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Pure folie douce au Lucernaire avec l’adaptation moderne du classique d’Eugène Labiche Un chapeau de paille d’Italie

Le Lucernaire n’a pas peur d’adapter de manière totalement décalée les classiques de la dramaturgie française. Souvent considéré comme un pur auteur de Vaudeville à l’ancienne avec l’amant dans le placard, Labiche subit une cure de jouvence vivifiante avec la Compagnie l’Éternel Été qui électrice la mise en scène en proposant un plateau jonché d’édredons et de matelas, une ambiance musicale très electro-pop et… une bataille de nounours entre les comédiens et les spectateurs! Il faut le voir pour le croire!

Un vaudeville new age

Eugène Labiche est un dramaturge français né en 1815 et mort en 1888 à Paris. Autant dire que ses textes, souvent joués sur les scènes parisiennes, sentent bon l’humour débonnaire du XIXe siècle. Elu membre de l’Académie française en 1880, il a multiplié les pochades passionnelles et domestiques comme Doit-on le dire?, Le plus heureux des trois ou Le chapeau de paille d’Italie. A l’instar d’un Feydeau, il a su saisir l’esprit de son temps, quelque peu daté aujourd’hui. Mais voilà que Le chapeau de paille d’Italie perd de son anachronisme en subissant un traitement rafraichissant au Lucernaire. L’intrigue reste la même, Fadinard se débat le jour de son mariage entre belle famille, rêve et réalité dans un kaléidoscope de moments truculents. Le public n’en demandait pas tant, il se gausse tout le spectacle durant entre mélopées doucereuses à la sauce électro, belle mère rageuse qui ne cesse de répéter Mon gendre, tout est rompu! et poupées jonchant la scène. Les 2 comédiennes et les 3 comédiens donnent l’impression de s’amuser follement dans un texte qui multiplie coïncidences et malentendus. Le futur marié se débat entre des personnages qui s’entrechoquent et virevoltent dans une farandole détonante.

Ce Chapeau de paille d’Italie donne un irrémédiable coup de vieux à toutes les pièces qui respectent certes scrupuleusement le texte mais dans une mise en scène bateau et somnolente. Impossible de s’endormir tant le rythme est enlevé et frétillant, y a de la joie au Lucernaire et on en redemande!

Synopsis:

VAUDEVILLE ÉLECTRO – ONIRIQUE

Fadinard est un jeune parisien sur le point d’épouser Hélène Nonancourt, fille de pépiniéristes de Charentonneau. Le matin de ses noces, le cheval de son fiacre décide de prendre comme petit déjeuner un chapeau de paille d’Italie, appartenant à une femme mariée, perdue dans les bras d’un militaire au bois de Vincennes.
Pour lui porter réparation, Fadinard se lance à cœur perdu dans la quête d’un chapeau identique. Le jour de son mariage…
Cette histoire est tellement absurde que nous allons imaginer… qu’il la rêve !

Accrochez-vous à votre oreiller ! La comédie la plus célèbre de Labiche dans une nouvelle version explosive, électro-onirique !

Détails

10 janvier17 mars 2024Théâtre Rouge

Mardi < Samedi 19h | Dimanche 16h

Alina Khalitova. Le projet NFT révolutionnaire ‘QKAI’: Fusion de l’art et de la blockchain

Alina Khalitova. Exposition "Chemin vers la Lumière". Crédit photo : Galerie Atticus Arts, Bath.
Alina Khalitova. Exposition « Chemin vers la Lumière ». Crédit photo : Galerie Atticus Arts, Bath.

Introduction : Dans le domaine dynamique de l’art numérique, l’artiste conceptuelle Alina Khalitova fait sensation avec son projet NFT révolutionnaire, « QKAI ». Ce projet remet non seulement en question les notions traditionnelles de l’art, mais repousse également les limites de notre interaction avec et de notre perception des créations numériques. « QKAI » n’est pas seulement une collection d’art ; c’est une incursion dans une nouvelle ère de l’expression artistique, profondément liée à la technologie de pointe de la blockchain.

Révélation de ‘QKAI’ : « QKAI » témoigne de l’approche innovante d’Alina envers l’art. Au cœur du projet se trouve le concept profond et intemporel de l’Éternité. Il représente une quête visionnaire pour traduire cette notion abstraite dans le domaine numérique, en exploitant les capacités uniques des NFT (jetons non fongibles). Chaque pièce de la collection offre une expérience immersive, invitant les spectateurs à plonger dans un monde où l’art rencontre la permanence et la sécurité de la technologie de la blockchain.

Alina Khalitova. Exposition "Chemin vers la Lumière". Crédit photo : Galerie Atticus Arts, Bath.
Alina Khalitova. Exposition « Chemin vers la Lumière ». Crédit photo : Galerie Atticus Arts, Bath.

Vision artistique et réalisation : Khalitova, reconnue pour son talent exceptionnel en art conceptuel, apporte une perspective unique au monde des NFT. Son parcours en tant qu’artiste hautement acclamée en Russie, récompensée notamment par des prix comme Jeune Vague et CERINNO, transparaît dans le souci du détail méticuleux et la créativité profonde de « QKAI ». Le projet se distingue par son approche avant-gardiste de l’art numérique, où chaque NFT est une confluence d’esthétique, de technologie et d’une narration profonde.

La merveille technologique de ‘QKAI’ : Ce qui distingue « QKAI », c’est son utilisation complexe de la technologie blockchain. Le projet ne vise pas seulement à créer de l’art numérique, mais à l’immortaliser sur la blockchain, garantissant l’unicité et la propriété de chaque œuvre. Cette approche ouvre de nouvelles perspectives pour la préservation et la collection de l’art à l’ère numérique, faisant de « QKAI » un pionnier dans l’univers des NFT.

Alina Khalitova. Exposition "Chemin vers la Lumière". Crédit photo : Galerie Atticus Arts, Bath.
Alina Khalitova. Exposition « Chemin vers la Lumière ». Crédit photo : Galerie Atticus Arts, Bath.

Impact sur le monde de l’art et de la blockchain : « QKAI » a suscité un intérêt considérable à la fois dans les communautés artistiques et technologiques. Pour les amateurs d’art et les collectionneurs, il présente une nouvelle forme d’art numérique précieux et collectionnable. Pour ceux du monde de la technologie, en particulier de la blockchain et des cryptomonnaies, il illustre comment la technologie peut élever l’art à un nouveau niveau d’existence et d’interaction.

Conclusion : Le « QKAI » d’Alina Khalitova est bien plus qu’un simple projet NFT ; c’est un mouvement qui comble le fossé entre l’art traditionnel et le futur numérique. Il nous incite à repenser notre perception de la valeur et de la permanence de l’art à l’ère numérique. Alors que « QKAI » continue de captiver le public du monde entier, il établit une nouvelle norme pour les artistes et les technologistes, annonçant un nouveau chapitre dans la narration en constante évolution de l’art numérique.

Alina Khalitova. Exposition "Chemin vers la Lumière". Crédit photo : Galerie Atticus Arts, Bath.
Alina Khalitova. Exposition « Chemin vers la Lumière ». Crédit photo : Galerie Atticus Arts, Bath.

Note de l’auteur : Cet article est une pièce conceptuelle mettant en lumière l’impact potentiel et la signification du projet NFT « QKAI » d’Alina Khalitova. Il vise à offrir un aperçu de l’intersection de l’art et de la technologie blockchain à travers le prisme de ce projet innovant d’art numérique.

Un nouvel ouvrage à ne pas manque aux éditions Playlist Society, Gregg Araki, le génie queer, sortie le 25 janvier 2024

Les éditions Playlist Society laissent le champ libre à Fabien Demangeot pour une véritable thèse sociétale qui va bien au-delà du cinéma arakien. Si chacun a connu sa propre porte d’entrée à l’univers de Gregg Araki – la mienne fut l’excellent Kaboom sorti en 2010 – la filmographie du réalisateur nippo-américain est suffisamment dense et multiple pour aborder des thématiques variées, accumuler les références et proposer des films marquants. Le principal sillon de ses films a évidemment trait à la représentation à l’écran des minorités sexuelles et de genre tel un terreau favorable à des films souvent jouissifs et intenses.

Un réalisateur passionnant

L’auteur Fabien Demangeot n’a pas ménagé sa peine pour échafauder un ouvrage dense qui requiert du lecteur de garder son esprit ouvert pour appréhender les différentes facettes d’un univers protéiforme. Gregg Araki est à la base de 11 longs-métrages (le dernier White Bird date déjà de 2014), d’épisodes de série (13 reasons why, Red Oaks…) et de séries (This is how the world ends, Now Apocalypse), preuve qu’il ne se cantonne pas à un seul type de support. Ses films voient évoluer des personnages souvent avides de liberté qui s’affranchissent des normes et des carcans, le réalisateur a d’ailleurs été précurseur de cette tendance dans le cinéma contemporain, dans la droite lignée du cinéma underground des années 70 (Paul Morrissey, Kenneth Anger, Andy Warhol…). Avec ses péripéties matinées d’extraterrestres et de rapports humains libres, voire libertaires, Gregg Araki inscrit son cinéma dans une modernité inclusive, sans pour autant édifier de barrière avec le monde ancien. L’auteur du livre cite d’ailleurs les références des films d’Araki, nombreuses, vivifiantes, issues d’un monde plus ancien où le cinéma construisait sa grammaire à l’aide de réalisateurs déjà précurseurs (Hitchcock, Eisenstein, Godart…) pour un langage où Araki pioche avec délice. L’auteur cite aussi des ouvrages qui ont ouvert la voie à une définition différente des genres, notamment ceux de Monique Wittig qui théorisent le féminisme grâce au concept de « contrat hétérosexuel ».

