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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

« Showgirl » : l’envers du décor au théâtre de la Bastille

En mon­trant de façon fron­tale et criarde le ver­sant le plus abject du "rêve amé­ri­cain", Paul Verhoe­ven jetait un pavé dans la mare hol­ly­woo­dienne, dont la pre­mière vic­time fût Eli­sa­beth Berk­ley, cou­ra­geuse inter­prète d’un d’un film qui devait mettre en péril la suite de sa car­rière. C’est ce double mou­ve­ment que sai­sissent Mar­lène Sal­da­na et Jona­than Drillet dans ce show aussi improbable et qu'explosif où le scé­na­rio d’un film et le tra­jet d’une actrice se répondent en une triste et implacable iro­nie.

« L’Evénement » d’Annie Ernaux et les mots pour le dire de Marianne Basler

Depuis 35 ans, Annie Ernaux, lauréate du prix Nobel de littérature en 2022, se raconte, elle, son père, sa mère, ses amants, ses années, et là, dans ce récit intime présenté sur scène, l’avortement clandestin qu’elle a subi en 1964, et qui faillit lui coûter la vie. Elle était alors une étudiante de 23 ans.

Une « Mouche » impayable aux Bouffes du Nord

Dans son garage, Robert met au point une machine à téléporter… Il suffira d’une petite mouche aventureuse pour déclencher la "métamorphose"  de l’apprenti sorcier Christian Hecq tout droit sorti de l’univers des Deschiens...Tout un programme !

« Le Silence » et son écho au Vieux-Colombier

Dans l'économie de paroles, un autre rapport à la vérité se dévoile" écrivent Lorraine de Sagazan et Guillaume Poix, les auteurs de ce spectacle radical et habité. Un drame sans dialogue, inspiré du cinéma d'Antonioni et dans lequel le spectateur, plus libre que jamais, compose la narration. Car le spectateur est dans la position d’un enquêteur dont le parcours est jalonné par des moments-clés, où c’est à lui d’agencer à sa guise et selon son propre ressenti, les pièces d’un puzzle dont le dessin se précise peu à peu tout au long de la représentation.

“La Mouette” de Brigitte Jaques-Wajeman, un vol captivant

Dans La Mouette, Anton Tchekhov (1860-1904) fait de l’art et de l’amour le terrain de prédilection des passions inaccomplies et des désillusions. Celles notamment de Nina, une jeune fille qui rêve d’être actrice mais dont la vocation sera détruite par une trahison amoureuse, ou celles de Constantin Treplev, épris de Nina qui en regarde un autre. Treplev est jeune auteur épris d’absolu en quête de reconnaissance et de l’amour d’Irina, sa mère, comédienne célèbre, qui le méprise ouvertement et n’a d’yeux que pour l’écrivain en vogue, Trigorine, son amant. Une relation fils/mère irrésolue qui aurait à voir avec la tragédie d’Œdipe et dont les contours qui irriguent toute l’intrigue sont aux prises avec des destins contrariés et opposés.

« Poquelin II » ou Molière en flamand dans le texte par les Tg Stan !

Le collectif flamand tg STAN connaît bien l’œuvre de Molière. En 2003, il créait Poquelin, un spectacle qui puisait son matériau dans plusieurs pièces du génie comique du 17e siècle : Le Médecin malgré lui, Sganarelle et Le Malade imaginaire. Selon le même procédé, il récidive aujourd’hui avec Poquelin II, un montage de passages empruntés au Bourgeois gentilhomme (1670) et à L’Avare (1668). Dans ces deux pièces, Molière pointe l’inanité de quêtes ridicules : celle de M. Jourdain, un bourgeois aisé et vaniteux — un nouveau riche, dirait-on aujourd’hui —, qui multiplie les efforts pour imiter le style de vie de la noblesse ; celle d’Harpagon, à ce point obsédé par l’argent qu’il se mue en usurier et en tyran domestique prêt à sacrifier le bonheur de ses enfants. Autant d’absurdes petits arrangements financiers et moraux qui constituent le fil rouge du spectacle.

Notre Sélection

« Un soir de gala » pour un dernier tour de piste facétieux et radieux avec Vincent Dedienne, olé !

Le ton est donné et pourtant s’il n’en joue pas vraiment, l’imposant instrument est au centre de ce seul en scène inclassable, couronné du Molière de l’humour 2022, dont le dernier tour de piste avec ces dernières représentations est un numéro de haut vol. Regard rieur et malicieux, costume noir et chemise blanche, Dedienne sort le grand jeu pour faire entendre ses mots et cet humour mâtiné de tendresse, d’une imparable absurdité et d’une nostalgie éternelle.