Le Lucernaire propose une pièce en vers de Jacques Rampal créée au Théâtre de la Porte-Saint-Martin en 1992. Célimène et le Cardinal imagine 2 personnages tiraillés entre l’attirance et la répulsion, anciens aimants devenus une menace l’un pour l’autre car Célimène s’est mariée et a 4 enfants, Alceste est devenu cardinal, il représente l’ordre religieux avec une possibilité de devenir pape. Les raisons de la visite du prélat sont mystérieuses pour la pétillante jeune femme et elle ne croit guère au prétexte d’une menace énoncée par le rigide visiteur. Les noms des personnages auront mis rapidement sur la piste les lecteurs attentifs, ce sont bien les personnages de la pièce Le Misanthrope de Molière qui se retrouvent dans ce huis clos retors et riche en rebondissements, confrontés à leurs démons et à leurs passions enfouies. Le déroulé de la pièce est semé de fausses pistes, lequel des deux est le plus équilibré et le plus honnête avec lui-même, c’est toute la quête offerte aux spectateurs. Dans un décor nimbé de rouge qui rappelle les films d’Ingmar Bergman, les 2 personnages se livrent à des confessions souvent hasardeuses, parfois forcées, avec une scène de confession qui fait froid dans le dos. Le rythme impeccable d’élocution des comédiens participe à la réussite à une pièce qui passe dans un souffle tant l’intrigue tient en haleine. Classique dans l’esprit, la pièce est pourtant très moderne dans son déroulé, faisant appel autant à la psychologie qu’au thriller. Une bien belle sortie théâtrale de plus proposée par le Lucernaire, pourtant il est impossible de se lasser, comme toujours.
Synopsis: Alceste et Célimène se sont aimés éperdument. Vingt ans après leur séparation, l’atrabilaire amoureux devenu cardinal se rend chez son ancienne amante, mère de quatre enfants, pour l’avertir qu’un danger la menace. Mais est-ce la véritable raison de sa venue ? Pourquoi ce prélat au pouvoir considérable n’a-t-il pas attendu le consentement de cette femme mariée avant de lui rendre visite ? Écrite en alexandrins, la suite du Misanthrope de Molière imaginée par Jacques Rampal est un huis clos passionné où les menaces succèdent aux non-dits. Jusqu’à ce que la vérité éclate enfin, brûlante…
Le temps a passé mais n’a pas effacé cette histoire d’amour passionnée !
Gerhard Richter à la Fondation Vuitton : une genèse en perpétuel mouvement
Dès les premiers pas, l’exposition impose son rythme : une immersion dans la longue trajectoire de Gerhard Richter, couvrant plus de six décennies et 270 œuvres présentées.
Richter joue avec l’image — photographique d’abord, picturale ensuite, abstraite enfin — et l’exposition rend compte de cette oscillation permanente entre ce qui se voit et ce qui se devine. Dans ses œuvres photographiques peinte-floutée, il interroge la mémoire, la trace : tout est déjà décalé, tout est déjà souvenir.
Puis, il y a cette bascule vers l’abstraction, le geste matériel, le racloir, la superposition, et plus tard, les nuanciers, les « Strips », les jeux de couleur horizontale.
C’est un voyage qui donne le vertige : on n’a jamais la sensation d’un seul style immuable, mais d’un artiste en perpétuel dialogue avec lui-même, avec la peinture, avec l’histoire.
Certains tableaux font le pari du flou comme procédé, d’autres du raclage, de l’effacement partiel, de l’indication. Le spectateur est invité à devenir ce détecteur de traces, à accepter ce recommencement, à accepter que l’art est aussi incertitude.
Le labyrinthe du regard
Richter ne s’est pas contenté d’une ascèse formelle : son œuvre s’engage dans l’histoire, de manière souvent discrète mais imparable. On pense aux portraits de famille, aux souvenirs personnels, aux images agrandies extraites de journaux, aux séries gravées dans la mémoire collective.
Dans cette expo, on voit comment l’intime (un Onkel Rudi, une Tante Marianne) s’entrelace à l’Histoire (l’Allemagne, la guerre, le paysage social). Le propos ne se réduit jamais à un manifeste abstrait, il revient toujours à la vie, à la trace, à la question qu’est-ce que je vois et que je ne vois pas ?
L’accrochage joue sur les contrastes : des tableaux monumentaux, écrasants, imposent leur présence. Et à côté, des dessins de format réduit ou des études, effacées, presque confidentielles, invitent à une autre approche. Cette gestion du grand / petit, du spectaculaire / du discret, donne à l’exposition une respiration. On passe d’un champ visuel fort à un espace plus silencieux. Et c’est dans ces silences que l’on entend le « je » de Richter — l’artiste face à son médium, face à ses fantômes.
Le parcours rétrospectif commence donc par « Tisch », cette table peinte en 1962, image tirée d’un magazine, puis volontairement recouverte de gris.Ce geste inaugural — peindre pour effacer — contient déjà tout Richter. La toile, blessée, devient le laboratoire de ce que sera son œuvre : une lutte entre image et disparition, entre croyance et doute. L’artiste quitte la RDA, traverse la frontière, emporte avec lui le soupçon que toute image est mensonge. « Quand on peint, la pensée est peinture ». — Gerhard Richter.
Les années 1960 s’ouvrent sur les photo-peintures, ces portraits familiaux et historiques (Onkel Rudi, Tante Marianne), où la photographie est transposée à la main puis floutée. Le flou n’est pas un effet : c’est un principe moral, un refus de la netteté du monde. Le spectateur reconnaît une image, mais celle-ci se dérobe ; elle devient souvenir, remords, hantise. Dans ces toiles, Richter ne peint pas la mémoire : il peint le processus de l’oubli. Ce qu’il donne à voir n’est pas le passé, mais le tremblement de la vision elle-même.
À partir des années 1970, la couleur prend le dessus. Richter fabrique ses propres nuanciers, comme si la peinture devenait une science du hasard. Puis viennent les séries Abstraktes Bilder, peintures au racloir, coulées, effacées, reprises, où le geste mécanique se fait organique. Chaque raclage, chaque effacement est une respiration : ce n’est plus un tableau, c’est une strate de mémoire.
Au cœur de l’exposition, quatre toiles dominent la grande salle : la série Birkenau (2014).Elles furent peintes à partir de photographies clandestines prises dans le camp d’Auschwitz-Birkenau. Richter les reproduisit, les recouvrit, puis les fit disparaître sous des couches abstraites. Le résultat est bouleversant : une peinture sans image, où l’horreur ne s’efface pas mais s’absorbe.
L’exposition montre ici le courage du peintre : ne pas illustrer l’Histoire, mais la rendre indicible. Devant ces toiles monumentales, on se regarde presque soi-même : le reflet des vitres, les traces du corps du visiteur, deviennent partie de l’œuvre. La mémoire ne se montre plus, elle se réfléchit.
Dans les années 2000, Richter explore la transparence : les Glass Pieces, ces grandes plaques de verre superposées, renvoient la lumière, la diffractent, la fragmentent. Le spectateur passe d’une surface à l’autre, prisonnier d’un regard qui glisse. Puis viennent les Strip Paintings (2010) et les toiles quasi blanches, où la couleur se dissout jusqu’à n’être plus qu’un souffle. Ce ne sont pas des œuvres minimalistes, mais des palimpsestes : des paysages effacés par excès de matière. Sous le blanc, tout demeure : les couches, les gestes, les hésitations. On regarde un silence actif.
Depuis 2017, Richter a cessé de peindre à l’huile. Mais il n’a pas renoncé au geste. Ses dessins récents, exposés dans la dernière salle, prolongent cette idée d’une peinture qui s’est allégée jusqu’à devenir respiration. Crayons, encres, empreintes : les œuvres paraissent minuscules après les immenses abstractions, mais elles en sont le contre-chant. Elles ne disent plus « je montre », mais « je murmure ».
La scénographie de la Fondation, toute en transparence et en clair-obscur, accentue ce que l’exposition propose : non pas un panorama, mais une expérience du regard. Le parcours n’impose rien, il sollicite. On avance comme dans un labyrinthe de lumière, d’où émergent parfois des éclats de couleur, des zones de gris, des reflets de soi. Ce que l’on retient n’est pas tant un style qu’une attitude : la peinture comme doute organisé. Richter nous apprend que voir n’est jamais simple, que chaque image cache sa négation, que chaque couleur contient son silence.
