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La « Pastorale » de Beethoven dans les pas de Thierry Malandain, à (re)voir sur Mezzo

La « Pastorale » de Beethoven dans les pas de Thierry Malandain
La Pastorale-ph.Olivier Houeix

La « Pastorale » de Beethoven dans les pas de Thierry Malandain, à (re)voir sur Mezzo 

Thierry Malandain embarque pas moins de vingt-deux danseurs dans cette traversée aux aires d’odyssée enivrante. Alliant habilement le vocabulaire classique et les compositions contemporaines, il nous offre un ballet aussi enlevé que saisissant.

Ce spectacle que nous avions vu au Théâtre National de Chaillot l’hiver dernier est diffusé sur la chaîne Mezzo, le mardi 14 mai 2024 à 21h35. 

Avec « La Pastorale« , le chorégraphe donne corps à la Sixième Symphonie de Beethoven. Une création initiée à l’occasion du deux cent-cinquantième anniversaire du célèbre compositeur allemand où Malandain mêle la 6e symphonie aux motifs des Ruines d’Athènes et de la Cantate op. 112 pour une traversée au plus près des désirs d’harmonie, de nature et de spiritualité qui imprègnent l’œuvre.

Une danse investie

Thierry Malandain connait bien Ludwig van Beethoven : après Les Créatures (d’après Les Créatures de Prométhée) et Silhouette (d’après le troisième mouvement de la Sonate n°30, Op.109), c’est la troisième fois qu’il s’attaque à une œuvre du compositeur.

Une alchimie qui lie ainsi la musique abstraite de l’un à la danse tellurique de l’autre. Où les pulsation des corps aux accents tribaux ainsi que des duos hypnotiques, martèlent et cisèlent la poursuite d’un d’idéal porteuse d’élan et d’onirisme.

La partition traduit l’emportement du compositeur pour cette alliance vitale entre l’être et la nature. Empreinte d’imagerie et de scènes bucoliques, on peut y voir en filigrane les sentiers fleuris de la pastorale antique, l’innocence des premiers temps. Beethoven y ressuscite l’Arcadie de l’âge d’or : « terre de bergers où l’on vivait heureux d’amour ».

Tableaux saisissants que ces figures collectives ou plus intimistes où les corps dans un rituel originel ou plus lyrique, impriment la quête d’une communauté humaine en devenir. D’une maîtrise totale, les danseurs s’emparent avec brio de cette danse investie aux échos libérateurs.

La dernière frontière, une BD d’aventure trépidante aux éditions Kalopsia

Les éditions Kapopsia lancent une nouvelle série d’aventure dénommée La dernière frontière. Le jeune héros James est entrainé dans la lutte pour l’indépendance de l’Ecosse, obligé de fuir son pays pour échapper au courroux du capitaine anglais Flint. Direction les Amériques pour vivre de nouvelles aventures de l’autre côté de l’océan atlantique. Les traits sont réalistes, quelques planches coquines font explicitement penser à du Manara soft et le tout se lit avec intérêt. C’est rythmé, parfois un peu compliqué à suivre mais loin d’être désagréable. De quoi attendre impatience le tome 2 pour connaitre la suite des aventures de James aux Amériques!

Synopsis:

1746 AD. Les Highlands écossais.

Le temps de la révolution, le soulèvement des patriotes écossais contre l’usurpateur anglais. Les Ecossais, menés par le Prince Stuart, perdent face à l’armée anglaise à la bataille de Culloden. C’est le début de la chasse aux rebelles écossais et des représailles sur les villages et fermes d’Ecosse.

Les jeunes amants James et Katrina se retrouvent entraînés dans ce chaos ! Modoc, l’oncle de James, a tué un jeune officier anglais pour sauver Katrina avant la bataille. L’officier était le plus jeune frère du capitaine anglais Flint ! Modoc ayant survécu au massacre, il prend James avec lui pour fuir la punition des Anglais et naviguer vers le Nouveau Monde ! Hélas, sans Katrina.

Neuf ans plus tard, nous retrouvons James et Modoc sur le territoire de la Nouvelle-France. Ils sont désormais trappeurs et éclaireurs, vivant de la chasse et de la traite de fourrures.

James et Modoc se retrouve embarqués dans la guerre de sept ans opposant les Français et les Indiens en sauvant une femme française mystérieuse des Iroquois. Elle est en mission secrète et elle les engage comme scouts et gardes du corps pendant le voyage qui la ramènera à son fort français.

Pendant ce temps, le célèbre capitaine Flint débarque sur le territoire britannique du Nouveau-Monde. Il est déterminé à retrouver l’homme qui a tué son frère…

Editeur: Kalopsia

Auteur: Boris Talijancic

Nombre de pages / Prix: 64 pages / 16,90 euros

2 dégustations remarquables pour célébrer les 20 ans des vins de Valençay

L’appellation de Loire Valençay fête ses vins en grandes pompes. C’est la seule appellation de Loire à reposer uniquement sur des silex pour des vins de grande qualité et à petit prix à déguster. 2 cuvées ont été dégustées, l’appellation Gibault en rosé et le domaine Roy en blanc, avec modération et avec intérêt.

AOP Valençay Symphony, vin blanc (8 euros au domaine)

Ce vin du Val de Loire, Touraine, est composé des cépages Sauvignon Blanc pour 90% et Chardonnay pour 10%. A l’œil, le vin arbore une couleur jaune pâle limpide avec des reflets verts brillants. Au nez, l’intensité d’agrumes se révèle avec des senteurs de fleurs d’acacias. En bouche, l’attaque est franche, avec un milieu de bouche souple. On retrouve les arômes de pamplemousse et de citron avant une finale sur le végétal (feuillage). Ce vin blanc sec se déguste idéalement avec des fruits de mer, des poissons mais aussi du fromage de chèvre tel que le Valençay. Le vin doit être servir à 10°C et il peut se garder 3 ans. Une très belle découverte que ce vin blanc qui donne envie de creuser un peu plus l’appellation Valençay en blanc.

Valençay Rosé Gibault

Le Valençay Gibault rosé est issu des mêmes cépages que pour les vins rouges, avec l’ajout du Pineau d’Aunis à hauteur de 30% maximum. Ce vin est un grand compagnon des tables les plu raffinées comme celles de partage. Poissons, viandes, et même cuisine végétale, les possibilités d’accord sont nombreuses.

Publireportage:

L’histoire du vignoble est plus que millénaire. Des écrits datant de 965 mentionnent déjà la présence de vignes à Valençay. Le Prince de Talleyrand, ministre des Affaires étrangères de Napoléon Bonaparte et fin gourmet, possédait lui-même une vigne à proximité de son Château de Valençay. Aujourd’hui dénommée « le Clos du Château », cette parcelle, située au cœur de Valençay, a été réhabilitée par les vignerons en 1992. Aujourd’hui, l’appellation Valençay compte une vingtaine de producteurs et une cave coopérative, produisant 11153 hl de vins sur 219 ha de vignes. Antonin Carême et le Prince de Talleyrand ont laissé leur empreinte dans l’histoire de cette région, à la fois en matière de gastronomie et de viticulture.

Dynah a dévoilé son premier album en français L’eau monte, sortie le 26 avril 2024 (Musigamy)

Dynah dévoile son premier album L’eau monte aux tonalités très électro-pop mais à l’ambiance belle et bien française, entre mélancolie et énergie, avec beaucoup de sensibilité et des textes revendicateurs.

Un album doux amer

Accompagnée par le producteur et compositeur Nicolas Gueguen, Dynah s’inscrit pleinement dans l’époque actuelle en faisant vibrer son petit filet de voix dans des arrangements musicaux plus musclés, comme sur le très hypnotique Ton nom. Les textes font ressentir un portrait tout en sensibilité et en introspection. Car L’eau monte, alors silence, la chanteuse livre ses sentiments sur cette époque où le calme semble régner, mais peut être pas pour longtemps. Les chansons s’enchainent dans un déroulé cohérent, Dynah se livre comme sur la Fille à coquille, elle aimerait bien rire plus fort et faire le clown dehors, mais ce n’est pas si facile. La chanteuse s’inscrit dans un mouvement où les femmes expriment leurs aspirations sans ambages. Les mélodies sont variées, sans retenue mais sans vraiment de lâcher prise, la pudeur tient tête à la folie, la danse est revendiquée mais sans oublier de regarder avec les yeux ouverts les dérives du monde. Une pointe de R’n’B, beaucoup de textes à message, l’album s’écoute comme un programme des possibilités grandioses de ce monde où les barrières sont hélas encore trop nombreuses. Dynah n’en est pas à son coup d’essai avec cet premier album en français. Auparavant, la chanteuse a sorti un premier album en anglais en se faisant appeler Melody Linhart avant d’apparaitre dans le groupe rock Why Elephant. Ce nouveau projet musical a été réalisé en mélangeant sa voix fluette à une musique plus intense pour un équilibre instable qui séduit et fait passer des messages. L’influence pop anglo-saxonne est indéniable avec une belle écriture surgie du cœur et des tripes.

