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Un grand feu mythologique allumé sur la scène du Théâtre des Champs Elysées avec La Walkyrie le samedi 4 mai 2024

Le grand œuvre de Richard Wagner se nomme Der Ring des Nibelungen (L’Anneau du Nibelung en français). Ce cycle de quatre opéras a été inspiré par la mythologie germanique et nordique, avec ses dieux, ses héros et ses tragédies. La Walkyrie est le second volet de la tétralogie, après le prologue L’Or du Rhin (et sa célèbre Ouverture), avant Siegfried et la conclusion Le Crépuscule des Dieux. Il a fallu 30 ans à Wagner pour venir à bout d’un classique qui l’a fait rentrer dans la légende de la musique universelle. Un festival lui est dédié chaque année à Bayreuth et les fanatiques sont nombreux, même si Woody Allen disait non sans humour « quand j’écoute trop Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne« . Les plus de 4 heures de spectacle (avec 2 entractes) sont d’une intensité folle, les péripéties abondent, ce que plusieurs écrans avec les sous-titres en français et en anglais permettent de suivre avec délectation. Car évidemment les chants sont en allemand et les personnages nombreux. Le héros Siegmund est recueilli par Hundling mais ce dernier le provoque en duel car son épouse Sieglinde est en réalité la sœur et aimée de Siegmund. La déesse du mariage Fricka ordonne au père des jumeaux incestueux Wotan de priver Siegmund de la protection magique de la Walkyrie Brünnhilde lors de son combat, mais celle-ci d’abord docile finit pat désobéir et Wotan doit transpercer lui-même Siegmund de sa lance avant de condamner Brünnhilde à un long sommeil jusqu’à ce qu’un intrépide héros ne vienne braver les flammes qui l’enserrent pour la réveiller. Si l’argument est complexe et date d’un autre temps héroïque, son développement musical laisse libre cours à de véritables incendies soniques, l’orchestre du Rotterdams Philharmonisch Orkest dirigé pour l’occasion par le tempétueux Yannick Nézet-Séguin enflamme littéralement la salle du TCE. Les 3 actes de l’Opéra rivalisent de puissance et de fureur avec des musiciens gagnés par la puissance de l’œuvre et des interprètes tout bonnement éblouissants. 2 couples forment le nœud de l’intrigue. Le couple formé par le héros Siegmund (très investi ténor Stanislas de Barbeyrac) et sa sœur aimée (voire incestueuse) Sieglinde (enchanteresse soprano Elza van den Heever), le Dieu suprême de la mythologie des peuples germaniques Wotan (trépidant baryton Brian Mulligan) et sa Walkyrie préférée Brünnhilde (puissante soprano Tamara Wilson). Les duos sont nombreux et tétanisent le public par leur puissance. A leurs côtés, une distribution de haut vol les accompagne pour un spectacle fort en voix. 4 heures mais pas un moment de répit dans un Opéra qui a fait déclencher des torrents d’applaudissement et de hourras à chaque entracte. Les connaisseurs reconnaitront là l’inspiration principale de Tolkien pour son Seigneur des Anneaux, les meilleurs vins se font aux meilleures vignes, la preuve est faite que Wagner reste d’une étonnante vitalité malgré les mœurs remodelées de notre temps qui ne doivent cependant pas perturber la puissance musicale de cette œuvre charnière de la musique universelle.

Synopsis:

Deuxième des quatre drames lyriques qui constituent L’Anneau du Nibelung, La Walkyrie représente l’apothéose du drame musical romantique et Richard Wagner y livre ses pages les plus embrasées. Dès les premières notes, l’orchestre emporte tout sur son passage. Tempête, inceste, colère divine, passion irrépressible : tout semble déjà en germe dans ces mesures agitées qui annoncent le destin tortueux des héros. Puis vient le temps du récit, ici prodigieusement lyrique et magnifiquement humain. C’est sans conteste l’immersion idéale dans l’univers foisonnant de Richard Wagner qui signe là certaines de ses pages les plus enflammées et les plus poignantes. Yannick Nézet-Seguin à la tête de l’Orchestre de Rotterdam poursuit son cycle Wagner en version de concert, nous offrant notamment à cette occasion le premier Sigmund de Stanislas de Barbeyrac.

Production Théâtre des Champs-Elysées
Avec le soutien de la Délégation générale du Québec à Paris
France Musique diffuse ce concert le 15 juin à 20h

Chasse gardée, une pochade rigolote à découvrir en DVD, BRD/VOD le 3 mai

Les 2 réalisateurs Antonin Fourlon et Frédéric Forestier ont rebondi sur les évènements récents du confinement pour imaginer cette histoire de famille parisienne s’installant à la campagne pour y trouver paix et sérénité. Car si de nombreux parisiens ont quitté la capitale pour en fuir les inconvénients, un certain nombre en sont revenus. Le film montre gentiment du doigt les défauts de chacun dans une histoire assez simple mais menée tambour battant.

Chacun en prend pour son grade

Le film part d’un constat simple, la capitale accumule les complications. Voisins bruyants, circulation infernale, appartements riquiquis pour des prix très élevés. L’envie de grands espaces et de grand air en a convaincu plus d’un, surtout lorsque l’impossibilité de sortir de chez soi pendant le confinement finissait par vous rendre marteau. Le couple du film avec leur enfant saute sur l’occasion lorsqu’une maison de campagne immense nichée dans un parc également immense leur fait de l’œil. Mais les apparences cachent souvent des désagréments insoupçonnés comme ils vont bientôt s’en rendre compte. Car les parisiens sont souvent perçus comme des gros nigauds incapables de discerner ce qui leur pend tout simplement au nez. Leur maison de rêve se révèle être sur le parcours de chasseurs locaux bien décidés à ne pas changer leurs habitudes. Menés par un Didier Bourdon fidèle à lui-même, ils vont mener la vie dure aux parigauds inconscients des réalités locales, car la chasse est un art séculaire que rien ne doit perturber. Le film se moque de tout le monde sans distinction, chacun en prend pour son grade. Les bobos parisiens comme les chasseurs sont gentiment caricaturés pour un moment de rire qui a rassemblé 2 millions de spectateurs en salles. Mais la maxime reste profondément positive, il faut accepter les différences et vivre en bonne intelligence en faisant des compromis. Le couple de parisiens formé de Simon et Adelaïde (Camille Lou et Hakim Jemili) est d’abord gentiment inadapté à la vie campagnarde, eux qui se font rouler dans la farine par l’agent immobilier Chantal Ladesou. Le beau-père Gaspard (Thierry Lhermitte) jette gentiment de l’huile sur le feu, lui qui appelle à la résistance agressive quand la conciliation serait de mise. Alors les plus anciens s’en souviennent, les Inconnus avaient commis en 1991 un sketch irrésistible sur les chasseurs, Didier Bourdon y fait un clin d’œil qui fait plaisir, quittant dans ce film le terrain de la caricature pour proposer un personnage authentique lui-aussi assez croustillant.

La comédie est sympathique, le moment est convivial, les travers de chacun sont dépeints avec empathie et le vivre-ensemble reste la vraie maxime du film. Aucune raison de ne pas succomber à cette bonne comédie de saison.

Synopsis: Dans un village sans histoire, une maison de rêve en pleine nature est à vendre. Pour Simon et Adelaïde, à l’étroit dans leur appartement parisien avec leurs deux enfants, c’est l’occasion idéale de faire le grand saut et de quitter l’enfer de la ville. Mais le rêve se transforme rapidement en cauchemar quand ils réalisent que leurs si sympathiques voisins utilisent leur jardin… comme terrain de chasse !

Kamas dévoile son nouvel album Désaxée, sortie le 29 mars 2024 (Kuroneko)

Kamas, c’est Anne Cammas, une chanteuse vraiment originale sur la scène musicale française. Son nouvel album Désaxée est sorti le i 29 mars 2024 chez Kuroneko avec des chansons nostalgiques oscillant entre souvenirs et sensations troubles.

Un vrai travail d’écriture

Kamas écrit et chante ses textes, puisant son inspiration chez d’illustres devancières comme Barbara, Patti Smith ou Billie Holiday. Déjà à la barre de 2 albums sortis sous le nom de Kamas et les Corbeaux (Linda avec Olivier Lagodski et Nicolas Puaux en 2008 et Salon avec Nicolas Puaux et Jérôme Castel en 2011), Désaxée est son troisième album et elle s’y livre sous toutes les facettes. L’album louvoie entre rock et pop, se voulant toujours différent pour déboussoler l’auditeur et montrer la complexité d’univers de la chanteuse, transformant sa voix entre sonorités rock et vocalises en liberté. L’énergie est bien présente, ce que les textes en français soulignent sans honte pour raconter des histories de femmes aux sentiments divers, tantôt désabusées, tantôt séduisantes et aimantes. Julien Pouletaud est à la barre de la réalisation de l’album et des arrangements dans les 11 titres d’un album résolument tourné vers l’humain. Les passions (Tout en bataille), la folie (Désaxée), l’amour (Des Hivers et des Printemps), l’album permet de pénétrer la psyché d’une artiste sans concessions.

