Le 7 janvier, le neveu de Francis Ford Coppola a fêté ses 60 ans. Autrefois adulé dans des rôles à succès filmés par des grands réalisateurs, Nicolas Cage est apparu régulièrement dans des films devenus mythiques. Martin Scorsese avec A tombeau ouvert, les frères Coen avec Arizona Junior, David Lynch avec Sailor et Lula, Mike Figgis (oscar obtenu pour son rôle intense dans Leaving Las Vegas), Brian de Palma avec Snake Eyes, Ridley Scott avec Les associés, et puis finalement une dernière prestations inoubliable dans le Bad Lieutenant de Werner Herzog. Après 20 ans à marcher sur l’eau, l’acteur a explosé aux yeux du grand public avec Air Con,Rock, Volte-face et 60 secondes chrono. Qu’est devenu le chouchou du public?
Une carrière coupée en vol
Force est de constater qu’à partir des années 2010, Nicolas Cage a enchainé les choix de films hasardeux, confirmant une dérive commerciale mal perçue par le public et par la critique. Il reconnait lui-même avoir fait ces films moins exigeants artistiquement, qu’il ira jusqu’à qualifier par la suite d’étrons. La raison n’est pas très glorieuse, il doit surtout soutenir son coûteux train de vie en courant les cachets pour des rôles qu’il n’a même plus besoin de préparer. Ainsi Ghost Rider lui rapporte une coquette rémunération mais cette histoire d’un motard qui vend son âme au diable rentre en résonnance avec sa vie et ses choix, sa filmographie se dégrade puissance grand V. Alors Bad Lieutenant et Kick Ass relèvent un peu le niveau mais au milieu d’une mare de films oubliables. Les séries B (voire Z) se succèdent, L’apprenti sorcier, Le dernier des Templiers, Hell Driver, Le pacte, Effraction, Ghost Rider 2, qui s’en souvient? La liste est longue, de quoi le faire oublier des réalisateurs talentueux. Un semi-come back s’amorce à partie de 2021, Pig, Un talent en or massif, Dream Scenario, la pente semble s’inverser en faveur de rôle plus ambitieux.
On attend toujours le prochain vrai grand rôle de Nicolas Cage au cinéma, reste des souvenirs de rôle puissants et intenses, de quoi lui accorder un crédit illimité pour toujours!
Grand fanatique de cinéma, je me refuse normalement à évoquer les films sortis sur les différentes plateformes à cause d’un réflexe suranné de dinosaure défenseur des salles obscures. Mais impossible pour moi de ne pas évoquer Le cercle des neiges tant le film fait surgir des sentiments puissants au fur et à mesure de la diffusion des scènes.
Un incontournable à ne pas manquer
Le film évoque de manière ultra réaliste l’accident d’avion de 1972 où des passagers se sont retrouvés piégés dans la cordillère des Andes sans espoir ou presque d’être retrouvés par d’éventuels sauveteurs. La scène de crash est un véritable monument cinématographique, l’avion est un moyen porteur, il fait du rase motte et la scène dure assez longtemps pour voir tous les détails, les barres de fer s’enfoncent dans la peau, certains s’envolent à l’arrière de la carlingue qui a été arraché, une scène à revoir en boucle, entre film d’horreur ultra réaliste et documentaire à montrer aux passagers d’avion pas suffisamment anxieux en vol. Le film égrène la liste des disparus au fur et à mesure de leur mort, les survivants s’organisent pour résister aux températures glaciales de la nuit, et les joueurs de l’équipe de rugby se révèlent d’une inventivité assez fascinante. Bricolage, résilience, persévérance, le film édicte les règles de base de la survie en milieu hostile. A l’air libre pendant les longues journées d’attente de l’arrivée des secours, collés les uns aux autres pour se réchauffer pendant les longues nuits de glaciation, les survivants vivent littéralement l’enfer. Je me souviens très bien de ma vision des 5 épisodes de la série Tchernobyl, Le cercle des neiges me laissera certainement un souvenir similaire, me faisant passer par toutes les gammes du spectre des sentiments. Son ultra réalisme fait passer les sensations de soif, de froid, de douleur et surtout de faim car cet évènement dramatique est resté connu par le recours (forcé et contraint) à un cannibalisme nécessaire pour survivre. De quoi s’interroger sur sa propre capacité à en avoir recours. Car le froid fait bruler un nombre considérable de calories et fait craindre une morte rapide sans aliments pour se regénérer. Beaucoup de pudeur dans ces scènes mais tout est compréhensible, suggéré, limpide. Et si les premières disparitions créent un choc chez les survivants, la longue liste créée une sorte d’habitude qui fait froid dans le dos. L’esprit humain a des capacités d’adaptation insoupçonnables et insoupçonnées, la preuve…
Tant de choses à dire sur ce film, les acteurs sont hyper impliqués, les scènes s’enchainent avec un sens de l’inéluctable absolument sans pitié, Le cercle des neiges se classe d’entrée dans le top 5 des films sortis sur les plateformes.
Synopsis: En 1972, un avion uruguayen s’écrase en plein cœur des Andes. Les survivants ne peuvent compter que les uns sur les autres pour réchapper au crash.
[Livre jeunesse] Poule de neige, un album d’Elisa Malan qui revisite la boule de neige (Glénat)
Une boule de neige revisitée, c’est un peu l’idée de Poule deneige. Brigitte a été oubliée dans la grange de sa ferme et va devoir passer l’hiver seule à se débrouiller. Mais la faim va l’obliger à sortir de son abri et à s’aventurer à l’extérieure, alors que tout est enneigé. Elle va découvrir les joies de la neige et rencontrer un lapin qui va l’aider et surtout la sauver des griffes d’un renard affamé.
La question va surtout être de trouver une solution pour se camoufler au milieu de tout ce blanc ! La solution est en partie dans le titre… un récit amusant et joyeux à découvrir en librairie !
Résumé de l’éditeur :
Qu’est-ce qui est encore plus amusant qu’une boule de neige ? Une poule de neige, pardi !
Lorsque Brigitte se retrouve seule dans le froid de l’hiver, la petite poule rousse n’a pas le choix : il lui faut chercher quelque chose à se mettre dans le bec ! La poulette se met donc à explorer les environs à la recherche de nourriture. Mais comment échapper à un renard qui a une faim de loup lorsqu’on est aussi visible sur la neige ? Merlin, un lapin malin, a bien une idée pour éviter que Brigitte ne se fasse repérer…
Date de parution : le 3 janvier 2024 Auteurs : Elisa Malan (Scénario et Dessin) Genre : Jeunesse
[BD] Spoon & white, tome 5 : Funky Junky, toujours plus loin ! (Bamboo)
Pour notre plus grand bonheur, Spoon & White est actuellement rééditée chez Bamboo édition. Funky Junky est le cinquième tome de la série créée par les scénaristes Jean Léturgie et Yann, et dessinée par Simon Léturgie et Franck Isard.
Les deux flics qui se disputent toujours la jolie Courtney Balconi, se retrouvent par hasard détenteurs d’une valise destinée à Harry Khan, jeune protégé du commissaire qu’ils jalousent au possible. L’objet qui a été récupéré entre les mains de leur indic sino-africain Bruce Ali est en réalité pour Courtney Balconi. Une valise qui les mènera dans une affaire musclée où humour acerbe et actions chocs seront une nouvelle fois au rendez-vous.
Une réédition réussie qui nous offre aussi des bonus de planches et croquis en suppléments. A découvrir en librairie dès le 10 janvier !
Extrait de la BD :
Résumé de l’éditeur :
Trafic de drogue pour Spoon et White ! That’s 70’s show ! Jaloux que leur nouveau collègue Harry Khan se soit vu confier la tâche de remettre une valise à leur idole Courtney Balconi, Spoon et White lui jouent un mauvais tour et l’envoient involontairement au cimetière. Entretemps, la valise disparaît. S’engage alors une course-poursuite à travers la ville de New York pour la retrouver.
