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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

« Shazam », le patchwork très accompli de Philippe Decouflé

Philippe Decouflé revient avec une pièce emblématique de son répertoire qui a marqué l’histoire de la compagnie. "Shazam" – abracadabra en anglais – est un précipité chorégraphique et visuel qui convoque sur une musique interprétée en live, tous les arts : mime, danse, magie, cirque, théâtre, et cinéma. Décomposé en 18 tableaux, on assiste à un ballet/cabaret hypnotique et burlesque où les séquences dansés, les illusions optiques et les jeux de miroirs s’enchainent à l’envi et avec brio.

« Faust » le deal parfait de Tobias Kratzer avec le diable !

L’opéra de Gounod revisité par le metteur en scène allemand Tobias Kratzer est une réussite totale. On y retrouve le vieux Faust en quête de jeunesse éternelle, mais celui-ci (le ténor français Benjamin Bernheim) en appelle à Satan (Christian Van Horn) par lassitude de payer des call-girls. Il vend donc son âme au diable dans l’espoir de gagner l’amour d’une Marguerite (la soprano Ermonela Jaho) qui danse en boîte de nuit ou se retrouve dans le métro. Une relecture qui fait écho à la relecture du Faust de Goethe par Charles Gounod, qui ancre les raisons de la vente de son âme au diable dans la recherche de l'amour et de la jeunesse plutôt que dans la volonté de connaissance dans l'esprit faustien allemand.

Une plongée en absurdie : hilarante ! sur C8, le 2 juillet 2022

Sébastien Thiéry, comédien, est aussi auteur de pièces de théâtre où son écriture portée plutôt vers l’absurde et affranchie de toute morale, cohabite avec la comédie de boulevard, n’hésitant pas à déstabiliser le spectateur. C’est à une une crise d’identité aussi kafkaïenne que loufoque que nous convie Sébastien Thiéry avec un couple Jean-Claude et Nicole Bélier qui va devenir à l’insu de son plein gré, Henry et Nadine Schmitt !

Le retour gagnant de la compagnie du Zerep / Sophie Perez, olé ! 

Avec la meringue du souterrain, leur nouvelle création, ils expérimentent le théâtre qui ne se jouerait que dans les salles vides et où la scénographie invasive déborde de toute part pour se répandre dans la salle car il n’y a pas de spectateurs. Un traquenard esthétique et scénique où une représentation, sortie de nulle part, émerge et s’élabore à travers des apartés (chantés parfois) sur un ton vif, subtil, transgressif, créatif, mélancolique et poétique.

Angelin Preljocaj joue avec la gravité : planant

Elle est invisible, impalpable et imma­nente. Qui ? La gravité bien sûr, cette force essentielle que le chorégraphe Angelin Preljocaj questionne avec brio dans son ballet pour treize danseurs.

« Nosztalgia Express », le voyage psychédélique et enlevé de Marc Lainé 

Marc Lainé continue de jouer avec les récits archétypiques de la culture populaire dans une enquête haute en couleur et des décors d’inspiration sixties de toute beauté en s’amusant donc, cette fois, à mélanger les genres. Avec sa galerie de personnages décalés, "Nosztalgia Express" oscille entre le roman d’espionnage et la comédie musicale pop, et fait entrer en collusion fiction intime et grande histoire. Au fil d'une intrigue qui se joue de Paris à Budapest entre 1956 et 1968, au moment où l’utopie communiste se fissure, la pièce déploie un scénario gigogne dans lequel présent, flash-backs, faits historiques et fantasmes s’entrechoquent sur fond de mélodrame à rebondissements et comédie loufoque. Divertissant.

59e palmarès des Prix du Syndicat professionnel de la critique Théâtre, Musique et Danse, olé !

Depuis 1963, les Prix du Syndicat de la Critique qui sont l’émanation d’un vote des critiques professionnels, saluent et récompensent les spectacles et les personnalités artistiques, que ce soit en théâtre, en musique ou en danse, qui ont marqué la saison. Illusions perdues, d’après Honoré de Balzac, dans la mise en scène de Pauline Bayle reçoit le Grand Prix théâtre, Encantado de Lia Rodrigues est désigné meilleur spectacle chorégraphique, Krzysztof Warlikowski avec L'Odyssée obtient du prix du meilleur spectacle étranger. Le Grand Prix musique est attribué à Œdipe d’Enesco dans la mise en scène de Wajdi Mouawad et la direction musicale d’Ingo Metzmacher, tandis que Le Ciel de Nantes (Christophe Honoré) ou La Seconde surprise de l’amour (Alain Françon) sont aussi récompensés.

William Forsythe repousse les limites de la danse, en majesté à Chaillot

Deux pièces majeures Quintett (1993) & One flat thing reproduced (2002) de William Forsythe interprétées par le Ballet de l’Opéra Lyon offrent toute la mesure et l’étendue de son art, forgé d’un vocabulaire à l’origine classique mais qu’il n’a eu cesse de déconstruire pour en déjouer les codes préétablis et l’ouvrir entre rupture, déséquilibre, virtuosité et fluidité organique/dynamique des corps. Le tout dans une esthétique (couleur de costume pour chaque interprète) qui fait partie intégrante de la chorégraphie.

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