

Synopsis

Accueilli en héros à l’aéroport du Bourget, l’aviateur André Jurieux, qui croule sous les acclamations du public, est pourtant écœuré. Lui qui vient de traverser l’Atlantique dans le seul but d’impressionner la belle Christine de La Chesnaye est dépité de ne pas la trouver à son arrivée. Son ami Octave, compatissant à son chagrin, tente de lui remonter le moral en le faisant inviter dans un château en Sologne. Son propriétaire, Robert de La Chesnaye, un marquis volage marié à la frivole Christine, s’apprête en effet à y donner une partie de chasse suivie d’une fête aussi somptueuse qu’endiablée.

Contenu et Bonus

Master 4K
Édition collector limitée
Contient :
– le 4K Ultra HD du film
– le Blu-ray du film
– un Blu-ray de bonus
– le livre « La Règle du jeu – Le Dessous des cartes » rédigé par Charlotte Garson des Cahiers du Cinéma (64 pages)
– 4 reproductions d’affiches format cartes postales

Dans la peau, un film de danse et de banlieue à découvrir en salles le 4 juin

Le réalisateur Pascal Tessaud raconte une histoire de rédemption en plein cœur du microcosme marseillais, plein de bruit et de fureur. Le jeune Kaleem sort de prison où il a purgé une peine de 5 ans, il veut changer de vie et trouver une activité honnête, encouragé par sa famille et des sentiments amoureux qui jaillissent Marie, une mystérieuse architecte d’origine grecque. Le film montre en quoi consiste le krump, danse libératoire et éruptive.

Un film comme une thérapie

Le petit monde marseillais sert de background à cette histoire de rédemption. Le style nerveux et coloré du réalisateur porte un parti pris formel fait de métissage, jusqu’à se demander si le film n’est pas un documentaire. Les scènes de danse cohabitent avec une ambiance de film noir, entre Thriller et drame social avec également une pointe de comédie romantique. Les quartiers Nord de Marseille sont remplis d’une rage exprimée avec un langage cru et des invectives à l’emporte pièce pour figurer la violence sous-jacente des rapports sociaux. La caméra semble rôder dans des paysages urbains assez peu souvent montrés au cinéma pour montrer les destins de personnages bien obligés de s’inventer leurs propres rêves pour tenter d’exister. Kaleem veut danser et exprimer avec son corps ses tourments intérieurs. Pour cela, il veut créer une salle de danse multisports. Les scènes de danse sont accompagnées par une bande originale faite de rap et de hip-hop, très rythmée et bien intégrées à l’ambiance très crue du film. La vie dans cet environnement se passe de nuit et de jour, avec du bruit, de l’indiscipline et des émotions à fleur de peau. Les scènes de danse rassemblent des acteurs de la scène krump marseillaise, et le réalisateur laisse toute la place aux membres de associations phocéennes pour exprimer leur créativité.

Le film est à découvrir dès le 4 juin en salles pour se plonger dans un monde d’énergie et de rêves à réaliser.

Synopsis: De retour à Marseille, Kaleem revient vivre dans les quartiers Nord, à la Cité de la Savine. Il travaille sur les chantiers tout en rêvant de vivre de sa passion pour la danse. Marie, une jeune architecte, découvre la ville et ses cultures. Leur rencontre inattendue devient vite une histoire d’amour tumultueuse dans cette ville multiculturelle mais socialement divisée.

La ballade magique de Baumerine : Toute une montagne (Glénat jeunesse)

La ballade magique de Baumerine : Toute une montagne (Glénat jeunesse)

Toute une montagne est le 1er tome d’une nouvelle série : La ballade magique de Baumerine. C’est une très belle histoire ! Le grand-père de la petite souris, Judith, est tombé malade. Et pour le sauver, il faut aller chercher une fleur tout en haut de la montagne ! Jamais Judith ne va y arriver ! C’est tellement loin ! Elle va demander de l’aide à Piglou, puis à Brownie, puis au Grozome… Et tous ensemble, étape après étape, en marchant longtemps et en chantant, ils arrivent à relever le défi !
Très jolie histoire, avec une très belle « morale » !

Les illustrations d’Anne Montel sont tellement belles, faites à l’aquarelle, avec de multiples détails ! Les décors sont fantastiques et un peu décalés ! Bref, une pépite !

La ballade magique de Baumerine, Toute une montagne est une très belle série à conserver et à suivre !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : 21 Mai 2025
Auteur : Loïc Clément
Illustrateur : Anne Montel
Editeur : Glénat Jeunesse
Prix : 12,90 €

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