Une belle histoire de France oubliée avec Fileuses de soie aux éditions La Boite à Bulles, sortie le 2 mai 2024

Au tournant du XXe siècle, la France rurale reforge d’usines familiales, notamment pour produire et utiliser les vers à soie, avec des ateliers, des ouvrières et des pensionnats où elles étaient entassées dans des conditions proches du bagne, avec horaires démentiels, blessures à répétition et amendes de rigueur en cas d’indiscipline. La BD raconte une histoire de rébellion et de prise de conscience des hypocrisies liées aux supposées différences de classe. Car si les parfois très jeunes recrues courbent souvent l’échine pour amasser un maigre pécule en prévision de la dot de mariage, certaines commencent à bouger les lignes, notamment celles qui ont été confrontées très jeunes aux blessures liées à l’injustice du monde. Femmes défigurées, enfants à la mère violée, femmes en fuite suite à un meurtre perpétré dans des conditions d’autodéfense, les histoires sont différentes mais rassemblent des meurtries de la vie. La BD se déroule au sein d’une usine de vers à soie sur la pente descendante avec une famille en fin de règne. La BD se lit avec un intérêt non dissimulé, les pages enchainent les péripéties et donnent une idée assez précise des conditions de vie pour ceux qui n’avaient rien. C’est un grand moment de lecture, montrant bien les iniquités du monde et l’hypocrisie qui règne au profit des possédants et au détriment des forces de travail obligées de se taire et d’endurer. Un grand moment de BD!

Synopsis: Une filature menacée par la concurrence étrangère, un fils honni qui ressurgit, des orphelines asservies… un vent de changement souffle sur l’usine-pensionnat Bouscaret.

Drôme provençale, 1910. La filature familiale de Louis Bouscaret fait depuis peu face à une concurrence croissante venant de l’étranger. Son usine-pensionnat, qui recueille les orphelines et filles abandonnées de la région, bénéficie de leur travail acharné en échange d’une « éducation » assurée par la sévère sœur Agnès. Henriette, une nouvelle arrivante au visage à demi-caché derrière une mèche, rêve de dessiner un jour ses propres robes.

Les rangs des ouvrières – éreintées par des journées à rallonge et par la sévérité de sœur Agnès – sont peu à peu gagnés par le désordre lorsque l’une d’elle est touchée par une pneumonie.

Pendant ce temps, chez les Bouscaret réapparaît Hyppolite, le cadet des enfants qui traîne avec lui le lourd secret familial. Mais lorsque le fils honni et la travailleuse révoltée se rencontrent, débute une idylle impossible dans laquelle prend racine des envies de subversion.

Tour à tour arrivées par convoi, Rose, une toute jeune pensionnaire de 14 ans, puis Suzanne, fille de bonne famille ayant fui un mariage arrangé, rejoignent bientôt l’entourage d’Henriette. Elles s’unissent face à l’oppression, animées par un même besoin d’émancipation.

Editeur: La Boite à Bulles

Auteur: Sylviane Corgiat, Bruno Lecigne, Jean-Côme

Nombre de pages / Prix: 144 pages, 24 euros

Ici Brazza de Antoine Boutet, un documentaire éclairant sur un nouveau quartier érigé à Bordeaux, sortie VOD et DVD

Brazza est un quartier situé sur la rive droite de Bordeaux. Le nom vient de Pierre Savorgnan de Brazza, célèbre commissaire-général du gouvernement français en Afrique centrale au XIXe siècle. La rive gauche de la Garonne a vu la ville se développer historiquement avec ses quais pour l’importation des fruits en provenance des colonies françaises, il y a eu aussi des installations industrielles devenues des friches. Ce qui étaient auparavant des usines d’engrais chimiques et des chemins de fer abandonnés recouvraient des sols pollués, des eaux stagnantes, de la boue verdâtre, des squats et des camps de fortune. Le réalisateur Antoine Boutet montre l’évolution du terrain, ce qu’il contenait auparavant, des ruines et des camps avant que n’apparaissent des panneaux annonçant la transformation du terrain vague de 53 hectares en projet immobilier pour accueillir plus de 5000 habitants dans 4950 logements, avec des équipements publics, des écoles, un gymnase… Le film montre l’intervention des policiers pour expulser manu militari les occupants restants, les bulldozers qui détruisent les bâtiments et les grues qui prennent position sur le terrain pour ériger le quartier éco-responsable souhaité par la municipalité. Les reliquats du passé doivent laisser place à un nouveau quartier d’avenir, d’où l’adage « du passé faisons table rase ». Le réalisateur a passé plusieurs années pour filmer ce qui existait avant et ce qui a pris la place du terrain vague. Les images dessinées par ordinateur laissent entrevoir un quartier presque parfait avec ses personnages souriants qui font du vélo et poussent des poussettes. Entre la promesse d’un quartier mixte et ce qu’il sera vraiment, il faudra encore un autre documentaire pour vérifier si les promesses ont bien été tenues.

Synopsis: Ici Brazza, tout un programme : une zone en friche vit ses dernières heures. 53 hectares à bâtir pour un vaste projet immobilier dans l’air du temps. Chronique d’un terrain vague en transformation, le film scrute l’annonce d’un « nouvel art de vivre » dans la réalité brute du terrain.

La Walkyrie de Richard Wagner au Théâtre des Champs-Elysées le samedi 4 mai à 18h

Le Théâtre des Champs Elysées propose la mise en scène de la célèbre Walkyrie de Richard Wagner dont le film Apocalypse Now a contribué à l’énorme notoriété avec l’utilisation de la Chevauchée des Walkyries. 2e des 4 drames lyriques qui composent l’œuvre titanesque L’anneau du Nibelung, la première eut lieu en 1870 au théâtre national de la cour à Munich, à la demande de Louis II de Bavière, contre la volonté de Wagner. Le livret a été rédigé par Richard Wagner entre 1851 et 1853 et la musique composée entre 1854 et 1856. Le livret contient de très nombreuses références aux mythologies germanique et nordique qui sont à la base de son inspiration pour le Ring. De nombreux leitmotivs jalonnent le livret, avec l’existence de petits motifs conducteurs courts déterminant les caractères de chacun des personnages et qui réapparaissant à chacune de leurs apparitions. Cet opéra est considéré comme le plus lyrique et le plus humain des 4 journées de la Tétralogie. Yannick Nézet-Seguin dirigera le Rotterdams Philharmonisch Orkest et ce sera le premier Sigmund pour Stanislas de Barbeyrac avec cette prestation dans La Walkyrie.

Synopsis:

Deuxième des quatre drames lyriques qui constituent L’Anneau du Nibelung, La Walkyrie représente l’apothéose du drame musical romantique et Richard Wagner y livre ses pages les plus embrasées. Dès les premières notes, l’orchestre emporte tout sur son passage. Tempête, inceste, colère divine, passion irrépressible : tout semble déjà en germe dans ces mesures agitées qui annoncent le destin tortueux des héros. Puis vient le temps du récit, ici prodigieusement lyrique et magnifiquement humain. C’est sans conteste l’immersion idéale dans l’univers foisonnant de Richard Wagner qui signe là certaines de ses pages les plus enflammées et les plus poignantes. Yannick Nézet-Seguin à la tête de l’Orchestre de Rotterdam poursuit son cycle Wagner en version de concert, nous offrant notamment à cette occasion le premier Sigmund de Stanislas de Barbeyrac.

Production Théâtre des Champs-Elysées
Avec le soutien de la Délégation générale du Québec à Paris
France Musique diffuse ce concert le 15 juin à 20h

Tentacules, un classique de l’horreur sorti en 1977, réédité par Rimini édition en combo Blu-Ray + DVD le 3 mai 2024

En 1977, Les dents de la mer a changé le paysage cinématographique depuis 2 ans et pour toujours avec l’avènement du blockbuster à grand spectacle et des films qui se basent sur des animaux déchainés pour faire frissonner les foules. C’est le grec Ovidio G. Assonitis qui est à barre de ce film au casting surprenant et au déroulé fidèle à ce cinéma de genre. Un poulpe sème la terreur sur les plages américaines mais un ami de la faune marine aidé de 2 orques va intervenir pour la plus grande joie des estivants, au prix cependant de quelques victimes marquantes.

