Hommage au grand chorégraphe Alain Buffard décédé ce jour

Alain Buffard a tiré sa dernière révérence

Alain Buffard

Crédits : Stéphane Barbier

Ce samedi 22 décembre, au matin, nous avons appris par la compagnie Pi:es  le décès du talentueux et visionnaire chorégraphe Alain Buffard à l’âge de 53 ans. Figure de la danse contemporaine., ses chorégraphies sans cesses renouvelées, saluées dans le monde entier, s’inspiraient de l’humanité. En novembre dernier il présentait à Montpellier Danse « Mauvais genre » qu’il avait recréée au Théâtre Bernadette Laffont de Nîmes où il s’était établi.

Issu du CNDC d’Angers avec Alwin Nikolaïs et Viola Farber, après de multiples collaborations prestigieuses dont Régine Chopinot et Philippe Découflé , Claudia Triozzi ou la regrettée grande historienne de la danse Laurence Louppe, ses performances s’inscrivaient dans la lignée d’Anna Halprin avec laquelle il a présenté un film en 2006 My lunch with Anna et Yvonne Rainer. Le Maître fut Lauréat de la Villa Médicis en 1996 et 2004 et a remporté en 2006 le Prix de La Critique pour les Inconsolés. Parallèlement il a été co-commissaire de l’Exposition Campy, Vampy, Tacky au Centre de la Criée à Rennes en 2004. En perpétuelle recherche il continuait son exploration des spectacles musicaux mêlant toutes les disciplines artistiques, commencée en 2008 au Centre Georges Pompidou à Paris.

Sa pièce « Baron Samedi » inspirée de (Lwa ou Loa) esprit Vaudou, sur la musique de Kurt Weil jouée par six interprètes était jouée dans le monde entier. Originalité, fusion des arts, transgression esthétique et sociale sont la particularité de sa danse visionnaire.

Transes en danses

Baron Samedi est en quelque sorte la suite logique des pièces (Not) a love song et Tout va bien avec sa manière bien spécifique de revisiter la musique du célèbre compositeur allemand Kurt Weill (L’Opéra de quat’sous)son musicien fétiche. Le titre de la pièce est illustré par des transes passionnées, langoureuses, luxurieuses sur fond d’humour corrosif. Comme de coutume la danse d’Alain Buffard altère les critères sexuels, dénonce le politiquement et culturellement corrects. Le but étant de transposer l’univers de Brecht –Weill avec des performers noirs venus de tous les continents dans la lignée de la culture Blackface. Tels des jeux de rôle, se mettre dans la peau de chacun, ne plus être assujetti, cantonné à des normes imposées, et ce, dans la plus grande liberté d’expression pour un mieux être et meilleure compréhension de l’autre. Intelligent, beau tout simplement. Une invitation à un autre regard sur le monde.

 « Inverser en quelque sorte les points de vues et produire une multiplicité de circulations, entre les lieux, les conditions, les formations, et les origines, me semble plus que jamais nécessaire ».Cela veut dire faire partager les gestes, les signes, les images, les mots et les musiques par des personnes qui peuvent en proposer des usages inverses ou pris eux-mêmes entre des pôles opposés» affirmait-il .

A l’instar de sa pièce autobiographique « Good boy«  datant de 1988, la fragilité du corps atteint par la maladie, l’artiste est parti côtoyer les étoiles, « sans chichis », pour reprendre ses termes, laissant le monde de la danse éploré.

 

Fabienne Durand
Ancienne danseuse de Ballet contemporain, ex- documentaliste , art-thérapeute et journaliste pigiste culture - psy dans divers magazines, et webzines, , pigiste à Art dans l'Air, revue D'art (plastiques) contemporain en Languedoc Roussillon, Fabienne a déjà écrit 2 articles pour Publik'Art en 2010. Passionnée par l'art, la danse, la musique sous toutes ses formes avec une prédilection rock, progressif et folk, bref l'art et l'humain sont depuis toujours est ses raisons d'être. Elle vit à Montpellier qu'elle affectionne depuis toujours. Elle sort aux vernissages, ballets, concerts, , théâtre, conférences, et fait partager ses coups de cœur à d'autres passionnés...

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