Date de parution : le 10 janvier 2024 Auteurs : Jean Léturgie, Yann (Scénario), Simon Léturgie, Franck Isard (Dessin), Squad (Couleurs) Genre : BD humour, policier
A l’Opéra Garnier, Gil Roman en haute fidélité à Béjart
Le Béjart Ballet Lausanne est l’invité en ce début d’année de l’Opéra Garnier avec au programme « Tous les hommes presque toujours s’imaginent », une création de Gil Roman, son directeur, et quatre pièces emblématiques de Maurice Béjart, son fondateur. La compagnie, fidèle à sa vocation, fait vivre l’œuvre de Béjart tout en demeurant un espace de création.
Comme en témoigne la pièce d’ouverture « Tous les hommes presque toujours s’imaginent » sur une partition du compositeur new-yorkais expérimental John Zorn, qui abolit toute temporalité et met en scène une traversée musicale dans un geste autant dansé que spirituel.
Avec ce ballet, Gil Roman explore les relations humaines, les illusions et les fantasmes qui nous habitent tous et dont la résonance se déploie entre rêve et réalité, l’ici et l’ailleurs. Fantasmés ou réels, les protagonistes sont en quête et se cherchent, se désirent et se rejettent portant en eux toute la complexité de l’âme humaine.
La gestuelle limpide et ciselée imprime une part d’onirisme et de songe poétique où l’expressivité des corps – entre pas de deux, solos, danses de groupe – s’accorde à ce rêve éveillé.
La danse sans frontières
Avec « Bhakti III » et la suite du programme, on revient à Béjart chorégraphe et à son imprégnation à toutes les cultures. Et à sa grammaire chorégraphique toujours lisible et fluide qui consacre avec cette marque si particulière, l’expressivité du geste à l’exaltation de la musique, surfant sur les bases de la danse classique et académique tout en impulsant une modernité emprunte des courants néo-classiques et modernes.
Sur une musique traditionnelle indienne, il met en scène un duo autour de deux variations : Shiva Dieu de la Destruction (et de la Danse) et Shakti, son épouse, qui n’est autre que son énergie vitale qui émane de lui et retourne en lui, immobile et pourtant éternellement en mouvement. Un pas de deux qui s’orchestre dans un rite aussi géométrique qu’acrobatique.
Pour le Duo extrait du ballet Pyramide – El Nour crée en 1990 sur une musique islamique, Valerija Frank et Julien Favreau compose un duo solaire et habité d’une transcendance spirituelle.
Dans Dibouk, Béjart convoque les traditions musicales juives et la thématique de l’attirance. Kathleen Thielhelm et Dorian Browne donnent chair à ce couple promis l’un à l’autre et captifs à tous les emportements.
Enfin, pour clore la soirée en majesté, « 7 Danses grecques », un des chefs-d’œuvre de Béjart où le charme opère d’entrée avec cette chorégraphie enlevée à la rigueur mathématique sur une musique de Mikis Theodorakis. La danse en groupe exalte les racines d’un peuple où la Grèce est d’autant plus présente que les emprunts à son folklore sont minimes et où Béjart lui insuffle son vocabulaire inimitable. Bravo !
Dates : du 5 au 7 janvier 2024 – Lieu : Palais Garnier (Paris) chorégraphie : Gil Roman / Maurice Béjart
[Livre jeunesse] Tim Hopgood : Les toiles d’Ariane et toutes les couleurs du ciel (Glénat)
Tim Hopgood nous propose deux albums originaux pour nos plus petits avec Les toiles d’Ariane et Toutes les couleurs du ciel. Le premier est l’occasion d’explorer et de découvrir différentes formes à travers le récit d’une araignée qui cherche à tisser la toile la plus solide possible. Pour cela, il faut sans cesse essayer de nouvelles formes ! Quant au second, c’est un voyage à travers les couleurs du jour et de la nuit que découvre une chouette qui décide de ne pas fermer l’oeil tout le jour durant.
Deux jolis livres tout en carton qui sauront émerveiller les plus jeunes tout en apprenant. A découvrir en librairie !
Extrait de l’album :
Résumé de l’éditeur :
Une nouvelle collection toute douce pour appréhender les premières notions !
Dans la nuit, une petite chouette dort. Ça alors ! Elle décide de se réveiller aux aurores pour découvrir les teintes du jour. Accompagne-la dans son aventure multicolore… Une charmante histoire pour apprendre les couleurs, illustrée par Tim Hopgood.
Une nouvelle collection toute douce pour appréhender les premières notions !
Ariane veut tisser la plus géniale des toiles d’araignée. Mais quelle forme lui donner ? À toi de deviner… Une charmante histoire pour apprendre les premiers concepts de géométrie, illustrée par Tim Hopgood.
Date de parution : le 3 janvier 2024 Auteurs : Tim Hopgood (Scénario et Dessin) Genre : Jeunesse, tout carton
Le Théâtre de la Contrescarpe sait proposer des pièces à guichet fermé pour le plus grand plaisir des spectateurs. Rémi Mazuel et Alain Péron (déjà à l’origine de la pièce à succès Charles VII J’ai sauvé la France) sont de retour pour une nouvelle évocation historique pleine de charme et de pertinence. Ils se concentrent sur la période 1514 (1 an avant son arrivée au trône) jusque peu avant sa mort. 2 comédiens et 2 comédiennes livrent un beau numéro de théâtre avec un vrai talent pour endosser rôles multiples et une pièce qui subjugue tout du long.
L’histoire est belle
Mis à part la date devenue mythique à l’école de 1515 (quelle bataille???) et les châteaux de la Loire avec en premier lieu le magnifique Chambord (à visiter absolument!), peu connaissent les détails du règne du roi François 1er. Roi emblématique de la période de la Renaissance française, il a notamment fait venir Léonard de Vinci en France et permis un développement important des arts et des lettres. On sait moins qu’il a été en guerre quasi permanente contre l’empereur Charles Quint avec le soutien plus ou moins constant du roi Henri VIII d’Angleterre avant de faciliter la diffusion de la Réforme naissante et de s’allier à Soliman le magnifique. Celui qui est d’abord François d’Angoulême est l’héritier présomptif de la couronne quand Louis XII disparait. Sa mère Louise de Savoie a œuvré pour le préparer à sa haute fonction et l’appelle mon César, lui qui aime rien de moins que la chasse à courre. La pièce accumule des focus sur les moments importants de son règne pour brosser le portrait d’un homme humaniste obligé de multiplier les joutes diplomatiques pour ne pas dépérir face au puissant empereur du Saint Empire Romain germanique. La pièce voit le très ressemblant (et très grand autant que très convaincant) Rémi Mazuel interpréter François 1er aux côtés d’interprètes multipliant les rôles avec grâce et humour. Les accents italiens, germaniques et anglais sont maniés avec humour par les 3 compères qui l’accompagnent pour un effet bœuf sur le public. La mise en scène utilise un écran dans le fond de la scène pour illustrer les moments joués, dans une prison de Madrid, dans le château de Chambord ou dans toutes les localisations de la pièce. Le voyage dans le temps est somptueux!
Pas de pause dans une scène où les comédiens font revivre avec talent la grand Histoire de la France, un pays qui ne manque pas de scénarios pour abreuver le cinéma en intrigues. L’humour est omniprésent dans une pièce qui attire un public nombreux pour 1h20 de spectacle mené tambour battant!
Synopsis:
On lui doit le français, Chambord, la Joconde… François 1er a marqué l’Histoire. Découvrez sa fabuleuse destinée, dans une comédie incroyable, vraie… et drôle ! Pour raconter un personnage aussi coloré, truculent et moderne, il fallait une comédie historique audacieuse et burlesque. Avec «L’incroyable épopée de François 1er», vivez en vous amusant l’incroyable histoire de François 1er : son enfance, l’ascension vers le trône, ses amours, ses batailles et ses rencontres avec Louise de Savoie, Marguerite de Navarre, Marie Tudor, Léonard de Vinci, Henri VIII, Charles Quint… Tout est incroyable mais bien réel… parfois cocasse et souvent amusant ! « L’incroyable épopée de François 1er » est la suite des pièces à succès d’Alain Péron « J’ai sauvé la France, l’incroyable destin de Charles VII » et « Vous n’aurez pas la Bretagne – Anne de Bretagne, Anne de France, l’affrontement ».