Un film entre Amérique et Europe

Ovidio G. Assonitis a d’abord caché les origines européennes du film pour maximiser ses chances au box-office US. Les extérieurs ont été tournés en Californie et le metteur en scène a américanisé son nom en le changeant en Oliver Hellman. De plus, il a densifié le casting avec une majorité d’acteurs américains. Bo Hopkins (un des plus jeunes membres de La horde sauvage et grand second rôle dans des séries US), Claude Atkins (Rio Bravo), Shelley Winters (L’aventure du Poséidon) et surtout John Huston (grand réalisateur pour notamment Le Trésor de la Sierra Madre et acteur à ses heures) et Henry Fonda (qu’on ne présente plus, acteur notamment dans le film 12 hommes en colère) apparaissent dans des rôles divers, John Huston en journaliste bourru, Fonda en industriel aux intentions floues, ils habitent le film par leur charisme au milieu d’une intrigue assez classique. Des incidents surviennent sur différents sites de la côte californienne d’abord sans explications, et puis la vérité surgit, un céphalopode géant s’en prend aux humains par la faute d’ondes radios et électromagnétiques qui le perturbent. Habituellement plutôt paisible, la bébête se change en prédateur féroce. Les restes humains déchiquetés sont très marqués années 70, les effets spéciaux sont un peu datés mais le film fonctionne par sa tension croissante. Le genre aventure maritime et horreur fonctionne bien et préfigura beaucoup d’autres films similaires (Tintorera, Piranhas, Barracuda) qui marquèrent également l’histoire du cinéma d’horreur. Tentacules reste une copie made in Cinecitta par son style de production, impossible donc d’éviter les clichés habituels, avec ces baigneurs aspirés sous l’eau en vue subjective et ces images secouées dans tous les sens pour figurer la tension. Quant aux enfants, c’est vraiment une autre époque, ils sont en première ligne et disparaissent les uns après les autres, difficile à imaginer dans le cinéma actuel aseptisé.

Le film fleure bon les années 70 et se regarde avec plaisir, un peu comme un plaisir coupable mais tout à fait réconfortant.

Synopsis: Ocean Beach est une station balnéaire américaine, tranquille et familiale. Tout bascule lorsqu’un bébé et un marin disparaissent. Quelques heures plus tard, leurs corps sont retrouvés atrocement mutilés. L’enquête mettra à jour l’existence d’une créature gigantesque et monstrueuse, cachée au fond de l’océan.

En apesanteur, un fabuleux témoignage de Philippe Perrin (Michel Lafon)

En apesanteur, un fabuleux témoignage de Philippe Perrin (Michel Lafon)

Philippe Perrin n’est pas un homme ordinaire ! Loin de là ! Et pour nous faire partager ses aventures incroyables, il a décidé d’écrire un roman autobiographique : En apesanteur.
Le parcours de cet homme est tout simplement époustouflant : polytechnicien officier de l’armée de l’air, pilote émérite de Mirage F1, pilote d’essai chez Airbus, il a ensuite réalisé son rêve !

Dans son livre, Philippe Perrin nous raconte toutes les étapes qu’il a dû traverser pour arriver à être sélectionné comme astronaute à la Nasa. Un parcours exemplaire ! Il décrit parfaitement bien l’ambiance qui règne à la Nasa, qui est comme une grande famille, extrêmement bienveillante envers les astronautes, mais également envers leurs familles. Car on ne devient pas astronaute tout seul, mais bien grâce à la famille.

Philippe Perrin parle souvent de sa femme, de ses enfants, et sent très lourdement les conséquences de ses missions sur sa famille. A chaque mission, un risque vital est sous-jacent. D’ailleurs, l’auteur a perdu bon nombre de ses collègues en vol. Et à chacun, il promet de l’emmener avec lui dans l’espace.

Car Philippe Perrin va aller dans l’espace et va travailler à l’assemblage de la fameuse station spatiale internationale. Son rêve va devenir réalité ! Mais ce ne sera pas sans douleurs, sans entrainements d’une extrême intensité, dans des conditions également extrêmes.

Page après page, le lecteur suit son évolution, et se rend compte de la difficulté des tâches demandées à l’astronaute. Jamais l’auteur ne se met en avant, bien au contraire. Il nous partage ses impressions, son ressenti, tout au long de son livre. Le lecteur se rend compte de l’intensité de chaque mission et tout le travail que cela représente, avec toute une équipe derrière ! Mais quelle récompense ! Quel voyage extraordinaire ! Et quelle vue sur la Planète bleue ! Qui est vraiment bleue ! Le lecteur s’imagine à la place de Philippe Perrin !

Philippe Perrin nous fait rêver avec En apesanteur ! Une vie d’homme dans les étoiles ! Il est le neuvième spationaute français membre de l’Agence spatiale européenne à avoir effectué des missions en orbite autour de la terre, en 2002. Et quel bonheur de partager avec nous ses aventures extraordinaires.

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Avril 2024
Auteur : Philippe Perrin
Editeur : Michel Lafon
Prix : 20,95 €

Tes parents, ils sont comment ? un très chouette album jeunesse (Casterman)

Tes parents, ils sont comment ? un très chouette album jeunesse (Casterman)

Dans la collection Mes imagiers tout carrés, les éditions Casterman nous proposent un très chouette album qui sort aujourd’hui : Tes parents, ils sont comment ?

L’album entièrement cartonné est petit et donc facilement manipulable par les tout-petits. L’autrice, Bénédicte Rivière, écrit pour la jeunesse et est également comédienne, spécialisée dans le doublage.

Les illustrations de Marguerite Courtieu, à l’aquarelle, sont ravissantes et pleines de poésie.

Le tout jeune lecteur va découvrir qu’il existe plusieurs sortes de parents :

Les parents poules, les parents koalas, les parents lions, les parents furets, les parents fourmis, les parents perroquets, les parents ours…

Tous sont tellement différents. Au fait, vous savez à quoi ressemblent les parents pandas ?  » Ce sont les rois des câlins et des bisous, tout tendres et tout doux !« 

Et Tes parents, ils sont comment ? est un album très rigolo à offrir à nos tout-petits qui vont découvrir le monde animal sous un angle très original !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : 1er mai 2024
Auteur : Bénédicte Rivière
Illustrateur : Marguerite Courtieu
Editeur : Casterman
Prix : 11,90 €

L’ourson qui aimait prendre son temps, un magnifique album jeunesse (Flammarion jeunesse)

L’ourson qui aimait prendre son temps, un magnifique album jeunesse (Flammarion jeunesse)

Les éditions Flammarion jeunesse nous propose un album jeunesse empli de poésie : L’ourson qui aimait prendre son temps. Il sort aujourd’hui !

L’auteur, Geoffrey Hayes était américain. 7 ans après sa mort, son album, L’ourson qui aimait prendre son temps, est publié pour la première fois en France. Il a été écrit en 1970 et n’a pas pris une ride ! Il était déjà un énorme succès il y a cinquante ans !

C’est l’histoire d’un petit ourson qui prend le temps de vivre. Tout simplement. Il aime se retrouver seul, pour mieux se ressourcer.
Pour se perdre dans ses pensées
Pour écouter le silence
Pour sentir la pluie
Pour ne rien faire du tout…
Petit ourson aime se sentir seul et libre.

Les très belles illustrations sont autant teintées de poésie que le texte.

L’ourson qui aimait prendre son temps : une vraie pépite qui célèbre les petits moments pour soi !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : 1er mai 2024
Auteur : Geoffrey Hayes
Illustrateur : Geoffrey Hayes
Editeur : Flammarion Jeunesse
Prix : 12,50 €

L’île des esclaves au Lucernaire, une belle adaptation de la comédie de Marivaux sur les fondements de l’injustice sociale

Lorsque les spectateurs investissent le Théâtre Noir du Lucernaire, la scène est en désordre, comme après un naufrage. C’est justement le sujet de la comédie de Marivaux écrite en 1725. 4 personnages ont survécu à un naufrage et se retrouvent sur l’Île des Esclaves. Au large d’Athènes, les maitres deviennent serviteurs et les serviteurs deviennent maitres. La réflexion philosophico-sociale est portée par 5 comédiens pleins d’énergie pour un beau moment de questionnement sur les fondements de la loi qui fonde notre société.