Les 146 pages de lecture sont une avalanche de références érudites qui enrichissent l’esprit, le livre ne parle pas seulement de Gregg Araki mais aussi de tout ce qui l’entoure et le fonde. Et il n’est pas question d’être d’accord ou pas, mais de laisser l’esprit ouvert, ce qui rend l’ouvrage immanquable, rien de moins.

Synopsis:

De sa trilogie culte (Totally F***ed UpThe Doom Generation et Nowhere) à sa série Now Apocalypse, Gregg Araki s’est toujours affranchi des normes génériques, formelles et sexuelles. Capable de passer, au sein d’un même film, du drame adolescent à la science-fiction apocalyptique, il met en scène les marginaux et les laissés-pour-compte du rêve américain.

Créateur d’une œuvre protéiforme, puisant ses influences dans la culture pop et le cinéma d’avant-garde, il redéfinit la question de l’identité à travers des personnages libérés du carcan d’une société conservatrice, qui exclut les individus LGBTQIA+. Portrait d’un cinéaste inclassable, Gregg Araki, le génie queer interroge l’évolution des représentations des minorités sexuelles et de genre au sein d’une industrie cinématographique qui bien qu’en apparence plus inclusive, nie pourtant leur singularité.

Fabien Demangeot est docteur en Lettres modernes et en Études cinématographiques. Auteur de La Transgression selon David Cronenberg (Playlist Society, 2021), il écrit également pour la revue en ligne Le Rayon vert.

Un été afghan, un documentaire issu des archives de James Ivory, sortie en salles le 24 janvier

Le réalisateur James Ivory (Chambre avec vue, Les Vestiges du Jour) exhume de ses archives personnelles de vieux films tournée à Kaboul en 1960 alors qu’il faisait des repérages en vue d’un prochain film.

Un beau retour vers le passé

Les images montrent un monde ancien, avant l’invasion soviétique, avant les Moudjahidins, avant l’occupation américaine, bien loin de la situation actuelle. Le réalisateur évoque les mœurs d’un pays hors du monde, où un décret a permis aux femmes de sortir de l’enfermement domestique pour occuper des postes de travail, du moins dans la capitale. Le voile est très répandu et le respect des convenances est une obligation tacite. Les occidentaux bénéficient d’un bar et d’une piscine, loin des regards. Il filme des enfants jouant au water polo avec une tête de chèvre, les images défilent avec la voix off du vieux sage, à l’origine de nombreux chefs d’œuvres du cinéma mondial. Des pages d’histoire se mélangent à des considérations personnelles venues d’un occidental âgé venu des Etats-Unis au regard acéré sur ce qu’il observe. Il sait la rigueur des mœurs et imagine très bien la vie dans les campagnes, la capitale n’est pas représentative et si les agents infiltrés de la CIA s’y ébattent joyeusement, ils sont bien loin de connaitre toutes les arcanes secrètes de ce pays millénaire. L’agriculture est reine, les technologies sont sommaires, le pays est avant tout agraire et pas encore tourné vers la guerre permanente. C’est alors un carrefour des cultures au cœur battant. Le réalisateur insère aussi des pages personnelles pour raconter sa jeunesse et son histoire, de manière très intime…

Le documentaire se regarde avec intérêt pour tenter de percer les mystères de ce pays transformé en à peine 60 ans. Le film est emprunt d’une belle poésie à découvrir.

Synopsis: En 1960, le cinéaste James Ivory s’est rendu en Afghanistan pour tourner des scènes destinées à un film documentaire. Le film n’a jamais été réalisé, et les images sont restées enfermées dans une malle pendant 60 ans. En 2022, à l’âge de 94 ans, il a décidé de se plonger dans ce matériel unique pour se remémorer sa jeunesse et comprendre ainsi comment ce voyage improbable loin de sa petite ville américaine de l’Oregon a contribué à former le célèbre cinéaste qu’il est devenu.

Nadine Sierra (Violetta) en état de grâce dans cette Traviata hyper-connectée et de retour à Paris

Nadine Sierra (Violetta) en état de grâce dans cette Traviata hyper-connectée et de retour à Paris
Nadine Sierra – La Traviata par Simon Stone (© Vahid Amanpour – OnP)

Nadine Sierra (Violetta) en état de grâce dans cette Traviata hyper-connectée et de retour à Paris

Une Traviata à l’aune des réseaux sociaux de retour à Paris, magnifiquement portée par la soprano Nadine Sierra et le ténor René Barbera, dans la mise en scène audacieuse et réussie de Simon Stone.

L’Australien s’empare avec brio du célèbre opéra composé par Verdi en 1853 et met en scène une incroyable Violetta qui n’est plus une courtisane du XIX siècle, inspirée de La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils, mais une influenceuse pleinement dans son époque, nouvelle égérie de la toile et d’une marque de parfums, évoluant dans un monde ultra-connecté.

Traviata raconte le sacrifice d’une femme qui doit renoncer à l’homme de sa vie et y décrit une femme consumée par les sentiments dont la brûlure n’a d’égale que son destin brisé. Violetta, héroïne mythique, qui éprouve à la fois l’allégresse et le désespoir, la liberté et la possession de la passion.

Un plateau vocal de haut vol 

Sur scène, deux murs géants placés sur une tournette (dispositif scénique habituel de Simon Stone) visualise en live la page Instagram de l’héroïne avec ses 147 millions d’abonnés, ses milliers de « likes », son site de produits Beauty.com, des photos et selfies de la protagoniste en train de s’étourdir.

Ici, Violetta ne mourra pas de tuberculose mais d’un cancer et les SMS auront remplacé les lettres. Cette réactualisation de l’œuvre qui jongle avec les vidéos, les références à l’ère numérique et sa désincarnation, conserve toutefois tous les épisodes de l’opéra, de la fête initiale à la mort de Violetta.

Et le metteur en scène frappe fort à l’abri d’un découpage quasi-cinématographique du livret qui imprime une fluidité sans faille à la narration dont les corps, les voix, les images vidéo, la scénographie se font les relais du vertige de l’amour, son emportement, ses tourments et sa perte sacrificielle pour un final époustouflant !

Dans cette fuite en avant, la soprano Nadine Sierra est exceptionnelle de grâce et d’expressivité où sa voix céleste, aux multiples nuances, est en osmose parfaite avec l’action dramatique qui s’y déploie. Quant à son partenaire qui joue son amoureux (René Barbera), il témoigne d’une aisance incroyable au timbre vibrant et subtil, tandis que Ludovic Tézier (Germont père), impose avec un un naturel éclatant, une voix aussi flamboyante qu’équilibrée.

Le tout emmené par la direction de Giacomo Sagripanti qui donne à la partition musicale une force et une profondeur dans un geste aussi enlevé qu’inspiré. Bravo !

Dates : du 21 janvier au 25 février 2024 – Lieu : Opéra Bastille (Paris)
Metteur en scène : Simon Stone

Bon anniversaire Antoine, un livre d’Antoine Mesnier (Bouquins-Mollat)

Bon anniversaire Antoine, un livre d’Antoine Mesnier (Bouquins-Mollat)

Antoine Mesnier est médecin à Bordeaux. Le jour de ses 65 ans, on lui annonce qu’il est atteint de la maladie de Charcot. Maladie qu’il connaît bien puisqu’il a lui-même aidé son ami, atteint de cette maladie, à mourir, il y a déjà plusieurs années.

Antoine a eu une vie incroyable. Il a tout sacrifié pour soigner ses patients. Il a vécu à trois cents à l’heure pour accompagner ses malades.

Aujourd’hui, atteint de cette maladie incurable et terriblement handicapante, Antoine a écrit ce livre, Bon anniversaire Antoine, pour dire haut et fort comme il est heureux alors qu’il se sait condamné ! Le tout avec beaucoup d’humour et d’auto-dérision.
Il a quitté Bordeaux pour aller s’installer au Pays Basque qu’il aime tant. Il affronte chaque jour sa maladie sans en avoir peur. Il dit, très discrètement, qu’il a découvert l’amour, même en étant malade. Qu’il est profondément heureux. Qu’il profite de chaque heure, chaque minute, chaque seconde.

Il veut redonner de l’espoir aux personnes qui souffrent du même mal que lui. Même s’il sait ses jours comptés, il a bien l’intention d’en profiter au maximum. Tout cela malgré ses douleurs, ses handicaps et ses difficultés à assumer ses gestes au quotidien. Lui qui a tant donné aux autres apprend à recevoir.
Quelle leçon de Vie !
Quelle résilience !
Quelle force intérieure !