Informations
DÉBUT JANVIER (VACANCES SCOLAIRES) : LUNDI 1ER à 17h MARDI 2, JEUDI 4, VENDREDI 5 : à 19h SAMEDI 6 : à 17h
DU 8 JANVIER À FIN FÉVRIER : • SAMEDIS À 17h • DIMANCHES à 16h30 • LUNDIS à 19h
Les éditions Casterman nous proposent une nouvelle collection pour tout-petits : Mes docu marionnettes.
Ce sont des livres marionnettes pour les enfants de 1 à 3 ans, entièrement cartonnés, et joliment illustrés.
L’album, Les pompiers, présente Adam l’éléphant qui aide les pompiers à éteindre le feu avec sa grande trompe. L’enfant pourra réellement jouer avec le doudou marionnette tout doux !
Il va aussi tout nous expliquer : la découverte de la caserne, l’uniforme des pompiers, leurs véhicules… Mais aussi comment les pompiers interviennent en cas d’incendie, ou de feux de forêt, ou d’accidents…
Le tout-petit va tout savoir sur le monde des pompiers grâce à Adam ! On peut également découvrir les nouveaux albums de la même collection, sur des thèmes variés : les dinosaures, l’espace et la danse.
L’année 2023 a vu quelques grands évènements culturels attirer les visiteurs. Habitant la capitale, je vais donc me concentrer sur les lieux parisiens, mais je n’oublie pas qu’il n’y a pas que Paris dans la vie. Seulement, c’est beaucoup plus pratique pour moi. Les musées et lieux d’exposition y sont tellement nombreux qu’il faut bien organiser son planning pour assurer ses sorties exposition, la foule y est souvent nombreuse, les files d’attente se succèdent, c’est un mal pour un bien. L’important est accroché aux murs, le reste n’est que de l’ordre du détail, c’est parti pour un tour d’horizon organisé de manière chronologique.
Encore de beaux évènements
L’année 2023 a débuté au Musée d’Orsay avec l’exposition Pastelsde Millet à Redon. Plus de 100 œuvres pour mettre en évidence les maitres du pastel avec notamment des œuvres de Millet, Degas, Manet, Cassatt, Redon, Lévy-Dhurmer. Puis le Musée du Luxembourg a laissé le champ libre àLéon Monet, industriel rouennais et collectionneur d’art mais surtout frère aîné du célèbre peintre porte étendard de l’impressionnisme, Claude Monet. Le Musée de l’Orangerie a exhumé les Cahiers d’art de Matisse et les œuvres marquantes de Modigliani dans 2 évènements marquants de la saison culturelle. Le Grand Palais a proposé des évènements dans des lieux surprenants, Eternel Mucha au Grand Palais immersif et Juergen Teller au Grand Palais éphémère. Avant de fermer pour un an de travaux, le Musée Jacquemart André a proposé une exposition Bellini pour marquer le coup. Le Musée d’Orsay a enchainé les grands moments après Pastels avec Manet/Degas etVan Gogh à Auvers sur Oise. Autre grand moment au Musée du Luxembourg, Gertrude Stein et Picassopour un voyage dans le temps éblouissant. Pour beaucoup, l’exposition de l’année s’est déroulée à la Fondation Louis Vuitton avec Rothko exposé dans toute sa densité. Les amateurs de mode ont aussi pu découvrir l’artiste néerlandaise Iris van Herpen au Musée des Arts Décoratifs.
L’année 2024 sera elle-aussi à la hauteur, voici les évènements à marquer absolument dans votre agenda: VIVA LA VIDA !, Frida Kahlo au Grand Palais Immersif du 18 septembre 2024 au 2 mars 2025, Match. Design & sport – une histoire tournée vers le futur au musée du Luxembourg du 13 mars au 11 août 2024, Paolo Roversi au Palais Galliera du 16 mars au 14 juillet 2024, Brancusi au Centre Pompidou du 27 mars au 1er juillet 2024, Paris 1874. Inventer l’impressionnisme au Musée d’Orsay du 26 mars au 14 juillet 2024, Matisse, L’Atelier rouge à la Fondation Louis Vuitton du 7 mai au 9 septembre 2024. Une belle année en perspective!
Alina Khalitova. Série « Crise de l’Évidence », « Deux Soleils ». Crédit photo : Courtoisie de la Galerie Atticus Arts.
Récipient de la Spéciales Jeune Vague 2022
Alina Khalitova, un nom désormais gravé dans les annales de l’art contemporain, fait sensation avec son exceptionnel corpus artistique. Originaire d’Orléan, en France, le parcours de Khalitova dans le domaine de l’art n’a rien de moins que remarquable. Sa récente récompense en tant que récipiendaire de la Spéciale Jeune Vague 2022 témoigne de sa dévotion inébranlable et de son talent artistique.
Le prix Jeune Vague, décerné annuellement depuis 2017, est devenu l’un des honneurs les plus prestigieux dans le domaine de l’art contemporain. Avec plus de 500 candidats du monde entier qui y participent, il sert de phare pour les talents émergents dans le monde de l’art. La mission du prix est claire : favoriser la transformation des idées des artistes en une réalité tangible, créant ainsi une synergie entre artistes, entreprises et la communauté.
Le parcours de Khalitova dans le monde de l’art est profondément enraciné dans son expérience en tant qu’historienne de l’art. Ses œuvres sont intrinsèquement liées à leur site, souvent trouvées dans des endroits inattendus, transcendant les limites traditionnelles des espaces d’exposition. Elle croit en la déconstruction de l’élitisme au sein du monde de l’art et vise à rendre son art accessible à tous.
Alina Khalitova
Tout au long de sa carrière, Khalitova a été captivée par la lumière, explorant sa nature et les effets qu’elle produit sur la perception humaine. Ses premières expériences en photographie analogique l’ont conduite à explorer la perception visuelle, remettant en question les notions conventionnelles d’espace, de composition et de perspective. La série « Crisis of Evidence », l’une de ses œuvres phares, explore des expériences visuelles humaines impossibles, repoussant les limites de ce que nous considérons comme la réalité.
L’une des installations les plus marquantes de Khalitova, la photo-installation de 80 m² « 1 x 1 = 1 », illustre son engagement à explorer les intersections entre la lumière, la réflexion, la perception visuelle et le contexte. Son travail brouille les frontières entre le physique et le métaphysique, invitant les spectateurs à remettre en question leur propre perception.
Le Prix Spécial qu’elle a reçu en 2022 pour sa série photographique « Crisis of Evidence » témoigne de sa capacité à remettre en question les paradigmes et à redéfinir les normes artistiques. Cette série explore la projection de la psyché humaine et invite les spectateurs à voir le monde à travers un prisme nihiliste et critique. Avec un jury composé de personnalités éminentes du monde de l’art telles que Baff Anouilh, Antawan Bardot, Lawrence Van Tremblay, Sohrab Martin et Catherine Pierraux, le prix Jeune Vague est un témoignage du talent exceptionnel de Khalitova.
Alina Khalitova. Série « Lueurs ». Crédit photo : Courtoisie de la Galerie Atticus Arts.
Alors qu’Alina Khalitova continue de repousser les limites de l’art et de la perception, son travail sert d’inspiration pour les artistes en herbe et témoigne de la puissance de l’imagination dans l’art contemporain. Sa capacité à transformer les idées en réalisations époustouflantes est un témoignage de la mission du prix Jeune Vague, qui comble le fossé entre les artistes, les entreprises et la communauté.
Dans un monde où les frontières sont faites pour être franchies, Alina Khalitova se dresse comme un phare de créativité, remettant en question le statu quo et redessinant le paysage de l’art contemporain.