L’exposition Gerhard Richter à la Fondation Louis Vuitton est bien plus qu’une rétrospective : c’est un autoportrait mutant du regard. Un parcours où l’artiste, sans emphase, montre comment la peinture peut encore penser le monde, non en affirmant, mais en questionnant encore et toujours.
La petite elfe pas comme les autres (Bayard Jeunesse)
Quel joli album des éditions Bayard Jeunesse, dans la collection : Les contes qui guérissent : La petite elfe pas comme les autres ! Voilà un conte, très joliment illustré, qui permet d’aborder des sujets très importants, comme la différence. En ces temps de harcèlement, il est capital d’expliquer à nos jeunes lecteurs l’importance de respecter chaque personne, quelque soit sa différence. C’est l’histoire d’une petite elfe qui est née avec les cheveux rouges. Du coup, les autres elfes se moquent d’elle et elle, elle a honte de la couleur de ses cheveux. Jusqu’au jour où elle rencontre une coccinelle ! A la fin de l’album, les parents trouveront une explication à ce conte, avec sa portée « philosophique ». A la portée de tous ! Une vraie merveille ! La petite elfe pas comme les autresest un album pour toutes les bibliothèques ! Une petite pépite !
Le Lucernaire propose un spectacle prodigieux avec un seul en scène impeccable porté par un Franck Desmedt monstrueux de conviction, un vrai comédien convaincant, comique et dramatique, un narrateur hors pair parfait dans son interprétation, sans fausses notes ni anicroches. Il est la plupart du temps le célèbre auteur et aviateur Antoine de Saint-Exupéry, à la base des ouvrages ultra connus Terre des Hommes, Vol de nuit et Le Petit Prince, mais il interprète également une multitude d’autres personnages de la vie de Saint-ex, la femme de sa vie, collègues aviateurs, quidams anonymes qui ont côtoyé l’homme qui a vécu sa vie comme un défi permanent. Incapable de se poser, il a participé à l’aventure aéropostale, il a traversé le Sahara et survécu à la chaleur et à la soif, il est revenu pour combattre les nazis. Une vie d’aventure et de passion, sans concessions dans sa quête de sincérité et de vérité. Et c’est ce qui hypnotise le spectateur, car Saint-ex pourrait se poser, vivre confortablement, vieillir paisiblement, mais non, il préfère toujours tenter l’impossible pour vivre et ne rien regretter. Le comédien finit en nage, preuve de son implication et de sa passion pour ce rôle vraiment pas comme les autres. La salle du Théâtre rouge au Lucernaire était comble, la salve d’applaudissement finale était nourrie et enthousiaste. Le comédien a tout donné, le récit était criant de vérité, l’enthousiasme était total, le moment de théâtre était total. C’est rare et cher, à ne pas rater et à découvrir jusqu’au 4 janvier 2026, mais quelque chose me dit que la pièce devrait continuer plus longtemps…
Synopsis: Toute sa vie a été marquée par des oxymores. C’est un aventurier épris de liberté qui s’épanouit mieux quand il sert une cause plus grande que lui. C’est un rêveur qui s’accomplit dans l’action. Un solitaire sensible, qui n’est jamais aussi heureux qu’au milieu de ses amis. C’est un penseur impulsif et un aventurier philosophe. Il a sublimé ses tourments, en volant d’abord, et surtout en écrivant ses chefs-d’oeuvre qui mêlent des récits poignants et des réflexions très percutantes. Ce récit célèbre l’amitié, le sens du devoir et l’indicible ; car si l’essentiel demeure invisible aux yeux, il brûle dans nos coeurs. Une odyssée humaine qui, au fil des scènes, éclaire le destin d’un homme en quête d’absolu.
Un spectacle vibrant, entre ciel et sable, qui retrace la vie de Saint-Exupéry : aviateur visionnaire, écrivain habité, amoureux tourmenté, philosophe de l’action.
Henri Hayden, Les joueurs d’échec, 1913, huile sur toile, ADAGP, Collection Marek Roefle
Une modernité sans frontières : l’École de Paris selon Marek Roefler
Au Musée de Montmartre, la collection Marek Roefler consacre à l’École de Paris un hommage vibrant, comme un retour à la source. Sous les toits grinçants de la rue Cortot, là où vécurent Utrillo et Valadon, ressurgit l’énergie cosmopolite d’une génération d’artistes venus de toute l’Europe pour réinventer la modernité à Paris.
Une constellation d’exilés
Ils s’appelaient Hayden, Kisling, Zak, Zadkine, Marcoussis, Lempicka. Ils arrivaient de Varsovie, de Riga, de Moscou ou de Prague, chargés de faim et d’espérance. Ils parlaient peu la langue, mais parlaient déjà la couleur. Entre 1910 et 1930, ces peintres venus d’Europe centrale ou orientale trouvent dans la capitale un sol où tout semble possible. Ils inventent une modernité sans manifeste, sans chef d’école : une modernité ouverte, hybride, fraternelle.
C’est cette polyphonie que la collection Roefler célèbre : plus de 130 œuvres rassemblées au fil des années, aujourd’hui offertes au regard du public français. Un geste généreux, presque politique, dans ce qu’il rappelle d’universel : la beauté naît souvent du déracinement.
Au cœur du parcours, Tamara de Lempicka impose sa présence comme une déflagration. Son Russian Dance (1924) — prêtée par la Villa la Fleur en Pologne — condense tout l’esprit des années folles : une géométrie du corps, une sensualité froide, une élégance qui frôle la mécanique.
Chez Lempicka, le cubisme devient érotique, l’Art déco devient une morale. Elle peint comme on conduit une Bugatti : vitesse, maîtrise, vertige. Sa femme est souveraine, son regard, acier. Dans le contexte de l’exposition, elle devient l’emblème de l’émancipation : l’exil transmué en puissance. « Je peins des femmes modernes, disait-elle, fortes, libres et froides. Ce sont mes sœurs ».
Autour d’elle, d’autres voix s’élèvent. Henri Hayden compose des paysages éclatés, cubistes en surface mais lyriques en profondeur. Ses toiles ont le rythme discret d’un exilé qui a trouvé, dans la lumière, un abri provisoire. Moïse Kisling, lui, demeure le peintre du silence. Ses portraits féminins captent l’intime : des regards qui semblent attendre quelque chose du monde. Et puis Ossip Zadkine, sculpteur-poète, dont les dessins tracent la chair du volume avant la pierre. Chez lui, chaque trait est une architecture, chaque figure un fragment d’humanité recomposée.
Marek Roefler, architecte et collectionneur polonais, a bâti sa collection avec méthode et passion. Sa Villa la Fleur, près de Varsovie, abrite depuis vingt ans ces artistes de la diaspora parisienne. En les prêtant à Montmartre, il referme une boucle : celle d’un aller-retour symbolique entre la Pologne et Paris, entre le souvenir et la reconnaissance. Pas de sensationnalisme, pas de prestige tapageur : Roefler préfère la cohérence intime à la rareté spectaculaire. Il assemble des vies, pas des trophée
Ce que cette exposition nous montre, c’est que la création naît souvent du désordre, de la perte, du déplacement. Ces artistes ont fait de leur exil une source d’invention. Ils rappellent, à rebours de tout nationalisme esthétique, que l’art n’a pas de passeport. Dans un monde qui se referme, l’École de Paris apparaît comme une leçon : celle d’un Paris-monde, d’un atelier collectif où l’on parle toutes les langues du sensible.
Dates : du 17 octobre 2025 au 15 février 2026 – Lieu : Musée de Montmartre (Paris)
« Nous, les héros » : la mélancolie orchestrée de Clément Hervieu-Léger
Il y a dans cette pièce « Nous, les héros » et le théâtre de Jean-Luc Lagarce, cette singularité de la langue dont la syntaxe devient dramaturgie. Ses personnages ne parlent pas : ils rejouent le fait même de parler.
Chaque phrase semble recommencée, comme si le langage était une tentative inachevée de dire le monde avant qu’il ne se taise. Ce n’est pas une écriture de dialogue, mais une écriture de flux, de remous intérieurs.
Le théâtre devient l’endroit où la langue lutte pour exister. Chez lui, le sens n’est jamais immédiat : il se dépose, il circule, il résonne. Les reprises (« je veux dire… non, enfin si, je veux dire… ») ne sont pas des procédés : ce sont des appréhensions. Des appréhensions du cœur, de pensée, de peur.
Et c’est là que la musique du texte devient organique : chaque hésitation, chaque redit, chaque « comme si », chaque incise suspendue, est une note dans la partition du silence. Car Lagarce fait de la parole un instrument à cordes.