Il a fallu qu’il se sache condamné pour vivre vraiment sa vie et se rendre compte qu’il était aimé. Vraiment aimé. Et qu’il aimait !

Bon anniversaire Antoine est vraiment un très beau livre-témoignage, à mettre entre toutes les mains. Les malades trouveront du réconfort et de l’espoir. Et les bien-portants réfléchiront sur leur façon de vivre…

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Octobre 2023
Auteur : Antoine Mesnier
Editeur : Bouquins Mollat
Prix : 20€

Visions, un film fantastique claustrophobique à découvrir en DVD, BRD et VOD le 24 janvier

Le réalisateur de Boite noire et Un homme idéal est de retour. Yann Gozlan réunit Mathieu Kassovitz et Diane Kruger pour explorer les thèmes de la folie et de la psychose dans un film qui brouille constamment les pistes entre fantasme et réalité. Le personnage principal d’Estelle est-elle manipulée, sous l’emprise de substances ou en perpétuelle fuite d’elle-même? Pilote de ligne à la carrière exemplaire, mariée à un médecin bien sous tous rapports mais désireuse d’enfanter tout en étant accaparée par des sentiments pour une ancienne conquête revenue à la surface, elle doit faire face à ses démons dans un film qui laisse longtemps le spectateur sans boussole pour mieux le perdre et lui donner les solutions finales.

Une femme à la croisée des chemins

Derrière ce portait de femme moderne, indépendante mais prise aux pièges des choix de la quarantaine, désireuse d’entretenir une vie maritale épanouie mais incapable de résister à ses désirs, Yann Gozlan échafaude une intrigue entre psychologie, thriller et romance. Pour aboutir à ce scénario rondement mené, il a collaboré avec plusieurs scénaristes jusqu’à ce que Jean-Baptiste Delafon accouche de la version finale. Les personnages de Visions pensent pouvoir toujours garder le contrôle sans se rendre compte de la possibilité qu’ils puissent le perdre. Un peu comme dans Blade Runner où les réplicants ont une mémoire implantée avec les souvenirs d’un autre, les personnages de Visions voient leur esprit se brouiller jusqu’à perdre le sens de la réalité. Pour ce portrait, le réalisateur s’est documenté en s’intéressant au métier de pilote d’avion pour un surplus de réalisme et de crédibilité, il s’est également plongé dans la lecture de livres traitants de la psychanalyse et de l’inconscient. Le résultat est un film au climat souvent envoutant, voire étrange et malsain. Certains pilotes avec qui le réalisateur ont évoqué leurs troubles du sommeil et la nécessité récurrente de prendre des somnifères puissants pour pouvoir dormir. Il s’en est inspiré pour son héroïne en manque croissant de lucidité, rappelant les héroïnes hitcockiennes comme Tippi Hedren et Grace Kelly pour le personnage d’Estelle. Blonde, libérée, magnétique, elle maitrise longtemps les évènements avant de se faire emporter par une vague incontrôlable. Pour Diane Kruger, c’est un retour en France depuis son dernier film français tourné en 2017.

Visions est une belle tentative de plonger un esprit cartésien dans un contexte mouvant et incontrôlable. Il est à découvrir le 24 janvier en DVD, BRTD et VOD.

Synopsis: Pilote de ligne confirmée, Estelle mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume, son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, elle recroise la route d’Ana, photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est alors loin d’imaginer que ces retrouvailles vont l’entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l’irrationnel…

« Les Emigrants », le théâtre total de Krystian Lupa

"Les Emigrants" , le théâtre total de Krystian Lupa
© Simon Gosselin

« Les Emigrants », le théâtre total de Krystian Lupa

Créateur de théâtre total, Krystian Lupa s’impose à la fois comme concepteur d’adaptations, plasticien (il signe lui même les scénographies et les lumières de ses spectacles) et directeur d’acteurs (connu pour son long travail préparatoire avec les comédiens sur la construction des personnages). Ses spectacles sont également marqués par un travail singulier sur le rythme, temps ralenti dans le déroulement de l’action scénique, souvent concentrée autour de moments de crises.

On se souvient de son adaptation de « Perturbation » de Thomas Bernhard où le destin des hommes est la conséquence d’une humanité perturbée propre au vertige de la condition humaine, ou encore de sa mémorable « Salle d’attente » capable de créer une sidérante intensité, tout en offrant à la représentation d’indomptables dilatations poétiques.

Son théâtre regarde ailleurs. De l’autre côté ou dans les profondeurs. Là où l’homme ne se comprend plus lui même.

Et il faut accepter d’y entrer progressivement, sans rien forcer. Le récit, l’intrigue, la psychologie des personnages, l’efficacité dramatique, la beauté voulue pour elle-même ne sont pas ce qui occupe le metteur en scène polonais.

Une aspiration méditative et sensitive 

Avec Les Émigrants d’une durée de 4h30, Krystian Lupa s’empare cette fois-ci d’une des œuvres majeures de la fin du XXe siècle.

Dans ce récit à la croisée entre fiction et document, l’auteur allemand reconstitue la vie de quatre hommes qu’il a côtoyés à un moment ou à un autre de sa vie. Ils ont en commun d’avoir connu l’exil, et d’en avoir été marqués à tout jamais. Des existences silencieuses marquées par la perte, un passé mémoriel et une errance intérieure qui les mènent au suicide, ou à une mort qui y ressemble.

L’œuvre scrute les mécanismes de la mémoire et les traumatismes du déracinement et interroge l’essence même de notre humanité.

Krystian Lupa met en scène deux de ces histoires où les fantômes du passé hantent les vivants. Celle de Paul Bereyter, instituteur juif contraint à l’exil, dont la famille a été décimée par les Nazis et qui finit broyé par le poids du souvenir. Celle d’Ambros Adelwarth, émigré aux États-Unis, majordome d’une riche famille juive, qui choisit de s’isoler du monde en s’enfermant dans l’asile psychiatrique où est décédé son compagnon de route de longue date.

De ces récits, le metteur en scène convoque avec le geste qu’on lui connait, les déchirures indicibles, celles de Paul et Ambros, mais aussi celles plus enfouies de Cosmo, et d’Helen, une jeune femme juive autrichienne que Paul a rencontrée, et sans doute aimée, en 1935. Une phrase, une seule, scelle son destin : « Il ne faisait guère de doute que Helen avait été déportée avec sa mère, dans un de ces trains spéciaux qui pour la plupart partaient de Vienne avant la pointe du jour, sans doute vers Theresienstadt, dans un premier temps« . Une phrase, ou plutôt une faille, qui aspire l’ensemble du texte.

La marque visible et aveuglante du trou noir qui obnubile autant Paul que Sebald. Une phrase en forme d’écho silencieux du suicide de Paul. Une déflagration sourde du sens qui se répercute parmi tous les émigrants. Car à travers le destin de ces individus, nous assistons à la dilution des identités et, en creux, lisons chez eux le traumatisme du XXe siècle et de la Shoah qui fait surgir les compromissions et la culpabilité qui en résulte.

Le dispositif scénique mêle théâtre et cinéma dans une fluidité parfaite et offre ainsi un espace organique et mental fluctuant, au plus près du mystère de ces existences insaisissables.

Et Lupa ne s’attache pas à la reconstitution narrative de l’oeuvre mais à son aspiration méditative et sensitive avec ses turbulences, ses trous noirs, ses silences, et ses ruptures qui lui permettent de fragmenter des espaces de perdition, d’introspection où se créent alors un autre rapport au monde : sensible et onirique.

D’une saisissante introspection, la pièce nous renvoie à l’intranquillité du monde et à sa résonance dont l’expérience crée un bouleversement intérieur. Bravo !

Dates : du 13 janvier au 4 février 2024 – Lieu : Odéon – Théâtre de l’Europe (Paris)
Metteur en scène : Krystian Lupa

Mangaka, une nouvelle série de Thibault Vermot (Casterman)

Mangaka, une nouvelle série de Thibault Vermot (Casterman)

Casterman présente une nouvelle série de Thibault Vermot : Mangaka. Il s’agit d’une histoire de manga, mais sous forme de roman. Pas de dessins, mais une histoire incroyable et des personnages auxquels on s’attache. Un bon roman fantastique !

Voilà ce que dit l’éditrice de Mangaka, Clémence Bard :

« Mangaka est tout simplement une série de romans addictive et unique en son genre, écrite par un fan de mangas, avec un amour immense de cet univers. »
Mangaka est une saga japonaise, composée de quatre tomes, c’est-à-dire, de plus de mille pages !

Mangaka, c’est l’histoire d’une jeune fille, Asuka, passionnée de mangas, et surtout elle sait très bien dessiner des mangas. Elle entre au lycée. Elle a décidé d’écrire un manga avec sa meilleure amie. Son amie, Hina, écrit le scénario et elle, réalise les dessins.

Dès le premier jour du lycée, elle est très déçue car elle n’est pas sélectionnée pour le club de dessin. Alors que Hina l’est !