De l’énergie à revendre

Iphicrate (Lucas Lecointe) est le maitre d’Arlequin (Barthélémy Guillemard), Euphrosine (Marie Lonjaret) est la maitresse de Cléanthis (Lyse Moiroud). Au début de la pièce, certains sont faits pour être servis et d’autres pour servir, les vêtements et les attitudes ne trompent pas, Iphicrate et Euphrosine sont hautains et sûrs de leur bon droit, Arlequin et Cléanthis supportent les vexations sans broncher. Sur la base du droit du sang et de l’ordre immuable des choses, personne ne pense même à remettre en question la hiérarchie sociale. La fable de Marivaux tente l’inconcevable, et s’il fallait au contraire questionner les fondements de l’ordre social et interroger sa légitimité? Les 4 naufragés rencontrent Trivelin (Laurent Cazanave), chef des insulaires, gouverneur de l’île et garant de la loi du lieu. Maitres et serviteurs ont l’obligation d’échanger leurs rôles pendant 3 ans en espérant que les maitres nouveaux et anciens perdent leur orgueil, échangeant par là même leurs prénoms et leurs vêtements. Tout le monde se soumet à la loi et les nouveaux maitres songent d’abord surtout à prendre leur revanche. Mais pour quitter l’île, il faut faire amende honorable. Tout le ressort comique de la pièce tient dans ce respect total de la loi, les maitres chevauchent les serviteurs, c’est ainsi qu’il faut faire. Mais par l’obligation de quitter son orgueil pour revenir à Athènes, chacun doit sortir de sa zone de confort pour se rapprocher de son semblable. La mise en scène de Stephen Szekely multiplie les draps froissés et les voiles abimées jonchant la scène. Fond et forme se rejoignent pour un flou aussi bien formel que philosophique. Et comme le gouverneur de l’île Trivelin ressemble à un personnage de la commedia dell’arte avec ses grands airs et sa guitare en bandoulière, il ressemble à un metteur en scène à l’intérieur de la pièce.

Tours de chant et de danse débutent et concluent une pièce qui interroge sur l’histoire et le présent. Quand la pièce est parue en 1725, le royaume de France était une grande puissance esclavagiste dans ses colonies antillaises et la traite négrière était en pleine progression., alors que l’ancien régime dans l’hexagone était fondé sur des différenciations sociales impossibles à remettre en cause. La pièce ressemble à un vrai courant d’air frais, presque déjà pré-révolutionnaire, 64 ans avant les évènements de 1789. Comédiens et metteur en scène parviennent à conquérir le public pour une salve d’applaudissement finale méritée. La pièce est à découvrir jusqu’au 2 juin pour encore 25 représentations tout en vigueur réjouissante.

Synopsis:

UN JEU DE MIROIRS RÉJOUISSANT

Survivants d’un naufrage, deux couples, maîtres et serviteurs, échouent sur L’île des Esclaves. Ici la loi impose aux maîtres de devenir esclaves et aux esclaves de devenir maîtres dans le but de rééduquer ces derniers. Trivelin, gouverneur de l’île, explique le processus de rééducation aux naufragés. Les valets auront trois ans pour transformer leurs patrons et faire de ces orgueilleux injustes et brutaux des êtres humains raisonnables et généreux. Cette courte comédie philosophique, sublimée par la langue de Marivaux, nous parle de justice, d’égalité et de respect.

Une utopie humaniste qui ouvre les cœurs et la raison.

Détails:

3 avril au 2 juin 2024 au Théâtre Noir

Mardi < samedi 20h | Dimanche 17h

Coccinelle chercher la femme, une belle autobiographie à découvrir aux éditions La Boite à Bulles, sortie le 2 mai 2024

Coccinelle est le nom de scène de Jacqueline Charlotte Dufresnoy, née le 23 août 1931 à Paris 18e et morte le 9 octobre 2006 à Marseille 5e. Artiste française, danseuse, chanteuse et actrice transgenre, c’est l’une des premières femmes trans connues du grand public. Luca Conca et Gloria Ciapponi en dressent son portrait dans une BD qui retrace le fil de son existence. Née homme à sa naissance, elle se prénomme Jacques. Malgré un père violent qui l’empêche de suivre une carrière tant désirée dans la coiffure, elle tient bon et coiffe quelques clientes femmes en cachette. C’est grâce à l’une de ses clientes privées qu’elle se teint les cheveux, s’habille en femme et fréquente le célèbre cabaret Madame Arthur où elle débutera sur scène en 1953. Son surnom Coccinelle vient de sa robe rouge à pois noirs qu’elle affectionnait, elle adoptera ce surnom comme nom de scène. Les dessins sont très réalistes et montrent la quête de Jacqueline pour s’accomplir, quitte à fuir le domicile familial et ce père tyrannique qui maltraitait sa mère. Après Madame Arthur, ce fut le Carrousel, un des hauts lieux de la vie nocturne parisienne, avec des tournées européennes triomphales. La prise d’hormones transforme peu à peu son corps jusqu’à l’épisode du service militaire assez cocasse où elle se fait incorporer comme femme avant d’être réformée, preuve que l’armée était en fait assez progressiste pour l’époque! Devenue une célébrité, elle multiplie les conquêtes masculines et puis vient l’heure des premières opérations, d’abord de chirurgie esthétique, puis une vaginoplastie réalisée à Casablanca pour devenir physiquement femme, la nouvelle une fois dévoilée fit l’effet d’une bombe dans une époque où ce genre d’évènement n’était pas si courant. Le récit se lit sans temps mort pour découvrir un destin de femme à part entière. Elle changera également son état civil avec l’aide d’un jeune avocat nommé Robert Badinter. Carrière au cinéma, vie mondaine, tout est abordé dans une BD qui montre la vie de la première célébrité française à officiellement changer de sexe, devenant ainsi une égérie transgenre dans les années 1950. Mariages, spectacle Chercher la femme à l’Olympia en 1963, tournées mondiales dans les années 70, sa vie est un roman racontée avec luxe détails.

Synopsis:

La vie sulfureuse d’une des plus grandes divas du 20e siècle, star de renommée internationale et première célébrité à avoir fait officialiser son changement de genre en France.

En 1953, au désormais mythique cabaret Madame Arthur, monte sur scène une jeune femme vêtue d’un modeste paréo mais au charme déjà envoutant. Le public applaudit et ne sait pas encore qu’il vient d’assister à la première représentation de Coccinelle, une artiste qui echaînera bientôt les triomphes sur les scènes du monde entier.  

Pourtant, rien ne prédestinait Jacqueline Charlotte Dufresnoy, née Jacques Charles dans une famille modeste et élevée par un père violent et autoritaire, à rayonner sous le feu des projecteurs. À une époque où le travestissement est puni par la loi et le service militaire toujours en place, Coccinelle invente une nouvelle manière de vivre sa vie librement, et trace sa propre voie.  

Défendue par l’avocat Robert Badinter, Coccinelle devient la première personnalité publique française à changer officiellement d’état civil et écume les scènes du monde entier, de Syndey à Rio de Janeiro en passant par Dakar. En 1989, après neuf mois de triomphe au Casino de Paris, elle se fait rattraper par ses dettes et est contrainte de prendre un temps ses distances avec son public français. Une place qu’à son retour, elle ne parviendra jamais vraiment à retrouver…

Editeur: La Boite à Bulles

Auteur: Luca Conca, Gloria Ciapponi

Nombre de pages / Prix: 144 pages, 25 euros

Un film sur les blessures de l’après seconde guerre mondiale avec L’ombre du feu de Shinya Tsukamoto, sortie en salles le 1er mai

Le film débute dans un bar au Japon, à moitié détruit, plus personne n’y rit ni y passe des moments de détente. Les rires sont finis depuis la fin de la seconde guerre mondiale, reste l’instinct de survie et la débrouille pour subsister. Une femme veuve y gagne sa vie en vendant son corps. 2 personnages vont la rejoindre avec le même constat de blessures indélébiles marquées au fer rouge dans leur esprit et dans leur corps, un très jeune orphelin de guerre et un soldat démobilisé. Tous 3 tentent de cohabiter dans l’espoir de meilleurs lendemains mais les traumatismes sont trop profondément ancrés en eux pour les laisser vivre sans tension.