En se mettant au centre de ses textes, Dynah se livre et interroge sur des thèmes très féminins, dans ce monde qui évolue chaque jour. La chanteuse s’entoure sur scène de Manon Iattoni aux chœurs et aux percussions et de la grooveuse Kahina Ouali aux claviers et aux chœurs. Vivement sa découverte en live!

Nicolas Réal dévoile son nouvel album Saint Romain, sortie le 19 avril 2024 (depot214 Records)

Le premier album du chanteur Nicolas Réal, Gommettes, est sorti en 2022, le second Saint Romain est apparu le 19 avril 2024, de quoi confirmer son amour pour la pop des années Stephen Eicher, Jean-Jacques Goldman, Alain Bashung et Michel Berger, des racines eighties qui ont bercé son enfance (et peut être aussi la notre). La voix est bondissante, la guitare est groovy, de quoi se laisser aller à une écoute empreinte de nostalgie acidulée.

De la pop qui fait du bien

Nicolas Réal n’est pas un nouveau venu, il sait y faire pour s’auto analyser en chansons et en autodérision. L’album Saint Romain est l’occasion pour lui de replonger dans ses souvenirs adolescents à Rouen. L’album a été enregistré chez le studio bruxellois de l’ICP, là où Alain Souchon, Renaud et Michel Polnareff se sont également mis à l’ouvrage, avant un mastering de Chab et des arrangements de Gary Celnik. Les chansons revisitent son existence, à commencer avec le premier extrait Pandy Box pour évoquer une romance hivernale à Paris dans les rues froides enneigées de la ville. Né à Nice, il s’est mis rapidement à la musique, en se servant d’un synthétiseur pour se faire l’oreille avant de dompter une guitare. Installé maintenant à Bruxelles, il continue à creuser sa passion musicale tout se lançant dans l’entreprenariat en lançant Taleo Consulting, dont les bureaux déserts ont servi de studio pendant le fameux confinement de 2020. C’est là où le premier album Gommettes est né, véritable ode à l’enfance, le second Saint Romain continue dans une même ode nostalgique avec l’invocation se souvenirs personnels remplis de mélancolie et d’humour. Les 13 titres sont marqués par des mélodies qui s’incrustent dans l’esprit, le premier extrait Pandy Box est très rythmé avec sa guitare rythmique groovy, Strip tease sur Mars est plus langoureux avec ses sonorités légèrement électro, Masqué invoque des airs révolus avec sa touche très eighties. La reprise de Tous les cris les SOS avec Lucie Valentine confirme l’inspiration des années 80 pour un morceau langoureux qui incite à la réécoute. Autre collaboration, cette fois avec sa jeune fille Inès (oui, 8 ans), pour le très mignon Où est-je? pour un morceau gentiment enfantin et mélancolique. Paranormal fait penser à cette époque où la chanson française se la jouait french lover. Si l’inspiration est très personnelle, les thèmes abordés touchent à l’universel, comme pour rassurer l’auditeur, les doutes sont partagés, les rêves sont permis, il ne faut pas se laisser abattre et il faut continuer d’avancer.

Le ton de l’album est rempli d’empathie, les sentiments sont privilégiés, adieu les idées grises et la vulgarité. La chanson française est capable de poésie et d’odes rassurantes, Nicolas Réal le prouve avec talent.

Un jour fille, une histoire vraie à découvrir en salles le 8 mai

Le réalisateur Jean-Claude Monod a découvert l’histoire d’Anne Grandjean pour une vraie surprise car les personnes intersexes existent et représentent 1,7% de la population. Il a souhaité porter cette histoire sur grand écran en rapportant une histoire située au XVIIIe siècle mais d’une brulante actualité.

Une histoire vraie surprenante

D’abord un peu de science avec une description trouvée sur le site internet de l’OHCHR. Les personnes intersexes naissent avec des caractéristiques sexuelles (tels que l’anatomie sexuelle, les organes reproducteurs, le fonctionnement hormonal ou le modèle chromosomique) qui ne correspondent pas aux définitions classiques de la masculinité ou de la féminité. Les experts estiment que jusqu’à 1,7 % de la population naît avec des caractéristiques intersexuelles. Le réalisateur se souvient de la rapide évocation faite par Michel Foucault dans un cours au Collège de France en évoquant Les Anormaux. Il a cherché et trouvé le Mémoire de l’avocat qui a plaidé en 1765 pour Anne Grandjean en reconstituant sa vie. L’histoire est surprenante car les personnes intersexes ne sont que rarement évoquées dans l’espace public. Elles sont souvent pourvues d’organes masculin et féminin, avec le choix très personnel de privilégier une identité ou l’autre. Dans un temps où le pouvoir religieux décide de ce qui est possible ou pas, Anne Grandjean se trouve à porte à faux car elle ou il a un prénom de femme alors qu’il ou elle est surtout attirée par les femmes. Un prêtre l’enjoint de devenir homme pour rentrer dans une normalité qui le (et non plus la) conduirait à une union légitime avec une femme. Mais le passé le rattrape et le conduit à un procès retentissant. Le film interroge sur cette histoire particulière qui interroge sur soi et sur la vision de l’homme et de la femme. Le casting est fouillé avec François Berléand, Isild Le Besco et André Marcon en têtes d’affiche, et une Marie Toscan très convaincantes dans le rôle titre.

Un Jour Fille est un film qui pose le sujet de l’identité sexuelle à travers un cas réel qui a défrayé la chronique au XVIIIe siècle. Le film sort sur grand écran le 8 mai pour une séance vraiment surprenante.

Synopsis: XVIIIe siècle. Anne, grandie fille, doit « changer d’habit » en raison de son attirance pour les femmes. Devenue homme, il se marie, et vit une grande histoire d’amour avec sa nouvelle épouse jusqu’à ce que son passé le rattrape…L’histoire vraie et bouleversante d’Anne Grandjean née intersexe, et de son procès retentissant, qui interroge encore aujourd’hui toutes nos certitudes…

Toutes les couleurs du monde, une belle peinture d’une société nigériane bloquée par ses vieux démons, sortie en salles le 8 mai

Toutes les couleurs du monde filme la ville de Lagos au Nigéria avec un vrai savoir faire. La langueur du quotidien inonde le film avec des scènes muettes et des moments d’action éparpillés tout au long d’une intrigue qui rappelle l’oscarisé Moonlight. Le héros est taiseux, il se cherche, il vit dans un minuscule appartement d’où il sort rarement, surtout quand il décide de cesser son travail de livreur. La ville est chamarrée, colorée, la chaleur est palpable, jusqu’à se poser des questions sur la réclusion (volontaire?) du héros. Car le héros Bambino (surnommé Bambi) a beau vivre seul, il côtoie quelques personnages secondaires, le silence de son espace vital est perturbé par des cris venus de l’extérieur, de la musique, des preuves que la vie continue en dehors. Si la vie semble s’être arrêtée, cela se passe uniquement chez lui, là la vie et son esprit se sont mis à l’arrêt. Une voisine lui demande de l’argent ou lui apporte à manger, un couple se dispute à proximité, les péripéties densifient le film pour augmenter le propos principal. Car le spectateur apprend au bout d’un certain temps que Bambino est gay, ce qui n’est pas sans danger au Nigéria, son enfermement devient alors une sorte de protection dans l’esprit des spectateurs. Le réalisateur Babatunde Apalowo échafaude une histoire qui traite aussi bien de l’homosexualité que de la place de la femme dans la société, forcément secondaire. Le sujet est aussi rare que tabou. Les risques sont nombreux pour la communauté homosexuelle, agressions, tensions, Bambi prend le risque de s’assumer, refusant de céder même si cela se fait au prix de sa liberté de mouvement. Le film est pesant, parfois un peu terne mais il faut attendre la fin pour en comprendre toute sa densité.