Très vite, Hina va la mettre de côté et se faire une autre « meilleure amie », toutes deux inscrites au Club de dessin. Coup dur pour Asuka.

Au lycée, elle rencontre un drôle de garçon, dont le prénom est Cloud. Nouveau dans la classe. Un beau garçon qui plait déjà à toutes les filles. Elle ne sait pas pourquoi mais Cloud va s’intéresser à elle. Elle va le suivre dans de drôles d’aventures… Non sans risques !

Il est clair que ce roman va plaire aux jeunes fans de mangas. Le récit est très proche d’un manga avec des moments très forts et beaucoup de suspens. On découvre à la fois la vie de lycéens japonais, le fantastique et le thriller ! Plus on avance dans le roman, plus on devient accro !

Publik’Art a confié la lecture du premier tome à Eliot, très bon lecteur et fan de mangas, 11 ans.
Voilà ce qu’il nous confie :

« J’ai aimé le livre Mangaka de Thibault Vermot car il est passionnant, plein d’imagination, très original et je me sentais vraiment dans la peau du personnage. Il y a beaucoup de mystères et de rebondissements. Ce livre-manga m’a beaucoup plu et j’attends donc avec impatience le tome deux de cette merveilleuse saga ! »

Mangaka est donc une nouvelle série à suivre ! Le tome 2 sortira en mars, le tome 3 en juin et le tome 4 en août ! De quoi ravir les fans !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Janvier 2024
Auteur : Thibault Vermot
Editeur : Casterman
Prix : 12,90 €

[Manga] Cross of the cross, tome 1 : une vengeance froide et brutale (Delcourt / Tonkam)

[Manga] Cross of the cross, tome 1 : une vengeance froide et brutale (Delcourt / Tonkam)

Manga de Shiryu Nakatake, Cross of the cross est un seinen ultra violent qui raconte l’histoire d’un collégien harcelé par ses camarades. Un harcèlement mené comme une expérimentation par ceux qui le persécutent. Tant et si bien qu’on le surnomme le Cobaye A. Heureusement, il a sa famille au sein de laquelle il se réfugie, sans oser parler de son problème qui mine son quotidien.

Et tout bascule définitivement lorsque ses bourreaux décident d’éliminer toute sa famille. Une scène d’horreur qui choque et sidère littéralement le lecteur. La suite, c’est une vengeance qui va se construire au fil des années, pour revenir plus fort et se faire justice.

Un scénario coup de poing qui va très loin dans l’horreur et parvient à surprendre. Tout cela servi à un rythme haletant. Le dessin est quant à lui très réussi, avec un trait tout en finesse, exploitant une expressivité exacerbée de personnages mis en scène avec brio.

Cross of the cross choque et effraye tout à la fois. On reste scotché à ce premier tome de bout en bout. A découvrir en librairie (et à réserver à un public averti !).

Résumé de l’éditeur :

La vengeance est un plat qui se mange froid… Lors d’une blague qui tourne mal, cinq élèves de 6e tuent la famille de leur souffre-douleur. Maintenant qu’il n’a plus rien à perdre, sa vengeance va pouvoir enfin commencer…
Shun Uruma, un élève de sixième, est persécuté depuis toujours par ses camarades. Surnommé le Cobaye A , le jeune garçon ne trouve du réconfort qu’auprès de ses parents et de son petit frère. Mais lorsque sa précieuse famille lui est arrachée par nulle autre que ses tyrans, Shun perd tout espoir. Avec l’aide de son grand-père, ancien membre d’un bataillon secret, il va redonner un sens à sa vie grâce à sa soif de vengeance.

Date de parution tomes 1 & 2 : le 3 janvier 2024
Auteurs
: Shiryu Nakatake (Scénario, Dessin)
Genre : Seinen
Editeur : Delcourt
Prix : 8,50 €
Acheter sur : BDFugue

Pauvres Créatures, un film qui manque sa portée mythologique

Casting hollywoodien de qualité (Emma Stone, Willem Dafoe, Mark Ruffalo), multiples récompenses (2 Golden Globe, Lion d’or au Festival de Venise 2023 avant un possible triomphe aux Oscars face à Oppenheimer), la pertinence du réalisateur grec Yorgos Lanthimos a réussi à convaincre le tout Hollywood comme l’avait déjà démontré l’Oscar obtenu par Olivia Colman pour son rôle de reine décrépite dans l’excellent La Favorite. A-t-il perdu au passage de son originalité et de son intensité comme on pouvait le craindre?

Un film bancal

Si Pauvres Créatures est un film d’une énorme originalité aux choix scénaristiques forts, voire extrêmes, il ne parvient néanmoins pas à captiver et fasciner autant que ses illustres prédécesseurs The Lobster, Mise à mort du Cerf Sacré et La Favorite. L’héroïne Bella (Emma Stone) est une sorte de Frankenstein au féminin assemblée par le Dr Godwin Baxter (Willem Dafoe) a partir de 2 êtres humains. Génie tourmenté au visage ressemblant à un tableau de Francis Bacon, le médecin est dénué de sentiments et s’intéresse avant tout à la découverte scientifique. Et comme sa créature doit tout réapprendre (bonnes manières, langage, mouvements, capacités réflexives), il est un peu désarçonné face aux réactions surprenantes de Bella. Le parti pris de Lanthimos est iconoclaste, il oriente principalement le processus de découverte et d’apprentissage vers le spectre sexuel, forcément limité. Car la créature est d’abord simpliste, elle aime ou n’aime pas et s’exprime avec cette simple différenciation, et quand elle découvre le plaisir, elle aime beaucoup. Pourquoi pas, c’est un choix scénaristique, sauf que le film se concentre beaucoup (trop) sur cet aspect somme toute limité de la découverte de soi. Emma Stone donne de sa personne pour personnifier une Bella sans pudeur, sans honte, sans traumatisme et sans passé. Le nu en full frontal est (trop) récurrent, les scènes d’accouplement en viennent à remplir (un peu) trop le film qui en perd sa dimension mythologique. Le réalisateur a axé son film sur un aspect féministe et libérateur louable mais en se limitant à cela, il perd beaucoup des éléments qui auraient pu en faire un grand film. Les personnages en deviennent caricaturaux (Mark Ruffalo notamment en personnage jouisseur et ubuesque de Duncan Wedderburn). La satire reste clouée au sol là où elle aurait pu toucher à l’universel. L’ambiance XIXe siècle steampunk avec ses machines volant à la vapeur place le film dans un contexte d’uchronie vraiment original. Bella voyage de Londres à Paris, Lisbonne, Athènes dans des aventures qui la voient se réaliser, souvent avec des rapports sexuels tarifés, rajoutant toujours un peu plus de nu dans un film qui n’en avait pas tant besoin.

Pauvres Créatures a des intentions et de l’ambition mais les partis pris scénaristiques en limitent sa portée en le cantonnant à un propos féministe libérateur qui est forcément limité. Le film risque de mal vieillir, le futur nous le dira. Frankenstein se demandait pourquoi la vie, pourquoi sa création, dans une belle dimension philosophique, la réflexion de Bella devient plus terre à terre avec ses préoccupations sexuelles excessives… le reflet de son époque?

Synopsis: Bella est une jeune femme ramenée à la vie par le brillant et peu orthodoxe Dr Godwin Baxter. Sous sa protection, elle a soif d’apprendre. Avide de découvrir le monde dont elle ignore tout, elle s’enfuit avec Duncan Wedderburn, un avocat habile et débauché, et embarque pour une odyssée étourdissante à travers les continents. Imperméable aux préjugés de son époque, Bella est résolue à ne rien céder sur les principes d’égalité et de libération.

Un beau film sur l’enfance avec Ama Gloria de Marie Amachoukeli, sortie en DVD le 16 janvier aux éditions Pyramide Vidéo

Le film Ama Gloria a été dédié par la réalisatrice Marie Amachoukeli à Laurinda Correia, la femme qui s’est occupée d’elle enfant. Concierge dans l’immeuble où vivait la future réalisatrice, elle était issue de l’immigration portugaise. L’enfant passait beaucoup de temps dans sa loge jusqu’au jour du retour vers le pays natal, pour un énorme choc à hauteur d’enfant. Restées en contact, elles s’écrivent et se donnent des nouvelles, le film évoque cet amour débordant pour une personne extérieure à la famille avec beaucoup de sensibilité.