Veuillez noter : L’article ci-joint offre un aperçu du parcours artistique d’Alina Khalitova et de ses récentes récompenses. Pour plus d’informations détaillées, d’images et d’aperçus de son travail, veuillez vous référer au site officiel de Jeune Vague (www.jeune-vague.com) et au site officiel d’Alina (www.alinakhalitova.net).
Alina Khalitova. Série « O (0, 0, 0) », « Asynchronisation ». Crédit photo : Courtoisie de la Galerie Atticus Arts.
L’année 2023 s’est clôturée avec plusieurs succès cinématographiques soulignant le retour en grâce des salles obscures. Alors que la folie des plateformes a tendance à se calmer un tantinet, les chiffres du cinéma sont bons, pas encore au niveau de l’avant Covid, mais en forte progression par rapport à 2022. Barbie et Oppenheimer ont animé l’été, Super Mario Bros est en haut du classement, suivi par Barbie et Avatar 2, les grosses machines américaines sont de retour tel un signe fondateur d’rune résurrection du secteur mis à mal par plusieurs années de crise. Le cinéma français n’a pas démérité non plus avec 40% de part de marché, de quoi garder espoir pour l’avenir. Si les chiffres sont bons, qu’en est-il de la qualité des films?
L’année Caravage
Avec 95 films vus en salle, l’année cinéma reste dans les standards des années précédentes (94 films vus en salle en 2022, 98 en 2021). Mais si la volumétrie est satisfaisante, la qualité n’est pas forcément au rendez-vous. Seulement 9 films notés 5/5 contre 18 en 2022 et 14 en 2021. Le premier film du classement, Caravage, est en fait sorti à la toute fin 2022 pour un visionnage début 2023. Avec ces plans beaux comme des tableaux et sa beauté graphique inégalée, il m’a marqué toute l’année. Rien à voir avec les effets visuels en carton pâte de Barbenheimer… Le 2e est un documentaire, Promenade à Cracovie, rendu bouleversant par son évocation du ghetto de Cracovie, un moment fort et touchant de l’année cinéma. Emily est un biopic évoquant avec délicatesse le destin des sœurs Brontë, avec la même Emma MacKey qui apparait dans Barbie mais dans un film au féminisme beaucoup moins artificiel et marketé. Dogman marque le retour d’un Besson pas abattu par le règlement de comptes orchestré depuis toujours par la critique française. Bernadette est une comédie française franchement drôle, c’est assez rare pour le souligner, cette satire sur le monde politique français fait mouche et l’ancien président Jacques Chirac ainsi que tout le landernau politique hexagonal en prend pour son grade. Ce mini-classement ne comporte ni pub géante pour Barbie, ni Oppenheimer certes très bon mais d’une longueur qui le disqualifie pour un second visionnage. Quant au téléfilm porté aux nues de manière incompréhensible Anatomie d’une chute, il sera vite oublié après la prochaine palme.
[Album jeunesse] Ce qui te rend unique : un bel album qui donne confiance en soi (Gautier-Languereau)
Ce qui te rend Uniqueest un bel album, signé Chris Saunders, qui met en scène un jeune paresseux qui se cherche un talent, quelque chose qui le rendrait unique. En effet, un spectacle a bientôt lieu et tous les animaux environnants vont pouvoir participer et faire la démonstration de ce qui les rend uniques.
Notre jeune héros va donc faire lui aussi le tour des animaux pour les interroger sur cette fameuse question et tenter de se comparer à eux. Mais, à chaque fois, rien n’y fait, il n’est pas aussi doué que son interlocuteur. Alors forcément, inutile de vouloir faire comme les autres, il suffit d’être soi même et tout ira bien ! Une jolie petite fable accompagnée de superbes dessin.
A lire et à relire en famille !
Extrait de l’album :
Résumé de l’éditeur :
Il n’est pas rapide comme le jaguar, acrobate comme la grenouille ou magicien comme le serpent. Ce qu’il l’aime lui c’est la pâtisserie. Léon ne manque pas de talent, juste un peu de confiance en lui. Et si Léon réussissait à accomplir de grandes choses, en restant lui-même, tout simplement ?
Date de parution : le 4 octobre 2023 Auteur(s) : Chris Saunders (scénario et dessin) Genre : album jeunesse
Le film canadien Le plongeur est l’adaptation d’un roman québécois qui se déroule à Montréal en 2002. Le protagoniste principal est Stéphane, sorti de l’adolescence, décidé à faire des études mais il souffre d’une addiction sévère aux jeux, il perd tout son argent aux machines à sous, le forçant à travailler comme plongeur dans un restaurant alors que son niveau de dettes s’envole. Il cohabite avec une équipe de cuistots retors, il sympathise avec certains d’entre eux et se frotte au milieu du crime sans vraiment le savoir. Si le film décrit par le menu le vice consumant le jeune homme, il montre aussi ses effets délétères. Mensonge, duplicité, hypocrisie, il jure de pouvoir arrêter sans jamais y parvenir. Le rythme du film alterne plages de calme et moments plus musclés avec une bande son entre rap, metal et chansons pop. Si le sujet n’est pas nouveau, le résultat est très convaincant, avec un héros pris dans l’étau, pris au piège, et sa rédemption viendra d’un coup de pouce du destin. Le cinéma canadien aime à présenter des tranches de vie où désirs d’avenir et difficultés se télescopent, comme dans C.R.A.Z.Y ou Mommy. Le héros est touchant malgré sa capacité à faire des mauvais choix. A ses côtés, il côtoie d’autres destins cabossés, des cuisiniers au bord du gouffre, des jeunes sans avenir, mais c’est lui que les spectateurs suivent, pas sans maladresse mais toujours avec émotion. Les sous-titres ne sont pas de trop pour mieux comprendre des dialogues perclus d’accent canadien difficile à comprendre, ce qui n’empêche pas de suivre le film et d’y trouver des tas de qualités.
Synopsis: Stéphane, 19 ans, rêve de devenir illustrateur. Accro aux jeux d’argent, il s’engouffre dans une spirale infernale. Endetté, sans appartement, fuyant ses amis à qui il doit de l’oseille, il trouve un job de plongeur au restaurant La Trattoria pour s’en sortir.
[BD] Au coeur de la terre, tome 1 : un album signé Jean-David Morvan et Rafael Ortiz (Glénat)
Adaptation du chef d’oeuvre d’Edgar Rice Burroughs écrit en 1914, Au Coeur de la terreest revisité par le scénariste à succès Jean-David Morvan, accompagné par le dessinateur argentin Rafael Ortiz. Un récit qui nous fait voyager au centre de la terre pour nous plonger dans une sorte de jurassic en compagnie de deux explorateurs venus tout droit de la fin du XVIIIe siècle.
Si l’univers graphique peut charmer, surtout par son foisonnement permanent tout au long de l’album (les plans et découpages imaginés par Ortiz sont souvent très bien trouvés !), on est souvent déçus par le trait aléatoire des visages de personnages qui paraissent souvent insipides. C’est aussi ce que l’on ressent par la narration extrêmement maladroite, qui souffre d’une absence relative de fluidité. On est gêné par son côté saccadé, qui n’introduit jamais vraiment ni l’histoire générale ni les protagonistes. Les interactions entre eux sont stériles et on éprouve des difficultés à comprendre où les auteurs veulent nous emmener.
Au Coeur de la terresonne un peu comme une impasse malgré tout l’intérêt que peut présenter cet univers original. Peut-être ne serez-vous pas de cet avis !
Extrait de la BD :
Résumé de l’éditeur :
Une incroyable aventure au centre de la Terre !