Après les horreurs de la guerre

De nombreux films existent sur l’après seconde guerre mondiale au Japon, avec souvent comme élément central les ravages des 2 bombes atomiques lâchées sur Hiroshima et Nagasaki. Pluie noire, Hiroshima, Onoda, la nation derrière son empereur pour conquérir l’Asie au prix d’exactions sans limites a très mal vécu la défaite et les traumatismes en découlant. Le réalisateur Shin’ya Tsukamoto ausculte les traumatismes cachés mais bien présents d’un peuple soumis à rude épreuve. Déjà plus si jeune et déjà à la barre de ses premiers courts métrages au début des années 70, il choisit 3 destins entremêlées pour ouvrir à l’universalité. Sans scènes de combat ni gros conflits, il parvient à filmer dans les regards les images imprimées pour toujours sur les rétines. D’abord considérés comme des animaux blessés, sans nom ni histoire, le trio tente de se reconstruire en faisant front, dans l’espoir de trouver dans l’autre un soutien pour surnager. Mais la reconstruction demande du temps et surtout une analyse personnelle pour revenir à la surface. D’abord huis clos entre les 4 murs du bar délabré, le film ausculte les consciences avec des réminiscences du passé comme des coups de couteau qui empêchent de dormir, font émettre des hurlements sans crier gare ou font se rouler en boule en réflexe de survie. Le monde extérieur est longtemps passé sous silence, comme si plus personne ne subsistait aux alentours, donnant à leur quête commune un air de film de zombies. Pourtant le gamin des rues débrouillard et chapardeur, la veuve éplorée livrée à la concupiscence de ses semblables et le soldat abandonné vont tenter de vivre, mais leur histoire commune ressemble à un film d’horreur psychologique, chacun a des déchirures à refermer et un travail sur soi à terminer. Le réalisateur fait une grande économie de mots, les images parlent souvent d’elles mêmes pour faire apparaitre la panique enfouie dans chacun des esprits.

Quand les personnages finissent par fuir l’abri précaire mais rassurant du bar, le vrai travail sur soi va pouvoir commencer. Difficile d’en dire plus sans mettre à mal l’intrigue du film, le cheminement n’est pas sans sacrifices ni blessures supplémentaires, mais la liberté est à ce prix dans ce film qui bouscule et à découvrir en salles le 1er mai..

Synopsis: Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Japon tente péniblement de se relever et de panser ses blessures. Unique survivante de sa famille, une jeune femme passe son temps enfermée dans le bar délabré qui lui sert de refuge, attendant le client. Un jour, elle voit débarquer un petit orphelin chapardeur et un jeune soldat démobilisé. Entre ce trio atypique, un semblant de vie de famille commence à s’installer. Hélas, les traumatismes de la guerre auront tôt fait d’anéantir ce bonheur fugace…

La fille du bourreau, Tome 2 : L’envolée (Editions Jeanne et Juliette)

La fille du bourreau, Tome 2 : L’envolée (Editions Jeanne et Juliette)

Publik’Art vous avait fait découvrir le tome 1 de cette saga incroyable, avec La fille du bourreau, aujourd’hui, voilà le tome 2 : L’envolée.

On suit Céleste avec beaucoup de curiosités. Son père, avant de mourir, avait décrété que ce serait Céleste qui le remplacerait en tant que bourreau, et non son frère. Mais pour exercer ce métier, il faut être un garçon. C’est dans ce seul but, que son père l’a déclaré garçon, à la naissance, alors qu’en réalité c’est une fille !

Céleste se déguise quasiment tout le temps en garçon. Très peu de personnes savent que c’est une fille… C’est un secret bien gardé.

Dans ce nouveau tome, Céleste va faire battre des cœurs, surtout un ! Et pas n’importe lequel ! Elle aussi l’aime. Mais il est très haut placé et il est marié. Deux obstacles quasi infranchissables. Mais rien ne résiste à Céleste. Elle fonce !

Elle va réussir à s’introduire dans la haute société, grâce à son amant, et en même temps, elle va découvrir le monde très spécial de la cour des Miracles. Un monde qu’elle ne pouvait même pas imaginer ! Et pourtant une énorme surprise l’attend en côtoyant ces gens peu recommandables.
Céleste est prise entre deux mondes. Sans oublier les rapports très spéciaux qu’elle entretient, en cachette, avec le Roi puisqu’elle lui a sauvé la vie.
Beaucoup de rebondissements et de suspense dans ce tome 2.
Quel chemin va donc choisir Céleste ?

L’envolée continue à nous faire découvrir toute une époque de notre Histoire ! Une magnifique saga historique !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Avril 2024
Auteur : Céline Knidler
Editeur : Editions Jeanne & Juliette
Prix : 18,90€

Etat limite, un documentaire glaçant sur l’état de déliquescence de l’hôpital public, sortie le 1er mai en salles (Les Alchimistes)

Le documentaire suit un jeune psychiatre mobile de l’hôpital Beaujon âgé de 34 ans. Seul pour prendre en charge les patients à Clichy (Hauts-de-Seine), il est le héros de ce documentaire qui souligne l’état plus qu’inquiétant de l’hôpital public. Le personnel est insuffisant et les professionnels présents sont à bout de souffle. Investissements et personnel insuffisants ne parviennent plus à colmater les brèches, la bonne volonté est patente mais que faire dans une situation où les plus fragiles ne sont plus pris en charge correctement? La question n’est pas prête de trouver une réponse adéquate…

Un documentaire alarmant

Le docteur Jamal Abdel-Kader est le seul psychiatre disponible pour tout l’établissement, des centaines de patients dépendent de lui pour trouver des réponses et des améliorations. Il parcourt les étages avec ses baskets au pied, il écoute et sonde l’état psychologique des patients. Des individus violents qui doivent être attachés, une jeune femme qui a perdu ses 2 jambes et un bras en sautant sous un train, des jeunes sans avenir, des profils fragiles qui ne parviennent plus à croire en des lendemains qui chantent. Le docteur essaye de comprendre leurs éventuelles pathologies et de leur apporter les corrects réponses et traitements. Mais ce n’est visiblement pas facile, il fait de son mieux mais la tâche est immense. Comme si l’hôpital s’était désengagé de son rôle essentiel pour maintenir la société à flot. A 34 ans, il prend du recul, écoute, réfléchit, il communique avec patience et doigté malgré la course contre la montre à laquelle il est soumis en permanence. Le documentaire est d’un réalisme total, la caméra suit le personnel pas à pas pour le constat d’une insuffisance criante de moyens. Dans une société qui promeut la performance et la réussite à tout prix, les laissés-pour-compte n’intéressent visiblement plus le personnel politique. Le docteur Jamal Abdel-Kader est (miraculeusement?) secondé par des internes, la course est quotidienne, il a à peine le temps de manger, il fait le seul lien psychiatrique entre les différents services, les urgences, la réanimation, la gastro-entérologie et la gynécologie obstétrique. Il a des convictions, fils de 2 médecins syriens émigrés en France, il a grandi au sein de l’hôpital public, où il vivait avec ses parents. Il faut le voir apaiser les souffrances de ses patients avec un vrai échange instauré avec des individus blessés par la vie.

Quand la nuit tombe, il partage avec la caméra ses difficultés pendant de rares moments de répit. Il évoque avec son collègue Romain les ravages grandissants de la crise du système hospitalier. Le réalisateur Nicolas Peduzzi (Ghost Song, Southern Belle) se fait discret dans ce documentaire au plus près du réel, de la marge et de l’impasse à laquelle se trouve confrontée l’hôpital public.

Synopsis: Hôpital Beaujon, Clichy. Au mépris des impératifs de rendement et du manque de moyens qui rongent l’hôpital public, Jamal Abdel Kader, seul psychiatre de l’établissement, s’efforce de rendre à ses patients l’humanité qu’on leur refuse. Mais comment bien soigner dans une institution malade ?

Le silence de Sibel, un drame de notre temps, sortie en salles le 1er mai

Sibel est une jeune fille yazidi adoptée par Hana, ophtalmologiste d’origine kurde installée dans le centre de la France. Elle a vécu l’invasion de son village par les troupes de Daech, le massacre de sa famille et l’esclavage sexuel forcé. Le film raconte son impossibilité de lâcher prise et de se sentir bien dans un contexte bien différent fait d’amour et d’empathie. Marquée dans sa chaire et dans son esprit, Sibel ne parvient pas à faire le deuil. Le film raconte une histoire de souffrance intime, la jeune fille entend la voix de sa mère, elle ne parvient pas à parler et elle est recluse dans le silence. Et quand Hana apprend sur Sibel est enceinte, c’est un écueil de plus à surmonter. Cette histoire est celle de tant de jeunes femmes livrées aux bourreaux contre leur gré. Des hommes qui se réclament de la pureté mais se conduisent comme des sauvages, un peu le reflet de tout ce qu’a subit le Moyen-Orient jusqu’à peu. L’histoire n’est pas simple, le film est d’une intensité peu commune.

