Oms en série, tome 2 : une BD de Jean-David Morvan et Mike Hawthorne (Ankama)

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Oms en série est une adaptation de l’oeuvre de l’un des pères de la science-fiction française : Stefan Wul (la collection des univers de Stefan Wul a reçu le Grand Prix de l’Imaginaire 2014 avec un Prix Spécial tant ce projet éditorial est atypique – voir aussi Le Temple du passé ou encore Rayons pour Sidar dans la même série-concept). C’est l’incontournable scénariste Jean-David Morvan (Sillage) et l’excellent dessinateur Mike Hawthorne (Fear Agent) qui font le job dans cette série. Le tome 2, intitulé L’exom, monte en puissance et en tension avec l’évolution spectaculaire des oms….

Date de sortie : 10 octobre 2014
Auteurs :  Jean-David Morvan (Scénario) et Mike Hawthorne (Dessin)
Prix : 13,90 € (56 pages)

Résumé de l’éditeur :

Terr a pris la tête des Oms libres et a guidé la construction de leur cité clandestine, à l’abri des Draags. Dans ce refuge souterrain se joue l’émancipation de leur espèce : pour atteindre le continent d’où leurs anciens maîtres lancent leurs navettes spatiales, les Oms y construisent d’immenses navires capables de conquérir de nouveaux territoires. Mais les événements s’accélèrent lorsque les Draags repèrent la tanière de ceux qu’ils considèrent encore comme des animaux de compagnie.

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Le point sur l’album :

Le scénario de Jean-David Morvan trouve dans ce deuxième album une dimension spectaculaire. Il met en scène un Terr devenu un véritable guide (l’édile). Il forme les siens pour aller affranchir d’autres oms domestiqués par les Draags. Et c’est une cité d’oms libres qui va naître clandestinement, à l’abri de l’ennemi. Ce qui n’empêchera pas des confrontations sanglantes où certains Draags feront preuve d’une cruauté sans borne. Le récit est palpitant. Le lecteur suit la conquête des oms, tenu en haleine par un découpage parfait. Ce second tome est passionnant, notamment grâce à des personnages attachants qui ne connaîtront pas tous une issue heureuse…

Le style de Mike Hawthorne – qui dessine pour de grandes maisons américaines (comics) telles que Marvel, DC/Vertigo ou encore Dark Horse – est idéal pour une oeuvre SF de ce gabarit (colossal). Résolument moderne, fin et anguleux, son trait est superbement mis en perspective dans de très belles planches aux cadrages recherchés. La coloration, déléguée cette fois à Scarlett Smulkowski est un cran en dessous de celle du premier album (où Mike Hawthorne avait fait un très beau travail). Les couleurs sont en effet assez sombres dans l’ensemble, dénotant un petit léger de contrastes.

En conclusion, ce triptyque est sans doute parmi les meilleurs de la série des univers de Stefan Wul. Un second album à ne pas manquer, comme son dénouement que l’on attend avec impatience.

Bonne journée, une BD d’Olivier Tallec (Rue de Sèvres)

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Bonne journée est un petit livre illustré plus qu’une BD. Un livre composé de très belles illustrations en pleine page, bourrées d’une inventivité foisonnante où le rire tient le premier rôle. Olivier Tallec signe ainsi un superbe ouvrage, d’une plume audacieuse, drôle et surprenante.

Date de sortie : 1er octobre 2014
Auteurs :  Olivier Tallec (Scénario et Dessin)
Prix : 14,00 €

Résumé de l’éditeur :

Olivier Tallec nous emmène dans les situations des plus cocasses au travers le temps et l’espace. Depuis la préhistoire à la savane ou au pôle nord, en passant par la vie quotidienne des superhéros, tout est prétexte à l’ironie. Derrière la tendresse du dessin, on découvre un Olivier Tallec à la plume piquante et réjouissante.

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Le point sur l’album :

Bonne journée est un très bel album. Sa naïveté apparente cache un humour délicieusement caustique. Ce livre illustré est donc surtout à destination des plus grands qui, le temps de quelques saynètes, retrouvent leur âme d’enfant tout en se délectant de la vision de l’adulte qui s’y cache. Un point de vue savoureux que l’auteur nous livre à travers mille et uns univers, du plus citadin au plus sauvage, du plus réaliste au plus fantastique voire fantasque. Un jeu inattendu dans lequel on se laisse bien volontiers emporté.

De l’incongru et du piquant à lire et relire sans modération.

Vie sauvage, un film de Cédric Kahn

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Sortie : 29 octobre 2014

Durée : 1h46

Avec : Mathieu Kassovitz, Céline Sallette

Ce film s’inspire d’une histoire vraie, celle de Xavier Fortin qui avait enlevé ses enfants, à leur mère, à l’âge de 6 et 7ans, et ce, durant onze années.

Le réalisateur, Cédric Kahn, réussit à faire un film sans prendre parti pour l’un ou l’autre des parents. Un film rempli d’humanité avec un homme qui va jusqu’au bout de ses pensées.

Synopsis :

Philippe Fournier, dit Paco, décide de ne pas ramener ses fils de 6 et 7 ans à leur mère qui en avait obtenu la garde.
Enfants puis adolescents, Okyesa et Tsali Fournier vont rester cachés sous différentes identités. Greniers, mas, caravanes, communautés sont autant de refuges qui leur permettront de vivre avec leur père, en communion avec la nature et les animaux.
Traqués par la police et recherchés sans relâche par leur mère, ils découvrent le danger, la peur et le manque mais aussi la solidarité des amis rencontrés sur leur chemin, le bonheur d’une vie hors système : nomades et libres.
Une cavale de onze ans à travers la France qui va forger leur identité.

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Les acteurs collent au plus près de la réalité. Mathieu Kassovitz est très fort. Et malgré un personnage un peu dur, on est plein d’empathie pour lui. On se dit même que sa façon de vivre est plus saine que la nôtre, broyée par le système.

Les enfants ont vécu comme des « sauvages » tout en recevant une éducation de leur père, convaincu de détenir « la vérité ». « Revenus » à la vie normale, il ne semble souffrir d’aucune lacune.

Leur vie de cavale durant ces onze ans est bien résumée. Leurs conditions de vie sont difficiles, voire douloureuses. On découvre les idées très arrêtées du père, qui frise une certaine dictature avec ses enfants. On est en droit de se poser certaines questions. Comme le font ses enfants lorsqu’ils deviennent adolescents. Ils n’ont pas peur de se confronter à leur père et de remettre en question ses idées. Excellents acteurs, enfants et ados…

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Si aujourd’hui, l’histoire paraît improbable, il faut la remettre dans le contexte des années 70 où élever des chèvres constituaient un certain idéal.

La mère, merveilleusement interprété par Céline Sallette, n’a guère de place dans le film comme dans la vie. Elle s’est battue toute sa vie pour retrouver ses enfants. Sa vie s’est arrêtée quand ses enfants ont disparu. Et hélas, elle n’a pas « récupéré » les années perdues, perdues pour toujours. Même les retrouvailles avec ses fils sont éprouvantes, voire dures.

La mère n’a rien fait de mal. Elle a juste désiré une autre vie que celle, marginale, proposée par son compagnon. Elle a fui avec ses enfants. Mais ses enfants lui ont été enlevés et sa vie a perdu tout son sens.

Un très beau film qui nous permet de prendre du recul sur notre vie, notre société, notre justice…