Elle vibre avec cette tension tragique : vouloir dire l’indicible. Et Clément Hervieu-Léger sait la laisser respirer, il en épouse les boucles, il en écoute la syntaxe comme on écouterait un motif qui se répète pour mieux se perdre.
Il y a dans sa mise en scène un art du souffle : Les phrases s’étirent, se superposent, se répondent. Le spectateur devient à son tour musicien, pris dans cette houle de mots qui ne veulent pas finir. Et quand enfin le silence revient, c’est un silence plein — un silence vibrant.
La mélancolie du désastre
Et c’est précisément cette musicalité-là — ce balancement de la syntaxe, ce presque-dire, ce pas-tout-à-fait-oser-dire — que Clément Hervieu-Léger rend parfaitement audible, charnelle, presque symphonique, dans cette version de « Nous, les héros », avec le père.
On savait la version « sans le père » — plus resserrée, plus abstraite. Ici, Hervieu-Léger rouvre la partition complète, réintroduit la figure paternelle : non pas un tyran, mais une basse continue, un ton grave qui soutient tout le reste. Le père revient comme reviennent certains thèmes oubliés, dans un morceau qu’on croyait connaître.
Et soudain, tout s’accorde autrement. L’autorité, la filiation, la transmission du jeu — tout cela prend un autre timbre, plus chaud, plus organique. Et cela fait entendre la langue de Lagarce autrement : moins lointaine, plus ample, plus vitale encore. Où la tonalité musicale pop dans une esthétique des années 90, loin d’être gadget, donne un relief contemporain à ce texte qui en renouvelle l’écoute.
Dans cette salle des fêtes fatiguée, quelque part en Europe de l’Est, on retrouve ces comédiens qui s’aiment, se quittent, rejouent leur propre effondrement avec un panache de fin de bal. Écrite en 1993, « Nous, les héros » appartient à la dernière période de Lagarce, celle où l’auteur, déjà malade, se tourne vers les figures du retour, de la troupe, du théâtre comme famille d’adoption.
Il y met en scène des comédiens itinérants, éreintés, qui rejouent inlassablement la même pièce dans une Europe indéfinie, quelque part entre Bohême et nostalgie. Ils s’aiment, se trahissent, se consolent ; ils attendent la fête de fiançailles de deux d’entre eux, mais cette fête a l’air d’un adieu.
Tout semble suspendu, entre le souvenir et l’après. Et dans cette troupe en fin de course, on reconnaît la compagnie de Lagarce lui-même, « La Roulotte », fondée dans les années 1980, avec laquelle il sillonna les routes, jouant dans des salles des fêtes, des gymnases, des villages.
Cette pièce, c’est leur miroir brisé : une déclaration d’amour mélancolique au théâtre, à la vie en troupe, à cette fidélité absurde et magnifique qui consiste à « jouer quand même ».
Le père devient ici une figure d’autorité mais aussi de transmission : peut-être le double du metteur en scène, peut-être le fantôme d’un créateur fatigué qui regarde sa famille d’artistes continuer sans lui. C’est une manière de recomposer le fil autobiographique : la troupe de Lagarce, son père réel, son père de théâtre, tout cela s’entremêle, dans une langue où la mémoire devient matière.
La scénographie de Camille Duchemin a la justesse d’une vieille partition qu’on aurait trop lue : murs suintants, néons qui hésitent, un piano qui s’accorde mal mais qu’on ne peut s’empêcher d’aimer. Les costumes de Caroline de Vivaise, eux, oscillent entre fête foraine et mélancolie de cabaret. On pense à Fellini, à la fin d’un spectacle ambulant — la poussière retombe, mais la lumière persiste. Et au milieu, cette phrase lagarcienne, qui tourne, qui vrille, qui recommence : « On ne sait plus si c’est fini, si c’est encore en train de commencer ».
C’est là que la mise en scène trouve sa grâce : dans la respiration même du texte. Hervieu-Léger n’essaie pas de dompter la lenteur de Lagarce — il la met en musique. Il dirige les silences comme on dirige des cordes : avec patience, avec tendresse et circulation.
Les comédiens — magnifiques — imposent chacun sa partition avec sa propre tonalité : la fille qui rêve encore, le frère qui s’épuise, le père qui ne dit rien mais porte tout. Et avec une fluidité entre eux, une polyphonie.
C’est cela, la force d’Hervieu-Léger : avoir fait du texte non pas un long monologue éclaté, mais un morceau d’ensemble, où les voix se croisent, s’imitent, se reprennent — et font un tout. Il y a du Bach dans cette manière de faire entendre Lagarce. De la rigueur et du tremblement.
Une réussite qui tient aussi dans cette musique de plateau : Les phrases suspendues, les respirations trop longues, les regards qui durent une mesure de trop — tout devient rythme. Un éclat de voix, le froissement d’un rideau, la musique qui s’improvise en fond : tout cela compose cet élan scénique.
Et si parfois le spectacle s’étire, c’est une lenteur qui laisse la langue monter, redescendre, remonter encore. Où dans ces soubresauts, quelque chose de très juste advient : la fatigue du théâtre, mais aussi sa fidélité obstinée à la vie. Car, au fond, c’est de cela qu’il s’agit : « Nous, les héros », ce sont eux, les acteurs, mais aussi nous, spectateurs, qui continuons d’y croire, même après la fin.
Dates : du 16 octobre au 1er novemnre 2025 – Lieu : Théâtre des Bouffes du Nord (Paris) Mise en scène : Clément Hervieu-Léger
La maison de vignerons Chassenay d’Arce a déjà fait l’objet de multiples articles sur Publik’Art, cette dégustation était l’occasion de revoir la responsable marketing opérationnel et digital Elise Dinquel, le directeur général Manuel Henon et l’œnologue Romain Aubriot pour une présentation des nouveautés de la maison et un beau moment de convivialité au cœur d’un restaurant à ne pas manque dans le VIIe arrondissement parisien, à 2 pas de la Tour Eiffel.
Une dégustation pléthorique
C’est peu dire que la renommée de la maison n’est plus à prouver. Il n’y a qu’à constater la diversité des cuvées et leur qualité pour en juger, 11 champagnes proposés à la dégustation, ce n’est pas une mince affaire. Et comme les Champagnes Chassenay d’Arce sont classés par grandes familles et thématiques, il est facile de s’y retrouver pour se faire sa propre opinion. Le moment a débuté avec les Essentielles avec des champagnes de tous les instants, assemblages à majorité du cépage identitaire de la Côte des Bars, le Pinot noir. La Sélection Blanche composé de 90% de chardonnay et 10% de pinot blanc (prix de vente TTC à la propriété: 29,95 euros) est d’une belle fraicheur et parfait lors d’apéritifs festifs ou dînatoires avec un poisson blanc aux agrumes. Lacuvée première se compose de 60% de pinot noir et 40% de chardonnay (prix de vente TTC à la propriété: 26,70 euros). C’est la cuvée emblématique de la Maison, marquée par sa générosité et sa finesse, à déguster à l’apéritif, en cocktail dinatoire ou lors d’un dîner tout au champagne. La Cuvée expression est un rosé brut, composé à 67% de pinot noir, 28% de chardonnay et 5% de pinot blanc (prix de vente TTC à la propriété: 28,60 euros) et se déguste en apéritif ou au dessert avec des fruits rouges. 3 belles cuvées pour débuter en douceur la dégustation. Suit la cuvée de la famille Les Caractères avec un 100% pinot blanc 2015(prix de vente TTC à la propriété: 45 euros), une vraie belle découverte précieuse que je recommande vivement, parfaite pour accompagner fruits de mer et poissons crus. Puis viennent les Authentiques avec la Cuvée origine 100% pinot noir (prix de vente TTC à la propriété: 33,50 euros) idéale à l’apéritif ou à table avec une cuisine légère et naturelle à base de poissons nobles et de viandes blanches, et la Cuvée audace 2017 composée à 100% de pinot noir (prix de vente TTC à la propriété: 41,30 euros) au caractère bien affirmé et à l’identité propre. La première moitié de la dégustation, avant le déjeuner fastueux à venir, se conclut sur la cuvée Confidences rosé 2015 (prix de vente TTC à la propriété: 67,60 euros) composée de 86% de pinot noir, 10% de chardonnay et 4 % de pinot blanc avec des raisins issus des vignes les plus anciennes du vignoble, une cuvée d’excellence pour accompagner les mets les plus délicats.