Synopsis: Août 2014, à Sinjar, au nord-ouest de l’Irak, chef- lieu des Yazidis. À 13 ans, Sibel est enlevée par des hommes de Daech, devant sa famille qui est massacrée. Comme des milliers de femmes et  de jeunes filles, elle sera réduite à l’esclavage sexuel, torturée et violée parce qu’hérétique pour ses bourreaux. Uzerche, petite ville du centre de la France. Ophtalmologiste d’une quarantaine d’années, née en France, d’origine kurde, Hana ne peut tolérer les atrocités commises contre les femmes Yazidis. Hana a réussi, contre rançon, à arracher  Sibel à son enfer et l’a adoptée. Elles  reviennent en France et Hana s’efforce de lui faire une vie « normale », pleine d’amour et d’attention. Pourtant, tout en acceptant  cette nouvelle vie, l’adolescente refuse de parler. Ce corps violé et torturé lui  fait horreur. Quelle vie, désormais, pour cette jeune fille ?

Ernest et Célestine : Bienvenue les enfants (Casterman)

Ernest et Célestine : Bienvenue les enfants (Casterman)

Les éditions Casterman nous proposent une édition inédite d’Ernest et Célestine, d’un titre paru en 1990 et en rupture depuis : Bienvenue les enfants.
Un jour, Célestine écrit à Antoine. Sans le dire à Ernest. Car Ernest ne veut jamais inviter personne en-dehors de ses amis.

Et Célestine a invité Antoine, pour la première fois ! Elle ne sait comment s’habiller. Mais Ernest ne veut voir personne. Il ne se trouve pas assez beau !

Puis c’est au tour de la sœur d’Antoine de demander à Célestine de venir chez elle.

En retour, les parents d’Antoine et Cloé invitent Ernest et Célestine.
Iront-ils goûter chez eux ? Pas évident avec le caractère d’Ernest !

Publik’Art apprécie les délicates illustrations de Gabrielle Vincent (décédée en 2000). Cet album serait né de la nombreuse correspondance de l’auteure avec ses lecteurs.
Ernest et Célestine : Bienvenue les enfants : un très chouette album de la collection Ernest et Célestine.

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Avril 2024
Auteur : Gabrielle Vincent
Illustrateur : Gabrielle Vincent
Editeur : Casterman
Prix : 15,95 €

Un délice pour les enfants avec la pièce Le pauvre méchant loup à la Folie Théâtre

A la Folie théâtre aime revisiter des classiques pour offrir des relectures comiques et décalées pour des enfants ravis et des parents surpris. Le grand méchant loup devient un loup sensible à la recherche d’amis, désolé de constamment susciter la peur chez ses interlocuteurs, aussi bien la Petit Chaperon Rouge, les 7 Chevreaux et les 3 Petits Cochons. Le spectacle est désopilant, les petits en redemandent!

Une belle revisite des classiques de Perrault

Diana Siru et Elsa Casado prennent un plaisir visible à interpréter leurs personnages. La première transporte le plus souvent les marionnettes de personnages de Perrault avec une tunique noire pour se fondre dans le décor, avant de devenir finalement la Mère Grand dans la dernière scène. La seconde est grimée en pauvre méchant loup, attristée de ne pouvoir trouver de repas et d’effrayer tous ses congénères. La complicité entre les 2 comédiennes fait beaucoup dans le succès d’un spectacle qui joue avec les codes. Le loup n’est plus vraiment méchant, c’est un pote en recherche de camarades pour jouer avec lui. Alors quand chacun des personnages des contes émet des doutes sur sa sincérité, les quiproquos se multiplient pour les plus grand plaisir d’enfants excités à l’idée de diriger les personnages pour leur indiquer quoi faire. La mise en scène de Maritoni Reyes use des couleurs fluorescentes et des coins obscurs pour permettre les jeux de cache-cache et les péripéties.

Le pauvre Méchant loup va hanter à la Folie Théâtre jusqu’au 12 mai les samedi, dimanche et mercredi à 16h devant des salles combles comme ce dimanche 28 avril, que de rires et de rigolades en perspective!

Synopsis:

Le loup voudrait avoir des amis. Qu’arrivera-t-il quand il rencontrera les trois petits cochons, les petites chèvres et le Chaperon Rouge ?

Dans cette adaptation originale de 3 contes de Perrault, le loup cherche à se faire des amis. Réussira-t-il à résister à la faim quand son chemin croisera le Chaperon rouge, les 7 chevreaux ou les trois petits cochons ? Comment va-t-il faire pour devenir gentil ? Une comédie pour enfants qui mêle théâtre, marionnettes et ombres chinoises dans un spectacle plein d’humour et émotion

Détails:

Du mercredi 13 mars au dimanche 12 mai 2024
Mercredi, samedi et dimanche à 16h.

Le Cognac Single Estate ABK6 se pare des couleurs d’Audrey Sedano pour la 4ème version de sa collection « Artist »

La Collection Artist par ABK6 tente le rapprochement entre l’art et le cognac, de quoi concrétiser l’alliance des 2 passions du créateur de l’appellation, Francis Abécassis. Un artiste local est mis en valeur chaque année depuis 2019 dans une réinterprétation créative de l’esprit du Cognac Single Estate ABK6. Les bouteilles doivent être considérées comme de véritables œuvres d’art en édition limitée à déguster absolument, toujours avec modération.

Un Cognac unique désigné par Audrey Sedano

ABK6 Reserve est présenté dans une carafe unique coiffée d’un bouchon en bois d’hêtre naturel. L’étiquette et le coffret cadeau reprennent les couleurs vives et harmonieuses de la toile de l’artiste Audrey Sedano. Le cognac se compose de 100% cépage Ugni-blanc provenant de vignes âgées de 40 ans. La dégustation est un vrai plaisir. A l’œil, le Cognac arbore une belle couleur ambré profond. Le nez se distingue par un un bel équilibre fruité, avec des touches de fruits frais de saison jusqu’à une belle senteur de fruits confits. Une belle note boisée vanillée apparait, relevée d’une finale épicée. La bouche est souple et généreuse avec un équilibre remarquable entre rondeur et structure. Une belle persistance aromatique vanillée et boisée enrobe la bouche. Le taux d’alcool est de 40% vol., la contenance disponible de la bouteille est de 70cl. La bouteille est proposée dans canister individuel, 6 bouteilles sont proposées par carton.

Une artiste liée au patrimoine de la Charente

Audrey Sedano réinterprète pour la bouteille « Réserve » le bâtiment du Vaisseau Moebius, emblème de la ville d’Angoulême et de
la bande dessinée. La typographie « Cognac ABK6» fait référence à l’art de la calligraphie utilisée dans les chais sur les tonneaux de cognac. Les couleurs symbolisent le territoire, le bleu du fleuve Charente, le vert de la vigne, l’orange du cognac. Le mélange de la
linogravure ancre la bouteille dans la tradition et l’artisanat (référence au passé papetier d’Angoulême), et du travail numérique,
référence au présent résolument moderne de la Cité des Valois (entre BD et animation) pour un résumé parfait de la richesse de la région.

ABK6 Artist 4 sera disponible en mai 2024, proposé au prix conseillé de 78 euros sur la boutique ABK6 en ligne et chez les partenaires cavistes de la marque.

Publireportage ABK6:

Le Single Estate Cognac, c’est la conception du cognac de la vigne au verre. L’ensemble des étapes de production est réalisé sur nos domaines : la culture de la vigne, la vinification, la distillation, le vieillissement, l’assemblage ainsi que la mise en bouteille. Une équipe hautement qualifiée, composée de 60 personnes, contrôle attentivement chaque étape de la production de nos cognacs d’exception sur l’ensemble de nos vignobles. Nos Cognacs se différencient ainsi par leur origine, leur terroir et par le savoir-faire de chaque équipe. Le travail de la vigne se vit au quotidien, chaque jour de l’année. La culture est raisonnée afin de respecter au mieux l’environnement et le vignoble. Chaque geste est ainsi pensé en vue de recueillir un vin respectueux du terroir et de la nature. Les grappes d’Ugni-Blanc sont vendangées parcelle par parcelle et immédiatement pressées sur chaque site afin de préserver les caractéristiques aromatiques du raisin. Fort de ce choix raisonné, nous avons obtenu en 2019 la Certification de Haute Valeur Environnementale de niveau 3 sur l’ensemble de nos vignobles, pour nos engagements pour la protection de l’environnement, notamment par la diminution du recours aux désherbants et par la réduction de nos consommations de produits phytosanitaires.

Publireportage Audrey Sedano:

Audrey Sedano est une artiste plasticienne, illustratrice et auteure de bande dessinée. Elle a fondé les Editions du Petit Saturnin, éditeur de
bandes dessinées sonorisées et livre d’art entre Angoulême et Paris. Elle dirige le studio d’art Patrimoine Augmenté pour la valorisation du
patrimoine français et est représentée par la galerie d’art Showroom57 à Angoulême.

