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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

Extra ! le récital déjanté de Cinq de cœur dans « Oh la belle vie »

Entre music-hall et théâtre, cinq chanteurs classiques soit deux sopranos, une alto, un ténor et un baryton jouent de leurs voix pour construire a cappella un show aussi surprenant que déjanté. A la manière des Frères Jacques, ils réinvente ce genre scénique mêlant comédie, humour et chant où le plateau devient leur terrain de jeux favori à partir de situations de la vie quotidienne qu’ils habillent de standards musicaux revisités et de sketchs abracadabrantesques !

Lady Macbeth de Msensk ou l’amour à mort selon Warlikowski, est à (re)voir sur Mezzo Live

Lady Macbeth de Mzensk est un brûlot, un coup de poing, un de ces opéras qui marque durablement l’imaginaire. Chef-d’œuvre d’un Chostakovitch d’à peine trente ans, le livret entraine l’art lyrique sur des voies sulfureuses.

« Avant la retraite », un huit clos sulfureux au Théâtre de la Porte Saint-Martin

L’œuvre de Thomas Bernhard brûle d’une rage dévastatrice et se débat à la fois contre et avec le poids d’une culture emprunte de traditions, de chaos et de contradictions. Une hargne propre à dénoncer une société mortifère, gangrénée par sa lâcheté collective, et qui s’efforçait de cacher son passé historique dans lequel elle s’était compromise. Attaquant violemment son Autriche natale et son histoire, Bernhard témoigne aussi de nos sociétés occidentales écrasées par le poids de la culture muséifiée et conformiste dont elles se servent comme expiation à leur médiocrité et à leur vide spirituel. Coincés dans la maison familiale, un frère et deux soeurs attendent que l’heure soit venue. L’heure de la retraite. L’heure de fêter l’anniversaire de Himmler, comme tous les ans. L’heure de pouvoir le faire au grand jour, à nouveau. Créée en 1979, Avant la retraite s’apparente à un exutoire destiné à se débarrasser des résidus nazis nichés dans les entrailles domestiques des sociétés allemandes et autrichiennes.

Top 10 Théâtre : le meilleur de l’année 2021

Comme pour chaque fin d’année et sa rétrospective, nous nous sommes livrés au classement traditionnel des 10 meilleures pièces de théâtre de l’année 2021. Le classement retenu s’attache à des écritures théâtrales nouvelles, singulières, audacieuses, revisitées ou plus intimes, portées par une qualité de jeu toujours extrême, pour un théâtre qui parle forcément de nous pour mieux parler des autres et donc du monde.

Le Lac des cygnes revu et corrigé par Angelin Preljocaj : saisissant

Après Blanche Neige et Roméo et Juliette, Angelin Preljocaj renoue avec le ballet narratif et son goût pour les histoires. Mêlant le chef-d’œuvre musical de Tchaïkovski à des arrangements plus contemporains comme il aime à le faire, il s’empare du mythe de la femme-cygne, et y ajoute des problématiques à la fois écologiques, psychologiques et politiques très actuelles. ransposition du conte donc dans le monde de l’industrie, du pouvoir et de la finance où les amours contrariées se vivent au milieu des gratte-ciels et de ses artifices entre moments de fêtes et d’hystérie collective. La première scène donne le ton : la danseuse qui incarne Odette, Théa Martin, est attrapée par plusieurs hommes en noir, et transformée, manu militari, en cygne. Cette métamorphose forcée, sur la musique inquiète de Tchaïkovski, annonce la radicalité du final qui verra les cygnes, en un moment suspendu, tomber ensemble au sol et dont la chute au regard de l’écosystème sacrifié, prend une dimension tragique.

Au Français, un “Music-hall” qui swingue sous la parole intranquille de Lagarce

Les trois acteurs sont là, quelque part, dans la salle. Ils attendent un public qui, peut-être ne viendra pas. C’est l’histoire d’un énième recommencement, de trois personnes qui se livrent et tentent, une fois encore, de suspendre à jamais l’instant de la représentation, où tout devient encore possible. Et de là peut surgir la parole, son silence aussi ; la possibilité de dire comme de ne plus dire et que cela soit entendu.

Les Chiens de Navarre se paye la famille : hilarant

Les Chiens de Navarre ont l’habitude de mordre là où ça fait mal. Cette fois, ils s’en prennent à la famille avec pour cette nouvelle création, un titre sonnant comme un avertissement : "Tout le monde ne peut pas être orphelin", qui en dit long sur l’esprit ravageur qui va déferler à tombeau ouvert sur les affres de la vie de la si jolie petite famille ! Un jeu de massacre à la hauteur du carnage annoncé où le public installé en face à face, dans une scénographie bi-frontale, assiste, médusé, à l’étrillage qui est l’œuvre.

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