Synopsis: Bambino s’est installé dans sa vie de célibataire. Il a un revenu stable grâce à son emploi de chauffeur-livreur à Lagos, et il est apprécié par son voisinage qu’il aide dès qu’il le peut. Alors que les avances de sa voisine le laissent froid, Bambino rencontre le charismatique Bawa, un photographe, qui provoque quelque chose en lui…

Jeunesse, mon amour, un beau film sur une génération en train de se construire, sortie en salles le 8 mai 2024

Les personnages du film Jeunesse, mon amour sont des amis de lycée qui se retrouvent tous ensemble quelques années après la fin de leur aventure scolaire commune. Originaires des banlieue, ils passent leur temps à tchatcher et à s’envoyer des scuds à la figure en toute décontraction. En toute décontraction? Il se trouve que certaines réflexions se révèlent souvent à double sens et révèlent des choses trop longtemps cachées. Liens distendus, rancœurs trop longtemps tues, anciennes amours jamais vraiment oubliées, blessures mal cicatrisées, le barbecue d’abord très convivial se change en terrain miné quand les protagonistes partent faire une promenade dans le bois tout proche et que le chien de l’un d’eux se perd inexplicablement. Les langues se délient, les invectives fusent, les coups sont à 2 doigts de pleuvoir, les confessions se font plus précises. Le film est une belle tentative de brosser le portrait d’une génération sur le point d’assumer sa maturité et de devenir adulte. Les jeunes personnages du film sont les reflets d’une génération, black blanc beur, loin de ce que les médias ont l’habitude de montrer de manière plus cloisonnée et beaucoup moins mélangée. Les origines ne représentent pas grand chose quand la cohabitation sur les bancs de l’école a créé des liens qui résistent au temps qui passe, le film montre une tranche de vie très prenante aux airs de thriller / comédie romantique / film générationnel. La caméra alterne entre les ralentis, les travellings et les plans rapprochés pour figurer des sentiments contradictoires. Quant aux jeunes acteurs, ils insufflent une belle énergie à ce film qui se regarde avec intérêt. Petit mais costaud.

Synopsis: Après plusieurs années, un groupe de jeunes adultes se retrouve. L’époque du lycée est révolue, mais les amis tentent d’en raviver l’esprit et les liens. Lors de cet après-midi hors du temps, où les souvenirs et non-dits refont surface, chacun prend conscience de ce qui a changé.

Le Lac des cygnes revu et corrigé par Angelin Preljocaj sur Mezzo Live : saisissant

Le Lac des cygnes revu et corrigé par Preljocav à L'Opéra Royal de Versailles
Le Lac des cygnes © JCCarbonne

Le Lac des cygnes revu et corrigé par Angelin Preljocaj sur Mezzo Live : saisissant 

Après Blanche Neige et Roméo et Juliette, Angelin Preljocaj renoue avec le ballet narratif et son goût pour les histoires. Mêlant le chef-d’œuvre musical de Tchaïkovski à des arrangements plus contemporains comme il aime à le faire, il s’empare du mythe de la femme-cygne, et y ajoute des problématiques à la fois écologiques, psychologiques et politiques très actuelles.

Odette est une jeune fille sensible aux questions environnementales. Quant à Siegfried, il est le fils du PDG d’une entreprise spécialisée dans la vente de plates-formes de forage. Un soir où Odette flâne au bord du lac des cygnes, elle se retrouve nez à nez avec Rothbart, un entrepreneur véreux et sorcier à ses heures. Celui-ci a découvert un gisement d’énergie fossile aux abords du lac et cherche à exploiter ces terrains. Mais confronté à la jeune fille, dont il craint qu’elle ne contrecarre ses plans, il use de ses pouvoirs et la transforme en cygne…

Beauté froide et lignes chorégraphiques réinventées

Transposition du conte donc dans le monde de l’industrie, du pouvoir et de la finance où les amours contrariées se vivent au milieu des gratte-ciels et de ses artifices entre moments de fêtes et d’hystérie collective. La première scène donne le ton : la danseuse qui incarne Odette, Théa Martin, est attrapée par plusieurs hommes en noir, et transformée, manu militari, en cygne. Cette métamorphose forcée, sur la musique inquiète de Tchaïkovski, annonce la radicalité du final qui verra les cygnes, en un moment suspendu, tomber ensemble au sol et dont la chute métaphorique au regard de l’écosystème sacrifié, prend une dimension apocalyptique.

Entre temps le livret, revu et corrigé par Preljocaj, aura suivi cette trame écologique avec inventivité. L’ambiance nocturne du lac est ici reconstituée par des vidéos de Boris Labbé qui donnent à voir deux mondes qui s’affrontent : la ville, l’industrie, la finance, et d’autre part, le lac, encore préservé, mais soudain menacé. Comme l’eau, denrée rare. Il y a une dramaturgie qui mène à la catastrophe et qui se joue en soubassement du lac qui va être profané par l’usine de raffinerie, ou de forage, dont on voit la maquette au premier acte et où la partition de Tchaïkovski se fond dans les pulsations électroniques du groupe 79D qui en augmentent la tension dramatique.

La chorégraphie, entre figures classiques et contemporaines, se déploie en grands ensembles dansants et les cygnes s’éploient en lignes onduleuses et fluides. De cette tension palpable entre l’envol et la chute qu’imprime ce lac, Preljocaj en tire des tableaux d’ensemble saisissants et pas de deux très maîtrisés où la boîte de nuit fait exploser les bals de cour tandis que les ballerines oublient les pointes pour danser pieds nus et ancrer leurs mouvements entre le tellurique et l’aérien.

Le chorégraphe s’offre même quelques citations ou clins d’œil à l’œuvre originale. Avec ses vingt-six danseurs aériens et toujours impeccables, sa charge émotionnelle pleinement assumée, ce Lac des cygnes revisité tient sa promesse entre beauté froide et lignes chorégraphiques réinventées.

Date : le 6 mai 2024 sur Mezzo Live
Chorégraphe : Angelin Preljocaj

Amours à la finlandaise, une autre façon d’envisager l’amour, sortie en DVD le 7 mai 2024

La réalisatrice Selma Vilhunen a tenté de montrer que la relation monogame n’est pas la seule manière d’envisager le couple. Au delà des sentiments et de la peur d’être abandonné, il est possible de vivre une relation multiple pour répondre à ses besoins. Le film montre 4 caractères très humains et faillibles, Juulia, Matias, Enni et Miska qui vivent cet amour à la finlandaise pour sortir d’un carcan et trouver dans le polyamour une manière de s’accomplir.

Une problématique complexe

Le film met en abîme notre perception de l’amour dans la sphère privée et publique. Est-il possible de vivre une relation multiple sans être montré du doigt et sans risquer des conflits apparemment inévitables. Le polyamour est peut-être une solution adaptée à certains, sous certaines conditions. Le film place les 2 personnages principaux dans des contextes professionnels particuliers. Lui est par exemple pasteur dans une église réformée, il essaye de vivre dans le respect des traditions chrétiennes mais ce n’est pas si évident pour lui. Le polyamour permet-il la confiance dans l’autre, sans tensions en cas de recherche d’un ailleurs? Cet amour non exclusif semble aller de pair avec une liberté et d’équité dans les choix, mais encore faut-il le vivre pour en être certain, chacun jugera à l’aune de ses capacités propres. Le film aborde aussi la question de l’enfant dont la venue remet beaucoup de certitudes en cause. Amour à la finlandaise interroge avec beaucoup de pudeur sur la notion d’être par rapport à soi et à autrui, pas des choses anodines en matière d’amour. Il est difficile de ne pas tomber rapidement dans le jugement et dans le poids du regard des autres. Les 4 acteurs principaux, Alma PöystiEero MilonoffOona Airola et Pietu Wikström sont des acteurs très connus en Finlande, moins de par chez nous. Le film traite du sujet du polyamour avec beaucoup d’humour et une sacrée dose de légèreté pour ne pas tomber dans la gravité constante, même s’il y a des moments forcément plus crispants, surtout quand survient la peur de l’abandon

Amours à la finlandaise tente de créer un espace de liberté et d’exploration, et pourquoi pas, il faut savoir s’ouvrir aux nouvelles expériences, au moins au cinéma.