Quand le prospecteur David Innes et son compagnon, l’inventeur Abner Perry, sortent de leur excavateur de minerai, la Taupe d’acier, après avoir creusé en profondeur dans les entrailles de la Terre, ils ne savent pas encore qu’ils viennent de découvrir un nouveau continent, Pellucidar ! De toute évidence, la Terre est creuse, puisqu’ils ont pénétré dans un monde intérieur… Cet univers luxuriant s’avère peuplé de bêtes féroces, semblables aux animaux préhistoriques, et d’êtres primitifs, humains et non humains. Quant au soleil, il ne bouge pas… la nuit ne tombera jamais sur Pellucidar. La rencontre avec les autochtones est surprenante et pleine d’espoir, mais très vite les deux aventuriers vont déchanter. Car sur Terre ou en son sein, il existe une hiérarchie, et celle de Pellucidar est basée sur la force et l’oppression. Les Mahars, sorte de reptiles, dominent les primates, les primates dominent l’homme, et au bout de la chaîne, nous retrouvons nos deux savants ! Vont-ils survivre aux conditions archaïques de cet Âge de pierre brutal ? Tout un écosystème inconnu se révèle devant eux… Bien décidés à triompher de cet obscurantisme, nos deux héros vont vivre la plus extraordinaire des aventures. Oubliez tout ce que vous avez appris en histoire-géographie en plongeant dans cette adaptation haute en couleur du chef-d’œuvre mythique de l’écrivain américain Edgar Rice Burroughs. Et qui mieux que Jean-David Morvan pour remettre au goût du jour ce récit insolite et fondateur de la science-fiction moderne, publié initialement en 1914 ? À ses côtés, le dessinateur argentin Rafael Ortiz lui redonne un souffle nouveau à travers son trait solide et riche de multiples détails. Cette adaptation du premier roman de la saga, Au cœur de la Terre, se présentera en deux tomes.
Date de parution : le 3 janvier 2024 Auteurs : Jean-David Morvan (Scénario) et Rafael Ortiz (Dessin, Couleurs) Genre : S.-F.
Grande réussite pour cette belle année théâtre 2023 avec 52 pièces vues pendant l’année, soit une par semaine en moyenne, je ne l’aurais jamais imaginé. Beaucoup de pièces pour enfants (il faut bien initier au plus tôt les plus jeunes à la magie du théâtre!), beaucoup de musique, beaucoup de Lucernaire, j’ai sélectionné 12 pièces dans l’ordre chronologique, rien que de l’éblouissant, preuve que le théâtre garde toute sa vigueur dans la capitale! Les metteurs en scène font preuve d’imagination pour des pièces difficiles à imaginer comme Roméo et Juliette au Lucernaire avec le public qui choisit qui interprète qui chaque soir, la pièce Les Producteurs qui offre un spectacle total tout droit venu d’Hollywood, La folle histoire du Petit chaperon rouge qui multiplie les numéros de danse et de chant, Laetitia Casta qui joue avec rigueur une pianiste émérite dans Clara Heskil, c’est la partie émergée d’un iceberg théâtral qui a fait remuer Paris toute l’année. Vivement 2024!
Les Producteurs, Théâtre de Paris: un spectacle à l’américaine pétaradant et jouissif!
[BD] Sangre tome 4 : un nouvel illustrateur pour Donnadion le béat (Soleil)
Christophe Arleston s’entoure pour ce quatrième album de Sangre de l’illustrateur Stefano Vergani, avec un pari risqué : celui de modifier totalement l’identité visuelle de son héroïne. Un univers graphique assez marqué, dans lequel la jeune femme organise une vengeance à travers des mondes multiples, après avoir assisté à l’assassinat de sa propre famille par sept criminels appelés les Écumeurs. Et c’est cette fois Donnadio le béat qui va en faire les frais.
Du point de vue du scénario, c’est toujours avec la même efficacité que la narration se développe, dans un récit fleuve qui manoeuvre habilement l’intrigue principale en cultivant le suspens avec brio. Malheureusement côté dessin, la magie peine à agir tant on peut ressentir la différence avec les tomes précédents. C’est surtout le personnage de Sangre qui s’en trouve modifié. On a du mal à la reconnaître et c’est dommage.
Ce quatrième tome souffre évidemment de ces changements mais le propos demeure captivant malgré tout. Aussi nous faudra-t-il lui donner un peu de temps pour nous habituer à ce nouvel univers.
Extrait de la BD :
Résumé de l’éditeur :
Après plusieurs semaines d’enquête dans la cité de Thériasme, Sangre trouve un marin qui la guide jusqu’à un archipel perdu au coeur de la mangrove, un repaire d’esclaves évadés. Donnadion y vit en ermite, prêchant la non-violence. Mais comment imaginer ce terrible écumeur en saint homme, héros d’une libération pacifique des esclaves ? La vengeance aurait-elle un sens face à un homme en pleine rédemption ?
Date de parution : le 15 novembre 2023 Auteurs : Christophe Arleston (Scénario), Stefano Vergani (Dessin, Couleurs) Genre : Heroic Fantasy
Editeur: Soleil Prix : 15,50 € (56 pages) Acheter sur : BDFugue
[Comics] Clémentine, tome 1 : trilogie spin off de Walking Dead, notre madeleine de Proust préférée (Delcourt)
Adapté du jeu vidéo Walking Dead développé et édité par Telltale Games depuis 2012, Clémentine une trilogie ambitieuse signée Tillie Walden. On retrouve donc le personnage éponyme partir dans le Vermont, au coeur d’une station de ski pour tenter de trouver refuge loin des zombies, avec son nouvel ami Amos. Bon, forcément, rien ne va sa passer comme on pouvait l’imaginer et c’est le propre de toute série de l’univers de Walking Dead.
On retrouve avec plaisir la même rythmique imposée à tout lecteur des récits de Robert Kirkman. Le suspens ne fait jamais relâche, et l’horreur va crescendo. Tillie Walden exploite avec brio l’adage selon lequel l’homme est un loup pour l’homme. La narrative est toujours relativement semblable mais si efficace qu’on lit ce premier tome de bout en bout sans en manquer la moindre parcelle. Le dessin de Clémentine demeure néanmoins un petit peu en deçà de ce que l’on aurait aimé retrouver. Le trait manque de précision et nous perd un peu par moment entre les personnages secondaires qui peuvent être difficiles à différencier.
Ce premier tome de Clémentine signe un excellent retour de Walking Dead et fait vraiment office de madeleine de Proust ! On adore cette sensation.
Extrait de la BD :
Résumé de l’éditeur :
ROBERT KIRKMAN confie les rênes de Walking Dead à l’autrice plébiscitée TILLIE WALDEN pour le grand retour de sa série phénomène ! Cette trilogie met en scène Clémentine, l’héroïne du jeu vidéo édité par TellTale. Clémentine – une ado de 17 ans qui a dû apprendre à survivre dans un monde post-apocalyptique – cherche à mettre son passé et ses traumatismes derrière elle. Elle tombe sur un adolescent Amish nommé Amos, et ce duo improbable entame un voyage jusqu’à une station de ski abandonnée du Vermont, où ils rencontrent un petit groupe d’adolescentes tentant de construire une nouvelle colonie loin des rôdeurs.
Date de parution : le 2 novembre 2023 Auteurs : Tillie Walden (scénario, dessin) Genre : Horreur
[BD] Armelle et Mirko, tome 2 : Le voyage (Delcourt)
Après un premier tome très réussi, Armelle et Mirko reviennent dans ce second récit qui annonce un voyage. Mais un voyage chacun de son côt. Car Mirko a besoin d’ailleurs. La pauvre Armelle va devoir se faire une raison. Et même si elle va avoir du mal à accepter cette situation, en broyant quelque peu du noir, de nouvelles rencontres vont lui permettre d’avancer sur elle-même : Pépin, le lapin poète, et Fabienne, la renarde végétarienne.
Un album bien différent du premier, qui peut d’ailleurs se lire indépendamment. La lecture est aussi plaisante que fluide tout comme le dessin qu’on apprécie tout particulièrement. A lire et à relire !
