Le grand œuvre de Richard Wagner se nomme Der Ring des Nibelungen (L’Anneau du Nibelung en français). Ce cycle de quatre opéras a été inspiré par la mythologie germanique et nordique, avec ses dieux, ses héros et ses tragédies. La Walkyrie est le second volet de la tétralogie, après le prologue L’Or du Rhin (et sa célèbre Ouverture), avant Siegfried et la conclusion Le Crépuscule des Dieux. Il a fallu 30 ans à Wagner pour venir à bout d’un classique qui l’a fait rentrer dans la légende de la musique universelle. Un festival lui est dédié chaque année à Bayreuth et les fanatiques sont nombreux, même si Woody Allen disait non sans humour « quand j’écoute trop Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne« . Les plus de 4 heures de spectacle (avec 2 entractes) sont d’une intensité folle, les péripéties abondent, ce que plusieurs écrans avec les sous-titres en français et en anglais permettent de suivre avec délectation. Car évidemment les chants sont en allemand et les personnages nombreux. Le héros Siegmund est recueilli par Hundling mais ce dernier le provoque en duel car son épouse Sieglinde est en réalité la sœur et aimée de Siegmund. La déesse du mariage Fricka ordonne au père des jumeaux incestueux Wotan de priver Siegmund de la protection magique de la Walkyrie Brünnhilde lors de son combat, mais celle-ci d’abord docile finit pat désobéir et Wotan doit transpercer lui-même Siegmund de sa lance avant de condamner Brünnhilde à un long sommeil jusqu’à ce qu’un intrépide héros ne vienne braver les flammes qui l’enserrent pour la réveiller. Si l’argument est complexe et date d’un autre temps héroïque, son développement musical laisse libre cours à de véritables incendies soniques, l’orchestre du Rotterdams Philharmonisch Orkest dirigé pour l’occasion par le tempétueux Yannick Nézet-Séguin enflamme littéralement la salle du TCE. Les 3 actes de l’Opéra rivalisent de puissance et de fureur avec des musiciens gagnés par la puissance de l’œuvre et des interprètes tout bonnement éblouissants. 2 couples forment le nœud de l’intrigue. Le couple formé par le héros Siegmund (très investi ténor Stanislas de Barbeyrac) et sa sœur aimée (voire incestueuse) Sieglinde (enchanteresse soprano Elza van den Heever), le Dieu suprême de la mythologie des peuples germaniques Wotan (trépidant baryton Brian Mulligan) et sa Walkyrie préférée Brünnhilde (puissante soprano Tamara Wilson). Les duos sont nombreux et tétanisent le public par leur puissance. A leurs côtés, une distribution de haut vol les accompagne pour un spectacle fort en voix. 4 heures mais pas un moment de répit dans un Opéra qui a fait déclencher des torrents d’applaudissement et de hourras à chaque entracte. Les connaisseurs reconnaitront là l’inspiration principale de Tolkien pour son Seigneur des Anneaux, les meilleurs vins se font aux meilleures vignes, la preuve est faite que Wagner reste d’une étonnante vitalité malgré les mœurs remodelées de notre temps qui ne doivent cependant pas perturber la puissance musicale de cette œuvre charnière de la musique universelle.
Synopsis:
Deuxième des quatre drames lyriques qui constituent L’Anneau du Nibelung, La Walkyrie représente l’apothéose du drame musical romantique et Richard Wagner y livre ses pages les plus embrasées. Dès les premières notes, l’orchestre emporte tout sur son passage. Tempête, inceste, colère divine, passion irrépressible : tout semble déjà en germe dans ces mesures agitées qui annoncent le destin tortueux des héros. Puis vient le temps du récit, ici prodigieusement lyrique et magnifiquement humain. C’est sans conteste l’immersion idéale dans l’univers foisonnant de Richard Wagner qui signe là certaines de ses pages les plus enflammées et les plus poignantes. Yannick Nézet-Seguin à la tête de l’Orchestre de Rotterdam poursuit son cycle Wagner en version de concert, nous offrant notamment à cette occasion le premier Sigmund de Stanislas de Barbeyrac.
Production Théâtre des Champs-Elysées
Avec le soutien de la Délégation générale du Québec à Paris
France Musique diffuse ce concert le 15 juin à 20h