Synopsis: Julia découvre que son mari a une liaison. Pour sauver leur mariage, elle lui propose d’expérimenter le polyamour et d’inventer les nouvelles règles de leur vie conjugale. Un champ des possibles amoureux s’ouvre alors à eux…

Un grand feu mythologique allumé sur la scène du Théâtre des Champs Elysées avec La Walkyrie le samedi 4 mai 2024

Le grand œuvre de Richard Wagner se nomme Der Ring des Nibelungen (L’Anneau du Nibelung en français). Ce cycle de quatre opéras a été inspiré par la mythologie germanique et nordique, avec ses dieux, ses héros et ses tragédies. La Walkyrie est le second volet de la tétralogie, après le prologue L’Or du Rhin (et sa célèbre Ouverture), avant Siegfried et la conclusion Le Crépuscule des Dieux. Il a fallu 30 ans à Wagner pour venir à bout d’un classique qui l’a fait rentrer dans la légende de la musique universelle. Un festival lui est dédié chaque année à Bayreuth et les fanatiques sont nombreux, même si Woody Allen disait non sans humour « quand j’écoute trop Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne« . Les plus de 4 heures de spectacle (avec 2 entractes) sont d’une intensité folle, les péripéties abondent, ce que plusieurs écrans avec les sous-titres en français et en anglais permettent de suivre avec délectation. Car évidemment les chants sont en allemand et les personnages nombreux. Le héros Siegmund est recueilli par Hundling mais ce dernier le provoque en duel car son épouse Sieglinde est en réalité la sœur et aimée de Siegmund. La déesse du mariage Fricka ordonne au père des jumeaux incestueux Wotan de priver Siegmund de la protection magique de la Walkyrie Brünnhilde lors de son combat, mais celle-ci d’abord docile finit pat désobéir et Wotan doit transpercer lui-même Siegmund de sa lance avant de condamner Brünnhilde à un long sommeil jusqu’à ce qu’un intrépide héros ne vienne braver les flammes qui l’enserrent pour la réveiller. Si l’argument est complexe et date d’un autre temps héroïque, son développement musical laisse libre cours à de véritables incendies soniques, l’orchestre du Rotterdams Philharmonisch Orkest dirigé pour l’occasion par le tempétueux Yannick Nézet-Séguin enflamme littéralement la salle du TCE. Les 3 actes de l’Opéra rivalisent de puissance et de fureur avec des musiciens gagnés par la puissance de l’œuvre et des interprètes tout bonnement éblouissants. 2 couples forment le nœud de l’intrigue. Le couple formé par le héros Siegmund (très investi ténor Stanislas de Barbeyrac) et sa sœur aimée (voire incestueuse) Sieglinde (enchanteresse soprano Elza van den Heever), le Dieu suprême de la mythologie des peuples germaniques Wotan (trépidant baryton Brian Mulligan) et sa Walkyrie préférée Brünnhilde (puissante soprano Tamara Wilson). Les duos sont nombreux et tétanisent le public par leur puissance. A leurs côtés, une distribution de haut vol les accompagne pour un spectacle fort en voix. 4 heures mais pas un moment de répit dans un Opéra qui a fait déclencher des torrents d’applaudissement et de hourras à chaque entracte. Les connaisseurs reconnaitront là l’inspiration principale de Tolkien pour son Seigneur des Anneaux, les meilleurs vins se font aux meilleures vignes, la preuve est faite que Wagner reste d’une étonnante vitalité malgré les mœurs remodelées de notre temps qui ne doivent cependant pas perturber la puissance musicale de cette œuvre charnière de la musique universelle.

Synopsis:

Deuxième des quatre drames lyriques qui constituent L’Anneau du Nibelung, La Walkyrie représente l’apothéose du drame musical romantique et Richard Wagner y livre ses pages les plus embrasées. Dès les premières notes, l’orchestre emporte tout sur son passage. Tempête, inceste, colère divine, passion irrépressible : tout semble déjà en germe dans ces mesures agitées qui annoncent le destin tortueux des héros. Puis vient le temps du récit, ici prodigieusement lyrique et magnifiquement humain. C’est sans conteste l’immersion idéale dans l’univers foisonnant de Richard Wagner qui signe là certaines de ses pages les plus enflammées et les plus poignantes. Yannick Nézet-Seguin à la tête de l’Orchestre de Rotterdam poursuit son cycle Wagner en version de concert, nous offrant notamment à cette occasion le premier Sigmund de Stanislas de Barbeyrac.

Production Théâtre des Champs-Elysées
Avec le soutien de la Délégation générale du Québec à Paris
France Musique diffuse ce concert le 15 juin à 20h

Chasse gardée, une pochade rigolote à découvrir en DVD, BRD/VOD le 3 mai

Les 2 réalisateurs Antonin Fourlon et Frédéric Forestier ont rebondi sur les évènements récents du confinement pour imaginer cette histoire de famille parisienne s’installant à la campagne pour y trouver paix et sérénité. Car si de nombreux parisiens ont quitté la capitale pour en fuir les inconvénients, un certain nombre en sont revenus. Le film montre gentiment du doigt les défauts de chacun dans une histoire assez simple mais menée tambour battant.

Chacun en prend pour son grade

Le film part d’un constat simple, la capitale accumule les complications. Voisins bruyants, circulation infernale, appartements riquiquis pour des prix très élevés. L’envie de grands espaces et de grand air en a convaincu plus d’un, surtout lorsque l’impossibilité de sortir de chez soi pendant le confinement finissait par vous rendre marteau. Le couple du film avec leur enfant saute sur l’occasion lorsqu’une maison de campagne immense nichée dans un parc également immense leur fait de l’œil. Mais les apparences cachent souvent des désagréments insoupçonnés comme ils vont bientôt s’en rendre compte. Car les parisiens sont souvent perçus comme des gros nigauds incapables de discerner ce qui leur pend tout simplement au nez. Leur maison de rêve se révèle être sur le parcours de chasseurs locaux bien décidés à ne pas changer leurs habitudes. Menés par un Didier Bourdon fidèle à lui-même, ils vont mener la vie dure aux parigauds inconscients des réalités locales, car la chasse est un art séculaire que rien ne doit perturber. Le film se moque de tout le monde sans distinction, chacun en prend pour son grade. Les bobos parisiens comme les chasseurs sont gentiment caricaturés pour un moment de rire qui a rassemblé 2 millions de spectateurs en salles. Mais la maxime reste profondément positive, il faut accepter les différences et vivre en bonne intelligence en faisant des compromis. Le couple de parisiens formé de Simon et Adelaïde (Camille Lou et Hakim Jemili) est d’abord gentiment inadapté à la vie campagnarde, eux qui se font rouler dans la farine par l’agent immobilier Chantal Ladesou. Le beau-père Gaspard (Thierry Lhermitte) jette gentiment de l’huile sur le feu, lui qui appelle à la résistance agressive quand la conciliation serait de mise. Alors les plus anciens s’en souviennent, les Inconnus avaient commis en 1991 un sketch irrésistible sur les chasseurs, Didier Bourdon y fait un clin d’œil qui fait plaisir, quittant dans ce film le terrain de la caricature pour proposer un personnage authentique lui-aussi assez croustillant.

La comédie est sympathique, le moment est convivial, les travers de chacun sont dépeints avec empathie et le vivre-ensemble reste la vraie maxime du film. Aucune raison de ne pas succomber à cette bonne comédie de saison.

Synopsis: Dans un village sans histoire, une maison de rêve en pleine nature est à vendre. Pour Simon et Adelaïde, à l’étroit dans leur appartement parisien avec leurs deux enfants, c’est l’occasion idéale de faire le grand saut et de quitter l’enfer de la ville. Mais le rêve se transforme rapidement en cauchemar quand ils réalisent que leurs si sympathiques voisins utilisent leur jardin… comme terrain de chasse !

Kamas dévoile son nouvel album Désaxée, sortie le 29 mars 2024 (Kuroneko)

Kamas, c’est Anne Cammas, une chanteuse vraiment originale sur la scène musicale française. Son nouvel album Désaxée est sorti le i 29 mars 2024 chez Kuroneko avec des chansons nostalgiques oscillant entre souvenirs et sensations troubles.