Extrait de la BD :
Résumé de l’éditeur :
Armelle est une charmante tortue qui a rencontré Mirko, une joyeuse luciole. Ils sont devenus les meilleurs amis. Ensemble ils font face aux petits tracas de la vie. Mais l’appel de la route retentit aux oreilles de Mirko. Mirko est un voyageur et il est temps pour lui de repartir sur les routes. Séparée de sa lumière, Armelle broie du noir, mais même si son ami lui manque, elle sait désormais se réfugier dans sa carapace et apprend même à en sortir. Elle rencontre ainsi Pépin, le lapin poète, et Fabienne, la renarde végétarienne. Ces deux nouvelles rencontres vont encore un peu plus éclaircir l’avenir de la tortue.
Date de parution : le 15 novembre 2023 Auteurs : Loïc Clément, Anne Montel (Scénario), Julien Arnal (Dessin,Couleurs) Genre : Fantastique, jeunesse
Le monde d’après. Retenir les leçons. S’en émanciper. Apprendre à (s’)aimer. Comprendre notre destinée. Le cinéma, miroir de notre quotidien, de nos sociétés, gouffre d’exploration infini de l’âme humaine, cela est encore d’actualité au moment où nos certitudes et turpitudes flirtent de plus en plus intensément. Éteindre l’écran, mais lequel. Étreindre l’écran, mais lequel. Au moment où l’on n’a jamais été autant abreuvé de créations audiovisuelles, se pose de plus en plus la question de l’éducation à l’image, de la transmission des ressentiments, de la consommation juste et idéale sans paraitre élitiste. Des géants s’effondrent, Disney, Marvel, Warner, tous vacillent ou tremblent. Le cinéma français est plus que jamais source de créativité inépuisable. Je cite les absents de notre Top 10 mais qui auraient largement pu y être : Anatomie d’une chute, Chien de la casse, Le règne animal ou encore La passion de Dodin Bouffant. Un modèle qu’il faut absolument protéger, cajoler et plébisciter, et ce au-delà de toutes considérations transpartisanes. N’est-ce pas Monsieur le Président ?
On commence avec cette dixième place synonyme d’entrée de jeu d’entorse au règlement, une mini-série. Ou plutôt telle que je la vois : un long film de 8 heures où sont concentrées toutes les obsessions formelles et scénaristiques de NRW, alias de l’esthète danois Nicolas Winding Refn, de retour au pays. Un pur polar vénéneux où la complexité des relations humaines est scruté avec délectation par l’un des plus grands plasticiens de notre époque. Il y compose également un surprenant portrait d’anti-héros féminin tel qu’on en avait plus vu depuis Kill Bill. Un choc démentiel produit par Netflix qui a passé son année à bousculer les salles obscures.
9 – De grandes espérances (Sylvain Desclous – France).
Marder on the dancefloor : vous n’êtes pas prêt de l’oublier.
De grandes espérances : c’est tout ce que l’on peut souhaiter à Rebecca Marder, dont l’ascension fulgurante débutée l’an passée rappelle fortement l’étoile filante Adèle Exarchopoulos. A l’image de son personnage ici, timoré, effacé, puis transcendé par la force des choses. Elle avale littéralement le toujours magnifique Benjamin Lavernhe, autre météorite de notre cinéma, dans une sombre histoire de quête de pouvoir et d’ambition, de culpabilité et de rédemption impossible. Un film brillant porté par une écriture exigeante et très maline.
8 – Past Lives (Celine Song – Corée du Sud/USA).
Cascade la plus dangereuse de l’année 2023.
Celine Song et Greta Lee sont deux nouveaux noms à graver dans le marbre du petit manuel du cinéphile édition 2023. La première pose une partition hallucinante de maitrise dans le rythme, les mots, les corps et le cadre pour narrer cette histoire de retrouvailles d’amour d’enfance. Un thème vu et revu où Song nous impose un trio d’acteurs exceptionnels parmi lesquels Greta Lee, vraie lumière qui dicte le tempo de ce retour aux sources délicat. La finesse déployée confère à l’ensemble une aura où le moindre regard, mouvement du corps, mot prononcé, provoque frisson et émotion de part et d’autre de l’écran. Et ça c’est fort.
7 – Limbo (Soi Cheang – Chine).
Héroïne the Dark.
Attention, grosse claque esthétique en perspective. Tant et si bien que l’on peut rapidement se demander si on ne tiendrait pas le 3e frère caché de la saga Noire Sin City de Miller. Soi Cheang est littéralement l’OVNI que personne n’aura pu voir venir en 2023. Honnête faiseur de chinoiserie depuis plus de 20 ans, rien ne pouvait nous préparer à cette noyade dans les poubelles de Hong Kong sur les traces d’un tueur en série. Cette noirceur intense couplée à une maitrise visuelle de tous les instants font de Limbo le polar sensation de l’année.
6 – Wes Anderson & Roald Dahl chez Netflix (USA).
Grosse Dahl pour Wes Anderson en 2023.
Nouvelle entorse avec ces 4 petites merveilles de court-métrage balancées coup sur coup sur Netflix. Une association évidente que celle du romancier de l’enfance merveilleuse par excellence, le britannique Roald Dahl, et l’un des plus bels illustrateurs de l’art cinématographique bonbon-pastel, Wes Anderson. Une réussite époustouflante où la maestria des mots se confondent avec la virtuosité d’une mise en scène théâtrale où chaque acteur pose une note quasi parfaite sur l’écran. 4 petits bijoux d’humour caustique, de morale suggérée et de sentiments contrastés. Encore !
Personnellement découvert et apprécié il y a 2 ans dans la nouvelle errance estivale sétoise, Fragile, sous le format de second rôle à grande gouaille et coupe punk à gel improbable, jamais je n’aurais pu prédire que les cinéastes et les cinéphiles allaient tomber aussi rapidement amoureux de Raphaël Quenard, avec pas moins de 8 films sortis en 2023 (!!). Tant et si bien que Quentin Dupieux ose complètement renverser la table du film et de la pièce de théâtre à travers Yannick, succulent moment hors du temps où tout devient possible. Un délire fou servi par des dialogues d’une intelligence et d’une noirceur comique communicative. Et au sommet de cet art : Quenard ! Évidemment.
4 – Tár (Todd Field – USA).
Todd Field, maître de son art, mieux vaut Tár que jamais.
Et si Tár allait titiller Amadeus au sommet des grands films sur la musique ? D’autant plus que derrière cette partition réglée à la demi-croche près, se trouve le sommet de 2 artistes : l’inattendu Todd Field et la Reine des reines : Cate Blanchett. Elle y joue tout et avec une perfection rarement atteinte au cinéma. Et cela tombe bien car Field lui a concocté du sûr-mesure dans le portrait de cette cheffe d’orchestre qui doit constamment dealer avec la perfection. Réalité et fiction se confonde, tant l’exigence est omniprésente et carnivore. Nous, on s’en délecte encore et encore.
3 – Winter break (Alexander Payne – USA).
2 retours au sommet, 2 révélations absolues, un nouveau classique de Noël.
On croyait qu’il avait perdu sa science des maux, Winter break siffle la fin de la sieste pour Alexander Payne, de retour en pleine forme. Une simple histoire de pardon, d’amour et de mort, comme autant de thèmes évidents pour contrecarrer la magie de Noël. Le tout servi par un improbable trio déjà inoubliable : Paul Giamatti, Da’vine Joy, et la découverte de l’année, Dominic Sessa, tous dramatiquement drôles. Payne n’avait plus autant visé juste depuis Sideways. En croquant sous la neige les destins croisés de ces trois cabossés de la vie, il nous offre un nouvel instantané culte de Noël.
2 – Le monde après nous (Sam Esmail – USA).
Miroir, mon beau miroir (brisé).
Mr Robot et sa parano débarque sur grand écran. La série démentielle à la maitrise folle a enfanté d’un bijou de stress 18 carats que n’aurait pas renié Shyamalan, qui par ailleurs a moissonné plus mollement sur ce terrain de la fin du monde en début d’année. Sam Esmail joue à la tisane et infuse ses arômes vicieux aux spectateurs, acteurs à part entière de ce cauchemar éveillé et étourdissant où collapsent Tesla, pétrolier et avion. Esmail s’amuse en semant la confusion constamment dans un quasi huis-clos de toute beauté formellement, et où la fiction se nourrit fortement de notre réalité. C’est peut-être là, sa plus grande force : se nourrir de nos propres peurs quotidiennes.