Un déjeuner comme chez l’ambassadeur
Il suffit de savoir que Philippe Excoffierfut chef de la résidence de l’ambassadeur des États-Unis à Paris pendant 10 ans pour savoir d’avance que le moment gastronomique ne pouvait être que grandiose. Les plats avaient été sélectionnés pour un accord mets/vins des plus optimal. Pour débuter, un soufflé aux truffes absolument divin, accompagné par le chardonnay 2018 extra brut composé de 100% de chardonnay (prix de vente TTC à la propriété: 36 euros), un champagne millésimé plein de fraicheur et de complexité. Le plat fut un Risotto de petit épeautre et gambas avec son bouillon de homard, curry et gingembre. Accompagné du Pinot noir 2018 extra brut composé à 100% de pinot noir (prix de vente TTC à la propriété: 36 euros), ce fut une splendeur gourmande. Le plateau de fromage comté, emmental et chèvre fut accompagné du Confidences 2012 brut 83% de pinot noir, 15% de chardonnay et 2% de pinot blanc (prix de vente TTC à la propriété : 57,10 euros) est la quintessence de la Maison pour accompagner les mets les plus raffinés. Et enfin, le dessert sous forme de feu d’artifices, des pâtisseries au chocolat accompagnées du Ratafia champenois(prix de vente TTC à la propriété: 29,00 euros) composé de 86% de pinot noir, 10% de chardonnay et 4% de pinot blanc sous forme de moût de raisin avec de la fine champenoise comme distillat, parfait pour clôturer une dégustation pleine de surprises et de confirmations.
Publireportage:
Au cœur de la Côte des Bar, le vignoble Chassenay d’Arce s’étend sur 315 hectares et sur 16 villages répartis le long de la rivière, l’Arce. Façonné par un paysage unique où alternent vignes et forêts, il est également caractérisé par la diversité de nos cépages et par la culture raisonnée que nous y pratiquons.
L’esprit de la Maison, c’est à la fois l’esprit de famille, l’esprit du terroir et l’exigence partagée par nos vignerons pour élaborer des champagnes de grande qualité.
Les champagnes Chassenay d’Arce sont l’expression du terroir spécifique de la Côte des Bar et de son sol kimméridgien autrefois recouvert par la mer. Au fil des saisons, les pieds de vignes prennent corps, les grappes se colorent et les cuvées s’élaborent…
La vallée de l’Arce est située tout au sud de la Champagne à proximité de la Bourgogne. La douceur du climat, l’exposition des vignes et la nature des sols (ici, les ceps plongent leurs racines dans des marnes caillouteuses) permettent de récolter à la fin de l’été des fruits à pleine maturité.
Le cépage dominant sur ce territoire est le pinot noir. Nous élevons également du chardonnay, du pinot meunier et du pinot blanc, ancien cépage de la Champagne. Cette diversité nous permet de proposer des cuvées aux personnalités très variées.
Tout au long de l’année, chaque pied de vigne est ici choyé et façonné pour offrir le meilleur de lui-même et donner les raisins les plus généreux.
Si vous habitez dans le Nord et l’Est de la France, vous connaissez forcément Saint-Nicolas qui se fête le 6 décembre. Une très grande fête !
Si vous ne connaissez pas, alors, découvrez l’histoire de Saint-Nicolas avec le très joli album, de petit format : La légende de Saint Nicolas. C’est l’histoire de trois enfants qui se perdirent dans la forêt. Ils entrèrent alors dans une maison, à la tombée de la nuit. La maison du boucher…
Un drôle de boucher aux pensées bien mauvaises…
Les parents cherchèrent longtemps leurs enfants, sans jamais les trouver. Mais c’était sans compter sur Saint-Nicolas, patron des écoliers.
Depuis ce jour, tous les petits enfants déposent une carotte pour l’âne de Saint-Nicolas, la nuit du 6 décembre !
Faites découvrir à vos jeunes enfants cette jolie histoire de La légende de Saint Nicolas !
Le grand Cherche et trouve de Facteur Souris (Casterman)
Les éditions Casterman fêtent les 10 ans de Facteur Souris, avec un nouvel album : Le grand Cherche et trouve de Facteur Souris ! Un superbe grand album (format 246x306mm), très joliment illustré, comme toujours, avec de multiples détails ! Marianne Dubuc, autrice et illustratrice, nous régale, petits et grands ! Le jeune lecteur doit chercher 10 éléments à chaque double page ! Ce jeu de « cherche et trouve » va permettre à l’enfant d’affiner ses sens, et de rester concentré, tout en s’amusant ! Il va falloir aider le jeune facteur a retrouvé toutes ses affaires ! Le grand Cherche et trouve de Facteur Sourisest un très chouette album anniversaire, à offrir à nos petits !
Pablo Picasso, « La Chambre bleue », 1901, huile sur toile, 50,48×61,59 cm, Washington, D.C., The Phillips Collection, acquis en 1927, photo Courtesy of The Phillips Collection. (SUCCESSION PICASSO 2025)
Berthe Weill, l’insoumise de l’avant-garde au musée de l’Orangerie
Elle fut la première à croire en Picasso, Matisse, Modigliani… et la dernière dont on se souvint. L’Orangerie lui rend enfin justice, dans une exposition sensible et lumineuse, où l’ombre d’une femme éclaire un siècle entier d’art moderne.
Paris, 1901. Les galeries du quartier de la Nouvelle Athènes sentent la poussière des conventions. Dans ce monde masculin et compassé, une silhouette discrète s’affaire rue Victor-Massé dans le 9ème arrondissement de Paris : Berthe Weill, fille d’antiquaires modestes, ouvre sa propre galerie. Peu d’argent mais beaucoup d’instinct.
Elle repère le génie là où les autres voient du désordre. Elle expose Picasso, Matisse, Derain, Vlaminck, Suzanne Valadon. Et surtout, elle persiste à défendre ceux que l’époque rejette. « Je vends pour vivre, mais je vis pour montrer », écrira-t-elle plus tard. Toute sa vie tiendra dans cette phrase.
La passion d’une visionnaire
Le parcours du Musée de l’Orangerie retrace avec une grande justesse cette existence tendue entre passion et précarité. Dans les premières salles, un coup d’éclat : « La Mère » (1901) de Pablo Picasso, peinture de la période bleue où une femme serre son enfant dans une étreinte silencieuse.
Un tableau d’une gravité tendre, presque religieuse. C’est l’un des trésors que Berthe Weill eut l’audace de montrer alors que l’Espagne n’avait encore livré qu’un inconnu.
Plus loin, un nu de Modigliani, interdit d’exposition en 1917 pour outrage à la pudeur, rappelle le prix de l’avant-garde. Des œuvres de Kees Van Dongen, Émilie Charmy et Suzanne Valadon complètent cette galerie de visages libres et insolents, que Weill avait réunis avant tout le monde.
On y ressent la tension d’une époque : la beauté brute, l’irrévérence, l’audace féminine dans un Paris encore corseté.
L’exposition ne cherche pas à héroïser Berthe Weill, mais à rendre sa place à celle que l’histoire de l’art a négligée. Loin des grands marchands à l’égo monumental, Weill incarne un autre modèle : celui d’une passeuse.
« Cette vie, je me la suis faite ainsi parce que je l’aime ainsi ; j’y ai trouvé des déceptions, mais aussi, bien des joies et, en dépit de toute entrave, je me suis créé une occupation qui me plaît infiniment et je dois m’estimer heureuse… je le suis ». Berthe Weill, Pan ! dans l’œil…, 1933.
Elle n’a pas fait fortune, mais elle a vu juste, et tôt. Ses archives, ses lettres, ses carnets de comptes exposés ici rappellent qu’elle travailla souvent à perte, par conviction. Ce n’était pas une spéculatrice : c’était une militante de la création.
On ressort ému de cette traversée. Parce qu’on comprend que sans cette femme discrète, l’histoire du modernisme ne serait pas le même. Berthe Weill n’a jamais possédé un empire ni signé de chefs-d’œuvre.
Mais elle a offert aux artistes un espace, un regard, une foi. Et c’est peut-être cela, au fond, la plus belle définition de l’avant-garde : la liberté par dessus tout.
