La Jalousie, un film de Philippe Garrel

affichelajalousie

Date de sortie : le 4 décembre  2013

Durée : 1h 17 min

Avec : Louis Garrel, Anna Mouglalis, Olga Milshtein …

Jamais un film de Philippe Garrel n’aura eu un titre si simple, si limpide, si trompeur. La jalousie serait le moteur qui anime les personnages, à différentes échelles. Pourtant ce n’est pas la véritable jalousie, mesquine, qui anime les personnages. Ce serait plutôt un sentiment diffus, avec ses pics et ses retombées, ou alors tout simplement rejeté. On peut même parler à l’égard du personnage de Claudia (lumineuse Anna Mouglalis) d’une non-jalousie.

Synopsis :

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Louis quitte Clotilde avec qui il a eu un enfant pour Claudia. Louis et Claudia font du théâtre. L’un enchaîne les rôles tandis que l’autre ne joue pas. Claudia aime Louis, mais elle a peur qu’il la quitte. Un soir, elle fait la rencontre d’un architecte qui lui propose du travail. Louis aime Claudia, mais maintenant c’est lui qui a peur qu’elle le quitte… Et au milieu, il y a Charlotte, la fille de Louis.[/pull_quote_center]

Pour l’harmonie de son couple avec Louis (Louis Garrel) vaut mieux ne rien savoir, ne rien entendre « tant qu’on est bien tous les deux ». Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve.

Peut-on aussi vraiment parler de jalousie qui animerait l’ex de Louis (Rebecca Convenant) , la mère de Charlotte( malicieuse Olga Milshtein, déjà remarquée chez Doillon dans Un Enfant de toi) à l’égard de Claudia, qui lui a offert quelques heures plus tôt le bonnet que la petite fille arbore fièrement ? Ceci donne lieu à une très belle scène du film, simple et éloquente, tout en douceur.

Il est toujours difficile de parler d’un Garrel, quand on est soi-même ancré de ce cinéma. Rien ne sert ici de fabuler, de psychanalyser dans le vide. Il n’y a que cette histoire d’amour, ou plutôt ces histoires d’amour qui comptent. Un père et une fille, un amant et sa maîtresse, un frère et sa soeur …

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Par un noir et blanc si caractéristique, par une image scope attentive à chaque trouble d’un visage et par un montage elliptique qui nous plonge dans le caractère impalpable du temps, Philippe Garrel « détruit la machine cinéma pour y mettre de la vie » comme l’a si bien résumé son monteur.

« La Jalousie » se scinde en deux : « J’ai gardé les anges », « Le feu au poudre », ce sont les chapitres d’une histoire personnelle et romancée, celle d’une mathématique hasardeuse de l’autofiction. Louis rejoue ici l’aventure vécue par son grand-père (Maurice Garrel), la petite fille qui se balade entre son père et sa mère, c’est Philippe Garrel lui même.

S’évertuer à filmer son propre fils depuis longtemps (dans Les Baisers de Secours, Louis n’avait que six ans), remanier sans cesse le matériel autobiographique, est loin d’être une obsession malsaine. De film en film, Philippe Garrel distille des messages d’amour au cinéma et surtout à ses proches. Et c’est en parlant de soi qu’il il finit par parler à tout le monde.

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« La Jalousie» n’est pas le plus beau film de Garrel, car ils le sont tous à leur manière (qui ose s’élever contre la beauté d’une fresque intime que sont Les Amants Réguliers ? Et même sur celle d’une période plus underground portée par  La Cicatrice Intérieure ?). Garrel déploie son cinéma comme une même couleur, riche de nuances, et nous émerveille à chaque fois.

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