1 –L’enlèvement (Marco Bellocchio – Italie).
Guerre de religions, guère très religieuse.
Tutoyer les sommets, c’est ce que Marco Bellocchio ne cesse de faire depuis quelques années. L’enlèvement et sa terrible histoire dramatique au cœur de l’Inquisition lui offre l’occasion rêvée de marquer un peu plus le 7e Art. Toucher à l’enfant, la famille, dernière valeur refuge quand tout semble vaciller autour. Arpenter les arcanes impénétrables du pouvoir pontifical pour comprendre que le droit divin est avant tout formé par l’égo humain. Peindre la scène la plus déchirante de l’année face à un mur qui se veut être l’amour tout puissant et universel, la compassion et le partage. Et nous faire chavirer. Définitivement.
David Cénou continue de raconter l’histoire de Sam, déjà entrevue dans Mirador, tête de mort. Il se concentre ici sur son incorporation dans les troupes des nations unies parties en Yougoslavie en 1992 au plus fort de la guerre qui opposait les serbes à toutes les autres nationalités. Il voit surtout pour lui une opportunité de gagner plus d’argent et de préparer l’avenir. Mais la réalité va vite le rattraper. La BD est également l’occasion de revenir sur le contexte géopolitique local compliqué après la fin de la fédération yougoslave et la montée des nationalismes slovènes, croates et serbes. La multiplicité des religions n’a pas facilité les choses et dessiné un terrain glissant pour tous les protagonistes. L’auteur se concentre sur la vie entre soldats avant d’ouvrir son scope sur la population locale dans les territoires visités. Sam est un chien fou, peu apprécié des autres soldats, il joue avant tout pour lui-même et revendique son appartenance skinhead, du moins au début. Car tout va changer sur le terrain militaire, il va connaitre les brimades et le contexte militaire ordonné va le changer plus qu’il ne l’aurait imaginé. Le dessin réaliste permet de souligner les regards et de deviner ce que pensent les esprits. La lecture fait attendre un drame à chaque début de page, la sérénité est limitée, donnant à ce moment une dimension toute particulière.
Synopsis:
Sam, jeune skinhead néonazi part en Ex-Yougoslavie comme casque bleu. Il rêve de participer à des combats… Mais sur place, il doit faire face à une toute autre réalité.
Juin 1992, les nations constitutives de la Yougoslavie se déchirent. Pendant ce temps, en France, Samuel Marchadier, jeune skinhead nationaliste effectue son service militaire au 126e régiment d’infanterie de Brive-la-Gaillarde. Attentif aux débuts de ce conflit, Samuel voit se présenter une opportunité inespérée d’en devenir un de ses acteurs car son régiment est appelé à y intervenir, dans le cadre du mandat donné à la Force de protection des Nations Unies (FORPRONU). Demander à Samuel ses motivations pour partir là-bas, c’est aller au-devant d’une vraie déception car le sens du devoir humanitaire et de l’aide à son prochain ne font pas partie de ses valeurs : faire la guerre, partir au feu constituent le leitmotiv de ce jeune homme aux idées aussi courtes que ses cheveux, bien content par la même occasion d’arrondir quelque peu sa solde de conscrit. Pourtant, il se retrouvera bientôt face à une réalité bien différente de elle qu’il attendait et à ses émotions d’homme. Un récit autobiographique vivant, captivant et sans concessions.
Boris Vian est décédé en 1959 à l’âge de 39 ans. Auteur, musicien, acteur, scénariste, il a personnifié l’artiste complet du 20ème siècle et il a laissé une postérité encore reconnue aujourd’hui. Il a laissé 18 scénarios datés entre 1941 et 1959, dont beaucoup ont été écrits en collaboration avec Pierre Kast.
Boris Vian en liberté
Aucun scénario n’a été tourné de son vivant mais ils ont été finalement publiés en 2017 dans le recueil Rue des ravissantes dont le titre s’inspire du projet d’une comédie musicale. 5 de ces sommets de drôlerie et d’inventivité ont été adaptés entre 2014 et 2016 dans la collection de courts-métrages Boris Vian fait son cinéma diffusée sur France 2 et France 3. L’Autostoppeur, De quoi j’me mêle, Le Cow-boy de Normandie, Notre Faustet Rue des ravissantes auxquels s’ajoute La Mécanique des tournesols, produit par l’Association 1000 visages et Nolita Cinéma en 2022 et réalisé par 5 jeunes réalisatrices. Tous ces courts métrages modernisent les projets de scénarios de l’auteur et permettent à la jeune génération de scénaristes et de cinéastes de proposer une vision très personnelle des scénarios. Chaque court métrage est accompagné par une chanson de Boris Vian reprise par des interprètes actuels. La dramaturgie en est d’autant plus avivée avec une vraie liberté de ton et un décalage burlesque et/ou poétique inimitable avec la réalité. Surtout, l’univers si particulier de l’auteur est conservé tout en s’imprégnant de la patte des réalisateurs. Côté interprètes, on remarque Hugo Becker dans L’Autostoppeur, Jean-François Gallotte dans De quoi j’me mêle, Lou de Laâge, Alice Isaaz et Audrey Fleurot dans Notre Faust et encore Salif Cissé et Liliane Rovère dans La Mécanique des tournesols. Il y a également le disparu Jacques Herlin dans Rue des ravissantes.
La collection Boris Vian fait son cinéma propose 6 courts-métrages multipliant les sensations et les émotions à découvrir en DVD et en VOD.
Synopsis: La collection « Rue des ravissantes » est une série de 6 courts métrages inspirés de textes inédits de Boris Vian : De quoi j’me mêle, L’autostoppeur, Le Cowboy de Normandie, La mécanique des Tournesols, Notre Faust et Rue des ravissantes. La collection « Rue des ravissantes » est une série de 6 courts métrages inspirés de textes inédits de Boris Vian : De quoi j’me mêle, L’autostoppeur, Le Cowboy de Normandie, La mécanique des Tournesols, Notre Faust et Rue des ravissantes.
Comme pour chaque fin d’année et sa rétrospective, nous nous sommes livrés au classement traditionnel des 10 meilleures spectacles de l’année 2023. Le classement retenu s’attache à des écritures théâtrales nouvelles, singulières, audacieuses, revisitées ou plus intimes, portées par une qualité de jeu toujours extrême pour un théâtre qui parle forcément de nous pour mieux parler des autres et donc du monde. Excellente année 2023 à tous.
1) Othello, de William Shakespeare, mise en scène Jean-François Sivadier
2) Andromaque, de Jean Racine, mise en scène et scénographie Stéphane Braunschweig
La bête dans la jungle est l’adaptation d’un roman court d’Henry James paru en 1903. L’histoire originale parle d’un homme qui attend un évènement extraordinaire qui changera toute sa vie et demande à une femme de l’attendre avec lui, au risque de passer à côté de leur vie. Le réalisateur Patric Chiha interroge sur ce qu’est la bête, un danger mystérieux ou le risque de passer sa vie à attendre pour rien, entre fantasme et réalité. Une ambiance de mystère empreint tout le film étalé sur une durée de 25 ans.