Dates : du 8 octobre 2025 au 26 janvier 2026 – Lieu : Musée de l’Orangerie (Paris)
Publik’Art est archi fan de ce joli album, très joliment illustré, et avec un vrai scénario : Le petit papa. Grégoire a reçu un poupon pour Noël ! Alors que son papa s’occupe du bébé, petite frère de Grégoire, Grégoire s’occupe aussi de son bébé ! Et comme il en est fier ! Il ne le quitte pas ! Il fait tout comme son papa ! Mais quelle responsabilité ! Voilà un très joli album qui permet d’aborder la naissance d’un nouveau-né dans une famille. Car rien n’est vraiment facile avec la fratrie… Qui a dit que les poupons étaient réservés aux filles ? Dans une école maternelle, ce sont les garçons qui se disputent les poupées, poupons et poussettes ! (vécu d’une enseignante en Maternelle à la retraite !) Le petit papaest un charmant album à offrir à nos tout-petits, garçons et filles, justement au moment d’une naissance ou comme cadeau de naissance à la fratrie !
Le texte de Pagnol est aujourd’hui revisité par Joël Pommerat et ses comédiens, dont trois détenus sortis de prison ont rejoint sa troupe.
Dans cette nouvelle version proposée par Pommerat, la légèreté et la candeur originelles cèdent la place à une vérité plus sociale, plus âpre, plus existentielle, qui se nourrit notamment du travail de création théâtrale que le metteur en scène mène depuis dix ans dans une prison française.
Enrichi de l’expérience, de la vie et de l’imaginaire des interprètes, le texte de Pagnol, librement réadapté, se charge d’interrogations humaines profondes, troublantes et captivantes.
S’il garde le contexte marseillais, Pommerat l’ancre dans le monde contemporain avec ses violences sourdes qui scrutent les conflits intérieurs et la complexité des relations humaines.
Aujourd’hui, César tient une boulangerie-sandwicherie, Fanny travaille dans un salon de coiffure et Panisse possède des magasins de scooters.
Comme chez Pagnol, la pièce raconte l’histoire d’un homme tiraillé entre son devoir de fils, son amour pour une femme et un désir de vivre une vie plus grande que la sienne.
Marius voudrait prendre le large, mais il se résigne à rester pour aider son père, César, à la tête d’une affaire mal-en-point. Avec Fanny, une coiffeuse du quartier, ils vivent une histoire d’amour en pointillé qui peine à se concrétiser pleinement.
Une vérité humaine
À la manière d’un conte initiatique si propre à l’écriture de Pommerat, le spectacle nous confronte à des questions essentielles : qu’est-ce que réussir sa vie ? Est-il possible de tout recommencer ? La fuite est-elle raisonnable ? L’amour d’un père est-il toujours émancipateur ?
Une vérité humaine qui sonne juste, là où le geste de mise en scène de Pommerat, révélateur de son histoire de théâtre, n’est pas seulement de raconter la société ou le politique, mais aussi d’habiter un univers sensible : plateau dépouillé tout en étant naturaliste, vérité des acteurs, mise en valeur de la parole et du corps du comédien dans l’espace scénique mais solitude de ces corps ou du groupe, utilisation d’extraits musicaux qui impriment une étrange mélancolie et un échappatoire.
On y devine le mystère, l’intranquillité, la solitude et un présent aussi inaccompli qu’immobile.
L’humour y affleure sans cesse, notamment dans les rapports entre les personnages et la fameuse partie de cartes propice, entre joueurs du quartier, à des échanges épiques et roublards.
Dans ce théâtre narratif et de silence, les comédiens intenses, d’une pudeur rare, imposent un jeu sans ostentation. Un jeu qui teinte à nul autre pareil la fiction du réel, jusqu’à frayer au plus près d’un théâtre d’émotions et de vérité extrême, entre humanité, tendresse et gravité mêlées.
Dates : du 22 au 23 octobre 2025 – Lieu : Théâtre du Passage (Neuchâtel) Mise en scène : Joël Pommerat
Le 1er novembre,Clément Simon vous donne rendez-vous au Café de la Danse pour le concert de son groupe Baby Vortex. Auto-produit par Lui-même, l’album très jazz propose une musique ensorcelante que le pianiste, arrangeur et producteur parisien va dévoiler en live pour creuse un sillon jazz avec une préférence pour la musique improvisée. Le concert se fera en même temps que celui de Julien Dubois pour fêter la sortie des albums de leur groupes respectifs, Not what you think de Babyvortex donc et le Soi et l’Autre de Julien Dubois. La soirée promet d’être explosive avec une bonne quantité de groove, de synthés et de solos endiablés. Babyvortex se compose de Clément Simon aux claviers et aux compositions, Jean-Loup Siaut à la guitare et Kurtis Efoua à la batterie. Le morceau Wrong Pyramid est une bonne illustration avec son atmosphère rappelant parfois les envolées Pink Floydiennes et ses moments proches de l’improvisation. Clément Simon utilise son clavier avec talent avec ses 2 compères pour une musique marquée par le groove pour un jazz moderne mâtiné d’afro-beat et de trip-hop, les fans de Massive Attack apprécieront. La musique est parfois dansante, parfois aérienne, le mélange est vivifiant et surtout très originale. La longueur des morceaux permet à l’auditeur de s’immerger dans une musique aussi savante qu’enjôleuse. Les 3 instrumentistes sont en harmonie, rebondissant chacun sur les autres pour un vrai spectacle auditif, avec des sonorités afro ou trip-hop, de quoi plaire autant aux aficionados des musique des années 70 ou 90. On peut encore écouter Archive, Alpha, ou Fela Kuti, pour se plonger dans la musique de Baby Vortex. Le nom de la formation est certes un peu étrange, mais sa musique ne l’est pas moins, c’est donc cohérent pour un beau voyage musical.
Dès les premières pages, Chamka installe un sentiment d’urgence — les rouages de la dictature vacillent. Le Major pressent que tout devient incontrôlable : un coup d’État fédéral se profile, la révolte des Invisibles se durcit, et l’ombre de la secte de Ganz plane toujours plus dense. Safir fait alliance avec les triades, tandis que Vananka, obsédé par le mystère autour d’Isabelle, s’engage dans une odyssée jusqu’à la station terminus de ses cauchemars. Les tensions, jusqu’ici contenues par l’équilibre précaire du tome 1, éclatent avec violence.
Graphisme & ambiance : le noir sublimé
Jef, au dessin et à la couleur, confirme ici son statut d’architecte visuel de ce monde dystopique. Son trait brut, ses contrastes marqués, ses compositions audacieuses rendent superbement palpable la claustrophobie urbaine. Le style, oscillant entre le croquis nerveux et la grande fresque visuelle, donne à Chamka une densité presque cinématographique — comme si l’album mutait en film muet où chaque bulle compte.
Écriture & structure : intrigue à plein régime
Côté scénario, Kevan Stevens réussit à pousser plus loin les fils narratifs semés dans le tome 1. Là où En moi le chaos présentait les éléments en latence, Chamka les fait entrer en collision. Certains choix peuvent paraître abrupts — l’alliance avec les triades, la fuite de Vananka vers l’inconnu — mais cette accélération impose une lecture haletante. Le risque, c’est le brouillage des intentions : plusieurs personnages agissent dans l’ombre, et leurs ambitions restent pour le moment opaques.
En conclusion : un pari audacieux mais fragile
Chamka conclut ce diptyque (ou du moins cette phase) avec panache. Il ne se contente pas de poursuivre l’introduction : il pousse l’intrigue au bord du précipice, quitte à sacrifier un peu de clarté narrative. Le souffle visuel, l’intensité, l’atmosphère noire en font un objet de bande dessinée remarquable. Si quelques zones restent à clarifier pour une pleine cohérence, ce tome 2 marque une étape importante dans ce projet audacieux.
Extrait de la BD :
Résumé de l’éditeur :
Dans un futur sombre en proie à une drogue dévastatrice, despersonnages vont jouer une partition qui les dépasse, dessinant un destin plus grand mais fragile face à la vague de chaos qui s’installe.
Le Major sent que la situation devient hors de contrôle, alimentée par un début de coup d’Etat Fédéral et la révolte du groupe des Invisibles frontalement exposé à la secte de Ganz. Safir s’allie aux triades. Et Vananka, dans sa quête pour retrouver ce qui est arrivé à Isabelle, a pris un ticket direct pour la station terminus de son cauchemar. La Mécanique s’emballe.
Date de parution : le 15 octobre 2025 Auteur(s) : Kevan Stevens (Scénariste) et Jef (Dessinateur) Genre : S.-F.
Avant les grandes traversées et les complots coloniaux, il y eut Kermellec. Avec Le Trépassé de Kermellec, réédité chez Quadrants en même temps que les six premiers tomes, on redécouvre le tout premier tome de la saga culte L’Épervier, œuvre fondatrice de Patrice Pellerin. Cette aventure initiale jette les bases d’un univers historique d’une rare cohérence, où l’honneur, la mer et la liberté se croisent dans un tourbillon romanesque.