Un vrai travail d’écriture

Kamas écrit et chante ses textes, puisant son inspiration chez d’illustres devancières comme Barbara, Patti Smith ou Billie Holiday. Déjà à la barre de 2 albums sortis sous le nom de Kamas et les Corbeaux (Linda avec Olivier Lagodski et Nicolas Puaux en 2008 et Salon avec Nicolas Puaux et Jérôme Castel en 2011), Désaxée est son troisième album et elle s’y livre sous toutes les facettes. L’album louvoie entre rock et pop, se voulant toujours différent pour déboussoler l’auditeur et montrer la complexité d’univers de la chanteuse, transformant sa voix entre sonorités rock et vocalises en liberté. L’énergie est bien présente, ce que les textes en français soulignent sans honte pour raconter des histories de femmes aux sentiments divers, tantôt désabusées, tantôt séduisantes et aimantes. Julien Pouletaud est à la barre de la réalisation de l’album et des arrangements dans les 11 titres d’un album résolument tourné vers l’humain. Les passions (Tout en bataille), la folie (Désaxée), l’amour (Des Hivers et des Printemps), l’album permet de pénétrer la psyché d’une artiste sans concessions.

Une belle histoire de France oubliée avec Fileuses de soie aux éditions La Boite à Bulles, sortie le 2 mai 2024

Au tournant du XXe siècle, la France rurale reforge d’usines familiales, notamment pour produire et utiliser les vers à soie, avec des ateliers, des ouvrières et des pensionnats où elles étaient entassées dans des conditions proches du bagne, avec horaires démentiels, blessures à répétition et amendes de rigueur en cas d’indiscipline. La BD raconte une histoire de rébellion et de prise de conscience des hypocrisies liées aux supposées différences de classe. Car si les parfois très jeunes recrues courbent souvent l’échine pour amasser un maigre pécule en prévision de la dot de mariage, certaines commencent à bouger les lignes, notamment celles qui ont été confrontées très jeunes aux blessures liées à l’injustice du monde. Femmes défigurées, enfants à la mère violée, femmes en fuite suite à un meurtre perpétré dans des conditions d’autodéfense, les histoires sont différentes mais rassemblent des meurtries de la vie. La BD se déroule au sein d’une usine de vers à soie sur la pente descendante avec une famille en fin de règne. La BD se lit avec un intérêt non dissimulé, les pages enchainent les péripéties et donnent une idée assez précise des conditions de vie pour ceux qui n’avaient rien. C’est un grand moment de lecture, montrant bien les iniquités du monde et l’hypocrisie qui règne au profit des possédants et au détriment des forces de travail obligées de se taire et d’endurer. Un grand moment de BD!

Synopsis: Une filature menacée par la concurrence étrangère, un fils honni qui ressurgit, des orphelines asservies… un vent de changement souffle sur l’usine-pensionnat Bouscaret.

Drôme provençale, 1910. La filature familiale de Louis Bouscaret fait depuis peu face à une concurrence croissante venant de l’étranger. Son usine-pensionnat, qui recueille les orphelines et filles abandonnées de la région, bénéficie de leur travail acharné en échange d’une « éducation » assurée par la sévère sœur Agnès. Henriette, une nouvelle arrivante au visage à demi-caché derrière une mèche, rêve de dessiner un jour ses propres robes.

Les rangs des ouvrières – éreintées par des journées à rallonge et par la sévérité de sœur Agnès – sont peu à peu gagnés par le désordre lorsque l’une d’elle est touchée par une pneumonie.

Pendant ce temps, chez les Bouscaret réapparaît Hyppolite, le cadet des enfants qui traîne avec lui le lourd secret familial. Mais lorsque le fils honni et la travailleuse révoltée se rencontrent, débute une idylle impossible dans laquelle prend racine des envies de subversion.

Tour à tour arrivées par convoi, Rose, une toute jeune pensionnaire de 14 ans, puis Suzanne, fille de bonne famille ayant fui un mariage arrangé, rejoignent bientôt l’entourage d’Henriette. Elles s’unissent face à l’oppression, animées par un même besoin d’émancipation.

Editeur: La Boite à Bulles

Auteur: Sylviane Corgiat, Bruno Lecigne, Jean-Côme

Nombre de pages / Prix: 144 pages, 24 euros

Ici Brazza de Antoine Boutet, un documentaire éclairant sur un nouveau quartier érigé à Bordeaux, sortie VOD et DVD

Brazza est un quartier situé sur la rive droite de Bordeaux. Le nom vient de Pierre Savorgnan de Brazza, célèbre commissaire-général du gouvernement français en Afrique centrale au XIXe siècle. La rive gauche de la Garonne a vu la ville se développer historiquement avec ses quais pour l’importation des fruits en provenance des colonies françaises, il y a eu aussi des installations industrielles devenues des friches. Ce qui étaient auparavant des usines d’engrais chimiques et des chemins de fer abandonnés recouvraient des sols pollués, des eaux stagnantes, de la boue verdâtre, des squats et des camps de fortune. Le réalisateur Antoine Boutet montre l’évolution du terrain, ce qu’il contenait auparavant, des ruines et des camps avant que n’apparaissent des panneaux annonçant la transformation du terrain vague de 53 hectares en projet immobilier pour accueillir plus de 5000 habitants dans 4950 logements, avec des équipements publics, des écoles, un gymnase… Le film montre l’intervention des policiers pour expulser manu militari les occupants restants, les bulldozers qui détruisent les bâtiments et les grues qui prennent position sur le terrain pour ériger le quartier éco-responsable souhaité par la municipalité. Les reliquats du passé doivent laisser place à un nouveau quartier d’avenir, d’où l’adage « du passé faisons table rase ». Le réalisateur a passé plusieurs années pour filmer ce qui existait avant et ce qui a pris la place du terrain vague. Les images dessinées par ordinateur laissent entrevoir un quartier presque parfait avec ses personnages souriants qui font du vélo et poussent des poussettes. Entre la promesse d’un quartier mixte et ce qu’il sera vraiment, il faudra encore un autre documentaire pour vérifier si les promesses ont bien été tenues.

Synopsis: Ici Brazza, tout un programme : une zone en friche vit ses dernières heures. 53 hectares à bâtir pour un vaste projet immobilier dans l’air du temps. Chronique d’un terrain vague en transformation, le film scrute l’annonce d’un « nouvel art de vivre » dans la réalité brute du terrain.

La Walkyrie de Richard Wagner au Théâtre des Champs-Elysées le samedi 4 mai à 18h

Le Théâtre des Champs Elysées propose la mise en scène de la célèbre Walkyrie de Richard Wagner dont le film Apocalypse Now a contribué à l’énorme notoriété avec l’utilisation de la Chevauchée des Walkyries. 2e des 4 drames lyriques qui composent l’œuvre titanesque L’anneau du Nibelung, la première eut lieu en 1870 au théâtre national de la cour à Munich, à la demande de Louis II de Bavière, contre la volonté de Wagner. Le livret a été rédigé par Richard Wagner entre 1851 et 1853 et la musique composée entre 1854 et 1856. Le livret contient de très nombreuses références aux mythologies germanique et nordique qui sont à la base de son inspiration pour le Ring. De nombreux leitmotivs jalonnent le livret, avec l’existence de petits motifs conducteurs courts déterminant les caractères de chacun des personnages et qui réapparaissant à chacune de leurs apparitions. Cet opéra est considéré comme le plus lyrique et le plus humain des 4 journées de la Tétralogie. Yannick Nézet-Seguin dirigera le Rotterdams Philharmonisch Orkest et ce sera le premier Sigmund pour Stanislas de Barbeyrac avec cette prestation dans La Walkyrie.

Synopsis:

Deuxième des quatre drames lyriques qui constituent L’Anneau du Nibelung, La Walkyrie représente l’apothéose du drame musical romantique et Richard Wagner y livre ses pages les plus embrasées. Dès les premières notes, l’orchestre emporte tout sur son passage. Tempête, inceste, colère divine, passion irrépressible : tout semble déjà en germe dans ces mesures agitées qui annoncent le destin tortueux des héros. Puis vient le temps du récit, ici prodigieusement lyrique et magnifiquement humain. C’est sans conteste l’immersion idéale dans l’univers foisonnant de Richard Wagner qui signe là certaines de ses pages les plus enflammées et les plus poignantes. Yannick Nézet-Seguin à la tête de l’Orchestre de Rotterdam poursuit son cycle Wagner en version de concert, nous offrant notamment à cette occasion le premier Sigmund de Stanislas de Barbeyrac.