Un film touchant

La réalisatrice s’est souvenue pendant l’écriture du film d’un tableau de Jean-Baptiste Debret peint au 19ème siècle, en couverture de l’essai L’Oedipe noir de l’anthropologue Rita Laura Segato. On y voit une femme noire serrant dans ses bras un enfant blanc, à qui elle offre une protection enveloppante. De quoi décrire le film avec le rôle central d’une gouvernante dans l’éducation d’un enfant, et même plus que ça avec tout l’amour démontré. Le rôle de Gloria a été donné à Ilça Moreno après un casting assez large où la réalisatrice a rencontré un certain nombre de nounous. Originairement infirmière au Cap Vert, l’actrice a convaincu la réalisatrice de lui confier le rôle. Le film a été présenté à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2023 et en fait l’ouverture. Le point de vue du film est celui de la petite fille de 6 ans, ce n’est donc pas un documentaire mais un film basé sur le regard d’un enfant avec ses sentiments, avec beaucoup de réalisme et de sensations. L’enfant est interprété par la jeune Louise, remarqué par la réalisatrice dans un parc, très directive avec son petit frère, et ça lui a plu. Elle est venue passer des essais où elle a démontré son fort caractère, son écoute et sa faculté à se mettre à la place des autres. La nounou et l’enfant ont su suivre l’idée de la réalisatrice, l’émancipation d’une adulte et d’une enfant. Une partie du film, la partie capverdienne, a été tournée à Tarrafal au nord de Santiago, la plus grande île de l’archipel, sur un territoire très volcanique. Dans le film, la première partie se déroule en région parisienne, la deuxième partie au Cap‑Vert et la troisième est animée.

L’histoire d’amour entre une petite fille envers sa nounou remplaçant sa maman morte d’un cancer est un grand moment d’émotion, à découvrir en DVD le 16 janvier.

Synopsis: Cléo a tout juste six ans. Elle aime follement Gloria, sa nounou qui l’élève depuis sa naissance. Mais Gloria doit retourner d’urgence au Cap-Vert, auprès de ses enfants. Avant son départ, Cléo lui demande de tenir une promesse: la revoir au plus vite. Gloria l’invite à venir dans sa famille et sur son île, passer un dernier été ensemble.

Animal, un film sur la folie des clubs de vacances, sortie le 17 janvier

Animal est le second long-métrage de la cinéaste grecque Sofia Exarchou après Park en 2016. Les 2 films se ressemblent sur fond de désenchantement existentiel, ici pour l’animatrice de club de vacances Kalia (Dimitra Vlagkopoulou) qui ressent de plus en plus au fur et à mesure du film qu’elle n’a rien au-delà de son job très prenant mais synonyme de vide. Musique, danse, amourettes, elle gravite dans un univers perpétuellement transitoire qui est tout à fait permanent pour elle.

Un film entre rythme et vague à l’âme

La réalisatrice fait longtemps ressembler son film à un documentaire tourné sur une île grecque recevant de riches touristes européens venus de Russie, d’Allemagne et d’ailleurs. Présente depuis 10 ans, Kalia fait presque partie des meubles, elles accueille de nouveaux GO tous les ans et dirige la section danse. Entre beuveries, discussions et animations, le film s’attache surtout à décrire une atmosphère sans qu’une trame narrative se dessine vraiment. Au final, la gaieté semble factice, sur scène et même dans les coulisses, Kalia essaye de vaincre le blues à coups de shots de vodka et d’émotions fortes. Mais rien n’y fait, l’animatrice/danseuse/chanteuse vit une vie transitoire au milieu de touristes de passage, elle ne peut s’attacher à rien, le passage est constant et l’industrie du tourisme de masse s’intéresse avant tout au divertissement obligatoire, pas besoin de profondeur. Véritable critique de la vacuité du système touristique, le film décrit le travail de forçat des animateurs, impliqués jour après jour mais sans vraiment y croire, à l’image de cette animatrice polonaise qui semble jouer le jeu avec un regard perpétuellement perdu dans le vide. L’alcool et les décibels sont bel et bien des succédanés qui ne permettent pas de construire une vie, tout juste participent-ils à s’animer. Car une fois les projecteurs éteints, les touristes partent, la gueule de bois arrive, et les bobos marquent l’âme et le corps. Sofia Exarchou prend le parti de dénoncer un système qui est à la base de l’économie de beaucoup d’îles en Grèce mais au prix de vie cabossées. Le film montre bien que Kalia n’est pas irremplaçable, qu’importe la durée et l’affect, un coup dur peur rapidement la mettre hors jeu et elle sera facilement remplacée.

Le film est empreint d’un spleen qui le rend presque malaisant à cause de la morosité ambiante qui en vient à plomber les personnages, et le spectateur avec. Sans espoir à l’horizon, le film tourne un peu en rond même s’il décrit par le menu un sujet pas sans intérêt. Le film est à découvrir en salles le 17 janvier 2024.

Synopsis: Sous le soleil brûlant d’une île grecque, les animateurs d’un hôtel all-inclusive menés par la charismatique Kalia se préparent pour la saison. Décors en carton-pâte, costumes pailletés et spectacles de danse envahissent la scène. À mesure que l’été avance, la pression augmente, les nuits s’enchaînent, et les démons de Kalia se réveillent. Lorsque les projecteurs s’allument, the show must go on… mais cela a-t-il toujours un sens pour elle ?

[BD] A mourir entre les bras de ma nourrice, album de Mark Eacersall, Henri Scala et Raphaël Pavard (Glénat)

[BD] A mourir entre les bras de ma nourrice, album de Mark Eacersall, Henri Scala et Raphaël Pavard (Glénat)

Comme un polar noir, A mourir entre les bras de ma nourrice fait le récit d’une mère qui élève seule ses enfants au coeur d’une cité gangrénée par les trafics de drogues. Femme de ménage, elle ne parvient pas à joindre les deux bouts et accumule les factures impayées jusqu’à ce qu’un homme lui propose de garder une malle chez elle… Oui, mais tout se complique quand les services de police s’en mêlent. Un scénario brillant écrit par Mark Eacersall (GoSt 111, Tananarive) et Henri Scala (GoSt 111Cristal 417) qu’illustre avec brio Raphaël Pavard.

Construit avec beaucoup d’intelligence à la manière d’un documentaire, l’album propose une narration minimaliste voire intimiste, sans fioriture. Le résultat est très efficace sur le suspens ressenti. Le rythme est haletant et on sent l’immense mur, contre lequel la nourrice semble se précipiter, se dresser au loin et se rapprocher à vitesse grand V. Une chute qui s’annonce forcément violente, à moins que ? 

Le dessin, en couleur directe, est quant à lui d’une grande audace. On adore le travail de Raphaël Pavard pour qui c’est une première.

A mourir entre les bras de ma nourrice est à découvrir en librairie sans plus attendre !

Extrait de la BD :

Résumé de l’éditeur :

Il n’est jamais trop tard pour vivre une grande aventure.

La trajectoire périlleuse d’une mère de famille dans une cité tenue par des trafiquants. Nourrice u.?is féminin : (Argot policier) Personne qui cache de la drogue chez elle, en contrepartie d’une rémunération.
Fatoumata, femme de ménage qui élève seule ses trois filles, n’aurait jamais dû accepter le marché des dealers de la cité. Rien ne se déroule comme prévu et elle se retrouve au cœur d’une guerre qui la dépasse… Une guerre dont elle devra se sortir, une fois de plus, toute seule.
Roman noir, portrait de femme, À mourir entre les bras de ma nourrice est une œuvre pleine de suspense et à la mise en scène remarquablement orchestrée. Le duo de scénaristes Mark Eacersall et Henri Scala, qui a déjà fait ses preuves (GoSt 111, Cristal 417) est cette fois-ci accompagné du dessinateur Raphaël Pavard. Ce prodige signe ici son premier album, en couleurs directes, d’une force graphique sans précédent, rappelant parfois les grandes heures d’un Baru, version réaliste. Le récit offre une immersion à hauteur d’homme (en l’occurrence ici, de femme) dans l’univers d’une cité de la drogue. Aussi documenté et haletant qu’une saison de The Wire ou un film de Jacques Audiard, À mourir entre les bras de ma nourrice met en scène une héroïne touchante et originale, prête à tout pour améliorer son quotidien et protéger les siens.

Date de parution : le 10 janvier 2024
Auteurs
: Mark Eacersall, Henri Scala (scénario) et Raphaël Pavard (dessin)
Genre : Roman graphique, polar noir
Editeur : Glénat
Prix : 22,50 €
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Les parures de Paris, un roman d’Emilie Riger (Editions Jeanne & Juliette)

Les parures de Paris, un roman d’Emilie Riger (Editions Jeanne & Juliette)

Les parures de Paris, Tome 1, nous plonge en plein XIX siècle… C’est une saga historique tout simplement époustouflante.

Basilique est une jeune fille de bonne famille. Son père s’occupe de son atelier de bijoutier, sa mère est au foyer. Elle a perdu, depuis peu, son frère ainé, du choléra, Basile. Mais Basile était le préféré de sa mère alors que Basilique semble détestée par sa mère, sans comprendre pourquoi.

Elle rêve de créer des bijoux, mais elle n’a pas le droit d’aller à l’atelier car ce métier est réservé aux hommes.

Ses parents veulent la marier, à un bon parti, Pour échapper à ce mariage forcé, Basilique ne manque pas de culot.

Arrivera-t-elle à ne plus être prisonnière chez ses propres parents, à créer des bijoux comme elle le rêve ? A devenir la première joaillière de France ?

Sa rencontre inopinée avec Clovis va complètement bouleverser sa vie… Basilique ne manque pas de culot et c’est ce qui la sauvera…

Ce roman est truffé d’anecdotes historiques sur cette époque passionnante et révèle des grands auteurs comme de grands musiciens ou de grands peintres, tous d’une créativité tout à fait exceptionnelle. On découvre également l’ambiance politique de cette époque. Paris, 1844. Les rues grondent. Le peuple commence à se soulever contre la monarchie, la bourgeoisie. Le peuple crève de faim… Et les conditions des femmes qui n’ont aucun droit ! Et qui doivent obéissance à leur mari !

