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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

La Double Inconstance sous le regard acéré de Galin Stoev, sur France 4

Le théâtre de Marivaux est tout un art, l’art même du théâtre, où il est d’usage d’orchestrer des stratégies amoureuses avec sa part de faux-semblants. Si le cœur est une forteresse, alors il faut déployer des trésors d’ingéniosité pour parvenir à ses fins. Il y a dans ce goût du calcul et de la manipulation, une certaine dose de mystification. Mais ce n’est qu’une étape nécessaire pour obtenir, à la fin, le cœur de celui (ou celle) qu’on convoite ardemment. Galin Stoev éclaire d’une dimension nouvelle et cruelle la manipulation des âmes innocentes. La fluctuation des inclinaisons amoureuses et l’ambiguïté des rapports de force y sont passés au scalpel. Et ce classique de Marivaux détonne par sa sensualité et sa modernité.

« La Collection » : un quatuor d’acteurs de choc pour Pinter

Harold Pinter (1930 – 2008), prix Nobel de littérature en 2005, participe au renouveau théâtral britannique dans les années 1950. Le malaise et la cruauté qui se dégagent de ses premières œuvres, qualifiées de “théâtre de la menace” , évoluent vers l’exploration de l’intimité puis, à partir des années 1980, vers le politique. La Collection», écrite en 1961, dépeint avec férocité les rapports ambigus entre trois hommes et une femme. La pièce orchestre, sous le venin du mensonge et des rapports de domination, le trouble des passions humaines.

« Room », le boomerang galvanisant de James Thierrée

Dans un lieu hors du temps, James Thierrée en homme-orchestre d’une troupe sortie de nulle part nous invite au lâcher prise. Une traversée crépusculaire où la quête de sens s’incarne dans un imparable contre sens sensoriel, musical et visuel. Un boomerang de disciplines artistiques est orchestré sur scène, où jeux surréalistes, chant, danse, mime, acrobatie et musique s’entrechoquent et se saisissent des corps, des objets, du langage, dont James Thierrée se fait le vecteur et le fil conducteur.

« Le Dragon » survolté de Thomas Jolly, à Marseille

Figure reconnue de la scène contemporaine, Thomas Jolly aime mettre en scène des monstres politiques assoiffés de pouvoir et de cruauté : "Henri VI" marathon théâtral de 18 h (Molière 2015), "Richard III", "Eliogabalo" donné à l’Opéra Garnier, ou encore "Thyeste", fresque radicale sur fond de haine entre deux frères rivaux, d’infanticide et de cannibalisme. Aujourd’hui, il s’attaque au texte d’Evgueni Schwartz, "Le Dragon". Une parabole, éminemment politique, qui utilise le motif du conte et du fantastique pour dénoncer les mécanismes d’un système totalitaire attaché à déconstruire ce qui fait humanité, et interroger les forces de résistance face à une tel pouvoir démoniaque.

A l’opéra de Paris, le voyage inspirant dansé de Dante

Créé en 2021 au Royal Ballet de Londres en coproduction avec l'Opéra, le "The Dante Project" fait une entrée remarquée au répertoire de l’Opéra de Paris. Inspiré de la divine comédie, ce ballet - chorégraphié par Wayne McGregor sur une partition de Thomas Adès, une scénographie et des costumes signés par l’artiste britannique Tacita Dean - retrace en trois actes la traversée des trois royaumes des morts : « L’Enfer », « Le Purgatoire » et « Le Paradis ». Loin de tout récit illustratif ou narratif, Wayne McGregor convoque ici d’un geste sûr et affuté, l’univers onirique imaginé par Dante, à l’abri de trois mondes saturés d’atmosphères où la musique chaotique, tour à tour vrombissante ou atonale, épouse les soubresauts de la dramaturgie.

Vanessa Paradis de retour au théâtre Édouard VII avec « Maman » la pièce de Samuel Benchetrit

Il y a dans l’écriture de Samuel Benchetrit une vision à la profonde et abstraite qui embrasse ses personnages avec une essence singulière et une acuité particulière. Porté par un climat empreint d’étrangeté, d’introspection, de rupture, de temps suspendu, où les silences, les non-dits et une tension diffuse font parties intégrantes de la narration.

Les « Mythologies » revues et corrigées par Angelin Preljocaj et l’ex-Daft Punk Thomas Bangalter, sur France 4

A travers les grands mythes grecs (Icare et le Minotaure, Les Gorgones, Zeus, Aphrodite, les Amazones…), Angelin Preljocaj, adepte des contes et récits légendaires (Blanche-Neige, Roméo et Juliette, Siddhârta…), explore avec cette nouvelle création ce que cachent nos rituels et croyances. Ces grands récits d’histoire font ainsi écho à des sujets d’actualité (conflit en Ukraine, identités de genres, violences sexuelles…) par le biais des projections du plasticien et vidéaste Nicolas Clauss, qui scénarisent la traversée. Et c’est l’imaginaire collectif que le chorégraphe entend sonder. Il convoque vingt danseurs – dix danseurs du Ballet de l’Opéra National de Bordeaux et dix danseurs du Ballet Preljocaj – dans cette exploration des mythes fondateurs, les faisant dialoguer avec nos rituels contemporains. Que se cache-t-il dans l’ombre de nos existences, entre nos peurs, nos idéaux et nos croyances ? Que peut-on lire entre les lignes de nos rites d’aujourd’hui ? Les corps sont, sans doute, les révélateurs les plus à même d’exprimer cet indicible.

Notre Sélection

« Chers Parents » ou la vraie fausse harmonie familiale !

Emmanuel et Armelle Patron (frère et sœur dans la vie ça ne s’invente pas) signent une comédie enlevée au ton vif et drôle ayant pour cadre la cellule familiale et sa vraie fausse harmonie. Réjouissant !