Production Théâtre des Champs-Elysées
Avec le soutien de la Délégation générale du Québec à Paris
France Musique diffuse ce concert le 15 juin à 20h

Tentacules, un classique de l’horreur sorti en 1977, réédité par Rimini édition en combo Blu-Ray + DVD le 3 mai 2024

En 1977, Les dents de la mer a changé le paysage cinématographique depuis 2 ans et pour toujours avec l’avènement du blockbuster à grand spectacle et des films qui se basent sur des animaux déchainés pour faire frissonner les foules. C’est le grec Ovidio G. Assonitis qui est à barre de ce film au casting surprenant et au déroulé fidèle à ce cinéma de genre. Un poulpe sème la terreur sur les plages américaines mais un ami de la faune marine aidé de 2 orques va intervenir pour la plus grande joie des estivants, au prix cependant de quelques victimes marquantes.

Un film entre Amérique et Europe

Ovidio G. Assonitis a d’abord caché les origines européennes du film pour maximiser ses chances au box-office US. Les extérieurs ont été tournés en Californie et le metteur en scène a américanisé son nom en le changeant en Oliver Hellman. De plus, il a densifié le casting avec une majorité d’acteurs américains. Bo Hopkins (un des plus jeunes membres de La horde sauvage et grand second rôle dans des séries US), Claude Atkins (Rio Bravo), Shelley Winters (L’aventure du Poséidon) et surtout John Huston (grand réalisateur pour notamment Le Trésor de la Sierra Madre et acteur à ses heures) et Henry Fonda (qu’on ne présente plus, acteur notamment dans le film 12 hommes en colère) apparaissent dans des rôles divers, John Huston en journaliste bourru, Fonda en industriel aux intentions floues, ils habitent le film par leur charisme au milieu d’une intrigue assez classique. Des incidents surviennent sur différents sites de la côte californienne d’abord sans explications, et puis la vérité surgit, un céphalopode géant s’en prend aux humains par la faute d’ondes radios et électromagnétiques qui le perturbent. Habituellement plutôt paisible, la bébête se change en prédateur féroce. Les restes humains déchiquetés sont très marqués années 70, les effets spéciaux sont un peu datés mais le film fonctionne par sa tension croissante. Le genre aventure maritime et horreur fonctionne bien et préfigura beaucoup d’autres films similaires (Tintorera, Piranhas, Barracuda) qui marquèrent également l’histoire du cinéma d’horreur. Tentacules reste une copie made in Cinecitta par son style de production, impossible donc d’éviter les clichés habituels, avec ces baigneurs aspirés sous l’eau en vue subjective et ces images secouées dans tous les sens pour figurer la tension. Quant aux enfants, c’est vraiment une autre époque, ils sont en première ligne et disparaissent les uns après les autres, difficile à imaginer dans le cinéma actuel aseptisé.

Le film fleure bon les années 70 et se regarde avec plaisir, un peu comme un plaisir coupable mais tout à fait réconfortant.

Synopsis: Ocean Beach est une station balnéaire américaine, tranquille et familiale. Tout bascule lorsqu’un bébé et un marin disparaissent. Quelques heures plus tard, leurs corps sont retrouvés atrocement mutilés. L’enquête mettra à jour l’existence d’une créature gigantesque et monstrueuse, cachée au fond de l’océan.

En apesanteur, un fabuleux témoignage de Philippe Perrin (Michel Lafon)

En apesanteur, un fabuleux témoignage de Philippe Perrin (Michel Lafon)

Philippe Perrin n’est pas un homme ordinaire ! Loin de là ! Et pour nous faire partager ses aventures incroyables, il a décidé d’écrire un roman autobiographique : En apesanteur.
Le parcours de cet homme est tout simplement époustouflant : polytechnicien officier de l’armée de l’air, pilote émérite de Mirage F1, pilote d’essai chez Airbus, il a ensuite réalisé son rêve !

Dans son livre, Philippe Perrin nous raconte toutes les étapes qu’il a dû traverser pour arriver à être sélectionné comme astronaute à la Nasa. Un parcours exemplaire ! Il décrit parfaitement bien l’ambiance qui règne à la Nasa, qui est comme une grande famille, extrêmement bienveillante envers les astronautes, mais également envers leurs familles. Car on ne devient pas astronaute tout seul, mais bien grâce à la famille.

Philippe Perrin parle souvent de sa femme, de ses enfants, et sent très lourdement les conséquences de ses missions sur sa famille. A chaque mission, un risque vital est sous-jacent. D’ailleurs, l’auteur a perdu bon nombre de ses collègues en vol. Et à chacun, il promet de l’emmener avec lui dans l’espace.

Car Philippe Perrin va aller dans l’espace et va travailler à l’assemblage de la fameuse station spatiale internationale. Son rêve va devenir réalité ! Mais ce ne sera pas sans douleurs, sans entrainements d’une extrême intensité, dans des conditions également extrêmes.

Page après page, le lecteur suit son évolution, et se rend compte de la difficulté des tâches demandées à l’astronaute. Jamais l’auteur ne se met en avant, bien au contraire. Il nous partage ses impressions, son ressenti, tout au long de son livre. Le lecteur se rend compte de l’intensité de chaque mission et tout le travail que cela représente, avec toute une équipe derrière ! Mais quelle récompense ! Quel voyage extraordinaire ! Et quelle vue sur la Planète bleue ! Qui est vraiment bleue ! Le lecteur s’imagine à la place de Philippe Perrin !

Philippe Perrin nous fait rêver avec En apesanteur ! Une vie d’homme dans les étoiles ! Il est le neuvième spationaute français membre de l’Agence spatiale européenne à avoir effectué des missions en orbite autour de la terre, en 2002. Et quel bonheur de partager avec nous ses aventures extraordinaires.

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Avril 2024
Auteur : Philippe Perrin
Editeur : Michel Lafon
Prix : 20,95 €

Tes parents, ils sont comment ? un très chouette album jeunesse (Casterman)

Tes parents, ils sont comment ? un très chouette album jeunesse (Casterman)

Dans la collection Mes imagiers tout carrés, les éditions Casterman nous proposent un très chouette album qui sort aujourd’hui : Tes parents, ils sont comment ?

L’album entièrement cartonné est petit et donc facilement manipulable par les tout-petits. L’autrice, Bénédicte Rivière, écrit pour la jeunesse et est également comédienne, spécialisée dans le doublage.

Les illustrations de Marguerite Courtieu, à l’aquarelle, sont ravissantes et pleines de poésie.

Le tout jeune lecteur va découvrir qu’il existe plusieurs sortes de parents :

Les parents poules, les parents koalas, les parents lions, les parents furets, les parents fourmis, les parents perroquets, les parents ours…

Tous sont tellement différents. Au fait, vous savez à quoi ressemblent les parents pandas ?  » Ce sont les rois des câlins et des bisous, tout tendres et tout doux !« 

Et Tes parents, ils sont comment ? est un album très rigolo à offrir à nos tout-petits qui vont découvrir le monde animal sous un angle très original !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : 1er mai 2024
Auteur : Bénédicte Rivière
Illustrateur : Marguerite Courtieu
Editeur : Casterman
Prix : 11,90 €

L’ourson qui aimait prendre son temps, un magnifique album jeunesse (Flammarion jeunesse)

L’ourson qui aimait prendre son temps, un magnifique album jeunesse (Flammarion jeunesse)

Les éditions Flammarion jeunesse nous propose un album jeunesse empli de poésie : L’ourson qui aimait prendre son temps. Il sort aujourd’hui !

L’auteur, Geoffrey Hayes était américain. 7 ans après sa mort, son album, L’ourson qui aimait prendre son temps, est publié pour la première fois en France. Il a été écrit en 1970 et n’a pas pris une ride ! Il était déjà un énorme succès il y a cinquante ans !

C’est l’histoire d’un petit ourson qui prend le temps de vivre. Tout simplement. Il aime se retrouver seul, pour mieux se ressourcer.
Pour se perdre dans ses pensées
Pour écouter le silence
Pour sentir la pluie
Pour ne rien faire du tout…
Petit ourson aime se sentir seul et libre.

Les très belles illustrations sont autant teintées de poésie que le texte.