Un film en retrait
Le film suit 2 personnages, un homme et une femme dans le cadre d’une boîte de nuit sur une durée de 25 ans. Le cadre nocturne sert d’écrin pour des retrouvailles à intervalles plus ou moins réguliers. Le spectateur voit Anaïs Demoustier danser frénétiquement, il reste en retrait et ils parlent, de leur passé et surtout d’un mystérieux événement à venir qui va bouleverser peut être sa vie à lui, sans savoir le quand et le quoi. Le film parle donc beaucoup de l’attente, au son d’une B.O passant de la disco à la techno pour marquer les changements d’époques. Une voix off accompagne la narration, celle de Béatrice Dalle, c’est elle qui nomme les personnages, May et John (Tom Mercier) et situe le début de l’histoire en 1979. Les dialogues sont (volontairement?) sobres et participent à cette attente d’un évènement censément extraordinaire. La moment tant attendu arrive enfin et… il faut laisser planer le mystère. Tom Mercier est (volontairement?) sans emphase, les paroles sont prononcées sur un ton monolithique, robotique. Elle veut l’embrasser, il refuse parce qu’il dit avoir été choisi pour quelque chose d’extraordinaire qui va bouleverser sa vie. Anaïs Demoustier fait preuve de plus d’enthousiasme, sauvant peut être le spectateur de l’ennui. Pas de folie ni d’excitation, de la musique et de la danse mises en balance de cette maudite attente. Le décor de la boite de nuit transforme le film en quasi documentaire sur une boite de nuit entre 1979 et 2004, entre présent permanent, éternelle jeunesse illusoire et espace mélancolique du temps infini.
La bête dans la jungle est un film qui se médite, avec des élans fugaces et des longs moments d’atermoiement. Il est à découvrir en DVD pour une vraie expérience de cinéma.
Synopsis: La Bête dans la jungle, librement adapté de la nouvelle de Henry James, est l’histoire d’un huis clos vertigineux : pendant 25 ans, dans une immense boîte de nuit, un homme et une femme guettent ensemble un événement mystérieux. De 1979 à 2004, l’histoire du disco à la techno, l’histoire d’un amour, l’histoire d’une obsession. La « chose » finalement se manifestera, mais sous une forme autrement plus tragique que prévu.
Camille est bipolaire, elle raconte son histoire, ses crises d’angoisse, ses dépressions, ses crises incontrôlables d’achats compulsifs, ses difficultés à trouver une place professionnelle, ses rapports humains compliqués, ses séjours en instituts spécialisés pour tenter de remonter la pente. La lecture n’est pas simple, elle montre que le fil de soi ne tient parfois à pas grand chose et que rien n’est simple quand l’esprit émet l’hypothèse de verser dans le vide. Le chemin de Camille est tortueux, entre chagrin d’amour et moments de crise à l’orée d’échéances clés. Les dessins très réalistes montrent tout, les tentatives de suicide, les états de légume après les prises de médicament, les regards constamment torves. La BD est une lucarne ouverte sur l’esprit humain tiraillé entre une multitude de courants contraires, de quoi faire comprendre la situation de personnes en état de détresse psychologique. Entre états dépressifs et états maniaques, difficile de s’en sortir, jusqu’à ce que la maladie soit correctement diagnostiquée pour une sortie du tunnel, enfin. L’autobiographie est tortueuse, Patrice Guillon raconte l’histoire de sa fille avec tendresse et sans œillères, tout est raconté dans un réalisme troublant. Le dessin de Sébastien Samson donne une dimension supplémentaire à un récit qui ne peut pas laisser indifférent.
Synopsis:
Journal d’une bipolaire est le récit autobiographique bouleversant d’une jeune femme en proie à une fluctuation anormale des troubles de l’humeur.
Lorsque Camille rentre de ses vacances au Canada, tout se précipite : son amoureux québécois (resté sur place) exerce sur elle une sorte de chantage affectif et l’arrivée des examens n’est pas de nature à la rassurer… S’ensuit une montée de stress qui va bouleverser à jamais sa vie ! Epuisée, constamment au bord des larmes, Camille découvre le quotidien d’une bipolarité (maniaco-dépression) qui lui donne plusieurs fois envie d’en finir. Elle enchaîne les séjours en centres psychiatriques, au grand désespoir d’un entourage qui a parfois du mal à la comprendre… Entre euphories passagères, expérimentations diverses et rechutes brutales, Camille tente de retrouver une vie de jeune femme « normale »… Si le trouble bipolaire est une pathologie psychiatrique bien connue, rares sont les témoignages qui la présentent simplement, dans son apparition et ses conséquences sur le quotidien. Un témoignage authentique, qui n’est pas sans rappeler Dans la secte, un livre déjà scénarisé par Patrice Guillon, alias Pierre Henri qui met ici en forme le récit de sa propre fille. Un récit porté par les dessins vifs et expressifs de Sébastien Samson, un débutant au dessin déjà mature…
Le point final de l’année 2023 au Théâtre des Champs Elysées a été salué comme il se doit par une salle pleine à craquer pour un triomphe sonore et retentissant. La prestation de la troupe de la Comédie Française avec Guillaume Gallienne dans le rôle titre a emporté le public et confirmé la toujours grande actualité de la pièce de Molière. Annoncées dès le 13 décembre sur Publik’Art, les 16 représentations du Malade Imaginaire sont l’occasion d’admirer le talent des comédiens et comédiennes du Français dans un cadre différent, loin de la salle Richelieu habituelle, rive droite et avec toujours autant de vista.
2023, l’année du Malade Imaginaire
L’année 2023 avait commencé en janvier avec un Malade Imaginaire à destination d’un jeune public conquis par la pièce de Molière à la Comédie Tour Eiffel, elle se finit avec une version mêlant habituellement académisme, respect du texte et criante modernité au Théâtre des Champs-Elysées. Argan est toujours aussi désespéré de voir sa santé se détériorer jour après jour, il est encore dépendant du diagnostic des médecins, il veut toujours marier sa fille à un fils de médecin et son épouse veut toujours le déposséder habilement de ses biens. La trame a beau être archi-connue, le plaisir reste le même lorsque une troupe défend avec talent le texte. Car le texte est là et bien là, Molière prend pour cible la tendance un peu trop prononcée des médecins du XVIIe siècle à profiter des riches hypocondriaques pour leur distiller des remèdes inefficaces à coup de traitements onéreux pour créer une dépendance proche pour eux de la rente. L’auteur en fait une satyre qui décrie un jeu de dupes décriant la connaissances somme toute limitée de prétendus hommes de science surtout habiles à duper les riches crédules. Argan personnifie la bonne foi roulée dans la gadoue par des médecins ressemblant plus à des croquemorts qu’à des sauveurs providentiels. Si heureusement la discipline médicale s’est depuis considérablement professionnalisée et crédibilisée, la pièce permet surtout d’apprécier le talent de l’auteur pour appuyer le trait là où ça fait mal, avec des mots savamment choisis et des situations diablement alambiquées. Surtout qu’avec en plus la fille et sa belle-mère, la pièce ajoute encore un niveau de lecture pour un résultat qui tient en haleine 2h30. La troupe rivalise d’effets comiques qui font rire et sourire. Seul bémol, la difficulté à parfois entendre bien distinctement les dialogues, la faute peut être à une acoustique plus adaptée à la musique qu’aux longues tirades, surtout pendant la première heure. Et puis finalement le public s’habitude, les comédiens aussi surement, et les intermèdes musicaux tirés de la musique d’époque densifient d’autant plus la prestation.
La scène finale est un feu d’artifice qui comble de joie un public qui en redemande. Le théâtre permet aux comédiens et aux comédiennes de montrer leur talent de transformisme, la troupe de la comédie française le démontre avec talent que n’aurait pas renié Molière lui-même.
Synopsis: Trentième et ultime pièce de Molière, Le Malade imaginaire est souvent considéré comme le testament de son auteur. C’est un « classique » à la fois élégant et puissant où tout son art du comique et du tragique se mêlent avec subtilité. Cette production fut créée il y a plus de vingt ans par le regretté Claude Stratz avec une composition musicale originale de Marc-Olivier Dupin, mais elle a su conserver toute sa fraîcheur et sa modernité au travers des différentes générations de comédiens du Français qui l’ont joué. Guillaume Gallienne a repris le rôle-titre en 2019, lui offrant une incroyable tendresse. Un pur moment de poésie et une grande leçon de théâtre.
Production Comédie-Française En collaboration avec le Théâtre des Champs-Elysées
Avec le soutien d’Aline Foriel-Destezet, Grand Mécène de la saison artistique du Théâtre des Champs-Elysées et de la Comédie-Française En partenariat avec Le Figaro