Le roi se meurt d’Eugène Ionesco, mise en scène de Georges Werler, à Paris (2015)

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Théâtre de Paris, succès ! prolongation jusqu’au 10 janvier 2015
15, rue Blanche
75009 Paris

Michel Bouquet reprend ce rôle mythique en se réinventant une nouvelle fois avec ce don d’émerveillement si propre aux éternels enfants et aux côtés d’une distribution remarquable. Un grand moment de théâtre.

Le roi se meurt, sa mort est annoncée. Il lui reste une heure et demie à vivre, le temps du spectacle, pendant lequel cinq personnages, se divisent autour de lui et avec lui, entre fatalisme, angélisme et mesquinerie, face à l’accomplissement du destin. Avec Béranger 1er, l’homme universel, c’est son univers monde qui s’effondre : le palais se fissure et les frontières de la mort se rapprochent.

Regard malicieux à la voix pénétrante, Michel Bouquet est saisissant de vérité et d’intériorité au plus près de la condition humaine et de son essence comme de sa finitude énigmatique

La pièce est composée d’un seul acte où seule la condition physique, psychologique du protagoniste évolue, observée et commentée par son entourage. La jeune et bien aimée reine Marie, symbole de l’amour, de l’innocence et de la vie, qui veut encore espérer et lui cacher la vérité. Tandis que la vieille reine Marguerite, la première épouse austère, fataliste et grande ordonnatrice de cette cérémonie doit s’assurer du bon déroulement de cette fin dont chaque étape est déjà programmée. Elle sera la dernière à accompagner le roi dans la mort. Le tout ponctué par les apartés du médecin et son savoir péremptoire contre lequel on ne transige pas.

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Mais le monarque justement n’est pas prêt à mourir. Et c’est donc à ce cheminement initiatique par lequel le personnage doit passer, emprunt d’une irrésistible drôlerie et bouffonnerie où la vie se joue de la mort et vice versa, auquel nous assistons.  Le vieux roi passant par trois attitudes successives : le déni, la révolte et la résignation jusqu’au passage final et total où la lumière fait corps enfin avec la nuit éternelle.

la mise en scène de Georges Werler respectueuse du texte, souligne jusqu’à l’épure l’issue dérisoire et inéluctable.  A l’abri de cette définition du dramaturge « Le comique étant intuition de l’absurde, il me semble plus désespérant que le tragique. Le comique n’offre pas d’issue« , Ionesco nous livre une farce métaphysique tout en subtilités et humour noir. Où le comique nait du décalage entre la représentation grandiloquente de la figure royale et la simple condition d’homme face à la mort.

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Regard malicieux à la voix pénétrante, Michel Bouquet est saisissant de vérité et d’intériorité au plus près de la condition humaine et de son essence comme de sa finitude énigmatique…

Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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