L’ourson qui aimait prendre son temps : une vraie pépite qui célèbre les petits moments pour soi !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : 1er mai 2024
Auteur : Geoffrey Hayes
Illustrateur : Geoffrey Hayes
Editeur : Flammarion Jeunesse
Prix : 12,50 €

L’île des esclaves au Lucernaire, une belle adaptation de la comédie de Marivaux sur les fondements de l’injustice sociale

Lorsque les spectateurs investissent le Théâtre Noir du Lucernaire, la scène est en désordre, comme après un naufrage. C’est justement le sujet de la comédie de Marivaux écrite en 1725. 4 personnages ont survécu à un naufrage et se retrouvent sur l’Île des Esclaves. Au large d’Athènes, les maitres deviennent serviteurs et les serviteurs deviennent maitres. La réflexion philosophico-sociale est portée par 5 comédiens pleins d’énergie pour un beau moment de questionnement sur les fondements de la loi qui fonde notre société.

De l’énergie à revendre

Iphicrate (Lucas Lecointe) est le maitre d’Arlequin (Barthélémy Guillemard), Euphrosine (Marie Lonjaret) est la maitresse de Cléanthis (Lyse Moiroud). Au début de la pièce, certains sont faits pour être servis et d’autres pour servir, les vêtements et les attitudes ne trompent pas, Iphicrate et Euphrosine sont hautains et sûrs de leur bon droit, Arlequin et Cléanthis supportent les vexations sans broncher. Sur la base du droit du sang et de l’ordre immuable des choses, personne ne pense même à remettre en question la hiérarchie sociale. La fable de Marivaux tente l’inconcevable, et s’il fallait au contraire questionner les fondements de l’ordre social et interroger sa légitimité? Les 4 naufragés rencontrent Trivelin (Laurent Cazanave), chef des insulaires, gouverneur de l’île et garant de la loi du lieu. Maitres et serviteurs ont l’obligation d’échanger leurs rôles pendant 3 ans en espérant que les maitres nouveaux et anciens perdent leur orgueil, échangeant par là même leurs prénoms et leurs vêtements. Tout le monde se soumet à la loi et les nouveaux maitres songent d’abord surtout à prendre leur revanche. Mais pour quitter l’île, il faut faire amende honorable. Tout le ressort comique de la pièce tient dans ce respect total de la loi, les maitres chevauchent les serviteurs, c’est ainsi qu’il faut faire. Mais par l’obligation de quitter son orgueil pour revenir à Athènes, chacun doit sortir de sa zone de confort pour se rapprocher de son semblable. La mise en scène de Stephen Szekely multiplie les draps froissés et les voiles abimées jonchant la scène. Fond et forme se rejoignent pour un flou aussi bien formel que philosophique. Et comme le gouverneur de l’île Trivelin ressemble à un personnage de la commedia dell’arte avec ses grands airs et sa guitare en bandoulière, il ressemble à un metteur en scène à l’intérieur de la pièce.

Tours de chant et de danse débutent et concluent une pièce qui interroge sur l’histoire et le présent. Quand la pièce est parue en 1725, le royaume de France était une grande puissance esclavagiste dans ses colonies antillaises et la traite négrière était en pleine progression., alors que l’ancien régime dans l’hexagone était fondé sur des différenciations sociales impossibles à remettre en cause. La pièce ressemble à un vrai courant d’air frais, presque déjà pré-révolutionnaire, 64 ans avant les évènements de 1789. Comédiens et metteur en scène parviennent à conquérir le public pour une salve d’applaudissement finale méritée. La pièce est à découvrir jusqu’au 2 juin pour encore 25 représentations tout en vigueur réjouissante.

Synopsis:

UN JEU DE MIROIRS RÉJOUISSANT

Survivants d’un naufrage, deux couples, maîtres et serviteurs, échouent sur L’île des Esclaves. Ici la loi impose aux maîtres de devenir esclaves et aux esclaves de devenir maîtres dans le but de rééduquer ces derniers. Trivelin, gouverneur de l’île, explique le processus de rééducation aux naufragés. Les valets auront trois ans pour transformer leurs patrons et faire de ces orgueilleux injustes et brutaux des êtres humains raisonnables et généreux. Cette courte comédie philosophique, sublimée par la langue de Marivaux, nous parle de justice, d’égalité et de respect.

Une utopie humaniste qui ouvre les cœurs et la raison.

Détails:

3 avril au 2 juin 2024 au Théâtre Noir

Mardi < samedi 20h | Dimanche 17h

Coccinelle chercher la femme, une belle autobiographie à découvrir aux éditions La Boite à Bulles, sortie le 2 mai 2024

Coccinelle est le nom de scène de Jacqueline Charlotte Dufresnoy, née le 23 août 1931 à Paris 18e et morte le 9 octobre 2006 à Marseille 5e. Artiste française, danseuse, chanteuse et actrice transgenre, c’est l’une des premières femmes trans connues du grand public. Luca Conca et Gloria Ciapponi en dressent son portrait dans une BD qui retrace le fil de son existence. Née homme à sa naissance, elle se prénomme Jacques. Malgré un père violent qui l’empêche de suivre une carrière tant désirée dans la coiffure, elle tient bon et coiffe quelques clientes femmes en cachette. C’est grâce à l’une de ses clientes privées qu’elle se teint les cheveux, s’habille en femme et fréquente le célèbre cabaret Madame Arthur où elle débutera sur scène en 1953. Son surnom Coccinelle vient de sa robe rouge à pois noirs qu’elle affectionnait, elle adoptera ce surnom comme nom de scène. Les dessins sont très réalistes et montrent la quête de Jacqueline pour s’accomplir, quitte à fuir le domicile familial et ce père tyrannique qui maltraitait sa mère. Après Madame Arthur, ce fut le Carrousel, un des hauts lieux de la vie nocturne parisienne, avec des tournées européennes triomphales. La prise d’hormones transforme peu à peu son corps jusqu’à l’épisode du service militaire assez cocasse où elle se fait incorporer comme femme avant d’être réformée, preuve que l’armée était en fait assez progressiste pour l’époque! Devenue une célébrité, elle multiplie les conquêtes masculines et puis vient l’heure des premières opérations, d’abord de chirurgie esthétique, puis une vaginoplastie réalisée à Casablanca pour devenir physiquement femme, la nouvelle une fois dévoilée fit l’effet d’une bombe dans une époque où ce genre d’évènement n’était pas si courant. Le récit se lit sans temps mort pour découvrir un destin de femme à part entière. Elle changera également son état civil avec l’aide d’un jeune avocat nommé Robert Badinter. Carrière au cinéma, vie mondaine, tout est abordé dans une BD qui montre la vie de la première célébrité française à officiellement changer de sexe, devenant ainsi une égérie transgenre dans les années 1950. Mariages, spectacle Chercher la femme à l’Olympia en 1963, tournées mondiales dans les années 70, sa vie est un roman racontée avec luxe détails.

Synopsis:

La vie sulfureuse d’une des plus grandes divas du 20e siècle, star de renommée internationale et première célébrité à avoir fait officialiser son changement de genre en France.

En 1953, au désormais mythique cabaret Madame Arthur, monte sur scène une jeune femme vêtue d’un modeste paréo mais au charme déjà envoutant. Le public applaudit et ne sait pas encore qu’il vient d’assister à la première représentation de Coccinelle, une artiste qui echaînera bientôt les triomphes sur les scènes du monde entier.  

Pourtant, rien ne prédestinait Jacqueline Charlotte Dufresnoy, née Jacques Charles dans une famille modeste et élevée par un père violent et autoritaire, à rayonner sous le feu des projecteurs. À une époque où le travestissement est puni par la loi et le service militaire toujours en place, Coccinelle invente une nouvelle manière de vivre sa vie librement, et trace sa propre voie.  

Défendue par l’avocat Robert Badinter, Coccinelle devient la première personnalité publique française à changer officiellement d’état civil et écume les scènes du monde entier, de Syndey à Rio de Janeiro en passant par Dakar. En 1989, après neuf mois de triomphe au Casino de Paris, elle se fait rattraper par ses dettes et est contrainte de prendre un temps ses distances avec son public français. Une place qu’à son retour, elle ne parviendra jamais vraiment à retrouver…

Editeur: La Boite à Bulles

Auteur: Luca Conca, Gloria Ciapponi

Nombre de pages / Prix: 144 pages, 25 euros

Un film sur les blessures de l’après seconde guerre mondiale avec L’ombre du feu de Shinya Tsukamoto, sortie en salles le 1er mai

Le film débute dans un bar au Japon, à moitié détruit, plus personne n’y rit ni y passe des moments de détente. Les rires sont finis depuis la fin de la seconde guerre mondiale, reste l’instinct de survie et la débrouille pour subsister. Une femme veuve y gagne sa vie en vendant son corps. 2 personnages vont la rejoindre avec le même constat de blessures indélébiles marquées au fer rouge dans leur esprit et dans leur corps, un très jeune orphelin de guerre et un soldat démobilisé. Tous 3 tentent de cohabiter dans l’espoir de meilleurs lendemains mais les traumatismes sont trop profondément ancrés en eux pour les laisser vivre sans tension.