Ressortie en salles le 1er mai des chefs d’œuvres de René Laloux La planète sauvage et Gandahar (Tamasa Distribution)

Eh oui, la France a été un pays précurseur de la Sci Fi au cinéma, notamment avec les œuvres du génial cinéaste d’animation René Laloux. Disparu en 2004 à l’âge de 75 ans, il a créé 3 films magnifiques et visionnaires. La Planète Sauvage en 1973, Les Maîtres du Temps en 1982 et Gandahar en 1986. La Planète sauvage et Gandahar ressortent en salles ce 1er mai pour un beau shoot de nostalgie.

Des films d’animation de notre enfance

Pour densifier ses films, René Laloux s’est entouré d’immenses talents, comme pour Les Maitres du temps avec Moebius en coscénariste et dessinateur, Jean-Patrick Manchette aux dialogues et Christian Zanési à la réalisation des paysages sonores. Destinés autant aux plus jeunes qu’aux adultes, les films racontent des histoires fantastiques dans des univers lointains. Si les films ont forcément un peu vieilli, l’animation et les thèmes sont d’une surprenante intelligence. Et puis la musique reste longtemps gravée dans les esprits, reflets des années 70 et 80 où l’avenir était encore à imaginer. En 1973, la sortie de La Planète sauvage ressembla tout simplement à une révolution. Plus seulement destiné aux enfants, le film associait le peintre et sculpteur René Laloux et Roland Topor aux dessins, tous deux échafaudaient le scénario d’après un livre de Stefan Wul, qui devint Oms en série. Le résultat est vraiment déroutant et atypique, ressemblant à un petit conte philosophique avec comme réflexion principale la place de l’homme dans l’univers. Dans le film, l’être humain est dominé par une espèce plus grande, plus forte et plus savante que lui. Mais la toute-puissance est relative, faisant craindre le totalitarisme par manque d’humilité et de discernement. Les 2 espèces sont sur le point de se détruire et la solution sera finalement une cohabitation paisible, la différence n’étant pas une fatalité mais une manière de se surpasser. L’étrangeté du film est fascinante avec un rythme lent et un style visuel unique. Gandahar a été réalisé par René Laloux en 1987 avec des dessins de Philippe Caza. Le film a donné d’abord lieu à un pilote réalisé en France en 1977, Les Hommes-machines, et le long métrage n’a été concrétisé que 10 ans plus tard. René Laloux a appris l’existence en Corée du Nord de studios d’animation susceptibles de réaliser le film à meilleur marché, ce qui a permis au projet d’être relancé et l’ensemble de la production a lieu en Corée du Nord. L’étrangeté est toujours de mise avec un univers toujours aussi unique et déroutant avec ses villes mythiques et ses personnages qui ne sont pas tout à fait humains.

Les 2 films sont à découvrir en salles le 1er mai pour des expériences de science-fiction assez uniques.

Synopsis:

Les maitres du temps: Sur la planète Perdide, Claude et son jeune fils Piel, fuient une inquiétante nuée de frelons, aux commandes d’un véhicule tout-terrain. Leur course se termine par un accident. Claude, grièvement blessé, envoie Piel se mettre à l’abri et lui confie un étrange microphone.

La planète sauvage: Sur la planète Ygam, vivent des androïdes génats appelés les Draags. Ils élèvent de minuscules êtres humains qu’ils surnomment Oms. Mais un jour, l’Om de la jeune Tiwa se révèle plus intelligent et va déclencher une révolte…

Gandahar: Pour avoir oublié le monstre Métamorphe au fond d’un océan, les Gandahariens, habitants d’une heureuse planète, sont voués à la disparition. Heureusement, Métamorphe, effrayé par sa mort prochaine, devra les ressusciter afin de puiser en eux l’énergie nécessaire à son immortalité.

Othello ou la passion selon Shakespeare ! sur France 4, le 28 avril à 21h00

Othello" ou la passion selon Shakespeare !
Crédit photos © Jean-Louis Fernandez.

Othello ou la passion selon Shakespeare ! sur France 4, le 28 avril à 21h00

Shakespeare analyse avec génie l’humain dans sa dimension intemporelle et universelle.

Complexes, équivoques et ambigus, tout en clairs-obscurs et en contrastes, ses personnages de théâtre et quel théâtre ! laissent deviner, dans le conflit entre raison et passion, monstruosité et angélisme, sublime et grotesque, toute l’ambivalence d’une humanité protéiforme.

Après Le roi Lear qu’il avait monté au festival d’Avignon il y a 15 ans, Jean-François Sivadier revient à Shakespeare avec Othello et nous offre un grand moment de théâtre.

La pièce emblématique du dramaturge anglais nous embarque dans les aventures d’un homme d’honneur, le Maure de Venise, qui après avoir offert sa confiance au plus fourbe des êtres, Iago, finira par sombrer dans la barbarie.

Othello raconte comment un homme (Le Maure), poussé par un autre (Iago) qui incarne l’essence du mal par excellence, finit par tuer sa femme. Cette pièce universelle se montre terriblement ravageuse sur la condition humaine. C’est une œuvre beaucoup moins épique que les autres, poisseuse et très grinçante, qui se concentre sur la violence des rapports humains.

Une tragédie donc qui sous le regard décalé de Jean-François Sivadier, tire allègrement vers la comédie pour mieux en révéler toute sa noirceur et sa cruauté, où les enjeux de pouvoirs, les jeux de masque et de manipulation à tous les étages sont portés à leur paroxysme.

Une mise en scène endiablée et de haut vol

Réécrit dans sa version française par Jean-Michel Déprats, le texte devient ici matière contemporaine, où s’explorent à l’envi le vice et la vertu des protagonistes. Le tout dans un rythme d’enfer à l’abri d’apartés, de ruptures sarcastiques, d’excursions en wolof ou en italien, d’improvisations bouffonnes sur une bande-son très seventies (Dalida, Freddie Mercury, John Lennon…) sans oublier les références au Joker de Batman ou encore à une séance de psychanalyse et des adresses faites au public.

On y porte le verbe haut et le geste ample dans cette mise en scène pétrie d’intelligence, laissant toute leur place aux comédiens et à leur jeu décalé dans le pur esprit shakespearien.

La pièce met à nu le processus d’humiliation sociale et d’emprise où dès les premières scènes la confusion règne dans les ruelles de Venise. Où l’amour d’un noir pour une femme blanche doit affronter un père dévasté, un amant éconduit et un officier en mal de reconnaissance.

Incarnation du mal absolu qui voit la supercherie se fomenter avant de s’accomplir, Iago est un prédateur constituant le personnage central avec et par qui la tragédie se déploie. Traitre et manipulateur, à l’abri d’une théâtralité poussée à son zénith, Nicolas Bouchaud (époustouflant) très physique, campe un personnage malfaisant aussi diabolique que primaire, investi de tout son être dans l’exécution machiavélique de son plan d’action.

Sous le feu de son poison, Othello est progressivement contaminé où dévoré par le doute, il réagit irrationnellement en projetant sur lui ce que les autres attendaient, l’image d’une bête immonde.

Dans une approche solaire et crépusculaire du verbe, Adama Diop (Othello) prend les traits avec brio d’un héros d’aujourd’hui à la fois conquérant, amoureux, puis rongé par le doute et dont la résonance renvoie à cette ère du soupçon et son implacable emprise sur les esprits. Bravo !

Date : 28 avril 2024 sur France 4
 Mise en scène : Jean-François Sivadier

Le Illyes Ferfera Quartet dévoile leur album Tawazûn (Déluge)

Illyes Ferfera est un saxophoniste franco-algérien. Il dévoile avec son quartet l’album Tawazûn, ce qui signifie équilibre en arabe. Le quartet trouve son inspiration tout azimut dans les traditions musicales d’Afrique du Nord (Algérie, Gnawa marocain, Raï de Cheikha Rimitti), la tradition jazz nord-américaine et d’Amérique Latine et dans la culture musicale française.