Une enquête en Bretagne au XVIIIᵉ siècle
Brest, 1742. Yann de Kermeur, noble marin breton, est accusé du meurtre du comte de Kermellec. Contraint à la fuite, il doit prouver son innocence dans une France d’Ancien Régime où les puissants manipulent la justice à leur guise. Ce récit d’ouverture, entre polar maritime et fresque historique, captive par son réalisme minutieux et son souffle d’aventure.
Le dessin, un chef-d’œuvre de précision
Pellerin excelle dans l’art du détail : gréements, uniformes, architectures portuaires… tout est restitué avec une exigence quasi documentaire. Les cadrages cinématographiques et la lumière bretonne confèrent aux planches une puissance visuelle rare.
Une réédition indispensable
Cette parution d’octobre 2025 rappelle combien L’Épervier demeure un jalon essentiel de la BD d’aventure française. Plus de vingt ans après sa création, Le Trépassé de Kermellec n’a rien perdu de sa majesté. Une œuvre à (re)découvrir absolument, pour embarquer une fois encore aux côtés du plus noble des corsaires.
Extrait de la BD :
Résumé de l’éditeur :
Le corsaire Yann de Kermeur est accusé, à tort, du meurtre d’un noble breton. Il n’aura de cesse de clamer son innocence et démasquer ses détracteurs, depuis la rade de Brest jusqu’au coeur de la jungle guyanaise !
1741. Le corsaire Yann de Kermeur se rend au domaine de Kermellec pour un rendez-vous tardif. À peine arrivé, des cris l’attirent dans la chapelle où il découvre le comte mortellement blessé. Yann recueille ses dernières paroles : une statuette aztèque, un mystérieux portrait… Soudain l’on surgit, prenant le corsaire pour le meurtrier. L’Épervier vient de tomber dans un funeste traquenard…
Date de parution : le 15 octobre 2025 Auteur(s) : Patrice Pellerin (Scénariste et Dessinateur) Genre : Corsaire, Piraterie
Le chatest un très bel album documentaire, entièrement cartonné, centré sur le chat, écrit et illustré par Adeline Ruel. Le jeune lecteur va découvrir les qualités du chat, sa souplesse, son comportement, ses bébés et les différentes races. Les illustrations sont superbes et au plus près de la réalité. Le chat, Mon imagier nature, va donner envie d’avoir un chat à la maison !
Avec Satanie, Fabien Vehlmann et le duo Kerascoët réinventent le mythe du Voyage au centre de la Terre dans une version moderne, sensuelle et vertigineuse. Dans une nouvelle édition à paraître le 15 octobre 2025 chez Soleil, cet album reprend et enrichit le précédent Voyage en Satanie pour en faire une œuvre complète, d’une densité rare. On y suit Charlie, jeune scientifique habitée par la disparition de son frère, qui descend sous terre pour le retrouver. Mais ce qui devait être une expédition rationnelle devient une plongée au cœur du mystère, entre science et damnation.
Sous terre, tout vacille
Vehlmann revisite Jules Verne avec un regard contemporain, là où l’aventure devient introspection. L’exploration des galeries infernales questionne la foi, la morale et l’humanité elle-même. À mesure que Charlie s’enfonce, les certitudes s’effritent : et si l’enfer n’était qu’une métaphore de nos propres ténèbres ?
Une beauté inquiétante
Les Kerascoët déploient un dessin somptueux, tout en contrastes. La lumière se fait matière, la roche devient chair, et chaque planche respire la suffocation et la fascination. Leur style, oscillant entre douceur enfantine et horreur organique, magnifie ce récit aux accents métaphysiques.
En Bref,
Entre Jules Verne et Dante, Satanie propose une descente inoubliable, aussi poétique qu’inquiétante. Une fable souterraine, superbe et dérangeante, qui confirme le talent du trio pour explorer les recoins les plus obscurs de l’âme humaine.
Extrait de la BD :
Résumé de l’éditeur :
Aventure, étrangeté fantastique, sensualité, Satanie propose un récit haut en couleur, palpitant et émouvant.Charlotte alias Charlie une jolie rousse, organise une expédition afin de retrouver son frère.Ce jeune scientifique, qui a disparu sous terre depuis plusieurs mois, affirmait au plus grand étonnement de tous pouvoir prouver l’existence de l’Enfer en s’appuyant sur la théorie de l’évolution de Darwin !Le petit groupe conduit par Charlie s’enfonce donc sous terre et découvre au fur et à mesure de sa progression que les entrailles de notre planète pourrait bien abriter une autre forme de vie pour le moins inattendue…
Date de parution : le 15 octobre 2025 Auteur(s) : Fabien Vehlmann (Scénariste) Kerascoët (Dessinateurs) Genre : S.F., Jules Verne
Astronomie : La Bibliothèque des merveilles (Flammarion Jeunesse)
Les éditions Flammarion Jeunesse nous proposent un album documentaire, magnifique et d’une qualité exceptionnelle : Astronomie, La Bibliothèque des merveilles. Roland Lehoucq est astrophysicien, enseignant et auteur. Il arrive à partager ses savoirs de façon simple en se mettant à la portée de tous. Comme par magie ! Cet album s’adresse aux enfants dès l’âge de 7 ans ! C’est un fantastique voyage dans les étoiles, avec des découvertes impressionnantes à chaque page. Chaque astre a sa carte d’identité. Il en est de même pour chaque planète, nébuleuse et galaxie ! Une mine d’informations qui paraissent presque magiques, avec des photographies géantes de la NASA et de l’ESA. A la fin de l’album, le lecteur découvrira une grande fresque dépliante de l’univers ! unique ! Astronomie, est un album unique pour tous les curieux du cosmos, quelque soit leur âge ! Notre coup de cœur ! Une belle idée de cadeau de Noël !
Les grandes questions des petits curieux : Le Corps humain (Casterman)
Publik’Art est fan de la Collection des Editions Casterman : Les grandes questions des petits curieux. Cet été, L’école maternelle était mise à nu, aujourd’hui, c’est au tour du Corps humain!
Le jeune lecteur connait le principe : des questions sont posées et il faut ouvrir le flap pour découvrir la réponse. Il y a plus de 50 volets à ouvrir ! Les questions sont sensées et faciles à comprendre, et les réponses très explicites et simples. En utilisant les bons termes. L’enfant va découvrir son corps, de la tête aux pieds, comprendre cette machine géniale qu’est le corps, en prendre soin tous les jours… Les illustrations sont rigolotes et très parlantes ! Les grandes questions des petits curieux : Le Corps humainest un album documentaire à avoir dans toute bibliothèque !
Ah, le vent du large ! Ce 17 octobre 2025, alors que Montpellier s’éveillera encore sous un ciel d’octobre digne du plus bel été indien, le 47e Festival international du cinéma méditerranéen (Cinemed) déploiera ses voiles pour 8 jours qui pulseront au rythme des vagues contemporaines. Pas de nostalgie figée cette année, mais un élan vital qui, face aux tourments du bassin – conflits au Proche-Orient, fractures sociales –, réaffirme la mission du festival : un refuge pour les voix libres, un dialogue tissé de pellicules. Sous la houlette de Christophe Leparc, directeur aux convictions chevillées au corps, Cinemed n’oubliera pas ses racines – ces rives partagées de la Méditerranée, de la mer Noire au Portugal et à la Syrie –, mais les réinvente avec une audace communicative. Comme un sirocco qui chasse les ombres, cette édition honore les contemporains tout en tendant l’oreille aux échos du passé. Prêts à embarquer ? Laissez-vous porter par cette programmation qui, de l’ouverture à la clôture, promet rires, larmes et révélations.
Une ouverture en majuscule : L’Étranger, un miroir camusien sous les projecteurs
Ce vendredi 17 octobre 2025 au Corum, Cinemed s’offrira une ouverture qui frappe comme un uppercut philosophique : L’Étranger de François Ozon, adaptation étincelante du roman d’Albert Camus. En présence du maître français lui-même, le film dressera le portrait d’un Meursault moderne, errant dans un Algérie hantée par l’absurde et l’exil intérieur. Ozon, fidèle à son art de disséquer les âmes avec une précision chirurgicale – rappelez-vous Swimming Pool ou Dans la maison –, signe ici une œuvre qui résonne plus que jamais avec les fractures méditerranéennes actuelles. Cette soirée, que l’on imagine déjà dantesque au niveau de l’ambiance de l’Opéra Berlioz, ne sera pas qu’un prélude : c’est une déclaration d’intention, un appel à l’empathie qui infusera l’ensemble du festival.