Après les horreurs de la guerre

De nombreux films existent sur l’après seconde guerre mondiale au Japon, avec souvent comme élément central les ravages des 2 bombes atomiques lâchées sur Hiroshima et Nagasaki. Pluie noire, Hiroshima, Onoda, la nation derrière son empereur pour conquérir l’Asie au prix d’exactions sans limites a très mal vécu la défaite et les traumatismes en découlant. Le réalisateur Shin’ya Tsukamoto ausculte les traumatismes cachés mais bien présents d’un peuple soumis à rude épreuve. Déjà plus si jeune et déjà à la barre de ses premiers courts métrages au début des années 70, il choisit 3 destins entremêlées pour ouvrir à l’universalité. Sans scènes de combat ni gros conflits, il parvient à filmer dans les regards les images imprimées pour toujours sur les rétines. D’abord considérés comme des animaux blessés, sans nom ni histoire, le trio tente de se reconstruire en faisant front, dans l’espoir de trouver dans l’autre un soutien pour surnager. Mais la reconstruction demande du temps et surtout une analyse personnelle pour revenir à la surface. D’abord huis clos entre les 4 murs du bar délabré, le film ausculte les consciences avec des réminiscences du passé comme des coups de couteau qui empêchent de dormir, font émettre des hurlements sans crier gare ou font se rouler en boule en réflexe de survie. Le monde extérieur est longtemps passé sous silence, comme si plus personne ne subsistait aux alentours, donnant à leur quête commune un air de film de zombies. Pourtant le gamin des rues débrouillard et chapardeur, la veuve éplorée livrée à la concupiscence de ses semblables et le soldat abandonné vont tenter de vivre, mais leur histoire commune ressemble à un film d’horreur psychologique, chacun a des déchirures à refermer et un travail sur soi à terminer. Le réalisateur fait une grande économie de mots, les images parlent souvent d’elles mêmes pour faire apparaitre la panique enfouie dans chacun des esprits.

Quand les personnages finissent par fuir l’abri précaire mais rassurant du bar, le vrai travail sur soi va pouvoir commencer. Difficile d’en dire plus sans mettre à mal l’intrigue du film, le cheminement n’est pas sans sacrifices ni blessures supplémentaires, mais la liberté est à ce prix dans ce film qui bouscule et à découvrir en salles le 1er mai..

Synopsis: Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Japon tente péniblement de se relever et de panser ses blessures. Unique survivante de sa famille, une jeune femme passe son temps enfermée dans le bar délabré qui lui sert de refuge, attendant le client. Un jour, elle voit débarquer un petit orphelin chapardeur et un jeune soldat démobilisé. Entre ce trio atypique, un semblant de vie de famille commence à s’installer. Hélas, les traumatismes de la guerre auront tôt fait d’anéantir ce bonheur fugace…

La fille du bourreau, Tome 2 : L’envolée (Editions Jeanne et Juliette)

La fille du bourreau, Tome 2 : L’envolée (Editions Jeanne et Juliette)

Publik’Art vous avait fait découvrir le tome 1 de cette saga incroyable, avec La fille du bourreau, aujourd’hui, voilà le tome 2 : L’envolée.

On suit Céleste avec beaucoup de curiosités. Son père, avant de mourir, avait décrété que ce serait Céleste qui le remplacerait en tant que bourreau, et non son frère. Mais pour exercer ce métier, il faut être un garçon. C’est dans ce seul but, que son père l’a déclaré garçon, à la naissance, alors qu’en réalité c’est une fille !

Céleste se déguise quasiment tout le temps en garçon. Très peu de personnes savent que c’est une fille… C’est un secret bien gardé.

Dans ce nouveau tome, Céleste va faire battre des cœurs, surtout un ! Et pas n’importe lequel ! Elle aussi l’aime. Mais il est très haut placé et il est marié. Deux obstacles quasi infranchissables. Mais rien ne résiste à Céleste. Elle fonce !

Elle va réussir à s’introduire dans la haute société, grâce à son amant, et en même temps, elle va découvrir le monde très spécial de la cour des Miracles. Un monde qu’elle ne pouvait même pas imaginer ! Et pourtant une énorme surprise l’attend en côtoyant ces gens peu recommandables.
Céleste est prise entre deux mondes. Sans oublier les rapports très spéciaux qu’elle entretient, en cachette, avec le Roi puisqu’elle lui a sauvé la vie.
Beaucoup de rebondissements et de suspense dans ce tome 2.
Quel chemin va donc choisir Céleste ?

L’envolée continue à nous faire découvrir toute une époque de notre Histoire ! Une magnifique saga historique !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Avril 2024
Auteur : Céline Knidler
Editeur : Editions Jeanne & Juliette
Prix : 18,90€

Etat limite, un documentaire glaçant sur l’état de déliquescence de l’hôpital public, sortie le 1er mai en salles (Les Alchimistes)

Le documentaire suit un jeune psychiatre mobile de l’hôpital Beaujon âgé de 34 ans. Seul pour prendre en charge les patients à Clichy (Hauts-de-Seine), il est le héros de ce documentaire qui souligne l’état plus qu’inquiétant de l’hôpital public. Le personnel est insuffisant et les professionnels présents sont à bout de souffle. Investissements et personnel insuffisants ne parviennent plus à colmater les brèches, la bonne volonté est patente mais que faire dans une situation où les plus fragiles ne sont plus pris en charge correctement? La question n’est pas prête de trouver une réponse adéquate…

Un documentaire alarmant

Le docteur Jamal Abdel-Kader est le seul psychiatre disponible pour tout l’établissement, des centaines de patients dépendent de lui pour trouver des réponses et des améliorations. Il parcourt les étages avec ses baskets au pied, il écoute et sonde l’état psychologique des patients. Des individus violents qui doivent être attachés, une jeune femme qui a perdu ses 2 jambes et un bras en sautant sous un train, des jeunes sans avenir, des profils fragiles qui ne parviennent plus à croire en des lendemains qui chantent. Le docteur essaye de comprendre leurs éventuelles pathologies et de leur apporter les corrects réponses et traitements. Mais ce n’est visiblement pas facile, il fait de son mieux mais la tâche est immense. Comme si l’hôpital s’était désengagé de son rôle essentiel pour maintenir la société à flot. A 34 ans, il prend du recul, écoute, réfléchit, il communique avec patience et doigté malgré la course contre la montre à laquelle il est soumis en permanence. Le documentaire est d’un réalisme total, la caméra suit le personnel pas à pas pour le constat d’une insuffisance criante de moyens. Dans une société qui promeut la performance et la réussite à tout prix, les laissés-pour-compte n’intéressent visiblement plus le personnel politique. Le docteur Jamal Abdel-Kader est (miraculeusement?) secondé par des internes, la course est quotidienne, il a à peine le temps de manger, il fait le seul lien psychiatrique entre les différents services, les urgences, la réanimation, la gastro-entérologie et la gynécologie obstétrique. Il a des convictions, fils de 2 médecins syriens émigrés en France, il a grandi au sein de l’hôpital public, où il vivait avec ses parents. Il faut le voir apaiser les souffrances de ses patients avec un vrai échange instauré avec des individus blessés par la vie.

Quand la nuit tombe, il partage avec la caméra ses difficultés pendant de rares moments de répit. Il évoque avec son collègue Romain les ravages grandissants de la crise du système hospitalier. Le réalisateur Nicolas Peduzzi (Ghost Song, Southern Belle) se fait discret dans ce documentaire au plus près du réel, de la marge et de l’impasse à laquelle se trouve confrontée l’hôpital public.

Synopsis: Hôpital Beaujon, Clichy. Au mépris des impératifs de rendement et du manque de moyens qui rongent l’hôpital public, Jamal Abdel Kader, seul psychiatre de l’établissement, s’efforce de rendre à ses patients l’humanité qu’on leur refuse. Mais comment bien soigner dans une institution malade ?

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