Mes séances de lutte, un film de Jacques Doillon

Jacques Doillon offre une vision inédite de ce qu'est la part de mort dans l'amour, porté par des acteurs dont la performance se verrait bien sur scène tant elle rappelle un certain théâtre de la cruauté.

MES SEANCES DE LUTTE G

Date de sortie : le 6 novembre 2013

Durée : 1h 39min

Avec : Sara Forestier, James Thiérrée, Louise Szpindel

Synopsis :

[pull_quote_center]Une jeune femme prétexte l’enterrement de son père pour retrouver un voisin plutôt charmant, et tenter de comprendre pourquoi elle a interrompu le rapport amoureux amorcé avec lui quelques mois plus tôt. Ils se retrouvent et rejouent la scène où sa dérobade a empêché leur histoire de commencer.[/pull_quote_center]

Ils s’y essaient, se débattent, s’empoignent, tout en se rapprochant. Ils se frottent, se cognent l’un contre l’autre et s’amusent à dialoguer avec autant de fantaisie que de gravité, et à entrer dans une lutte de plus en plus physique.
Ils vont finir par se lier l’un à l’autre au cours de séances quotidiennes qui ressemblent à un jeu. Par-delà leur joute verbale, cette confrontation devient une nécessité pour essayer de se trouver, un curieux rituel auquel ils ne peuvent échapper.
Peu à peu, l’évidence qu’il faudra que quelque chose se libère entre eux pour que ces luttes soient enfin devenues une vraie lutte d’amour.

 

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« Ce n’est pas la peine de parler des quelques milliards de gens qui sont sur terre, puisqu’après tout il n’y a qu’un homme et qu’une femme, donc des éléments complètement épurés ».C’est cette belle intuition de Philippe Garrel que Jacques Doillon semble mettre l’œuvre dans son nouveau film, Mes Séances de Lutte. « Elle »(Sara Forestier) et « Lui » (James Thiérrée) se cherchent, s’affrontent, jusqu’au point de non retour.

« Elle », gracile et sauvage, « Lui » acrobatique et sculptural tiennent un équilibre instable qui menace de s’effondrer chaque instant. On saisit l’histoire en filigrane (ils se connaissent d’avant par le biais du père de la fille, mort il y a peu), on rassemble les pièces du puzzle pour saisir ce qui les a menés à entreprendre ce jeu torturé. Mais les personnages le savent-ils eux-mêmes ? Il n’y a pas de raisons au désir et, en évitant la pantomime sans affect, Doillon donne voir les sentiments de la chair.

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[pull_quote_left]Nos culs et nos langues, ces derniers espaces de liberté des progrès [/pull_quote_left]

Ces séances de lutte seraient une psychanalyse nerveuse où aux mouvements du corps se substitue la parole curative : elle rejoue, sur le mode de la lutte, le complexe au père en s’attaquant à son amant. Dans le salon, dans la grange, dans la boue … douleurs et désirs sont ainsi exorcisés et, en crescendo, c’est un érotisme mortifère qui nous saisit.

« Nos culs et nos langues, ces derniers espaces de liberté des progrès » dit le garçon car oui, bouche contre bouche, peau contre peau, coup contre coup … l’Autre est à dévorer faute de lui dire l’essentiel « je te désire », « je t’aime tout autant que je te méprise ». La caméra de Doillon, tantôt fluide, tantôt abrupte, saisit chaque instant cette dialectique de l’attraction et de la répulsion.

Mes séances de lutte se présente comme l’apothéose du cinéma de Doillon : artisanal, littéraire sans être pompeux (toujours présents les beaux dialogues du cinéaste), problématique du triangle amoureux (Elle, Lui et le fantôme du père en quelque sorte), finalement animé d’une force qu’on ne saurait qualifier.
Jacques Doillon offre une vision inédite de ce qu’est la part de mort dans l’amour, porté par des acteurs dont la performance se verrait bien sur scène tant elle rappelle un certain théâtre de la cruauté.

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