Bref, Publik’Art est passionné et attend avec impatience le Tome 2 !

Les parures de Paris, un roman, intelligent, sensible, qui nous tient en haleine ! Que vont devenir Clovis et Basilique au milieu d’une telle tourmente ?

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Octobre 2023
Auteur : Emilie Riger
Editeur : Editions Jeanne & Juliette
Prix : 16,90 €

Louis la flemme débarque avec un projet solo frondeur, Lésinight

Le premier album solo du batteur de Pogo Car Crash Control est disponible le 12 janvier 2024. Louis la Flemme, alias Louis Péchinot, dévoile son premier EP Lésinight et c’est une réussite. L’artiste a multiplié les prestations live avec le groupe punk, il passe maintenant à une pop mélodieuse avec des paroles toutes empreintes d’une haine adolescente tenace.

Une musique pour la jeunesse énervée

Ancien ingénieur contrarié, Louis la Flemme évoque dans ses paroles l’avenir incertain d’une jeunesse tiraillée entre l’omniprésence des jeux vidéo et l’obligation de se mettre au travail, avec à la clé les doutes, les problèmes d’argent et l’attirance pour la gente féminine. La release party a eu lieu le 11 au Supersonic pour communier avec le public. Louis écrit, compose, joue de la guitare et il écoute du Rap, du Ska, du Pop-Rock des années 2000, avec une forte attirance pour le Punk, le Rock et le Metal. Si le nom de scène fait penser à une fainéantise proverbiale, elle se situe loin de l’ennui et cherche plutôt du côté d’une bonhommie paisible, productive et non pas gratuite. Si l’artiste sait qu’une cohérence d’ensemble est légitime, il ne se prive pas de louvoyer de tous côtés, entre pop, rap et chanson française. Auparavant, il avait révélé Planisphère, avec son clip ai rendu très américain, tourné à Lésigny sur les lieux de son enfance, entre Punk à roulettes et teen movies. Ses influences musicales vont de Blink 182, Sum 41, System Of A Down, Weezer, Sublime, Smash Mouth…à Cypress Hill et NTM. Il a été marqué récemment par Sunburn de Dominic Fike et  Kamal et Gazo, ainsi que le dernier album d’Aya Nakamura.

Louis la flemme est un artiste à suivre, son premier EP laisse présager une énergie assez vibrante! Ce premier EP souligne un univers à découvrir, très marqué par la jeunesse et l’énergie.

[BD jeunesse] Jeanne des Embruns, tome 1 : une aventure aquatique de Jean-Christophe Deveney et Valentin Varrel  (Glénat)

[BD jeunesse] Jeanne des Embruns, tome 1 : une aventure aquatique de Jean-Christophe Deveney et Valentin Varrel  (Glénat)

Jeanne des Embruns est une jeune fille très fortement liée au monde marin depuis sa naissance. Après avoir perdu sa mère, exploratrice du fond des mers, elle va poursuivre cette quête vers cet ailleurs avec passion. Son destin bascule définitivement lorsqu’elle rencontre des enfants-sirènes, qui lui ouvrent de nouveaux horizons. Mais ces derniers ont besoin d’aide pour échapper à Sarisse, un chasseur sirénier qui n’a de cesse de vouloir les capturer. Jeanne va alors tout faire pour les aider, y compris en faisant appel à son père.

Avec une trame narrative digne d’un Disney, Jeanne des embruns est la promesse d’un récit de fantaisie où action, suspens et poésie sont de la partie. Le dessin est quant à lui au style marqué, comme tiré d’un dessin animé. 

Une BD jeunesse i

 

 

 

 

 

 

déale pour s’évader dans un monde peuplé de magie et d’êtres fantastiques !

Extrait de la BD :

Résumé de l’éditeur :

Le grand frisson 

À la découverte du peuple des mers ! Jeanne des embruns est née un jour de tempête. Fille du marquis de Gabrini et de la marquise Hanne, son enfance est bercée par les vagues. C’est dans cette atmosphère maritime que grandit Jeanne qui sent qu’un lien particulier la relie à l’océan. Lorsque sa mère meurt, la jeune fille se promet de poursuivre l’exploration du monde aquatique, jusqu’au jour où elle fait une rencontre des plus surprenantes. Est-ce bien une sirène qu’elle a entraperçue en plongeant dans les profondeurs ? En ce siècle des Lumières, où les connaissances scientifiques évoluent chaque jour, son père, un savant, doute de l’existence de ces êtres. Pourtant, bientôt les chants de Jeanne vont lui permettre d’entrer en contact avec ce peuple méconnu. Elle rencontre 2 têtards, des enfants-sirènes qui ont trouvé refuge dans le Golfe pour échapper à Sarisse, un sirénier qui les traque sans relâche. Pour aider ces créatures magnifiques, Jeanne va prendre tous les risques y compris celui d’impliquer son père. Peut-être que l’heure est venue pour Jeanne de prendre le large et de découvrir des horizons aussi mystérieux que fascinants afin de percer les secrets de ses origines.
Partez à la découverte de créatures extraordinaires à travers cette nouvelle trilogie pleine de poésie, de mélancolie et de merveilleux. À la croisée des influences nordiques, des mythes et légendes, Jean-Christophe Deveney et Valentin Varrel développent l’univers des sirènes avec fantaisie grâce à un dessin harmonieux hérité de l’animation.

 

Date de parution : le 10 janvier 2024
Auteurs
: Jean-Christophe Deveney (Scénario) et Valentin Varrel (Dessin, Couleurs)
Genre : BD jeunesse
Editeur : Glénat
Prix : 16,95 €
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[Manga] Blue Giant Explorer tome 2, voyage dans l’Amérique du jazz (Glénat)

[Manga] Blue Giant Explorer tome 2, voyage dans l’Amérique du jazz (Glénat)

Blue Giant Explorer est un seinen atypique où un jeune japonais, Dai Miyamoto, saxophoniste talentueux, décide de partir aux Etats-Unis pour se construire une carrière de joueur de jazz parmi les meilleurs de la planète. Après avoir atterri à Seattle sans un sous devant lui, le jeune s’est rapidement trouvé un petit job chez un garagiste fan de rock. Le projet ? Pouvoir s’offrir une voiture d’occasion qui lui permettra d’entamer une bonne fois pour toute son voyage à travers le nouveau monde.

Et c’est dans ce second tome que débute vraiment l’aventure puisque atteint ce premier objectif. Direction : Portland ! Avec son caractère réservé, se révèle être une véritable bête de scène et relève les challenges qu’on lui lance avec brio. Le scénario est fleuve, ponctué de scènes musicales et de rencontres de personnages secondaires forts dans une atmosphère forcément mélomane. Un manga très agréable à suivre, qu’on soit on non musicien. Mention spéciale au dessin qui est une vraie réussite et transmet beaucoup d’émotions.

Un manga à suivre ! 

Résumé de l’éditeur :

Désormais propriétaire d’une vieille Honda Civic, Dai quitte Seattle pour se diriger vers le sud – non sans stress, car c’est son premier voyage au volant ! En route, il prend un auto-stoppeur, Jason, qui lui assène que son état d’esprit ne collera pas à sa ville de destination, Portland… Là-bas, dans une atmosphère détendue et chaleureuse, Dai et son jazz puissant vont jurer avec le décor !

Date de parution : le 22 novembre 2023
Auteurs
: Shinichi Ishizuka
Genre : seinen, jazz
Editeur : Glénat
Prix : 7,90 €
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« La Réponse des hommes », fragments d’une humanité

"La Réponse des hommes", fragments d'une humanité
© Simon Gosselin

« La Réponse des hommes », fragments d’une humanité

Dans « La Réponse des hommes », Tiphaine Raffier confronte les Œuvres de miséricorde aux affres de la nature humaine et interroge le sens de nos actions morales avec autant d’acuité que d’intensité. Un spectacle virtuose qui s’affranchit de l’exercice de style et nous livre une pièce au souffle sidérant.

De cette matière première donc puisée dans les Œuvres de miséricorde de la Bible, ces actes de charité auxquels les chrétiens sont tenus : donner à manger aux affamés, accueillir les étrangers, assister les malades, vêtir ceux qui sont nus, pardonner les offenses, sauvegarder la création, etc., l’auteure metteuse en scène en retient neuf. A l’instar des neuf titres des histoires qu’elle a écrites et qui vont se succéder sur scène et placer les protagonistes dans des situations de dilemme moral.

Comment faire le bien, quand le réel est si complexe et contradictoire ?

Un univers esthétique et captif

Et à la manière du Décalogue de Krzysztof Kieslowski, Tiphaine Raffier dessine des trajectoires de personnages cabossés qui se croisent, se rencontrent ou pas, mais se font discrètement écho. Les situations banales glissent peu à peu vers des interrogations abyssales, nous confrontant à l’ambivalence de nos sentiments et au vertige que l’on peut ressentir face à l’indéterminisme absolu de nos actes.