L’Etranger de Camus par la Nouvelle Vague : Benjamin Voisin & Rebecca Marder.
En compétition : une « nouvelle vague » qui gronde.
Au cœur battant de cette 47e édition, la compétition des longs métrages de fiction déploie neuf perles inédites, en lice pour l’Antigone d’or – ce trophée de 15 000 euros qui propulse les talents vers les écrans français. Sous la présidence d’Ariane Ascaride, icône des rivages provençaux et complice de Robert Guédiguian, le jury scrutera ces œuvres qui capturent l’essence méditerranéenne : migrations, identités en fusion, colères contenues. Parmi les favoris, La voix de Hind Rajab, de Kaouther Ben Hania, habituée des travées montpellieraines et qui sort d’une ovation de 23 minutes à la Mostra de Venise ! Mais aussi, la découverte de la compétition pour Maryam Touzani, moitié du cinéaste Nabil Ayouch et qui a connu un franc succès avec Le bleu de Caftan, son précédent opus. Rue Malaga semble vraiment plein de promesses méditerranéennes. A retenir aussi, le tout juste lauréat du Festival de San Sebastian, Les Dimanches, de Alauda Ruiz de Azua. De l’Italie au Liban, en passant par des voix arméniennes oubliées, cette sélection nous offrira un kaléidoscope de vitalité : des polars psychologiques qui sondent les abysses familiaux, aux drames intimistes qui célèbrent la résilience. Un immanquable pour qui veut palper le pouls d’un cinéma qui refuse la censure et embrasse la complexité.
La voix de Hind Rajab. Uppercut émotionnel en prévision.
Des « Etoiles » qui illuminent les rives.
Et comme toujours, Cinemed sait convier ceux qui font vibrer les écrans d’aujourd’hui, transformant le festival en un salon flottant d’idées et d’anecdotes. Raymond Depardon et Claudine Nougaret, duo mythique du documentaire français, reçoivront un hommage retentissant : une rétrospective exhaustive de leurs odyssées visuelles, de Faits divers à La Vie moderne, où la caméra capture les fractures sociales avec une tendresse rugueuse. Sabrina Ouazani, actrice caméléon aux mille nuances – de L’Esquive à ses rôles plus légers mais pas moins importants –, animera une masterclass le 25 octobre, occasion unique de vivre une de ces moments chaleureux dont le festival regorge. Fernando León de Aranoa, cinéaste espagnol au vitriol éclectique (El buen patron, A perfect day), foulera pour la première fois les planches montpelliéraines, apportant son humour noir sur les inégalités. Sans oublier l’hommage aux 100 ans de Youssef Chahine : trois classiques (Le Destin, Adieu Bonaparte, L’Emigre) pour raviver le feu sacré du cinéma Egyptien.
Sacré Gang des Amazones : Laura Felpin, Lyna Khoudri, Izia Higelin pour secouer le Corum.
Des bourrasque de fraîcheur qui gâtent l’amateur pour les avant-premières Cinemed.
Hors compétition, les avant-premières affluent comme une mousson bienfaisante, offrant au public des premières françaises escortées par leurs auteurs – un luxe que Cinemed maîtrise à la perfection. Le Gang des Amazones de Mélissa Drijard injectera une dose d’adrénaline féministe, suivant un crew de braqueuses dans les ruelles algéroises – un polar rythmé qui pulsera au son du raï. Et que dire de L’âme idéale d’Alice Vial, comédie philosophique avec Jonathan Cohen en chercheur d’absolu, projetée en sa présence le 20 octobre ? Un éclat de rire qui allègera les cœurs. Côté séries, les trois premiers épisodes de Los Años Nuevos de Rodrigo Sorogoyen (déjà notre chouchou de l’édition précédente) promettent un thriller temporel haletant. Ajoutez à cela des journées spéciales, comme celle consacrée à l’état des lieux du cinéma syrien, ou encore l’hommage au monstre sacré Dino Risi, et vous avez un festival qui gâtera l’amateur sous toutes ses formes : du bis à l’auteur, du rire aux larmes, le tout en un claquement de doigts.
La Reina de las Goyas nous délivrera sa Romeria.
… et une clôture en majuscule avec Romería, le nouveau film de la surdouée Carla Simon.
Le 25 octobre, le festival tirera sa révérence sur une note de grâce païenne avec Romería de Carla Simón, film-affiche de cette édition qui bouclera la boucle comme une procession andalouse. Ce portrait de ferveur collective, où les corps et les âmes se fondent dans une danse rituelle, incarne l’esprit de Cinemed : un lien indissoluble entre passé et présent, entre rives déchirées et espoirs partagés. En présence de la réalisatrice catalane, la soirée de remise des prix – Antigone d’or en tête – scellera une semaine de ferveur. Cette clôture ne sera pas une fin, mais un écho : comme les vagues qui reviennent inlassablement, le Cinemed nous laisse assoiffé de la prochaine marée.
Du 17 au 25 octobre, au Corum, au Centre Rabelais et dans les cinémas de Montpellier, montez dans le train Cinemed, et ne descendez plus.
Phillipe Decouflé à la Villette : un temps incarné et rejoué
Sous le regard de Philippe Decouflé, le temps devient une matière douce, élastique, que la danse étire, replie, transforme. Dans ce spectacle « Entre-Temps » l’humour, la mémoire et la musique s’incarnent en un poème chorégraphique, emmené par un pianiste habité, Gwendal Giguelay.
Avec ce nouvel opus, Decouflé signe un spectacle d’une humanité renversante. Et offre à la danse un espace où la mémoire, le présent et la musique s’entrelacent dans une élégance savoureuse, sans ostentation. Là où entre poésie du geste et pulsation du piano, le temps s’étire, se partage, et se fête.
Sous un chapiteau devenu horloge vivante, la compagnie DCA fait donc vibrer le temps : celui des corps, des souvenirs et des présences. Une danse à la fois mélancolique et joyeuse, portée par la musique éclectique et l’intelligence du geste.
Une traversée à la fois généreuse et contemplative, nourrie par quatre décennies de création. Mais ici rien de nostalgique : il ne s’agit pas de regarder en arrière, mais de faire du passé un présent vivant, vibrant.
Eloge du présent et sa mémoire vive
Les neuf danseurs — jeunes et plus âgés — forment une communauté en marche, une horloge humaine dont chaque corps bat à son propre rythme. La scène devient un espace de transmission, d’écoute mutuelle, de continuité. Car le temps, chez Decouflé, ne sépare pas : il relie.
La chorégraphie semble d’abord simple, presque familière : des marches, des rotations, des gestes quotidiens qui se répondent. Mais sous cette apparente sobriété se cache une écriture subtile, pleine de respirations et de contrepoints.
Decouflé construit la danse comme une phrase musicale : une suite de motifs qui se répètent, se déforment, se souviennent. Les corps se déplacent en spirales lentes, s’entrecroisent, se dédoublent, comme si chaque danseur portait son propre souvenir du mouvement précédent.
Le rapport au sol, au geste — essentiel – donne à la pièce toute sa dimension : les pas sont rapides ou feutrés, les attitudes théâtralisées. Il y a du burlesque dans cette alchimie, cet humour tendre qui traverse tout le travail de Decouflé : une pirouette qui devient clin d’œil, un déséquilibre transformé en grâce, une maladresse soudain sublime.
La danse devient ici langage de résistance : elle refuse la perfection lisse, lui préférant la fragilité. C’est un art du déséquilibre, de la vibration, du presque-rien qui, naturellement et subtilement, dit tout.
Au centre du dispositif, le pianiste Gwendal Giguelay incarne littéralement le tempo du spectacle. Installé sur scène, il accompagne les danseurs comme un maître de ballet dans un cours, mais son rôle dépasse celui du simple musicien : il devient un personnage, un complice, une respiration.
Giguelay passe sans effort de Rameau à Liszt, de Bach à Philip Glass, et ses improvisations dialoguent avec la fluidité des corps. Moment d’orfèvrerie : quand les danseurs viennent l’entourer pour réciter les chiffres hypnotiques d’Einstein on the Beach, hommage à Lucinda Childs et Bob Wilson, la scène se transforme en pulsation collective — mi-rituelle, mi-ludique
Puis, d’un seul coup, le pianiste enclenche son juke-box intérieur : Madonna, Gloria Gaynor. Le temps se modernise, s’amuse. La mémoire devient pop. Cette oscillation entre érudition et légèreté résume parfaitement l’esprit du spectacle : un art du tissage, du lien, du passage.
