Liliom de Ferenc Molnar, mise en scène par Galin Stoev, à Paris

2013-2014 la Colline  coproduction création Théâtre de Liège "LILIOM "de Ferenc Molnár Mise en scène Galin Stoev

Théâtre de la Colline jusqu’au 4 avril 2014

De « Liliom », Ferenc Molnar (1878-1952) indiquait : « c’est une histoire de banlieue de Budapest aussi naïve et primitive que celles qu’ont coutume de raconter les vieilles femmes de Josefstadt ».

[pull_quote_left]Un conte d’aujourd’hui qui nous entraîne dans les méandres de la complexité humaine.[/pull_quote_left]

Des hommes et des femmes exclus socialement, économiquement, culturellement et qui sont à la lisière de la ville, là où les valeurs et les lois n’ont plus cours, là où les institutions n’éduquent et ne protègent plus, et là où aucune réalisation personnelle n’est possible.

Un monde en marge et à l’écart donc où la modernité du propos de la pièce n’en est que plus saisissante mais dont l’intrigue ne se réduit pas à son contexte social mais à une exploration des ressorts de cette matière humaine brute, qui dans un élan de survie défie une existence malmenée .

2013-2014 la Colline  coproduction création Théâtre de Liège "LILIOM "de Ferenc Molnár Mise en scène Galin Stoev

Et Galin Stoev, à l’abri d’un regard très personnel, réussit une mise en scène délirante et foisonnante à la fois physique et décalée qui colle parfaitement à l’univers paradoxal des protagonistes.

Liliom est un bon à rien, un frimeur, une petite frappe mais il a un boulot : il est bonimenteur dans une fête foraine. L’air de ne pas y toucher, il a emballé Julie sur le manège de Madame Muscat, aux allures de tenancière de bordel, qui ne l’a pas vu d’un bon œil et l’a donc congédié. Julie, elle, est tombée raide dingue de ce futur chômeur. Avant qu’elle ne soit enceinte et que Liliom ne décide de participer à un casse afin de les mettre à l’abri du besoin. Mais les choses tournent mal car sur le point d’être arrêté et afin d’échapper à la justice, il se suicide.

La pièce bascule alors… dans l’au-delà : un ciel aux airs de commissariat où les anges sont des détectives. Liliom pourra redescendre un jour sur terre pour faire “quelque chose de beau”. Mais aura-t-il les moyens de ce rachat ?

liliom_1

Et quelque soit les artifices du lieu qui pourrait être aussi un centre commercial dont le metteur en scène souligne le coté cheap et superficiel, les rêves sont confisqués parce que d’emblée limités à une misère intellectuelle, émotionnelle et matérielle.

Pourtant chez ces anti-héros le besoin de ressentir est brûlant mais déconnectés de leurs émotions et de leurs sentiments qu’ils ne peuvent pas formuler, ils en sont réduits à une expression primaire, cruelle et instinctive.

 [pull_quote_right]Galin Stoev, à l’abri d’un regard très personnel, réussit une mise en scène délirante et foisonnante à la fois physique et décalée qui colle parfaitement à l’univers paradoxal des protagonistes.[/pull_quote_right]

La scénographie qui emprunte à l’ambiance grotesque de la foire (masque d’animaux, peluche, personnages costumés) et la traduction du texte aux accents triviaux mais sur un ton toujours distancié, rendent parfaitement compte de cette urgence de vivre.

Christophe Grégoire est un Liliom convaincant, à la présence nerveuse et envoutante tandis que Julie (Marie-Eve Perron) est une femme amoureuse volontaire et captive. Quant à Marie-Christine Orry qui interprète Mme Muscat la responsable du manège, elle est impressionnante dans un jeu à la fois goguenard et subtil.

Un conte d’aujourd’hui qui nous entraîne dans les méandres de la complexité humaine…

Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici