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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

Denis Lavant et Frédéric Leidgens, deux phénix au bord du vide dans une « Fin de partie » magistrale, sont de retour ...

"Rien n'est plus drôle que le malheur, [...] c'est la chose la plus comique [...] mais c'est toujours la même chose [...]. C'est comme la bonne histoire qu'on nous raconte [...] nous la trouvons bonne mais nous n'en rions plus". Voilà, tout est dit, Samuel Beckett transcende sa propre noirceur par l’humour implacable de la dérision inscrite en filigrane dans les plis du langage et une humanité au bord du vide. Clov (Denis Lavant), Hamm (Frédéric Leidgens), Nagg (Peter Bonke) et Nell (Claudine Delvaux) - pauvres rescapés de la vie - continuent à réinventer le jeu de l'humanité. Et ils résistent. Inexorablement. Pour continuer à exister, ils remplissent le temps des mots qui les émeuvent, les font s’insurger ou se taire. Ils vaquent à leurs occupations. Le monde s'est effondré mais eux comme si de rien n'était, ils continuent. “Fin de partie”, pièce mémorable de Samuel Beckett, où la tragédie métaphysique du désespoir est portée à son paroxysme.

Le retour gagnant de la compagnie du Zerep / Sophie Perez, olé ! 

Avec la meringue du souterrain, leur nouvelle création, ils expérimentent le théâtre qui ne se jouerait que dans les salles vides et où la scénographie invasive déborde de toute part pour se répandre dans la salle car il n’y a pas de spectateurs. Un traquenard esthétique et scénique où une représentation, sortie de nulle part, émerge et s’élabore à travers des apartés (chantés parfois) sur un ton vif, subtil, transgressif, créatif, mélancolique et poétique.

La « Pastorale » de Beethoven dans les pas de Thierry Malandain, à (re)voir sur Mezzo

Thierry Malandain embarque pas moins de vingt-deux danseurs dans cette traversée aux aires d’odyssée enivrante. Alliant habilement le vocabulaire classique et les compositions contemporaines, il nous offre un ballet aussi enlevé que saisissant.

« Le Repas des fauves », un cluedo sous haute tension au théâtre Hébertot

Nous sommes en 1942 dans la France occupée. Un huis clos se noue dans un appartement cossu parisien. Sept amis se retrouvent pour fêter un anniversaire. Mais ces gens ordinaires, peu préoccupés de l'Occupation, vont se retrouver confrontés à une situation kafkaïenne.

Le Lac des cygnes revu et corrigé par Angelin Preljocaj sur Mezzo Live : saisissant

Après Blanche Neige et Roméo et Juliette, Angelin Preljocaj renoue avec le ballet narratif et son goût pour les histoires. Mêlant le chef-d’œuvre musical de Tchaïkovski à des arrangements plus contemporains comme il aime à le faire, il s’empare du mythe de la femme-cygne, et y ajoute des problématiques à la fois écologiques, psychologiques et politiques très actuelles. ransposition du conte donc dans le monde de l’industrie, du pouvoir et de la finance où les amours contrariées se vivent au milieu des gratte-ciels et de ses artifices entre moments de fêtes et d’hystérie collective. La première scène donne le ton : la danseuse qui incarne Odette, Théa Martin, est attrapée par plusieurs hommes en noir, et transformée, manu militari, en cygne. Cette métamorphose forcée, sur la musique inquiète de Tchaïkovski, annonce la radicalité du final qui verra les cygnes, en un moment suspendu, tomber ensemble au sol et dont la chute au regard de l’écosystème sacrifié, prend une dimension tragique.

Othello ou la passion selon Shakespeare ! sur France 4, le 28 avril à 21h00

Shakespeare analyse avec génie l’humain dans sa dimension intemporelle et universelle. Complexes, équivoques et ambigus, tout en clairs-obscurs et en contrastes, ses personnages de théaâtre et quel théâtre laissent deviner, dans le conflit entre raison et passion, monstruosité et angélisme, sublime et grotesque, toute l’ambivalence d’une humanité protéiforme. Après Le roi Lear qu’il avait monté au festival d’Avignon il y a 15 ans, Jean-François Sivadier revient à Shakespeare avec Othello et nous offre un grand moment de théâtre. La pièce emblématique du dramaturge anglais nous embarque dans les aventures d’un homme d’honneur, le Maure de Venise, qui après avoir offert sa confiance au plus fourbe des êtres, Iago, finira par sombrer dans la barbarie.

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