La scénographie, fidèle à l’univers de Decouflé, épouse le mouvement sans l’enfermer : un plateau mouvant et extravagant, des ombres glissantes, des lumières et des couleurs qui flashent. Les corps s’y reflètent, se dupliquent, se brouillent — comme si le temps lui-même jouait à nous tromper.
Rien de monumental : tout est nuance, suggestion, transparence. Cette retenue, loin de l’effet spectaculaire, permet à la poésie d’affleurer. On y sent une joie paisible, celle d’un artiste qui ne cherche plus à prouver, mais à partager.
Un spectacle singulier qui résiste à l’époque formatée, impose sa cadence : une lenteur lucide, presque politique. Le spectateur est invité à respirer, à observer les micro-événements d’un geste, à redécouvrir la beauté d’une marche, d’un regard, d’une main posée sur une épaule.
Des moments qui s’étirent mais où cette suspension fait partie de son propos : laisser au temps le droit d’être là, d’être dense/danse jusqu’au bout.
Dates : du 9 au 26 octobre 2025 – Lieu : La Villette (Paris) Conception et Mise en scène : Philippe Decouflé
Les éditions Bayard jeunesse nous proposent un super album jeunesse : Wahou ! Notre super coup de coeur ! c’est un livre carré, entièrement cartonné, avec de nombreuses découpes et flaps. Le tout jeune lecteur va adorer suivre avec son doigt, tourner la page, découvrir les surprises et découvrir l’art sous toutes ses formes ! En même temps, ce très chouette album est pédagogique et va permettre au tout-petit d’intégrer des notions fondamentales. Il pourra lui-même réaliser les nombreux dessins, peintures de cet album, avec l’aide d’un adulte. Comme à l’école ! Wahou est un album qui revisite l’art et le met à la portée des plus jeunes. La lecture de cet album est interactive ! Publik’Art est fan ! A offrir à tous nos petits !
Champagne Vaucelle avait adressé les 2 cuvées Terre Natale et les Vallons au mois d’avril pour une belle découverte, le moment est venu de rencontrer le responsable commercial Jeremy Bovy pour en savoir plus. La dégustation se déroula au restaurant L’évadé à proximité du métro Saint Georges à Paris, au sous-sol, sous des voutes sans âge qui impressionnent par leur majesté.
6 cuvées harmonieusement dégustées
Les 6 cuvées de la maison Vaucelle ont été dégustées avec un menu proposé par L’Evadé. Au préalable, Jeremy Bovy a abreuvé les 20 invités de détails savants sur la maison Vaucelle. 2025 est la première saison proposée à la vente avec 6 cuvées au spécificités assez différentes. Avec 150 000 bouteilles, la production est encore assez peu importante mais devrait gagner en volumétrie dans la prochaines années. Le grand responsable Thomas Cheurlin était hélas absent pour cause de virus de saison mais le moment était tout de même d’une convivialité rassérénante. La première cuvée dégustée fut le Brut Sans Année Les Vallons (29 euros prix de vente caveau) composé principalement de Pinot Noir avec une touche de Chardonnay. Parfait pour les apéritifs et les soirées festives, mais également pour accompagner tout un repas avec une viande. La bouche est fraîche avec un équilibre entre minéralité et fruité du Pinot noir pour une belle longueur. Deuxième dégustation, le Blanc de Blancs Terre Nacrée composé de 100% de Chardonnay (38 euros Prix de vente caveau). Son nez est aérien avec des touches de fruits blancs comme la pêche de vigne. Les bulles sont très fines pour un vin où l’on retrouve des notes très florales comme l’acacia et brioché voire mielleuse. Le champagne est vif et minéral qui accompagne très bien une viande rouge type côte de bœuf ou en dessert avec une salade de fruits rouges. Troisième cuvée dégustée, le Blanc de Noirs Terre Natale est composé de 100% de Pinot noir (38 euros prix de vente caveau). Les bulles sont très fines pour un vin partiellement vieilli sous foudre qui propose maturité et rondeur. Le champagne accompagne parfaitement une pintade à la sauce aux morilles ou encore des tagliatelles de Saint-Jacques. Vint ensuite le Champagne Terre de Nuances cuvée éphémère, composé de 100% Pinot blanc (45 euros prix de vente caveau). La cuvée est numérotée, limitée, et il changera tous les ans en fonction du travail en cuverie. En bouche, la fraîcheur et la bulle fine de cevin apparaissent immédiatement, grâce à un dosage faible et les notes de Pinot blanc pour un champagne gourmand. Le champagne est rare (seulement 2 000 bouteilles par an) et vraiment original. Il se déguste à l’apéritif et peut accompagner du poisson comme une dorade grillée. Le Champagne rosé Le Suchot est particulièrement gourmand composé de 100% de Pinot noir (32 euros prix de vente au caveau). La bouche est fraîche, agréable et équilibrée avec une belle longueur, élément essentiel pour les cocktails et soirées festives, également pour les desserts. Enfin, la cuvée des Ambassadeurs fut dégustée pour une vraie confirmation de la qualité. C’est une cuvée prestige, référence de la maison connue des ambassades à Paris. Assemblé avec 80% de Pinot noir et 20% de Chardonnay (69 euros prix de vente caveau), la Cuvée des Ambassadeurs est la crème de la crème de la Maison Vaucelle pour un champagne élaboré uniquement lors des belles années de vendanges. C’est une cuvée à proposer pour les repas de fêtes avec une dinde à la sauce crémeuse au foie gras ou avec du fromage
Un repas au diapason
Le diner fut un grand moment de gastronomie. En entrée, du saumon mariné aux baies de Timut, concombre, raisin, aneth avec le Champagne Terre Natale Blanc de noirs, un accord Met vin juste parfait. Le plat fut un Suprême de poulet fermier farci sarriette, pomme Dauphine et une sauce au fois gras. Pour un plat d’une telle qualité, la cuvée des Ambassadeurs, évidemment, pour un vrai moment de gourmandise, preuve que le restaurant L’évadé est à découvrir absolument. En dessert, un entremet framboise pistache avec un sorbet framboise accompagné du Champagne rosé Le Suchot pour un vrai plaisir gourmand. Le repas fut l’occasion de discussions assez rares tant les convives ont pris le temps d’apprécier la grande qualité des plats.
Les 6 cuvées du Champagne Vaucelle ont fait une belle unanimité, le restaurant L’évadé a convaincu tous les convives pour un beau moment de convivialité gourmande qui donne envie de recommander autant Champagne Vaucelle que le restaurant L’évadé.
Publireportage: Notre histoire est une rencontre entre la Mer de l’époque Jurassique qui donna naissance à des terroirs et des Hommes qui ont su les préserver et les pérenniser. Thomas en a fait ses jardins où la vigne s’épanouit par le travail du vigneron et sa conscience de n’être qu’un passeur d’Histoire. C’est la conscience de l’héritage pour en faire la transmission. La rose des vents donnait aux marins le cap à suivre pour les amener à découvrir de nouveaux horizons et en faire des aventuriers tout comme la nature la donne au vigneron qui saura l’écouter. Son vignoble s’étend sur différentes petites vallées qui en champenois se nomme VAUCELLE où résonne le travail de la vigne ainsi est né notre champagne et ses cuvées.
Les éditions Glénat jeunesse nous proposent un album jeunesse qui se passe au Moyen-Age : Chevaleresse Mathilde.
Mathilde rêve d’être une chevaleresse. Son père est le plus grand des chevaliers et il est parti à la guerre pour repousser les ennemis du Royaume. Sa tante a inventé de drôles d’armes : une catapulte avec une marmite remplie de crottes des cochons et des chevaux ! Mathilde n’en perd pas une miette et va même prendre des cours d’épée ! Une vraie petite chevaleresse !
Chevaleresse Mathilde est un album drôle, rempli d’humour, aux illustrations pétillantes, qui va plaire autant aux garçons qu’aux filles !
Un monde en moi est un très chouette album, avec de nombreuses découpes et des illustrations sublimes. Le texte est poétique et va permettre au jeune lecteur de se découvrir un peu… Comme la petite fille, le lecteur a tout un monde qui habite en lui… Il change, il grandit, il évolue… Comme la nature qui l’entoure ! Elle est si belle ! « J’essaie de garder un coeur généreux, à la manière du bois des forêts. » Un monde en moiest un album, très positif et encourageant, à lire et relire avec ses enfants, dès l’âge de 4 ans !