Les protagonistes sont en proie à d’impossibles dilemmes, rongés par le doute et la contradiction, à la fois coupables et innocents. Ces histoires s’apparentent à des comtes moraux et immoraux. Où comment le bien et le mal se masquent, se mélangent l’un derrière l’autre, l’un avec l’autre. Et à partir d’un sujet qui semble tout à fait réaliste donc concret, la dramaturge nous entraîne de par son écriture dans une autre dimension, à la lisière d’une étrangeté sensible, où la contemporanéité côtoie l’archaïsme.

Un univers esthétique et captif compose chaque histoire, mêlant intimement le clair-obscur de l’imaginaire (l’inconscient) à la réalité mais aussi les rapports sociaux entre individus. Le plateau se transforme pour nous projeter dans des espaces actuels : cabinet de consultation psychiatrique, salle d’audience de tribunal, prison, lieu de conférence…

Nos certitudes à l’égard de la misère, de la violence, de la déviance sont mises à mal où le spectacle ausculte nos principes éthiques, interroge notre faculté au pardon, pointe les limites de l’empathie et explore nos contradictions profondes. Rarement, le questionnement moral n’aura paru aussi palpitant. Rarement, nos certitudes n’auront été bousculées avec autant d’intelligence.

On découvrira, entre autres, une altruiste militante d’ONG incapable d’aimer son propre bébé, un jeune homme gravement malade espérant la mort de son prochain pour récupérer un rein, un musicologue de talent, attiré comme un aimant par les sorties d’école, une sœur qui, à trop se sacrifier, finit par commettre l’irréparable, ou encore une famille aimante qui va s’entredéchirer à propos d’un secret…

La mise en scène de Tiphaine Raffier se déploie avec fluidité et rythme, où se mêlent vidéo, danse et la musique envoûtante d’Othman Louati interprétée en live par des musiciens de l’Ensemble Miroirs Étendus.

Le texte est ciselé, le ton mordant (et souvent drôle) et la direction d’acteurs au cordeau. Dix comédiens engagés, au jeu parfaitement accordé, et quatre musiciens donnent corps à cette traversée tandis que des images vidéo prises en direct déplacent le regard, dévoilent l’envers des espaces et la subjectivité des personnages. Du grand art. Bravo !

Dates : du 9 au 20 janvier 2024 – Lieu : Berthier (Paris 17e)
Texte et mise en scène : Tiphaine Raffier

Grain de glace, un rosé d’hiver à découvrir pour de belles sensations gastonomiques

3 consommateurs de vin sur 4 boivent désormais du rosé l’hiver. Lancé à 15 000 bouteilles en 2008, Grain de Glace a atteint plus de 140 000 cols en 2018. Les Maîtres Vignerons de la presqu’île de Saint-Tropez se sont lancé un pari fou dès 2008 : commercialiser un rosé d’hiver. Avec plus de 4 millions de bouteilles de rosé vendues de par le monde, la structure viticole basée à Saint-Tropez a su comprendre et anticiper les tendances du rosé qui envahi désormais tous les instants de consommation sans aucun frein de saisonnalité.

Un rosé d’hiver qui casse les codes

Grain de Glace s’orne pour chaque nouveau millésime d’une bouteille gravée aux couleurs d’un animal mythique de l’hiver. Pour la 11ème édition, c’est l’aigle royal qui orne la cuvée de ses plumes, des terrasses parisiennes à celles des stations de ski branchées. Grain de Glace est un assemblage de 3 cépages: Cinsault, Grenache et Syrah. A l’œil, la robe est rose pâle, cristalline. Au nez, cette cuvée dévoile une réelle explosion aromatique marquée de fruits exotiques, complétée de fines notes d’agrumes. Le vin est commercialisé en vente directe, réseau CHR et sur le site internet des Maîtres Vignerons de la Presqu’île de Saint-Tropez à des tarifs très attractifs:
11,60€ TTC la bouteille de 75 cl, 26,45€ TTC la bouteille de 150 cl et 97,10€ TTC la bouteille de 3 litres.

Ce rose d’hiver est une cuvée à découvrir pour accompagner les bons moments de saison, dans les stations de ski ou chez vous!

Publireportage:

L’épopée des Maîtres Vignerons de la presqu’île de Saint-Tropez s’inscrit aux côtés de celle du village de Saint-Tropez. Il y a plus de 55 ans, ils ont donné naissance à un modèle unique et novateur : préserver les identités de chacun afin de créer une force commune. En 1964, 8 vignerons de la presqu’île de Saint-Tropez décident de s’unir pour produire et valoriser leurs vins. Leur objectif : construire une unité commune de mise en bouteilles et de distribution pour mettre en valeur leur patrimoine, leurs marques et leur terroir. En 2007, pour accompagner le développement de l’activité sur les rosés de Provence, un projet d’extension voit le jour avec un nouveau bâtiment de 1000m² pour le stockage des produits finis. En 2016, rénovation complète de l’espace de vente de 400m² par un architecte designer de renom pour en faire un véritable showroom et réceptif pour nos clients particuliers et professionnels. En 2017, engagement de nombreux de nos domaines vers une démarche environnementale d‘Agriculture Biologique. En 2018, d’importants travaux de rénovation de la cave débutent (chaine d’embouteillage de dernière génération, conditionnement automatisé) dans le but de répondre à une demande croissante sur les rosés de Provence et améliorer les conditions de travail des équipes. En 2021/2022, renforcement de l’ancrage local par l’entrée de nouveaux sociétaires : Domaine Siouvette (la Môle), Château Saint Maur (Cogolin), Domaine de la Sultanine (Ramatuelle) et la cave de Ramatuelle. En 2023/2024, un projet d’agrandissement d’envergure pour accompagner la demande croissante des rosés de Provence. Désormais, ce sont 11 domaines et 3 grandes caves qui nous permettent de livrer plus de 4.5 millions de bouteilles dans le monde.

La chanteuse Armelle Yons révèle son premier album Mon Secret

Armelle Yons est connue pour ses multiples casquettes de comédienne, maquilleuse de scène, chanteuse de cabaret et interprète des chansons de Barbara et Jacques Higelin. Elle qui a interprété les grands classiques de la chanson française dans l’hexagone et à l’étranger revient avec un premier album qu’elle a agrémenté de ses propres textes mis en musique par le duo La Bestiole. Sa voix porte des mots ciselés par son amour des sonorités de la langue de Molière à découvrir sur la scène du Café de la danse le 25 janvier. L’album est un mélange vivifiant de chanson française (Les clés du temps), de rock et d’électro pop (C’est mon secret) où les sons portent la voix si expressive d’une vraie femme de tête revendiquée.

De l’énergie à revendre

Mon secret est le premier album d’une chanteuse surtout connue jusque là pour ses performances scéniques remplies d’énergie. Elle a été convaincue de sauter le pas après sa rencontre avec le duo rock La Bestiole formé de Delphine Labey et Olivier Azzano lors d’un concert hommage à un artiste qu’elle affectionne particulièrement, Jacques Higelin. La décision est prise de collaborer ensemble en vue d’un album, avec à la clé 12 chansons composées par le duo à la musique et Armelle aux textes. L’artiste a évolué en liberté avec des inspirations très personnelles du côté de Soulages, Corto Maltese, Wim Wenders, Juliette Gréco ou Sharleen Spiteri (chanteuse du groupe Texas). L’album a été financé avec succès via une plateforme participative pour permettre de régler le mixage, le mastering, le pressage, la campagne de communication et le tournage des clips vidéo. Elle qui est passé par la case Arts appliqués est restée une touche à tout marqué par l’esprit sauvage et l’amour des textes. Mon secret montre Armelle Yons tour à tour femme sensuelle susurrant ses textes, ou femme puissante sur des titres empreints de guitare, de basse et de batterie. Sur cet album ont collaboré Delphine Labey à la batterie, percussions, chœurs, Olivier Azzano à la guitare et à la basse, Paul Galiana à la guitare et Diabolo à l’harmonica. En plus de C’est mon secret, 11 autres titres ont été écrits pendant la période si prolifique du confinement. L’artiste évoque ses errances noctambules dans la ville pas si endormie (Tango Padadam), ses interrogations de femme décidée à ne pas courber l’échine(No scrupule) et une histoire d’amour truculente (Passe-moi le cric). La voix d’Armelle Yons remplit l’espace avec sincérité, elle qui a réussi à mener à bien une aventure inédite et galvanisante.

Le clip de C’est mon secret a été écrit et dirigé par Armelle Yons elle-même en collaboration avec le réalisateur Victor Delfim. Les chansons seront à découvrir le 25 janvier au Café de la danse pour un beau moment de communion scénique. 

Une façon d’aimer, un roman de Dominique Barbéris (Gallimard)

Une façon d’aimer, un roman de Dominique Barbéris (Gallimard)

Dominique Barbéris a remporté le Grand Prix de l’Académie française pour son dernier roman : Une façon d’aimer.