Du jazz mondialisé

La quête d’équilibre est autant personnelle qu’esthétique et musicale dans un quartet formé d’Illyes Ferfera au saxophone, aux percussions et à la composition, Simon Chivallon au piano, Tom Peyron à la batterie et Arthur Henn à la contrebasse. Le saxophoniste s’est souvenu des rythmes traditionnels de l’Algérie, son pays de naissance, et des styles qui habitent l’Afrique du Nord, du Gnawa marocain au Diwane algérien en passant par le raï de la regrettée Cheikha Rimitti. Le saxophoniste a également puisé son inspiration chez des illustres noms de la scène jazz historique. Archie Shepp, Karim Ziad, Steve Coleman, Anouar Brahem, Miguel Zenon, Chris Cheek et Guillermo Klein, la palette est large et montre la curiosité du musicien. L’artiste n’oublie pas de puiser dans la culture française avec des morceaux qui rappellent Georges Brassens et André́ Minvielle avec qui il a collaboré à de nombreuses reprises. Pour info, Le créneau #JazzDeDemain a été créé en 2012 pour donner naissance à des résidences mensuelles et bimestrielles au Jazz Club Le Baiser Salé, ce qui permet à des jeunes artistes de s’exercer sur scène pour de rôder leur répertoire devant un public admiratif. Le groupe y est prévu pour plusieurs soirées (dates ci-dessous), le moment d’aller les écouter en live pour encore plus de vibrations.

8 morceaux réjouissants sont à découvrir sur Tawazûn, des morceaux où tous les instruments trouvent leur place dans un bel équilibre et un beau moment de musique à découvrir.

Dates de concert:

23 avril: Baiser Salé

04 mai: Alliance Française de Paris (concert retransmis en direct sur France Musique dans l’émission Générations France Musique Le Live (Podcasts et émissions en replay – France Musique (radiofrance.fr) en podcast après le 4 mai.

09 mai: Taquin (Toulouse)

19 juin: Studio de l’Ermitage

25 juin: Baiser Salé

18 juillet: et 19 juillet: Festival Jazz in Marciac

Sept leçons sur la violence, de Marc Crépon (Odile Jacob)

Sept leçons sur la violence, de Marc Crépon (Odile Jacob)

Marc Crépon est l’auteur du livre : Sept leçons sur la violence. Il est également philosophe et directeur de recherche au CNRS. Son livre ressemble à une thèse de philosophie centrée sur le thème de la violence ; sa signification, son envahissement et ses terribles conséquences sur nos vies.

Il existe toutes sortes de violence car en fait, dans nos sociétés, la violence s’immisce partout : violences d’Etat ou opposées à l’Etat, violences sociales, violences conjugales, familiales. L’auteur analyse chaque situation, avec de nombreux exemples de telle façon que le lecteur ne peut pas s’y soustraire. Car on est tous concerné par cette violence.

Marc Crépon nomme « les personnes non secourables » pour désigner toutes les personnes ou instances qui devraient intervenir dans des situations d’abus, de non-droit, mais qui ne le font pas. Leur silence devient alors meurtrier.

Marc Crépon s’attaque aussi bien au milieu politique, social qu’intime. Avec une leçon réservée aux « Violences domestiques » et une leçon réservée aux « Emprises sectaires ».

Avec de nombreuses références littéraires et philosophiques. Un travail remarquable.

Car la violence est partout. Et il est dur de la combattre. Ces Sept leçons sur la violence nous donnent les clés pour bien la cerner, la comprendre, l’analyser et surtout la refuser. Une philosophie de la Vie !

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Infos de l’éditeur :

Date de parution : Avril 2024
Auteur : Marc Crépon
Editeur : Odile Jacob
Prix : 21,90 €

Un marivaudage truculent avec Le jeu de l’amour et du hasard au Lucernaire

Le Lucernaire laisse toute la place au Collectif L’émeute pour une adaptation haute en couleur de la célèbre pièce de Marivaux, Le jeu de l’amour et du hasard. 4 comédiens et 2 comédiennes s’en donnent à cœur joie pour un moment de théâtre rythmé et facétieux, les imbroglios se succèdent avec art jusqu’au dénouement final et une salve d’applaudissements méritée.

Un marivaudage punk

La comédie en trois actes et en prose de Marivaux a beau dater de 1730, elle reste d’une surprenante actualité quand la modernité s’y insinue par tous les pores. L’intrigue est connue, M. Orgon souhaite marier sa fille Silvia au fils d’un de ses vieux amis, Dorante. Peu disposée à accepter un mariage arrangé, Silvia prend la place de sa servante Lisette pour l’observer, ignorant que le jeune homme a eu la même idée qu’elle. En inversant les rapports maitres-valets, Marivaux a eu l’audace de questionner l’ordre établi et les préjugés sociaux, ce qui donne dans les mains du Collectif L’émeute un grand moment d’humour et de cocasserie. Les servants Arlequin et Lisette se prennent au jeu et rudoient leurs maitres rendus à leur merci, le père Orgon s’amuse de la situation et refuse d’interrompre le jeu malgré les supplications de sa fille, Dorante et Silvia croient s’éprendre des valets et s’apitoient sur cette impossibilité sociale. Les tirades sont déclamées parfaitement par Adib Cheikhi (Dorante), Marc Shapira (Orgon), Vincent Odetto (Mario), Thomas Rio (Arlequin), Lucile Jehel (Lisette) et Camille Blouet (Silvia) qui semblent s’amuser visiblement dans leurs rapports intervertis et décalés. Des musiques modernes résonnent dans certaines situations centrales (Mistral gagnant, Kozmic Blues, Just an illusion) ainsi que des morceaux classiques (Indes galantes, Mozart) pour un surplus de densité. La mise en scène de Frédéric Cherboeuf et Antoine Legras transforme la scène en fête du village avec ses guirlandes colorées et ses sièges faits de palettes de marché. Les comédiens et comédiennes virevoltent, sortant de scène par l’arrière ou par la salle dans une farandole agitée.

Le public est conquis par cette réinterprétation vivifiante qui donne au femmes une position primordiale dans le rapport de séduction, peu disposées à se laisser dicter leur conduite. La pièce est visible jusqu’au 2 juin, il est encore temps d’aller admirer cette belle proposition classique et moderne.

Synopsis:

LUTTE DES CLASSES ET COEURS EN LUTTE

Pour sonder la sincérité de Dorante, qu’on lui destine sans l’avoir jamais rencontré, Silvia échange son habit avec sa servante Lisette. Ce qu’elle ignore, c’est que son prétendant a recours au même stratagème avec son valet Arlequin. Ainsi travestis, les deux couples seront donc les dupes de ce jeu de hasard et d’amour orchestré par le père de Silvia et son fils Mario. Parviendront-ils à sortir de ce cruel labyrinthe amoureux ? C’est évidemment tout l’enjeu de ce scénario génial, épuisant pour ceux qui en sont les victimes, réjouissant pour ceux qui les manipulent.
Dissection du sentiment amoureux et insurrection de la jeunesse : une insatiable quête de vérité.

Détails:

24 janvier au 2 juin 2024 Théâtre Rouge

Mardi < Samedi 21h | Dimanche 18h

Kowari dévoile son nouvel album Memento (Flak), sortie le 26 avril 2024

Après un premier album nommé Trail sorti il y a 2 ans et qui avait précédé une tournée européenne de 50 dates, la formation belge Kowari revient pour proposer leur nouvel album Memento. Damien Chierici (violon, programmations) et Louan Kempenaers (piano, programmations) creusent le sillon de l’electronica moderne pour inviter au voyage et à l’élévation personnelle.

Une musique qui ouvre l’esprit

Tous deux de formation classique, les 2 musiciens ont d’abord pratiqué leur art que la scène pop/rock belge. Unis par la même passion pour les sons digitaux, ils se sont engouffrés avec succès dans la brèche. L’album Memento compte 10 titres complètement home made en mode huis clos grâce à leurs équipements personnels disposés dans des home-studios respectifs qui les ont aidé à accoucher de sons enivrants, sans pression extérieure mais pas sans inspiration. A la fois compositeurs, musiciens et producteurs, Damien et Louan ont délivré leurs enregistrements à Jean Vanesse (déjà producteur sur Trail) pour un mix très efficace échafaudé au GreenHouse Studio à Beaumont. Memento est un album qui tente un voyage sur des itinéraires bis escarpés, entre envolées oniriques à base de beats angéliques et de violon ou de piano. L’album laisse une grande place à l’électro dans des passages mélancoliques conclus de crescendos vivifiants. Et quand piano et violon se mêlent, c’est très intimiste et révélateur du talent des 2 musiciens. Le 3e single Cairo emmène les auditeurs dans les rues bruyantes du Caire, sacré voyage. Le titre éponyme Memento se veut plus frontal avec de l’électronique mis au premier plan dans une chanson est décliné en 2 parties distinctes, d’abord avec des sons traditionnels et puis une deuxième partie 100% électronique.

La musique est planante et musclée à la fois pour une écoute qui fait apparaitre des images et des voyages dans l’esprit de l’auditeur. Une belle découverte.

Dates de concert:

3 mai : Le rideau rouge – Lasne (Belgique)

4 mai : Le salon- Silly (Belgique)

18 mai: Fête dans un guidon – Theux (Belgique)

10 juillet: Dour Festival

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