Une façon d’aimer est une pure fiction qui raconte les amours d’une femme au temps des colonies. Madeleine quitte la Bretagne pour suivre son mari au Cameroun. Elle ne s’attend pas à cette nouvelle vie. Elle se sent étrangère et découvre un monde nouveau, une ville nouvelle, Douala.

C’est à la fois doux et violent. Romantique et mélancolique.

Et marqué par l’époque. La décolonisation n’est pas loin… Les indépendantistes sont de plus en plus nombreux et commencent à faire peur. Douala révèle un tout autre visage aux colons. Il est temps de partir. Ils sont en réel danger.

Là-bas, elle va aimer en dehors du mariage, un homme à hautes responsabilités… Une adultère ! On découvre alors une autre femme. Au milieu du tumulte extérieur, Madeleine nous entraine dans son monde intérieur. Et nous envoûte. Comme un petit oiseau tombé du nid…

Avec beaucoup de poésie sous une très belle plume ! Tout en délicatesse…

Une façon d’aimer est un très beau roman, qui aborde à la fois la vie d’une femme à une certaine époque et surtout le temps de l’indépendance pour de nombreuses colonies. Dominique Barbéris mérite vraiment le Grand Prix de l’Académie française !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Août 2023
Auteur : Dominique Barbéris
Editeur : Gallimard
Prix : 19,50 €

Yorgos Lanthimos, un réalisateur sans concessions au succès mondial

Alors que son nouveau film Pauvres Créatures (Poor Things en VO) s’apprête à sortir sur les écrans français le 14 janvier, Yorgos Lánthimos a déjà fait le buzz avec 2 Golden Globes remportés (Emma Stone, meilleure actrice dans un films musical ou une comédie, et Meilleur film musical ou de comédie) et un Lion d’or à la Mostra de Venise, de quoi aiguiser les appétits des futurs spectateurs. Le réalisateur grec n’en est pas à son coup d’essai, il a déjà livré les 3 chefs d’œuvre The Lobster, Mise à mort du cerf sacré et La Favorite. De quoi s’attendre au meilleur?

Un réalisateur iconoclaste

Yórgos Lánthimos est né le 23 septembre 1973 à Athènes, 100% grec, pas le pays de cinéma le plus connu. Et pourtant, avec notamment Costa-Gavras (Compartiment tueurs, Z, L’aveu, Adults in the room), Theo Angelopoulos (Palme d’or pour L’éternité et un jour), Michael Cacoyannis (Zorba le grec), la liste des réalisateurs grecs talentueux est longue, de quoi se pencher sur le sujet et se laisser tenter par quelques visionnages. Le réalisateur est apparu sur la scène internationale en 2009 avec un huis-clos tourné en Grèce et en grec entre peinture sociale et thriller, le film Canine. Il gagne le prix Un certain regard au festival de Cannes, une sorte de début en fanfare. Il est d’ailleurs devenu un habitué du festival avec des prix du jury en 2015 et prix du scénario en 2017 pour ses films The Lobster et Mise à mort du cerf sacré. Son passage en langue anglaise pour The Lobster explique grandement son retentissement international au vu de la qualité des films, pourtant issus d’un cinéma indépendant assez loin des succès habituels, jusqu’à la confirmation suprême et l’Oscar obtenu par Olivia Colman pour sa prestation dans La Favorite. Grand succès pour un film indépendant, à l’atmosphère putride et à l’utilisation particulière d’une grande focale pour modifier les perspectives, La Favorite surprend et bouscule, avec un humour noir savoureux. Pauvres Créatures est décrit comme une comédie horrifique, avec un casting des plus prestigieux: Emma Stone, Willem Dafoe, Mark Ruffalo en tête.

Même passé à la moulinette hollywoodienne, le réalisateur a su conserver ses spécificités formelles et philosophiques, fuyant la facilité pour créer des univers entre dystopie et remise en question des normes sociales. Vivement le 14 janvier!

[BD] Brume, tome 2 : un album signé Jérôme Pélissier et Carine Hinder (Glénat)

[BD] Brume, tome 2 : un album signé Jérôme Pélissier et Carine Hinder (Glénat)

C’est reparti pour une nouvelle aventure pour Brume dans ce second album à la tonalité un peu plus inquiétante, à la recherche de la grande sorcière Naïa, disparue depuis longtemps. Après avoir affronté un dragon dans le premier album, Brume et ses amis nous emportent dans un torrent de rebondissements au coeur d’une sombre forêt. 

Un album qui met en scène des personnages très attachants, drôles et débordants d’imagination. On tombe facilement sous le charme, d’autant plus que le dessin cultive sa différence à travers un trait doux aux formes arrondis et à la coloration très travaillée. 

On apprécie donc tout particulièrement l’univers de Brume qui poursuit sur une belle lancée avec ce second tome ! A suivre !

Extrait de la BD :

Résumé de l’éditeur :

Le grand frisson 

Après avoir terrassé le dragon, Brume apprend qu’elle est en possession du grimoire de Naïa, la puissante sorcière qui veillait jadis sur son village et qui a disparu depuis de longues années. La fillette est bien décidée à dissiper le mystère qui entoure cette disparition ! Toujours accompagnée de son fidèle assistant, le petit cochon Hubert, et d’Hugo son meilleur ami, Brume entreprend la plus dangereuse des quêtes : trouver l’antre de Naïa ! La bâtisse se situerait au plus profond de la forêt des âmes perdues, or selon la légende, quiconque pénètre dans ces bois hantés se perd pour l’éternité… Nos aventuriers vont rapidement se retrouver en très mauvaise posture car dans les profondeurs de la forêt, là où le soleil ne brille jamais, une créature terrible rôde… Brume va-t-elle réussir à s’approcher de Naia et à rassembler par la même occasion les morceaux de sa propre histoire ? Perdus, nos trois amis sortiront-ils indemnes de leur expédition ? Toujours aussi drôle et inventive, Brume poursuit son chemin et affirme son caractère à travers cette série désopilante qui continue de nous faire rire avec des dialogues savoureux, un dessin doux et soigné et une héroïne fort attachante.

 

Date de parution : le 3 janvier 2024
Auteurs
: Jérôme Pélissier (Scénario) et Carine Hinder (Dessin, Couleurs)
Genre : BD jeunesse
Editeur : Glénat
Prix : 12,50 €
Acheter sur : BDFugue

Notre petit cabaret, un spectacle musical entre grâce et légèreté au Lucernaire

Notre petit Cabaret est un spectacle rare avec 2 artistes qui s’ébattent en liberté entre numéros musicaux et évocations théâtrales. Aucune contrainte de forme n’oblige Béatrice Agenin et Emilie Bouchereau, la liberté est la seule règle dans un moment de grâce parfait pour emporter les spectateurs dans un tourbillon de chansons et de références théâtrales.

Un cabaret sans limites

Les 2 artistes font preuve d’une imagination sans limite pour multiplier les références culturelles et y insérer des compositions personnelles. Si l’ainée est surtout férue de théâtre et de littérature (Phèdre de Racine, A la recherche du temps perdu de Proust, On n’est pas sérieux quand on a 17 ans de Rimbaud), la cadette préfère se munir de sa guitare pour interpréter des classiques de la chanson française ou internationale, voire même ses propres compositions. Avec humour et décontraction, et surtout sans aucune trame directrice, elles se font plaisir et invitent l’audience à un voyage dans leur univers personnel fait de poésie et de musique. Dis quand reviendras tu de Barbara côtoie Smells like teen spirit de Nirvana sans que personne n’y trouve à redire. Surtout quand la maman raconte avec émotion avoir initié sa fille à la magie du théâtre alors que cette dernière préférait alors l’énergie de la pop voire du grunge. Les numéros s’enchainent, livrant surprise sur surprise devant un public ébahi. Le spectacle est une nouvelle preuve montrant bien que le Lucernaire aime à lâcher la bride à tous ceux qui vivent leur art avec passion. Aux côtés des 2 interprètes, un pianiste et un batteur livrent une toile de fond musicale propice à l’évasion. Béatrice et Emilie varient les costumes et les inspirations mais jamais sans se départir de leurs regards intenses tournés vers les étoiles. La mise en scène de Salomé Villiers est truffée de trouvailles inventives et contribue à démultiplier l’effet positif du spectacle sur l’esprit des spectateurs.

La salle était pleine à craquer pour applaudir chaudement les artistes à la fin de leur prestation enflammée, parfaite pour réchauffer les cœurs un mardi soir dans un Paris aux températures polaires. Le spectacle est visible jusqu’au 21 janvier, il faut y courir tant qu’il est encore temps.

Synopsis:

Au cabaret, on a tous les droits.
On y chante les tilleuls verts de Rimbaud, on se déhanche sur Cole Porter, Proust est ivre de jalousie, Phèdre rappe avec passion, Barbara y côtoie Nirvana, les Spice Girls, les Beatles, le tout mêlé de compositions originales. Mère et fille se jouent des conventions.
Un spectacle insolite, joyeux et sensible, qui fait la part belle à l’humour et l’amour.

Détails

Jusqu’au 21 janvier 2024

Mardi < Samedi 19h | Dimanche 15h30

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